L’OIF lance un projet de mobilité des enseignants

Pour promouvoir de la langue française et répondre aux besoins de ses Etats et gouvernements membres, l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) lance un projet de mobilité des enseignants dans l’espace francophone, a appris APA dimanche.« Ce projet vise à renforcer les capacités des établissements scolaires d’un pays donné dans le domaine de l’enseignement et de l’apprentissage du français, en palliant un manque ponctuel d’enseignant(e)s qualifié(e)s de et en français au sein de son système éducatif et en renforçant les compétences professionnelles des enseignant(e)s en exercice dans le pays », explique l’OIF dans un communiqué de presse.

Elle précise que tous les enseignants de l’espace francophone peuvent se porter candidat pour une expérience d’une année, renouvelable une fois.

Une première phase pilote a commencé avec le lancement officiel, le 23 juin 2020, d’un appel à candidatures, pour la rentrée scolaire de septembre 2020, de 20 enseignant(e)s volontaires de français pour les écoles primaires et secondaires du Rwanda.

Lors de cette phase pilote, souligne l’OIF, d’autres appels à candidatures suivront pour tous les pays qui auront manifesté leur intérêt. Ce seront ainsi une cinquantaine de professeurs au moins qui seront mobilisés chaque année jusqu’en 2022.

Elle indique que si le français est actuellement une langue d’enseignement et d’apprentissage dans 35 pays membres de la Francophonie, une partie d’entre eux doit faire face à une pénurie d’enseignants qualifiés de et en français.

« Malgré un système éducatif global en crise, plusieurs pays tentent de relever le défi d’une bonne maîtrise de la langue française en mettant en place d’ambitieuses politiques de formations. Dans ce contexte, plusieurs Etats membres ont demandé à l’OIF la mise à disposition d’enseignants du primaire comme du secondaire dans le cadre de son action en faveur de la langue française et de l’éducation », dit le communiqué.

Sommet de Nouakchott : le G5 Sahel s’engage à combattre «avec détermination» le terrorisme

Les pays du G5 Sahel, réunis hier mardi dans la capitale mauritanienne, ont affiché leur ferme volonté de ne pas céder du terrain aux groupes jihadistes opérant dans leur région.C’est l’une des déclarations fortes issues du communiqué final du Sommet de Nouakchott. La Mauritanie, le Tchad, le Niger, le Maliet le Burkina Faso veulent restaurer à tout prix la paix dans le Sahel où sévissent des extrémistes.

« La lutte contre le terrorisme se poursuit avec détermination et une meilleure cohérence d’ensemble », lit-on dans le document.Face à l’expansion de la menace terroriste dans la sous-région, les chefs d’Etat sahéliens ont souligné « l’urgence d’une action collective et énergique en vue de l’éradiquer ». 

Tout en se félicitant de « la dynamique positive enclenchée », ils ont indiqué le besoin d’intensification du combat sur tous les fronts des forces nationales et internationales contre les groupes terroristes et ont appelé à la poursuite de la mise en oeuvre de la Feuille de route de Pau et du Plan d’action de la Force conjointe du G5 Sahel. 

A cet égard, les présidents ont renouvelé leur engagement « à ne tolérer aucune violation des droits de l’Homme, et au respect du droit international humanitaire ». C’est pourquoi, ils se sont engagés à renforcer la judiciarisation des champs des opérations, notamment en poursuivant la montée en puissance de la composante prévôtale des armées nationales et de la Force conjointe, et l’adhésion de l’ensemble des forces de défense et de sécurité au cadre de conformité en matière des Droits de l’Homme.

Pour triompher du jihadisme, le G5 Sahel a plaidé pour « un engagement militaire accru de la Communauté internationale dans la lutte globale contre le terrorisme au Sahel » et exprimé sa reconnaissance à la France, aux Etats-Unis, ainsi qu’à la Minusma pour « l’appui crucial » apporté à la Force conjointe du G5 Sahel.

Dans leurs discussions, les chefs d’Etat ont salué le renouvellement et le renforcement du mandat de la Minusma, les perspectives de déploiement des premiers soldats de la Force Takuba à l’été 2020, d’une brigade de la Grande Bretagne en appui à la Minusma en 2020, et d’un contingent de 3000 hommes de l’Union Africaine (UA). 

La situation sécuritaire au Mali a été au cœur des discussions lors du Sommet de Nouakchott durant lequel les présidents sahéliens ont réitéré « leur soutien à la mise en oeuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger ». 

De plus, ils se sont félicités de « la reprise du processus de Désarmement, Démobilisation et Réintégration (DDR), et du retour des premières unités des Forces armées maliennes reconstituées (Famar) au nord, qui reste cependant à finaliser à Kidal ». 

Ces dernières semaines, une vague contestataire exige la démission du président Ibrahim Boubacar Keïta. Pour apaiser les esprits, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest a dépêché une mission ministérielle au Mali. Le G5 Sahel a condamné « toute violence et exhorte les parties au dialogue (et) encourage la Cedeao à poursuivre les efforts en vue d’aboutir à un apaisement social indispensable à la mise en oeuvre des réformes et à la lutte contre le terrorisme ».

