Egypte : révolution bis?

La rue va-t-elle avoir raison du pouvoir du président islamiste Mohamed Morsi? A l’allure o๠vont les choses, les Frères Musulmans, regroupement politique dont est issu le président égyptien, ont bien du souci à  se faire. Il y a un peu plus de deux ans, c’est dans la rue et particulièrement sur la place Tahrir que s’est décidé le sort de l’ex-chef d’Etat Hosni Mubarrak. L’histoire semble se répéter puisque depuis plus d’une semaine maintenant, la même place du centre du Caire ne désemplit pas. Plusieurs millions de personnes y déferlent quasi quotidiennement pour demander le départ du Président Morsi, dont elles contestent désormais la légitimité après l’avoir porté au pouvoir il y a un an. Hier, c’est l’armée qui a enfoncé le clou. Elle a adressé à  Morsi un ultimatum, lui demandant de quitter son poste d’ici la fin de cette journée de mardi. Faute de quoi elle imposerait une feuille de route. « Si les revendications du peuple ne sont pas satisfaites durant cette période, (les forces armées) annonceront une feuille de route et des mesures pour superviser sa mise en œuvre », a annoncé le commandement militaire dans un message lu à  la télévision. « Morsi n’est plus notre président, Sissi avec nous », ont scandé les manifestants, fous de joie après l’annonce de l’armée. Ils font référence au général Abdel Fattah al-Sissi, chef de l’armée et ministre de la Défense, dont le portrait est apparu à  l’écran durant la lecture de la déclaration militaire. Un appel bien évidemment rejeté par le président qui a renouvelé son offre de négociations à  l’opposition. Les Frères musulmans, la formation d’o๠vient M. Morsi, se sont contentés de déclarer qu’ils « étudiaient » la déclaration militaire. « Morsi m’a trahi » Sur la place Tahrir, site emblématique de la révolte contre Hosni Moubarak, la foule a afflué en brandissant des cartons rouges à  l’adresse du président. « Je suis ici parce que Morsi, pour qui j’ai voté, m’a trahi et n’a pas tenu ses promesses. L’Egypte va être libérée une nouvelle fois à  partir de Tahrir », affirmait Mohammed Samir, venu de Mansourah, dans le delta du Nil, pour manifester dans la capitale. Les manifestants se sont également massés sans incident aux abords du palais présidentiel, dans le quartier d’Héliopolis, et sur d’autres places de la capitale. Des manifestations anti-Morsi ont aussi eu lieu à  Alexandrie (nord), deuxième ville du pays, à  Menouf et Mahallah, dans le delta du Nil, ainsi qu’à  Port-Saà¯d et Suez, sur le canal du même nom, ou encore dans la ville natale de Mohamed Morsi, Zagazig, au nord-est du Caire. L’opposition reproche à  M. Morsi et aux Frères musulmans d’avoir engagé le pays dans une autre direction qui reflète surtout leur désir de dominer l’Etat, « ils n’ont pas construit une démocratie et ne sont pas parvenus à  améliorer les conditions de vie des Egyptiens», alors que la situation économique ne cesse de se détériorer. Pas de coup d’état militaire Que l’armée appuie les revendications des manifestants ne veut ps dire qu’elle va prendre le pouvoir. l’opposition égyptienne a tenu à  préciser les choses ce mardi en affirmant qu’elle ne soutiendrait aucun «coup d’Etat militaire». l’ultimatum lancé par l’armée au président islamiste Mohamed Morsi pour «satisfaire les revendications du peuple» ne signifiait pas que les militaires voulaient jouer un rôle politique.Le Front du salut national (FSN, principale coalition de l’opposition)dit «faire confiance à  la déclaration de l’armée (affirmant que les militaires) ne veulent pas s’investir en politique». On se souvient qu’après la chute de Moubarrak, les militaires avaient pris les rênes de l’exécutif pour un intérim controversé entre février 2011 et l’arrivée au pouvoir de M. Morsi, premier président démocratiquement élu du pays, en juin 2012. Au sein de l’attelage au pouvoir même, les défections se succèdent. Quatre membres du gouvernement ont ainsi présenté leur démission, accroissant l’isolement de M. Morsi. Par ailleurs, les autorités hospitalières ont fait état d’un bilan de 16 morts depuis le début de la vague de manifestations.

