Niger : Elections pour un retour des civils au pouvoir

Le chef de la junte au pouvoir depuis février dernier, le général Salou DJibo, qui n’est pas candidat, a été l’un des tout-premiers votants. Il a glissé son bulletin dans l’urne à  la mairie de Niamey, peu après 7h GMT, dans le centre-ville. Il a appelé les nigériens à  voter « massivement ». « J’éprouve un sentiment de réelle satisfaction et d’espoir. Satisfaction parce que nous avons créé les conditions pour que les Nigériens puissent choisir ceux à  qui ils souhaitent donner leur voix pour les cinq années à  venir. Espoir parce que c’est un nouveau départ pour le Niger », a-t-il lancé avant d’ajouter « ce nouveau départ doit permettre aux autorités librement élues par le peuple nigérien de travailler et de se consacrer au développement du Niger ». Ils sont dix à  se disputer les suffrages de leurs compatriotes. Parmi eux, quatre hommes font figure de favoris pour le fauteuil présidentiel : l’opposant historique Mahamadou Issoufou, deux ex-Premiers ministres de Salou Tandja, Seini Oumarou et Hama Amadou, ainsi que Mahamane Ousmane, premier Président démocratiquement élu (1993-1996). Dans une alliance de dernière minute, le trio Oumarou/Amadou/Ousmane s’est engagé à  soutenir celui d’entre eux qui arriverait au second tour, prévu le 12 mars. Première dans l’histoire du pays, une femme est candidate. Se présentant sous la bannière du Rassemblement des candidats indépendants pour un Niger nouveau (RaCINN Hadin’Kay, indépendant), la candidate a déclaré, pendant sa campagne, rêvé d’une « une société bien gouvernée ». Bayard Gamatié Mariama a été une fervente actrice de la Conférence nationale souveraine, qui s’est tenue au Niger en 1991 pour ouvrir la voie à  la démocratisation du pays, dirigé depuis 1974 par un régime militaire d’exception. Un scrutin très sécurisé Le scrutin se déroule normalement, selon les nombreux observateurs déployés sur le terrain. De problèmes mineurs surviennent çà  et là  mais ils n’influencent pas la conduite du vote. Certains membres du bureau étant absents, « nous avons dû les remplacer par d’autres, d’o๠le retard enregistré au niveau de l’heure d’ouverture », explique un responsable de bureau de vote dans la capitale, Niamey. Dans d’autres bureaux, il n’y a pas de cachet des présidents des bureaux. C’est le cas du bureau de vote n°159 de l’école Balafon, présidé par Moussa Abdourahamane, et du bureau de vote n°148 sis à  l’école primaire nouveau marché. Dans les autres bureaux de vote voisins, les opérations de vote se déroulent normalement, notamment au niveau du bureau de vote n°19, à  l’école primaire White, selon la présidente de ce bureau, Mme Adamou. « Nous n’avons jusqu’ici rencontré aucun problème et les votes se déroulent normalement », a-t-elle annoncé. Dans tous les bureaux de vote visités, on remarque la présence massive des forces de sécurité, ainsi que les observateurs nationaux et internationaux, qui veillent au bon déroulement du scrutin. A l’occasion de ces élections, les frontières terrestres du Niger sont fermées jusqu’au mardi à  minuit, selon un communiqué du ministère de l’Intérieur. Les bureaux de vote de la communauté urbaine de Niamey seront fermés à  18h30 (heure locale). L’investiture du nouveau président est fixée au 6 avril, clôturant la transition engagée par la junte. Le prochain chef de l’Etat aura des défis immenses à  relever. Il devra notamment tenter d’endiguer la menace grandissante d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique, qui multiplie les rapts d’Occidentaux au Sahel.

Niger: Tandja en prison depuis dimanche

Depuis sa destitution il y a bientôt une année, Mamadou Tandja vivait en résidence surveillée dans un quartier de la capitale nigérienne. Cette décision de la junte de garder Tandja enfermé sans chef d’accusation était fortement critiquée par la famille de l’ex- chef d’Etat. Celle-ci avait alors porté plainte devant la communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) à  la fin de l’année dernière contre les putschistes. l’organisation avait à  son tour, demandé aux militaires de libérer Tandja si elle n’a aucun motif d’accusation pour le garder. Mais à  la fin de la semaine dernière, la cour d’Etat a levé l’immunité présidentielle dont jouissait l’homme. Hier dimanche donc, la junte a transféré Tandja à  la prison de Kollo pour corruption et détournements de deniers publics. Rappelons qu’en 2009, l’ancien président nigérien Mamadou Tandja avait manifesté son désir de rester au pouvoir malgré la fin proche de son dernier mandat. Il avait, pour ce faire, demandé une prolongation de trois ans de son mandat, contrairement à  la constitution en vigueur.. C’’était son dernier mandat à  la tête du pays et ne pouvait selon la constitution nigérienne, plus se présenter. Néanmoins, malgré le refus toute la classe politique, de l’assemblée nationale et de la cour constitutionnelle, Mamadou Tandja a organisé un référendum en août 2009. Ses pairs de l’union africaine, de la CEDEAO et de l’union économique et monétaire ouest africaine, avaient en vain tenté de le ramener à  la raison. Le référendum eut lieu et la constitution modifiée. Ce qui coûtera au pays une suspension de toutes les organisations aussi bien africaines qu’internationales. Le 18 février 2010 oà¹, l’armée prend le pouvoir sans violence et assigne le président déchu à  résidence. Le général Salou Djibo et son équipe seront quelques mois plus tard, reconnus par la communauté internationale. Des élections générales sont prévues dans quelques semaines pour rendre le pouvoir aux civils. La question du sort réservé à  Tandja était restée en suspens jusqu’à  ce que sa famille dépose une plainte auprès de la Cour de justice de la CEDEAO. s’il est vrai que par le dépôt de cette plainte, la famille de Tandja aspirait à  voir ce dernier en finir avec l’état de détention extrajudiciaire dans lequel il se trouvait, il n’en demeure pas moins que C’’est cette plainte qui suscite aujourd’hui des misères à  l’ex-président. La Cour de Justice d’Abuja a donné raison à  la famille et demander à  la junte de libérer Tandja si elle n’a contre lui aucune charge. Or, tout le monde, y compris Tandja lui-même savait que les griefs contre lui ne manquaient pas : trituration de la Loi Fondamentale afin de s’octroyer un bonus de 3 ans en plus de ses deux mandats ; refus solennel de se soumettre à  la décision de la Cour Constitutionnelle ; gestion des Fonds PPTE, etc… Le président déchu avait d’ailleurs tenté d’arrêter cette action en justice en envoyant une lettre dans laquelle, il demandait à  cette institution judiciaire communautaire de ne pas prendre en compte la démarche entreprise par sa famille. Requête rejetée par la Cour dont la décision en faveur de la famille pousse aujourd’hui Tandja Mamadou en prison. Il est désormais officiellement poursuivi pour le détournement de plus de quatre milliards de francs CFA de la société nigérienne de produits pétroliers. Certainement le premier d’une longue liste de chefs d’inculpation…