Les chefs d’Etat ont salué « l’engagement des effectifs supplémentaires de la Force Barkhane au cours du dernier semestre et l’opérationnalisation du Mécanisme de Commandement conjoint facilitant la coordination entre la Force conjointe du G5 Sahel et la Force Barkhane ».

En outre, le président mauritanien Mohamed Cheikh El Ghazouani et ses hôtes se sont félicités de « la reprise d’opérations soutenues dans la zone des Trois frontières, des succès enregistrés par les forces nationales, la Force conjointe et les forces internationales. Ils ont (aussi) salué la neutralisation du chef d’Aqmi (Abdelmalek Droukdel) le 3 juin 2020 dans la région de Tessalit par la Force Barkhane et ses alliés ».

Les présidents sahéliens ont également apprécié « le succès de l’opération éclair Colère de Boma dans la région du Lac Tchad au mois d’avril 2020 contre les factions de Boko Haram qui imposent un autre front au Tchad et au Niger ».

Dans l’évaluation de leurs forces, les chefs d’Etat se réjouissentde « l’adoption par la Cedeao d’un plan d’actions prioritaires 2020-2024 pour éradiquer le terrorisme (dans l’espace communautaire), encouragent sa mise en oeuvre effective et saluent les concertations avec les parties prenantes ». 

Justement, dans le cadre de ce plan d’actions, ils ont magnifié « la mise à disposition du Mali, du Burkina Faso et du Niger, d’un soutien en vue de participer à la sécurisation des trois frontières de la Zone Liptako ».

Toutefois, les présidents sahéliens ont noté « la persistance d’un second front dans la zone du Lac-Tchad au Niger et au Nigeria et un renforcement des capacités terroristes locales dans ces zones, remettant en cause les résultats obtenus lors de l’opération Colère de Boma », non sans signaler « l’extension de la menace terroriste en direction de la Côte d’Ivoire suite à l’attaque récente de la garnison ivoirienne de Kafolo ». 

Pour plus d’efficacité sur le terrain, le G5 Sahel compte poursuivre le renforcement des capacités militaires des Etats membres. Partant de là, les Chefs d’Etat ont remercié l’Union Européenne (UE) pour « (son) engagement et (son) rôle déterminant en matière de conseil, de formation, d’équipement et d’infrastructures. Ces efforts sont valorisés et mis en cohérence dans le cadre du Partenariat pour la sécurité et la stabilité au Sahel (P3S) ».

Dans le même ordre d’idées, ces pays du Sahel ont salué« l’engagement et les apports des autres partenaires, notamment des Etats-Unis », tout en insistant sur la nécessité de poursuivre et de renforcer l’appui en équipements des Forces de défense et de sécurité des États membres du G5 Sahel et de la Force conjointe. 

Toujours sur ce volet, les présidents sahéliens ont encouragé l’élargissement et la diversification des activités de soutien de tous les partenaires à tous les pays membres du G5 Sahel, y compris en matière de formation, en fonction des besoins et spécificités de chacun.

Conscient que le retour de l’Etat et des administrations dans les zones fragiles est un acte majeur dans la guerre contre les groupes jihadistes, le G5 Sahel a pris note du « redéploiement progressif des administrations et du retour de certains déplacés dans leurs localités d’origine à la faveur des opérations de sécurisation ».

Néanmoins, ont reconnu les chefs d’Etat, des efforts restent à faire, non seulement pour le retour effectif des populations, mais aussi pour la mise en oeuvre de programmes de développement entravée ou retardée avec la survenue de la pandémie du coronavirus.  

Par ailleurs, ils ont souligné « l’importance de mener à bien, dès que possible, des initiatives à l’échelle régionale, nationale et locale, en faveur du dialogue intercommunautaire, de la réconciliation et du traitement des questions de fond sur le partage des ressources ou les litiges fonciers ».

Pour nombre de spécialistes du jihadisme au Sahel, la pauvreté d’une importante frange de la population est un facteur qui facilite le recrutement des groupes jihadistes. C’est la raison pour laquelle, « la mobilisation des ressources pour le développement de (cet) espace se poursuit ».

Ainsi, les chefs d’Etat ont rappelé « l’importance du Programme d’Investissements Prioritaires (PIP) pour les populations du Sahel et pour la lutte contre le terrorisme et (ont invité) la Communauté internationale à libérer l’ensemble des fonds promis lors du Sommet de Nouakchott du 6 décembre 2018 ». 

Ces dirigeants sont satisfaits de la mise en place d’une approche territoriale intégrée en cohérence avec le Cadre d’Actions Prioritaires Intégré (Capi) du G5 Sahel, adopté lors du Sommet de février 2020 à Nouakchott, avant d’appeller à sa mise en oeuvre diligente.