Mohamed Morsi, premier président de l’après-Moubarak

Quasi inconnu à  l’étranger il y a encore quelques mois, le Frère musulman Mohamed Morsi vient réussir le pari : porter son organisation, brimée pendant le régime Moubarak, au pouvoir. Il a en effet été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle ce dimanche par la Commission électorale avec plus de treize millions de voix contre douze millions à  son rival Ahmed Chafik, ex-Premier ministre de Hosni Moubarak. Les résultats ont été annoncés par le président de la Commission électorale Farouk Soltan. Autre chiffre de ces résultats, le taux de participation, qui a été de 51% lors du second tour du scrutin, le 16 et 17 juin et de 46% lors du premier tour, le 23 et 24 mai. La place Tahrir en liesse C’’est une explosion de joie sur la place Tahrir qui a accueilli l’annonce de la victoire de Morsi. La célèbre place est occupée depuis le jeudi dernier par des centaines d’égyptiens qui exigent que l’armée se retire des instances dirigeantes. Mohamed Morsi, né le 20 août 1951 devient donc le premier chef d’Etat élu en Egypte depuis la chute de Hosni Moubarak, le 11 février. Il est aussi le premier islamiste à  parvenir à  la tête du pays. Le maréchal Hussein Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées lui a adressé ses messages de félicitations, selon la télévision nationale. Dans son premier discours à  la Nation après son élection, le nouveau président a rassuré ces compatriotes. « Je suis le président de tous les Egyptiens sans exception.[…]L’unité nationale est le seul moyen de sortir de ces temps difficiles », a-t-il déclaré, en faisant référence aux hommes, aux femmes, aux chrétiens comme aux musulmans. Il faut que la « révolution continue jusqu’à  la réalisation de tous ses objectifs, a-t-il ajouté. Inquiétudes et espoirs à  l’étranger Le nouveau président égyptien, l’islamiste Mohamed Morsi, a prôné un renforcement des relations entre l’Iran et l’Egypte, rompues depuis plus de 30 ans. Ce réchauffement permettra de créer « un équilibre stratégique régional et fait partie de mon programme », a déclaré M. Morsi qui a aussi annoncé qu’il souhaitait « réviser » les accords de paix avec Israà«l. Israà«l et les Etats-Unis qui ont félicité du bout des lèvres le nouvel homme fort, tandis que dans les territoires palestiniens, on estime que la victoire de Mohamed Morsi « est un moment historique ». « C’’est une nouvelle ère qui s’ouvre en Egypte. Il s’agit d’un revers pour le programme de normalisation et la coopération sécuritaire avec l’ennemi (israélien) » a déclaré le chef du Hamas, Ismael Hanniyeh. Les Emirats arabes unis ont, quant à  eux, « favorablement accueilli » son accession à  la tête du pays et exprimé leurs espoirs de voir l’Egypte retrouver sa stabilité.