Niger :Tandja réclame la clémence de la junte

L’ancien président nigérien Mamadou Tandja, en résidence surveillée depuis le coup d’Etat du 18 février dernier, demande la clémence du Conseil suprême pour la restauration de la démocratie (CSRD). Dans un courrier dactylographié daté du 22 juillet et que RFI a pu se procurer, Mamadou Tandja se désolidarise par ailleurs de la plainte pour détention arbitraire, déposée par sa famille devant la Cour de justice de la CEDEAO. La publication par RFI des lettres de l’ex-chef d’Etat est dans toutes les conversations à  Niamey. l’annonce de l’existence de deux lettres signées par l’ancien président Tandja Mamadou a fait l’effet d’une bombe à  Niamey dans les bus, les taxis, les marchés et les bureaux. Ces deux lettres de clémence sont au centre de toutes les conversations. Une véritable surprise : les plus curieux vont jusqu’à  naviguer sur le net pour parcourir l’intégralité des deux documents avant de les photocopier et les distribuer à  des amis. Dans leur grande majorité, les Niameyens ne reconnaissent plus Tandja Mamadou à  travers ces écrits et les avis divergent. Beaucoup s’interrogent sur l’authenticité de ces signatures. Une source au ministère de l‘Intérieur précise qu’il n’y a aucune ambiguà¯té là -dessus. D’anciens collaborateurs de Tandja Mamadou confirment également les deux signatures. Pour ce qui est des réactions, pour l’instant, C’’est le silence radio dans sa formation politique le MNSD-Nasara. Il en est de même au sein de sa famille. « Mais la boucle est bouclée », écrit l’hebdomadaire Le Canard déchaà®né. Dans sa parution du 26 juillet 2010, le journal se demande : « Dans quel pays du monde sommes-nous, o๠Tandja Mamadou appelle à  la clémence ». Et le journal de conclure qu’aujourd’hui : « C’’est le chasseur qui est chassé par la biche ».

Niger : Que devient Mamadou Tandja ?

Qui est Tandja ? l’ex-président nigérien Mamadou Tandja est né en 1938 à  Maà¯né-Soroa au Niger. Cet ancien colonel de l’armée nigérienne a été en 1990, ministre de l’intérieur du général Ali Saà¯bou, arrivé au pouvoir à  la suite d’un coup d’Etat. A l’issue de la première élection multipartite, Tandja perd sous les couleurs de l’ancien parti unique, le mouvement national pour la société de développement (MNSD) en 1993 face à  Mahamane Ousmane. Deux ans plus tard, celui-ci se fera renverser par le général Ibrahim Baré Maà¯nassara. En juillet 1996, Tandja perdra encore à  la course à  la présidentielle face au général Baré. l’homme ne verra la chance lui sourire qu’en décembre 1999 oà¹, il remporte haut les mains l’élection avec 60% des voix au 2nd tour. Dès sa prise de fonction, Tandja essaye de rétablir le contact perdu avec la communauté internationale, afin de bénéficier à  nouveau, des largesses des bailleurs de fonds. Sa politique de matage des rebelles touaregs du nord avait été saluée par un bon nombre d’observateurs internationaux. Le chef d’Etat qualifiait les rebelles de bandits armés ne méritant aucune considération. Cependant ces dernières années, l’homme est revenu sur ses positions, privilégiant le dialogue, seule issue de sortie. Aussi, les restrictions sur les budgets allouées à  l’éducation et la santé ne seront pas du goût des nigériens. Des manifestations de mécontentement seront ainsi tenues à  Niamey. Malgré tout, Tandja reste sourd face à  cet mécontentement collectif. Président à  vie ! A 72 ans, Mamadou Tandja voulait un renouvellement de mandat après deux déjà  écoulés, conformément à  la constitution. Visiblement, le vieux ne voulait plus quitter le fauteuil présidentiel qu’il a occupé pendant dix ans. Il expliquait ne pas avoir terminé le travail commencé et souhaitait avoir trois ans de plus pour finaliser le tout. Ce qui équivalait donc à  une modification de la constitution. Arrivé au pouvoir après l’élection présidentielle du 22 décembre 1999, Tandja sera réélu cinq ans plus tard pour un second mandat de cinq ans. Le second devait donc prendre fin le 22 décembre 2009. En juin de la même année, il demande non seulement la modification de la constitution mais aussi, une extension de son mandat à  3ans. Il évoque comme prétexte, l’achèvement des négociations des contrats d’uranium et de pétrole. Face aux refus communs de la cour constitutionnelle et de l’assemblée nationale, Tandja décide de dissoudre cette assemblée qui entrave ses décisions. Le chef de l’Etat travaillera à  partir de cet instant par décrets et arrêtés. Il convoque un référendum le 4 Août 2009 avec un très faible taux de participation, contrairement à  ce qu’il affirme. Isolement international Face aux agissements de leur pair qualifié d’insensé, l’union africaine (UA) et la communauté économique des Etats de l’Afrique (CEDEAO) prennent des sanctions contre le Niger. Signalons qu’avant ces sanctions, de multiples négociations avaient été entamées par les émissaires de ces organisations entre le parti au pouvoir et l’opposition. Cette dernière réclamant un retour sans précédant à  la constitution « normale ». La communauté internationale, notamment les Etats unis et l’Union européenne, ont aussi adopté des sanctions contre le pays. Les Etats-Unis ont aussi suspendu toute aide humanitaire dont bénéficiait le Niger et a imposé des restrictions aux déplacements de plusieurs responsables du gouvernement. Le pays a également été rayé de la liste des pays bénéficiant d’un partenariat commercial privilégié. Il s’agit notamment des prêts consentis par le Millénium Challenge Corporation pour la lutte contre la pauvreté. Le montant de 23 millions de dollars, sans compter les 4 millions de dollars de l’USAID pour l’année 2009. Toutes ces restrictions négativement jouées sur la population meurtrie. Sachant que le Niger est un pays vivant majoritairement de l’aide extérieure. Que devient Tandja ? Depuis son incarcération en février, personne n’a entendu l’ex-président Mamadou Tandja. Il a été amené comme indiqué plus haut, dans une villa qualifié de luxueuse par les militaires. Selon son médecin qui est la seule personne disposée à  le voir, il est en bonne santé. Cependant, nul ne sait exactement quel sort sera réservé à  Mamadou Tandja.

