Mali : Baba Ould Cheikh, le maire de Tarkint, a été arrêté

La “prise” est d’importance pour les autorités maliennes. Une opération menée par les bérets rouges et les éléments du colonel-major Gamou a permis l’arrestation de Baba Ould Cheikh, mercredi 10 avril, à  Tarkint, la ville dont il est maire et qu’il n’avait pas quitté depuis que pesait contre lui un mandat d’arrêt délivré au mois de février. à€ Gao, il n’aura eu le temps que de prendre connaissance de ce mandat avant d’être déféré à  Bamako. Mais dans le nord du Mali, il est connu de tous et rares sont les affaires auxquelles son nom n’est pas mêlé. à€ commencer par celle surnommée « Air Cocaà¯ne », lorsqu’en 2011, un avion en provenance d’Amérique du Sud avait atterri en urgence non loin de sa commune. Mais on avait également entendu parler de lui lors des prises d’otages de 2003 et 2009, dans lesquelles il est nommé médiateur, tout en étant soupçonné d’être lié aux ravisseurs d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi). Plus polémique encore, Baba Ould Cheikh, issu de la tribu arabe Lamhar, a toujours soutenu le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). à€ plusieurs reprises, ses affaires l’ont amené à  croiser le chemin d’Oumar Ould Hamaha, trafiquant et islamiste recherché, qui pourrait avoir été tué récemment lors des récentes frappes aériennes menées à  Tombouctou. Fin de l’impunité L’impunité dont « Baba » disposait semble avoir disparu avec la prise de Gao, le 26 janvier dernier. Au lendemain de la libération de la ville, alors qu’il se promène avec son ami, Sadou Harouna Diallo, le maire de Gao, Baba Ould Cheick est brièvement interpellé et gardé à  la gendarmerie. Ce n’est qu’après avoir été relâché dans des conditions encore floues, que le mandat d’arrêt est lancé contre lui. Depuis lors, il s’était retranché dans son fief, à  une centaine de kilomètres de Gao. Baba Ould Cheikh et sa grande famille ont pu asseoir leur influence dans la région, tant du côté des forces de sécurité basées dans le Nord qu’auprès des hommes politiques locaux et nationaux. Comme le maire de Gao, il est membre du PDS, le parti de l’ancien président, Amadou Toumani Touré (ATT). Dans la ville, il possède boutiques et villas cossues. Ses entreprises de transport et de bâtiment travaillent avec les plus gros acteurs économiques de la ville, mais aussi auprès du Comité International de la Croix Rouge et de la municipalité. à€ travers cette arrestation, c’est un pan de la mafia des “narco-islamistes” qui prend un sérieux revers. Dorothée Thiénot, à  Gao

Affaire du cargo de la drogue, Eric Vernay soutenu par la France

l’on se souvient des ces photos des morceaux de la carlingue calcinée de l’avion, surnommé «Â Air Cocaine », retrouvés dans le désert malien près de Gao, avec sa cargaison illicite mystérieusement disparue. Et sans que l’on puisse faire la lumière sur ce qui s’était réellement passé. Aujourd’hui, de nouveaux éléments viennent étayer l’affaire. Cette fois, C’’est Eric Vernay, un français qui est en cause. Interpellé le 8 mars dernier près de son domicile sis à  Torokorobougou par la Sécurité d’Etat, et remis à  Interpol-Mali, le cerveau présumé de cette affaire de trafic international de drogue a été déféré à  la prison centrale de Bamako le lendemain mercredi, informe l’Indépendant de ce lundi. Une interpellation, qui a aussitôt provoqué des réactions du côté français. Selon Bernard Valero, porte-parole du Quai D’Orsay, Bernard Valero « le dossier d’Eric Vernay, qui réside depuis plusieurs années au Mali, était suivi par le consulat de France à  Bamako dans le cadre de l’exercice normal de la protection consulaire « . Le contenu de cette protection consulaire ferait actuellement l’objet de discussions de haut niveau entre les autorités françaises et maliennes. Eric Vernet, est le DG de la société « AAA » Africa Air Assistance, une société spécialisée dans la maintenance et le trafic aérien, qui a été interdit de vols sur le territoire sénégalais pour opérations illicites, liées au trafic de drogue Mais elle continuait d’opérer des vols sur le territoire malien, et sans surveillance particulière, ce qui fait croire aux autorités qu’elle serait au coeur du trafic de drogue au Mali avec l’affaire du cargo. On cite également dans cette affaire, l’agence « Go-Voyages », victime collatérale, puisque AAA aurait obtenu des autorisations de l’ANAC (L’agence nationale pour l’aviation civile ), en usurpant ses documents. Des complices hauts placé? En interrogeant la directrice de l’ANAC, Mme Issabré, Interpol entend faire la lumière sur cette affaire et mesurer le degré d’implication de cet organisme chargé de délivrer les autorisations pour opérer et survoler le territoire malien. Selon lMme Hissabré, sa responsabilité se limiterait à  signer des documents, sur suggestion de ses services techniques. Selon certaines sources, elle aurait reçu un mot d’ordre « d’en haut » pour autoriser cet avion… Au-delà  des complicités à  établir et des coupables à  sanctionner, l’affaire Air Cocaine révèle surtout l’implication du Mali dans un trafic de drogue qui dépasse ses frontières, et s’étend à  la sous-région.