Egypte: manifestations après le verdict Moubarak

Après la condamnation à  vie de Hosni Moubarak, l’ancien président égyptien, La place Tarhir, au centre du Caire, symbole des grandes manifestations de protestation contre l’ex-président et les militaires, s’est à  nouveau embrasée le week-end. Plusieurs centaines de manifestants y étaient toujours rassemblés dimanche 03 juin 2012 dans la journée, pour protester contre une partie des décisions des juges. Moubarak a été condamné à  la prison à  perpétuité, ainsi que son ministre de l’Intérieur, Habib el-Adli. Deuxième dirigeant emporté par la vague du printemps arabe (après le tunisien Ben Ali), l’ancien président risquait pourtant la peine de mort, d’ailleurs requise par le procureur. Mais Les deux fils de M. Moubarak, Alaa et Gamal, qui comparaissaient également, n’ont pas été condamnés, les faits de corruption qui leur étaient reprochés étant prescrits selon le président de la cour, le juge Ahmed Rifaat. Non condamnés aussi, 6 hauts membres du régime militaire. La nouvelle de l’acquittement de ces six anciens responsables de l’intérieur et le verdict, trop clément pour certains qui espéraient la peine de mort pour M. Moubarak, a provoqué la colère notamment de quelques centaines de personnes, tant dans la classe politique qu’au sein de l’opinion publique. Les Frères musulmans, première force politique d’Egypte, ont appelé à  descendre en masse dans la rue, selon une information donnée par l’agence Reuters. « Le verdict est une farce et il faut un nouveau procès avec les preuves nécessaires en vue d’une juste punition », a fait savoir Mohammed Morsi, le candidat des Frères Musulmans. Hosni Moubarak, 84 ans, qui était jusqu’à  présent en détention préventive dans un hôpital militaire non loin du Caire, a été transféré par hélicoptère dans la prison de Tora, au sud de la capitale. Selon une information rapportée par le journal Le Monde, l’ancien homme fort d’Egypte « pleurait » et ne « voulait pas descendre de son hélicoptère ». Fait marquant, il avait suivi tout son procès allongé sur une civière en raison d’un état de santé soudainement dégradé. Ces décisions et les manifestations qui vont avec dans les rues des grandes villes égyptiennes surviennent à  deux semaines du second tour de l’élection présidentielle qui doit se dérouler les 16 et 17 juin prochains. Il opposera Mohamed Morsi, le candidat des Frères musulmans arrivé avec une courte avance lors du premier tour (24,3% des suffrages), au général Ahmed Chafiq (23,3%), le dernier Premier ministre de Moubarak. Chafiq jouit d’une grande popularité chez les nostalgiques de l’ancien régime et chez les Coptes, inquiets d’une éventuelle victoire des islamistes. Morsi, qui peut compter sur l’organisation politique de la confrérie mais souffre d’un manque de charisme, est pour sa part soucieux de drainer les voix de tous les opposants à  Moubarak. Pour l’ex-président, les conditions de détentions dépendent aussi en grande partie de ces élections. Une victoire de ses proches, pourrait en effet lui permettre une fin moins dure. Par contre le passage des frères musulmans pourrait ne pas être une bonne nouvelle. Dans les deux cas, la fin ne peut être que terrible, pour quelqu’un qui a dirigé le pays pendant plus de trente années.

Paroles de grin : Monarques à vie, DEGAGEZ !