Niger : une République impossible ?

La tension née de cette situation n’avait pas cessé depuis quelques mois de se développer pour aboutir à  une véritable crise politique Le dispositif qui entourait Tandja a manqué de discernement et n’a pas été en mesure de saisir les possibilités offertes par la médiation de la CDEAO pour arriver à  une solution acceptée par les différentes parties. Le jusqu’auboutisme des extrémistes des deux camps ne pouvait qu’aboutir à  une issue néfaste pour l’avenir du pays. Cet opportunisme conquérant engendra au fil du temps une pratique politique trop partisane rendant quasiment impossible l’émergence d’une culture de dialogue dans l’espace public. Le fil des négociations n’était pas totalement rompu. Tandja n’avait cependant ni les moyens politiques ni la marge de manœuvre économique ni même, peut-être, la volonté de s’isoler définitivement du reste de la classe politique et de la communauté internationale… Dans ces conditions, le coup d’Etat fait naà®tre légitimement une suspicion sur ses motivations. Au risque de ramer à  contre-courant, nous devons aisément admettre qu’il n’est pas indispensable de croire que la force soit la solution la meilleure pour débloquer une situation créée de toutes pièces par les seules insuffisances de la classe politique. Le recours à  l’armée est forcément dommageable pour l’Etat et pour la démocratie. Ce coup d’Etat risque de poser plus de problèmes qu’il ne peut en résoudre, car il renforce l’idée déjà  hélas fort répandue que la force est un moyen presque banal de réguler la vie politique du pays. De plus, il alourdit davantage encore le climat politique en ne pouvant effacer ni les divisions ni les crispations et déplace forcément les lignes de conflit en créant d’autres oppositions. Ce qui pourrait compliquer considérablement l’avènement d’une réelle réconciliation nationale. La Ve et la VIe République n’ont rien de fondamentalement différent qui pourrait justifier la crise majeure qui a conduit à  ce coup d’Etat. Les deux textes constitutionnels ont été rédigés surtout pour régler des problèmes de circonstance. Le peuple n’avait pas eu d’autres choix que de les « accepter ». Les leaders qui ont partagé avec Tandja la paternité de la Ve République et qui l’ont accompagné dans sa gestion pendant ces dix dernières années ne peuvent pas sérieusement nous expliquer aujourd’hui qu’ils sont les seuls « Démocrates » et que « lui » serait devenu subitement un dictateur. Tandja est l’un des acteurs importants de la vie politique nigérienne depuis le coup d’Etat du 15 avril 1974. Il a bâti sa popularité sur une vision simple, voire simpliste, de la politique et de la gestion des affaires publiques. Nos « Démocrates » se sont toujours accommodés de ses méthodes, même quand celles-ci avaient pris une tournure ouvertement dangereuse pour l’unité nationale et pour la cohésion du pays. Aujourd’hui, une difficulté de taille pour les ténors de l’ancienne opposition est d’obtenir l’arrêt des poursuites judicaires qui les visent sans donner l’impression qu’ils instrumentalisent la justice à  leur tour ! Ils doivent, en effet, se défaire de ces accusations pour envisager sereinement les prochaines échéances électorales. Il serait catastrophique pour la crédibilité du Niger que les autorités des Ve et VIe républiques aient lancé des mandats d’arrêt internationaux sans éléments tangibles pour le faire… Restaurer, C’’est semer les germes du prochain coup d’Etat Le pays a besoin d’une introspection qui établira les raisons profondes de son instabilité et démontrera l’incapacité de ses élites à  produire des règles de gouvernance partagées par l’ensemble de la population, règles ayant donc la légitimité nécessaire pour être défendues contre tout usurpateur potentiel. Le Niger ne s’étant jamais doté de ce genre d’institutions, il est tout à  faire hasardeux de prétendre que ce qui n’a jamais existé puisse mériter d’être aujourd’hui restauré ! La stabilité relative observée sous les deux mandats de Tandja était due plus à  un malentendu à  propos de l’alternance qu’à  la qualité intrinsèque des institutions… Seule une volonté politique éclairée et patriotique des responsables de cette transition pourrait empêcher que la classe politique actuelle ne continue à  patauger dans ses contradictions et à  maintenir le pays dans une instabilité chronique. La refondation