Bamako Ink, ou l’art du tatouage

Le tatouage est devenu tendance ces dernières années, et Bamako ne fait pas exception. Si cet art du dessin sur le corps commence à peine à se démocratiser au Mali, Didi Tattoo, un pionnier, y est pour quelque chose. Il officie depuis quelques années et vient d’ouvrir son salon dans le quartier Hippodrome.

Ne prenez pas Didi pour un mauvais garçon avec ses tatouages qui recouvrent ses bras. Cet Ivoirien, à la voix aigüe, presque féminine, est un artiste autodidacte, un passionné de dessin, qui après avoir été coiffeur, a décidé de se lancer dans le tatouage en autodidacte, avec les moyens du bord, de la persévérance et surtout une soif inextinguible d’y arriver. D’abord tatoueur à domicile, il se constitue une clientèle à laquelle il propose ses créations sur mesure, adaptées à la morphologie de chacun.

Clientèle féminine Aujourd’hu à la tête de son studio de tatouage niché au cœur de la  résidence Palermo, rue Bla Bla, Didi Tattoo « pique », dans un cadre contrôlé et hygiénique, les désirs graphiques de ses clients. « Ce qui marche bien pour les filles ce sont les tatouages de papillons, fleurs et étoiles, tandis que les hommes affectionnent les tatouages polynésiens, tribales ou Maori », explique Didi, qui reconnaît que la majorité de sa clientèle est représentée par de femmes. « Le tatouage des sourcils pour les mariages, ça marche fort ! », ajoute-t-il. Comptez 30 000 francs CFA pour vous faire tatouer les sourcils et 15 000 francs CFA pour un petit tatouage corporel stylisé, les prix pouvant aller jusqu’à 300 000 francs CFA pour une grande pièce. « Tout dépend de la complexité du projet et du temps de travail pour le réaliser indique t-il », car chez lui, tout se fait à l’œil, pas de calques, ses talents en dessin lui permettent de saisir le projet du client, sa coordination main-œil, sa touche d’art et son dermographe font le reste.

Autrefois réservé aux matelots, aux prisonniers, aux marginaux, le tatouage est peu à peu sorti de son ghetto et temps à se démocratiser. Pour Didi, son activité ne peut que se développer, la demande est croissante et parfois, ses deux bras, ne suffisent pas à juguler la demande.

 

 

 

Attention, henné dangereux!

Pour un tatouage éphémère, préférez le henné brun ou orange au noir. Ce sont les recommandations de l’agence nationale française de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) dans une campagne d’alerte lancée le 30 juillet 2013, rapporte Le Point. Le noir n’est pas une couleur produite naturellement par le henné, explique l’article. Il est obtenu par l’ajout illégal d’une substance appelée paraphénylènediamine (PDD). Cet élément est en principe utilisé pour colorer les textiles et il est autorisé à  faible concentration uniquement dans les teintures capillaires, souligne le site. Les instituts homologués ne sont pas en cause mais les tatoueurs ambulants qui se déplacent sur les plages ou sur les marchés pendant l’été ont recours à  ce produit, qui augmente par ailleurs la longévité du tatouage, ajoute Le Point. Si le PDD entre en contact avec la peau, cela peut provoquer une réaction allergique grave, nécessitant parfois une hospitalisation. De plus, la victime peut développer une intolérance irréversible aux textiles ou aux cosmétiques contenant le colorant, conclut l’article

Le tatouage ou Hindou Diabi : Quand les hommes s’y mettent !

Quand le Fara Fing Diabi cède le passage au indou Diabi Le henné fait partie des plus veilles pratiques ancestrales maliennes. Dans le temps, on l’utilisait pendant les cérémonies de mariages. Les pieds et mains de la nouvelle mariée étaient joliment maquillés par le Diabi comme l’exige la tradition. En plus de cela, les parentes et amies de cette dernières également en mettaient. Cependant, au fil du temps, cette pratique a commencé à  faire de plus en plus de place au indou Diabi. Le produit s’avère en effet, plus rapide et plus joli, avec une multitude de choix de tatouage. Les maliennes et maliens l’appellent tatouage parce que ce sont les mêmes motifs et dessins qui sont faits. A la seule différence qu’on n’utilise pas d’aiguille pour réaliser ces motifs. Le produit utilisé pour ces tatouages, vient de l’Inde. D’o๠le nom indou Diabi. Et signalons qu’il n’est pas spécifiquement fabriqué pour le tatouage. C’’est en fait, un produit pour noircir les cheveux. Certains l’appellent Yomo. Les maliens on donc transformé le Yomo en Diabi. La technique du Indou Diabi Le mélange est assez simple. Lorsque vous enlevez le produit qui est en poudre de son carton, vous le mettez dans un petit sachet en plastique. Ensuite, vous y rajoutez petit à  petit de l’eau, jusqu’à  obtenir une patte. Vous attachez maintenant le bout du sachet et commencez à  faire les dessins. Ils se font le plus souvent sur le dos de la main et sur les pieds. Cela se fait en moins de 10 mn. Et 5mn après l’assèchement du Diabi, on se lave les mains et les pieds et le résultat est satisfaisant. Il dure au moins 15 jours avant de s’effacer de votre peau. Les hommes envahissent de plus en plus le terrain Au Mali, la pratique du tatouage est le domaine privilégié des femmes. Néanmoins, depuis moins de 5 ans, les hommes s’y adonnent de plus en plus. Ils font tous les petits métiers autrefois réservés aux femmes. Notamment la coiffure, le maquillage, le Diabi, les tatouages, etc. Ainsi, Moussa Balla Traoré en a fait son métier depuis à  peu près 3 ans aujourd’hui. Moussa explique que « n’ayant pas réussi à  tenir bon à  l’école des blancs, J’ai jugé utile et nécessaire de trouver un job au plus vite. Et cela, dans le souci de subvenir à  mes propres besoins, tout en aidant mes parents à  assurer un lendemain meilleur. » Signalons que Balla a appris toutes les techniques de dessin auprès de son grand frère qui est lui-même, un as dans le domaine. Le génie créateur du jeune homme se confirme au fur et à  mesure des expériences. Il a une imagination débordante grâce à  laquelle, il a réussi à  se faire une clientèle de choix, les jeunes filles et dames en l’occurrence. Il précise que la gent féminine aime particulièrement les belles choses, les beaux dessins. Il fait donc tout pour leur faire plaisir. Et C’’est cette satisfaction dans le travail qui a fait sa renommée dans son petit atelier des Halles de Bamako. Balla peut comptabiliser en moyenne, plus de 20.000 FCFA par jour, lorsque ce sont les périodes de mariages, baptêmes, ou fêtes. Généralement, des milliers de mariages sont célébrés tous les dimanches à  Bamako. Les clientes ne manquent donc pas à  ces moments là . Et aux autres périodes, sa recette peut varier entre 7500 et 10.000 FCFA. Notons que malgré l’implantation du Indou Diabi, notre Diabi traditionnel des temps anciens, est toujours d’actualité. Car en effet, C’’est ce dernier qui est utilisé pour maquiller les pieds et mains de la nouvelle mariée et de la nouvelle maman au Mali.