18 jours, aura-t-il fallu, sur la désormais légendaire place Tahrir, pour venir à  bout du Rais égyptien, le pharaon déchu, une page de l’histoire qui se tourne désormais au pays des pyramides. Aujourd‘hui, les monarques à  vie tombent, certains fuient à  l‘étranger, d’autres veulent encore y croire. l’Afrique vit un moment incroyable à  travers l’Egypte dixit Barack Obama. Mais ce scénario est-il possible partout, ailleurs que dans le monde arabe ? Qui sera le prochain sur la liste ? l’Algérie voisine, o๠le peuple subit milles et une frustration depuis des années et o๠la colère gronde déjà  ? La Jordanie o๠règne Abdallah ? Que Bouteflika, se prépare… Il faut savoir partir avec élégance. Ou partir plus tôt que prévu… Beautiful Yanfolila On ne compte plus le nombre d’inaugurations ou de poses de première pierre au Mali. Cette fois, ce sont les citoyens de cette localité, située dans la région de Sikasso, qui ont bénéficié de la visite de notre cher président ATT. Enfin, le locataire de Koulouba s’ennuie t-il autant à  Bamako ou cherche t’il à  échapper aux tractations en coulisses concernant son futur départ. On le sait, ATT n’est jamais aussi à  l’aise que sur le terrain, auprès des tous petits pour la journée du lavage des mains au savon, ou proches des femmes de Yanfolila pour inaugurer un nouveau centre de santé de référence. Dieu sait qu’il aurait pu y déléguer le gouverneur de région. Mais le natif de Mopti, aime les escapades, brasser les foules et rendre le sourire aux siens. Après Kidal, laissons donc les discours aux intellos patentés de la capitale, aux chargés de communication blasés. Et bonjour l’air pur du Mandé… Tour cycliste du Mali, vous en rêviez ? Devant votre téléviseur ? Bien installés dans vos canapés ? Peut être pensiez-vous-même sortir pour accueillir l’arrivée d’une étape? Et bien, ce ne sera pas pour cette année après une première édition placée sous le signe de la récupération Cinquantenaire . Là  C’’est tout autre chose. Enfin, que cache donc la noyade de l’épreuve sportive, qui se voulait aussi prestigieuse que le Tour du Faso voisin ? Décision qui a blasé certains hauts commis de ce pays. Une sombre affaire de gros sous ? Ou ne serait ce qu’une question sécuritaire comme l’ont avancé quelques uns. Dans ce cas, la psychose aura vaincu le fair-play sportif. Et au-delà  des intérêts des sponsors et autres organisateurs de l’évènement, C’’est finalement les coureurs que desservira cette annulation… Vigilance, vigilance… Un avion dans le ciel Il parait que la Flamme de la Paix à  Kidal a failli couter la vie à  quelques scribouilleurs patentés. l’avion transportant les journalistes de la République, a bien failli s’embraser en plein ciel, avant d’atterrir majestueusement parmi les dunes et les chameaux… Une consoeur de la chaà®ne Africable s’y trouvait. Les sueurs furent glaciales. Mais ils arrivèrent, Dieu merci, fin prêts pour la grande course annuelle ! Quel métier dangereux, nous faisons. Macalou, l’intello Comment passe t’on allègrement des Maliens de l’Extérieur à  la Santé. La politique n’est décidément qu’un jeu de pirouette. Avis aux transhumants. Alou Badra Macalou, également chantre de l’intégration Africaine, et taciturne par ailleurs, aura fort à  faire dans un ministère éclaboussé par la corruption, et si on murmure qu’il rêvait d’occuper le portefeuille; le professeur Macalou à  la personnalité taciturne, est peut être l’homme de la situation. On affirme que ses méthodes perturbent. Du laissé aller de son prédécesseur à  la rigueur de ses réunions dites longuettes, il faut un temps d’adaptation. On ne badine pas avec la santé ; Et bien voilà , peut être un bon début de remaniement, monsieur le président ? Félix, félicité Les produits traditionnels pour atteindre la félicité pullulent désormais sur les étals des marchés de Bamako. Charlatans pour certains et tradipraticiens par ailleurs, vous promettent monts et merveilles de bonheur amoureux, des tonnes de vertige, grâce à  des pommades, herbes et autres remèdes miracles. Garantir l’amour fou à  l’être aimé, le plaisir infini ou la forme libidineuse à  70 ans passé. Exit les viagra et autres pilules magiques, il s’agit de plantes et d’herbacés. Mélangés à Â… des poudres aux odeurs douteuses. Attention aux conséquences ! Pangée Africana… Notre continent s’élargit. Un 54è état vient de voir le jour. Le Sud Soudan. Vaste étendue désertique. Nomansland officialisé. Enfin, cette scission, si elle calme le jeu politique et les divergences ethniques, ne va-t-elle inspirer d’autres querelles de territoire, les exemples sont là  : Bakassi au Cameroun, la Casamance au Sud Sénégal. Quand d’autres rétrocèdent, certains font scission, revendiquent leur indépendance. Ce nouvel état se veut donc l’issue à  une crise qui dure depuis le tracé des frontières par les colons et a fait des milliers de morts et des réfugiés dans les camps de la sauvegarde… On ne saurait stopper le cours de l’histoire et… la géologie humaine. Un œil pour sauver Youssouf C’’est la photo qui a choqué cette semaine. Publié dans le quotidien Le Républicain, on ne peut qu’être touché par le sort de ce jeune malien, atteint d’un cancer de l’œil droit, un organe boursouflé d‘o๠suinte du sang et qui occasionné à  ce pauvre homme d‘atroces douleurs abdominales. Si dire des vérités dans notre métier de journaliste est souvent difficile au Mali, par moult raisons, politiques ou autres, l’on ne saurait cacher la souffrance d’un des nôtres. Et parfois l’image, frappe plus fort que les mots. Youssouf a besoin d’aide ! Et d’argent pour assurer son traitement. Appel aux bonnes âmes. La solidarité n’a pas de limites.