de l’Etat et de la République demeure une nécessité absolue si nous voulons sortir de la confusion institutionnelle issue de la Conférence nationale. Tout dépendra de la personnalité du nouveau chef de l’Etat. De sa capacité surtout à  contenir les ardeurs de certains de ses compagnons et à  désamorcer les incompréhensions qui pourraient s’amplifier au sein de l’armée. Le nouveau chef de l’Etat doit avoir conscience qu’il engage un pari difficile avec l’Histoire en choisissant de provoquer une crise dont le caractère salutaire n’est pas gagné d’avance. Sa crédibilité se mesurera à  la capacité dont il fera preuve pour se défaire de l’image du facilitateur au service d’un clan et à  poser rapidement des actes qui montrent qu’il agit pour l’intérêt du pays. Pour cela, il devra créer les conditions d’une véritable rénovation politique qui signifierait notamment une redistribution des cartes avec un renouvellement de la classe politique. Au lieu de nous gargariser avec le mot « démocratie », sans prendre d’ailleurs la peine de définir ce que nous y mettons, essayons d’imaginer des règles de gouvernance qui feront que chaque Nigérien se sentira représenté et protégé par les institutions de son pays, même quand il ne partage pas les choix de gestion de l’équipe au pouvoir. Tant que ce préalable n’est pas établi, nous ne ferons que ce que le tamasheq appelle « Alataf fel Chilken » « faire des tresses sur des poux », autrement dit construire sur des bases dont la qualité hypothèque la pérennité de l’œuvre. Il faut absolument que l’Etat soit bâti sur des fondations qui résistent aux aléas politiques conjoncturels. Aléas qui existeront toujours au gré des ambitions et des contradictions des différents acteurs politiques. Comprendre et accepter cette nuance est déjà  un pas vers la stabilité et la consolidation du sentiment national. Une transition fondatrice d’espoir Les Nigériens ont besoin de voir que le pays avance vers des lendemains qu’ils espèrent meilleurs. Que la guerre contre la malgouvernance quitte le discours pour se répandre dans leur quotidien. Que la lutte contre la corruption institutionnalisée soit une priorité absolue à  tous les niveaux de l’Etat. Que la Justice retrouve enfin les moyens politiques de mettre fin à  la culture de l’impunité. Que le citoyen vive au plus près les décisions qui influencent directement sa vie quotidienne. Que l’appartenance à  un groupe socioculturel ne soit ni un handicap ni un tremplin pour réussir son projet de vie… Ne partageons pas la position de ceux qui insistent pour réduire au minimum la durée de cette transition, car nous sommes à  nouveau à  un carrefour qui pourrait nous mener vers le meilleur, mais le pire est toujours possible. La période de transition devra durer le temps qu’il faudra pour mener une large consultation nationale dont les conclusions serviraient à  la rédaction d’une nouvelle Constitution. Une Constitution et des institutions dont la légitimité ne saurait faire l’objet d’aucune équivoque, car elle serait le fruit d’une large concertation nationale sans tabous ni précipitation. Ces débats ne devraient pas se limiter à  des considérations techniques, car nous ne sommes pas encore au stade o๠les préoccupations de la classe politique peuvent uniquement porter sur le dosage des pouvoirs entre les différentes institutions de l’Etat. Le vrai débat devrait se situer ailleurs, notamment sur le meilleur système à  mettre en place pour que tous les Nigériens puissent se reconnaà®tre dans les institutions de leur pays. Cela passe par une mise à  plat des règles essentielles qui doivent régir le fonctionnement de l’Etat pour garantir la cohésion nationale et sociale et veiller au respect des équilibres nécessaires à  la stabilité du pays. ll s’agira notamment d’accepter, enfin, de traiter la question du Nord dans un souci de réconciliation et de construction nationale. Un groupe de travail pourrait se charger de faire un état des lieux sur cette question et proposer des pistes qui seraient débattues lors d’un forum national. Une résolution définitive de cette question est d’autant plus urgente que le contexte géopolitique devient de plus en plus menaçant et que le Niger ne peut pas se permettre d’entretenir des querelles internes qui l’exposent davantage à  toutes sortes de velléités.

Renversement de Tandja : une leçon pour les autres chefs d’Etats?

Nombres de chefs d’Etats africains cachent longtemps leurs intentions de rempiler au sommet de l’Etat autant qu’ils le voudront. Pour cela, le tripatouillage constitutionnel est de rigueur. Pour revenir au cas du Niger, il faut dire que C’’est une pure autocratie qui était en gestation dans ce pays. Pour la plupart, il s’agissait de mettre en berne les acquis démocratiques, dans le seul but de régenter la légalité constitutionnelle pour s’éterniser au pouvoir. Le Niger, une leçon de politique Au Mali, les sirènes d’un troisième mandat continuent de retentir. Et ce malgré les confessions d’ATT de n’être intéressé par un troisième mandat, et d’être pressé d’en finir. Ce qui s’est produit au Niger est plein d’enseignements. En acceptant de tomber dans le fossé « miasmeux » de l’histoire, le président Tandja sert désormais de leçon à  tous les présidents africains à  vie. « Cela marque le réveil progressif et remarquable des consciences africaines face au destin de leurs peuples pauvres et martyrisés. La belle raclée subite par le président Tandjà  servira certainement de leçon aux autres. », s’exclame un haut responsable du parti PARENA. Pourvu que les militaires qui ont pris le pouvoir maintiennent le souci de restaurer la démocratie et la légalité constitutionnelle, à  travers l’organisation rapide d’un scrutin présidentiel.Pour le professeur Dialla Konaté de l’Université de Mcbryde Hall (USA), « ce qui s’est passé au Niger n’est pas et ne saurait être un coup d’Etat, mais le rétablissement par tous les moyens de la légalité constitutionnelle que Tandja Mamadou avait confisquée, usurpée et brodée à  son goût narcissique. C’’est un cinglant avertissement à  tous ces hommes et femmes qui s’entêtent et ou projettent de s’accrocher au pouvoir ». Quand le cas du Mali s’invite dans le débat Pour nombre d’observateurs, le syndrome semblable à  celui du Niger était sur le point de se produire au Mali, et n’attendait peut-être que le succès définitif du scénario de Tandja pour s’installer comme un effet d’entraà®nement. En effet, malgré les clarifications et équivoques levées par le locataire de Koulouba, et président de la République ATT, le spectre d’un tripatouillage Constitutionnel continuait à  hanter les esprits. Et malgré que l’éventualité ait été écartée par la Commission de Daba Diawara (Commission de relecture des textes du Mali), la question du mandat présidentiel a rebondi sous une autre forme. Il s’agit de la possibilité de prolonger le mandat présidentiel au détour de l’harmonisation de l’ensemble des mandats électifs. Selon nos sondages, ce sont les proches même de l’homme qui le poussent à  l’œuvre. Des proches qui pressentent déjà  la fin du mandat du prince comme une douloureuse séparation qui les verrait perdre tous les privilèges inhérents aux postes par eux occupés. Du coup, tous les agissements d’ATT laissent planer le spectre de son éventuelle candidature en 2012. Eventualité qui ne sera pas sans conséquence, car il (ATT) sera emmené à  faire botter en touche l’article 30 de la constitution du 25 février 1992. Anguille sous roche ? Depuis son accession à  la présidence de la République, ATT n’a jamais lésiné sur les moyens pour prêter main forte à  certaines têtes d’affiches de l’opposition. Mais, joue-t-il franc jeux avec ces derniers, dont la plupart se sont complus dans l’occupation de haut postes, et souvent de privilèges indus ? Eu égard aux dissensions et divisions au sein de la classe politique, le rassemblement et l’unanimisme suscités par le président ATT, avait, au départ, été salués et applaudis par l’opinion nationale et internationale. Mali : un 3è mandat d’ATT est-il un scénario impossible ? En effet, bien de velléités contestatrices, d’ambitions démesurées et sordides ont permis à  l’actuel locataire de Koulouba de se positionner confortablement et de se percher au pouvoir en 2002. Dès lors, toute la classe politique malienne et le peuple malien, avaient trouvé en l’homme, le leader le plus à  même de donner un nouveau souffle au bateau « Mali ». C’’est ainsi que, bien de responsables politiques avaient choisi de taire leurs « animosité » pour s’allier à  l’occupant des lieux…au profit d’alliances opportunistes. En tout cas, l’attitude d’ATT a véritablement semé le doute chez plus d’un. O๠alors, serait-ce, pour le président ATT, une manière de sortir par la grande porte de l’histoire, ou encore l’ultime moyen pour se positionner pour 2012 ? En tout cas, l’homme a suffisamment ménagé la chèvre et le chou. l’heure est à  jamais venue pour la classe politique de s’armer de courage et surtout de… vigilance.