Egypte: Moubarak s’accroche

Sur la place Tahrir, symbole de la contestation au Caire, les manifestants affluaient pour une journée de mobilisation massive contre M. Moubarak qui s’accroche à  son poste, après avoir appelé l’armée à  prendre position: « Armée il faut faire un choix, le régime ou le peuple! » L’armée, colonne vertébrale du régime, a semble-t-il choisi de respecter les choix de M. Moubarak, qui a gouverné sans partage depuis 30 ans l’Egypte, le pays le plus peuplé du monde arabe (80 millions d’habitants) et poids lourd de la région. Dans « le communiqué numéro deux » lu à  la télévision par un présentateur, le conseil suprême des forces armées a dit se porter « garant » des réformes promises par M. Moubarak, en soulignant « la nécessité d’un retour à  la vie normale » en Egypte secoué depuis le 25 janvier par les protestations. Le conseil, présidé par le ministre de la Défense Mohamed Hussein Tantaoui, a annoncé des mesures « sur la base des derniers développements qui déterminent le destin du pays (…) et la décision de déléguer les prérogatives au vice-président ». Il assure qu’il garantira la tenue d' »une élection présidentielle libre et transparente à  la lumière des amendements constitutionnels décidés » et « met en garde contre toute atteinte à  la sécurité de la nation et des citoyens ». L’armée, qui n’est pas intervenue contre les manifestants, est déployée aux entrées de la place Tahrir o๠des dizaines de milliers de personnes manifestaient ainsi que dans les rues et devant le Parlement voisin, au 18e jour de la révolte. La foule a commencé de réagir avec dépit aux annonces de l’armée. « Vous nous avez déçus, on avait mis tous nos espoirs en vous », a lancé un manifestant à  l’égard des militaires. Les protestataires, qui réclament également le départ du vice-président Omar Souleimane, espère une mobilisation d’une ampleur sans précédent depuis le début de leur mouvement. « Trente ans après, on est fatigué de l’écouter, tout ce qu’on veut entendre c’est qu’il va partir », dit Mohammad Ibrahim, un instituteur de 42 ans venu d’Alexandrie (nord) sur la place Tahrir. Au moment o๠la foule criait « l’armée et le peuple main dans la main », l’un des organisateurs a lancé: « nous n’avons pas pris d’assaut le bâtiment de la télévision ou le Parlement car ils sont sous la protection de l’armée. Tout ce que l’armée protège, nous le protégeons ». Des rassemblements ont également eu lieu devant le palais présidentiel de M. Moubarak et le siège de la radio-télévision, protégés par l’armée. Trois soldats ont abandonné armes et uniformes pour se joindre aux manifestants au Caire, selon des témoins. Alors que pendant des heures jeudi soir, un départ imminent du président avait fait l’objet d’intenses spéculations, M. Moubarak a annoncé qu’il déléguait ses prérogatives au vice-président mais qu’il restait de droit président jusqu’à  la fin de son mandat en septembre. Le président américain Barack Obama a estimé que ce transfert de pouvoirs n’était pas suffisant, alors que d’autres capitales appelaient à  une transition immédiate du pouvoir. « J’ai décidé de déléguer au vice-président les prérogatives du président de la République conformément à  ce que prévoit la Constitution », a dit M. Moubarak, sans annoncer sa démission. « Je suis conscient du danger que représente cette croisée des chemins et cela nous impose de faire passer d’abord les intérêts supérieurs de la nation. La transition du pouvoir va d’aujourd’hui à  septembre », a-t-il ajouté, en référence à  la présidentielle à  laquelle il a promis de ne pas se présenter. M. Moubarak conserve de larges pouvoirs constitutionnels et reste le seul à  pouvoir dissoudre le Parlement et limoger le gouvernement, en vertu de l’article 82. Il a aussi annoncé l’amendement de cinq articles controversés de la Constitution liés à  la présidentielle. Face à  l’indignation internationale, il a dit qu’il ne se plierait « pas aux diktats étrangers ». Les quelque 200.000 manifestants rassemblés place Tahrir ont fait éclater leur colère lors du discours de M. Moubarak. Des centaines ont brandi leurs chaussures en direction de l’écran o๠était retransmis le discours, geste insultant dans le monde arabe, en chantant « A bas Moubarak! Dégage! » Ils ont également crié « Souleimane, toi aussi dégage »!, après que celui-ci eut appelé les manifestants à  rentrer chez eux. L’opposant égyptien le plus en vue Mohammed ElBaradei, s’est alarmé en avertissant que l’Egypte allait « exploser ». Depuis le 3 février, les manifestations se déroulent le plus souvent dans le calme. Des heurts se sont produits entre policiers et manifestants les premiers jours puis entre pro et anti Moubarak le 2 février. Les violences ont fait environ 300 morts selon un bilan de l’ONU et Human Rights Watch.