Niger: la junte a libéré les ministres détenus et va organiser des élections

La junte qui s’est emparé du pouvoir au Niger lors d’un coup d’Etat va organiser des élections et libéré de tous les membres du gouvernement qu’elle détenait, a annoncé l’un de ses dirigeants depuis Bamako, deux jours après le putsch. « Notre intention est dassainir la situation politique, de réconcilier les Nigériens. Nous comptons organiser les élections, mais avant, il faut assainir la situation », a déclaré le colonel Djibrilla Hamidou Hima, en marge d’un sommet de chefs d’Etat ouest-africains à  Bamako. Jeudi, un « Conseil suprême pour la restauration de la démocratie » (CSRD, junte) a déposé le président Mamadou Tandja à  l’issue de combats autour du palais présidentiel. Il a dissous le gouvernement et suspendu la Constitution très controversée adoptée en août 2009. « Je peux vous dire que tous les membres du dernier gouvernement Tandja sont désormais libres », a annoncé le colonel Hima. Ces ministres avaient été arrêtés lors du coup d’Etat, qui a eu lieu pendant une réunion du conseil des ministres, tout comme le président Tandja, qui lui, est toujours détenu. Le colonel a également dit avoir été « compris » par plusieurs chefs d’Etat ouest-africains réunis à  Bamako pour un sommet l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa), auxquels il a expliqué la position des putschistes. L’Uémoa a « condamné » le coup d’Etat dans un communiqué. Des ministres ont toutefois expliqué à  des journalistes quil « sagissait d’une condamnation de principe ». A Dakar, le représentant du secrétaire général de l’ONU en Afrique de l’Ouest, Saà¯d Djinnit, a annoncé l’envoi dimanche à  Niamey d’une mission conjointe ONU, Union africaine (UA) et Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), pour « voir l’évolution de la situation » A Niamey, environ 10.000 personnes, selon une estimation d’un journaliste de l’AFP, se sont rassemblées samedi pour exprimer leur soutien à  la junte, répondant à  l’appel lancé la veille par la Coordination des forces démocratiques pour la république (CF. Cette coalition d’opposition (partis, ONG, syndicats) s’était depuis des mois vivement opposée aux initiatives de M. Tandja pour rester au pouvoir coûte que coûte. Dans un mémorandum remis à  la junte, la CFDR a réclamé la tenue d’élections « libres et transparentes ». S’adressant aux manifestants, le capitaine Harouna Djibrilla Adamou a assuré que le Conseil militaire avait agi « au nom de l’intérêt supérieur de la nation nigérienne, et non pour (son) propre compte ». A Tillabéri (ouest du Niger), des milliers de personnes ont également pris part à  une manifestation de soutien aux putschistes, selon la radio publique. L’Association nigérienne pour la défense des droits de l’homme (ANDDH), plus importante ONG de ce type dans le pays, a également appelé à  la tenue d’élections démocratiques mais sans les putschistes. Le CSRD, qui retient le président déchu et assure qu’il se porte bien, a annoncé vendredi la création prochaine d’un « conseil consultatif » pour travailler à  l’avenir du pays. A la question de savoir si M. Tandja serait jugé, le colonel Hima a répondu: « Non, nous nallons pas arriver à  cette extrémité. On ne peut pas dire que tout ce que Tandja a fait est négatif ». Le Niger, vaste pays sahélien est plongé dans une grave crise politique depuis que M. Tandja, 71 ans, dont le dernier quinquennat s’achevait en décembre, avait décidé de se maintenir coûte que coûte au pouvoir en faisant adopter une nouvelle constitution prolongeant son mandat. Il avait dissous le parlement et la Cour constitutionnelle pour arriver à  ses fins. La Cédéao avait suspendu le pays et l’Union européenne interrompu son aide au développement. La communauté internationale a néanmoins condamné le coup d’Etat et réclamé un retour rapide à  des règles démocratiques.

Coup d’Etat au Niger, le président Tandja est tombé

Dans une déclaration à  la radio, le porte-parole des putschistes a annoncé la suspension de la Constitution et la mise en place d’un Conseil supérieur pour la restauration de la démocratie, le CSRD. Peu après, le Conseil militaire a annoncé un couvre-feu de 18 heures à  6 heures, et a ordonné la fermeture de toutes les frontières, terrestres et aériennes. Le président Tandja a été renversé par un coup d’Etat ce jeudi 18 février. Le chef de l’Etat a été emmené par des soldats insurgés dans une caserne située à  l’extérieur de la capitale Niamey. Les ministres du gouvernement seraient, pour leur part, retenus non loin du palais présidentiel. Les dirigeants du putsch ont annoncé dans la soirée qu’ils suspendaient la Constitution. l’annonce a été lue à  la télévision publique nationale par le colonel Abdoulakarim Goukoye qui se présente comme le porte-parole des insurgés. Le porte-parole des putschistes a annoncé la constitution d’un Conseil supérieur pour la restauration de la démocratie, le CSRD. Les noms commencent donc à  se confirmer. Il y a trois militaires, trois colonels, le colonel Pelé, de son vrai nom Djibrilla Hima Hamidou, commandant de la zone militaire de Niamey, le colonel Harouna Adamou, commandant de la compagnie d’appui, C’’est-à -dire des blindés. Et enfin le colonel Goukoye Abdul Karim, chef du renseignement militaire, jusque-là  porte-parole de l’armée c’est lui le porte-parole du Conseil supérieur pour la restauration de la démocratie. Derrière eux, des officiers et particulièrement des officiers des unités blindées, car ce sont les blindés qui selon nos informations ont mené l’opération jeudi 18 février. Ils ont réussi notamment à  dissuader la garde républicaine de riposter. Mamadou Tandja a été arrêté à  la mi-journée alors qu’il présidait le Conseil des ministres exceptionnel au palais présidentiel. Des militaires sont rentrés dans la salle, l’ont amené avec son aide de camp et l’on conduit dans un premier temps dans un camp militaire à  la périphérie de la ville. Dans la soirée, selon nos informations, il aurait été transféré plusieurs fois à  différents endroits. Difficile d’en dire beaucoup plus sur lui pour l’instant. Tout a commencé vers 13 heures, heure de Niamey. A ce moment-là , des militaires sont entrés dans l’enceinte du palais présidentiel o๠se tenait ce Conseil des ministres. Les mutins ont réussi à  neutraliser rapidement la garde présidentielle. Certains sont morts, on parle d’une dizaine de soldats tués. D’autres ont fui, et d’autres encore ont été fait prisonniers par les putchistes.

Mamadou Tandja renversé ?

La tentative de coup d’Etat serait en train de réussir à  Niamey. Les membres du gouvernement qui se trouvaient encerclés dans le palais présidentiel ont été exfiltrés par le fraction rebelle responsable de l’attaque. Le chef de l’Etat Mamadou Tandja serait avec eux et s’apprêterait à  prononcer sa propre destitution dans la soirée. La tentative de renversement du pouvoir est toujours en cours à  Niamey, la capitale nigérienne. Vers la fin de la matinée de ce jeudi 18 février, des militaires ont encerclé le palais présidentiel, o๠le gouvernement était réuni en conseil de ministres autour du président Mamadou Tandja. Selon nos plus récentes informations, une partie de la garde présidentielle est entrée en rebéllion, menée par le colonel Djibril Hima dit « Pelé », par ailleurs président de la Fédération nigérienne de football (Fenifoot). Le coup d’Etat serait même en train de réussir puisque la fraction rebelle a réussi à  exfiltrer les membres du gouvernement et, vraisemblablement, le chef de l’Etat qui se trouverait actuellement en sécurité et en bonne santé. Il devrait prononcer un discours dans la soirée annonçant sa propre destitution. La BBC, qui cite une source gouvernementale anonyme, confirme ces informations. «Le Président nigérien et son cabinet sont retenus par des soldats après des combats dans la capitale», a annoncé la radio britannique il y a quelques minutes. L’armée frondeuse Depuis quelques mois, le président nigérien marche sur des oeufs avec l’armée, dont la fidélité et le soutien ne lui sont plus assurés. Habilement, il a tenté de concilier la carotte et le bâton, par crainte d’exacerber les tensions. Mamadou Tandja redoutait avec raison la fronde des soldats. Pour preuve, cette adresse en forme de requête, formulée à  l’intention des militaires par le général Moumoudi Boureà¯ma : « Je vous mets en garde contre toute tentative de remise en cause des institutions de la République ». Apparemment, il n’aura pas été entendu. La liste des coups d’Etat au Niger (1974, 1996 et 1999) semble bien partie pour s’allonger, l’armée ayant du mal à  concevoir que Mamadou Tandja s’éternise au pouvoir. Le chef de l’Etat aurait dû quitter ses fonctions à  la fin du mois de décembre, au terme de son ultime mandat. Pour se prémunir contre l’échéance institutionnelle, il a fait voter un référendum au mois d’août (suivi d’élections législatives en octobre) en faveur de son maintien à  la tête du pays. Lors de ces consultations, l’armée s’est largement abstenue. Plutôt que la voix des urnes, elle semble avoir choisi celle des armes.

Tentative de coup d’état au Niger

Les tirs de mitrailleuses et d’armes lourdes ont retenti jeudi 18 février à  Niamey, capitale du Niger, rapportent des témoins. Ces tirs semblent provenir du quartier du palais présidentiel, au-dessus duquel s’est formé un nuage de fumée, mais on ignore quels en sont les auteurs. Selon un membre des services de renseignement ayant requis l’anonymat, il s’agit d’une tentative de coup d’Etat que la garde présidentielle s’efforce de déjouer. Un responsable français a lui aussi évoqué une tentative de putsch. S’exprimant également sous couvert de l’anonymat, ce responsable a indiqué que le président Mamadou Tandja n’était « a priori pas dans une bonne position ». Un membre de l’entourage présidentiel a toutefois déclaré que pour l’heure, tout allait bien. Niamey en état d’alerte Selon RFI, « l’information a vite circulé » dans la capitale nigérienne et les habitants « commençaient à  fuir les marchés pour rentrer chez eux ». Radio France internationale précise qu’au moment des tirs « se tenait à  la présidence un conseil extraordinaire des ministres », ces derniers étant « tous coincés dans le palais ». De son côté, le correspondant de la BBC note qu’aucun mouvement de troupes n’est à  signaler et que les services de télévision ou de radio fonctionnent normalement. M. Tandja a dissous le parlement et fait adopter en août une réforme constitutionnelle qui lui a permis de se maintenir au pouvoir au-delà  du terme de son deuxième mandant de cinq ans, en décembre, ce qui lui a valu des sanctions internationales. Il avait été élu une première fois en 1999, puis était revenu à  la présidence du pays en 2004. En dépit de la crise politique et de soulèvements touaregs occasionnels, de grands groupes tels que le français Areva ou le canadien Cameco ont investi des milliards de dollars au Niger, dont le sous-sol recèle d’importants gisements d’uranium.

Niger : Tandja contre vents et marées

Rappel des faits On se rappelle y a quelques mois, le président nigérien Mamadou Tandja, avait déposé un recours à  la cour suprême, pour la tenue d’un référendum censé le maintenir au pouvoir pendant trois ans. Il expliquait avoir besoin d’un peu plus de temps pour mener à  terme, ses projets de développement. Mais la cour a rejeté sa demande. Il se tournera ensuite vers l’assemblée nationale qui fera la même chose. Ces refus mettront Tandja dans tous ses états et il décidera par conséquent de dissoudre le parlement pour en mettre un autre sur pied. Signalons que son mandat légal a expiré le 22 décembre. Ainsi, le 4 Août dernier, le président Tandja a organisé le référendum qu’il avait demandé et est allé voter lui-même. Il s’est donc attribué un prolongement de trois ans. Expliquant que C’’est le peuple nigérien qui le souhaitait et avait le droit de choisir ce qui est bien pour lui. Signalons que ce référendum a été organisé malgré les sanctions prises par les Nations-Unies, la CEDEAO et l’Union Africaine et l’Union européenne. Sanctions économiques Au lendemain de la fin du mandat légal de Tandja le 22 décembre dernier, les Etats Unis ont suspendu l’aide humanitaire et imposé des restrictions aux déplacements de plusieurs responsables du gouvernement nigérien. Et cela, pour sanctionner le refus de Tandja de ne pas renoncer à  son mandat. Pour couronner le tout, le président américain Barack Obama a exclu le Niger d’un partenariat commercial privilégié avec les Etats-Unies dans le cadre de l’AGOA. Ces sanctions il faut le dire, ont débuté par les coopérations humanitaires entre les deux zones. Ce sont par exemple, les prêts consentis dans le cadre du millénium challenge corporation, l’agence fédérale de lutte contre la pauvreté. Pour un coût total de 23 millions de dollars. Par la suite, il y a eu la suspension des programmes de l’USAID, dépendant directement du département d’Etat dont la contribution s’élevait à  environs 4 millions de dollars cette année. La CEDEAO pour sa part, dit « prendre acte de la fin du mandat de président Tandja » Elle avait elle aussi, pris des sanctions contre l’homme après le référendum du 4 Août dernier. Elle a suspendu le pays de l’instance. Manifestation anti-Tandja à  Niamey l’opposition a pour sa part, organisé une marche de protestation dans la capitale Niamey, pour dénoncer un abus de pouvoir. Cette manifestation a été massivement suivie par des milliers de partisans et sympathisants. Le secteur public en grève Le secteur public a organisé lui aussi, une grève générale largement suivie, selon les différents syndicats de travailleurs. Cette grève s’est tenue le lundi 21 décembre dernier, veille de la fin du mandat légal de Tandja. Les centrales syndicales exigent pour leur part, des augmentations de 50% des salaires et une baisse de des impôts sur les revenus. En tout les cas, la situation est tendue pour Tandja qui subit des pressions de partout. Il tient depuis près de 5 mois, mais jusqu’à  quand encore ?

Tandja et le syndrome du « Grand Homme »

Le cas Tandja Mamadou Tandja, 71 ans, président du Niger, est un exemple vivant du syndrome de « Grand homme ». Il entend porter le nombre de ses mandats constitutionnels de deux à  l’infini. En vertu de la constitution nigérienne, M. Tandja devait se retirer en décembre 2009 lorsque son second mandat présidentiel aurait touché à  sa fin. Mais Tandja souffre du syndrome du « Grand homme » ». Il croit qu’il est le seul homme capable de gouverner le Niger comme médiums spirituels et les Marabouts fétichistes lui ont peut-être suggéré. Tandja symbolise le retour à  la période de l’Afrique des systèmes paranoà¯aques à  parti unique et à  juntes militaires qui ont obscurci la plus grande partie de l’histoire de l’Afrique post-coloniale. Tandja a goûté au pouvoir pour la première fois après un coup d’état en 1974. Du fait de son syndrome du « Grand homme », Tandja est hermétique aux critiques de l’organisme régional de la CEDEAO, de l’Union Africaine, des leaders démocratiques africains, des partis d’opposition, des organisations religieuses, des syndicats et des militants des droits de l’homme ainsi que de la communauté internationale. Tandja est déterminé à  gouverner le Niger à  vie en abandonnant ces limites constitutionnelles aux termes des mandats présidentiels et en étouffant les voix démocratiques. Au Niger, Tandja bouleverse la jeune démocratie du pays (depuis 1999) en s’appropriant en quelque sorte ses principes démocratiques afin de créer un système de présidence autoritaire à  vie à  l’instar de la Guinée de Sékou Touré. La psychologie à  la base de la pensée de Tandja parsème le chemin de l’histoire africaine récente. Elle explique aussi le cas de Jerry Rawlings, qui n’avait pas accédé au pouvoir de manière démocratique, disant aux Ghanéens : « A qui ? » quand on lui a demandé de céder le pouvoir dans les années 1980 pour faire place à  la démocratie. En Sierra Leone, le Président Siaka Stevens a dit au Sierra-Léonais, « Pass I die » (« jusqu’à  ma mort je resterai président ») lorsqu’on lui a demandé la démocratisation. Stevens avait préparé le terrain pour une explosion future de la Sierra Leone. Au Libéria, alors que Samuel Doe venait de saccager un système démocratique balbutiant en instaurant un climat d’extrême autocratie, lui et ses acolytes criaient : «Sans Doe, pas de Libéria ». Doe a fini par éclater le Libéria en morceaux. En règle générale, la culture africaine bien ancrée de la Présidence à  vie révèle que le « Grand homme » gouverne toujours contre les aspirations des masses à  la démocratie et au développement. Mugabe, le diable Le Zimbabwe actuel de Robert Mugabe démontre qu’à  long terme, cette attitude fait des citoyens des cadavres vivants. Mais Tandja n’exploite pas de façon positive l’histoire africaine, la culture, la sagesse, et les tendances actuelles du développement africain. En agissant de la sorte il dit indirectement aux Nigériens et aux Africains « Sans Tandja, pas de Niger … Pass I die … A qui ? ». Depuis l’indépendance le 3 août 1960, les 13 millions de Nigériens pauvres ont vécu sous cinq constitutions et trois périodes de juntes militaires avec en toile de fond des assassinats et la rébellion touareg. Le syndrome africain du « Grand homme» émane de certains éléments de la culture africaine : les médiums et les marabouts fétichistes, les spiritualistes et les sorciers-guérisseurs stimulent les « Grands hommes » lors de rituels spirituels traditionnels de « haut niveau » (avec parfoisdes sacrifices humains) et fournissent des interprétations bien pratiques : Dieu aurait par exemple destiné le « Grand homme » à  régner à  vie. Puisqu’il s’agit d’une activité irrationnelle, la plupart du temps cela se traduit par des catastrophes – en témoignent le Libéria, le Rwanda, la Sierra Leone et la Guinée Bissau. Idéologie et rituels Les fameux rituels fétichistes de Jean-Bedel Bokassa de la République Centrafricaine, qui avaient marqué les esprits, ont sans doute entrainé l’effondrement du pays. Et C’’était le cas du Général Nigérian Sani Abacha friand de pratiques de marabouts fétichistes à  grande échelle dans le but de se transformer en président civil. Le Zaà¯rois Mobutu Sese Seko illustrait lui aussi le syndrome africain du « Grand homme », laissant derrière lui un pays ravagé o๠l’Etat s’est autodétruit. Le syndrome du « Grand homme » est donc incompatible avec la démocratie et le progrès. Quel est donc l’antidote à  ce mal, pour traiter les Tandja et consorts ?