La crise au Sahel, étant aussi une question de développement, les présidents de cette immense zone ont salué la tenue, le 16 juin 2020, de la réunion des ministres en charge du développement des pays membres du G5 Sahel qui s’est penchée sur l’exécution du PIP. Mais, ils ont instruit lesdits ministres d’accélérer « la mise en oeuvre des programmes de développement, en coordination avec les partenaires du G5 Sahel ». 

Sur invitation de Ghazouani, président en exercice du G5 Sahel, les chefs d’État des pays membres de cette organisation et le président de la France, Emmanuel Macron se sont réunis ce 30 juin 2020 à Nouakchott. 

L’objectif était de faire le point sur la mise en oeuvre de la feuille de route convenue lors du Sommet de Pau (France), tenu le 13 janvier 2020 et aussi d’évaluer la situation au Sahel. 

Les présidents Idriss Déby Itno (Tchad), Mahamadou Issoufou (Niger), Ibrahim Boubacar Keïta (Mali), Roch Marc Christian Kaboré (Burkina Faso) et le chef du gouvernement de l’Espagne,Pedro Sanchez ont pris part à la rencontre.

En sa qualité de président de la Commission de l’Union Africaine (UA), Moussa Faki Mahamat était également convié, de même que Louise Mushikiwabo, la Secrétaire Générale de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF).

Par visioconférence et par vidéo enregistrée, Charles Michel, le président du Conseil européen, Angela Merkel, la Chancelière allemande, Giuseppe Conte, le président du Conseil des ministres de l’Italie et Antonio Guterres, le Secrétaire Général de l’Organisation des nations unies (Onu) ont participé à ces moments d’échanges. Le prochain sommet se tiendra courant 2021 dans un pays du G5 Sahel. 

 

Sommet G5 Sahel : Macron en vedette à Nouakchott

Le président français se rend ce mardi 30 juin dans la capitale mauritanienne pour faire le bilan de la lutte contre les groupes jihadistes au Sahel avec ses homologues de la région. Les succès militaires enregistrés ces derniers mois sur le terrain sont menacés par les abus des armées locales et la fragilité des pouvoirs locaux. Éclairage.Emmanuel Macron a bonne mémoire, dit-on. Si cela est vrai, dans l’avion qui le conduira mardi 30 juin à Nouakchott, pour une réunion avec ses homologues du G5 Sahel (Mauritanie, Mali,Burkina Faso, Niger et Tchad), le président français se souviendra sans doute que son dernier séjour en Mauritanie ne s’était pas franchement bien passé. 

C’était du 1er au 2 juillet 2018. A l’époque, invité par Mohamed Ould Abdelaziz, alors au pouvoir en Mauritanie, le chef de l’Etat français devait assister au sommet annuel de l’Union Africaine (UA) que son hôte organisait. Mais accueilli sans enthousiasme par nombre de ses pairs africains, le président français avait vu sa présence jugée « inopportune » par une partie d’entre eux. Macron qui devait surtout prendre part à une « importante » rencontre de haut niveau consacrée au Sahel et à la menace jihadiste dans la région, avait aussi été contraint de voir le dossier, objet majeur de sa visite, traité de manière expéditive et marginale lors d’une discrète session dont rien n’était d’ailleurs sorti d’important.

En retournant à Nouakchott deux ans après ce fameux sommet, Emmanuel Macron risque t-il un déplacement pour rien ?

« Ce sommet est important pour tout le monde. Macron, les Sahéliens mais aussi leurs partenaires étrangers. Il s’agit de faire le bilan des opérations menées sur le terrain depuis les décisions prises lors du sommet franco-sahélien tenu début janvier dernier à Pau, en France. En raison des succès militaires importants réalisés depuis cette rencontre sur le terrain, ce sommet de Nouakchott sera justement l’occasion de se réjouir des résultats importants obtenus ces derniers mois face aux groupes jihadistes », explique Ibrahim Yahaya, chercheur spécialisé sur le Sahel au bureau ouest-africain de l’ONG International Crisis Group (ICG). 

Lors de leur dernière rencontre à Pau, Macron et les présidents sahéliens avaient décidé de renforcer et d’accélérer le rythme de la guerre lancée depuis 2013 contre les groupes jihadistes qui semble alors s’enliser. A l’époque, en dépit de quelques coups portés aux groupes jihadistes, parmi lesquels l’élimination de certains chefs, l’armée française et ses alliés africains paraissent en grande difficulté. Les armées locales et les 4500 éléments français de l’opération « Barkhane » lancée durant l’été 2014 pour succéder à « Serval » qui avait réussi en 2013 à chasser les islamistes des villes du nord du Mali qu’ils occupaient, collectionnent les revers. Les critiques fusent. Les capitales de la région sont le théâtre de manifestations publiques régulières réclamant le départ des militaires tricolores, pourtant accueillis avec une grande ferveur quelques années avant. Paris voit aussi ses soldats subir des pertes parfois importantes, comme en novembre dernier où 13 militaires de Barkhane sont tués lors d’un accident d’hélicoptère. 

Censées progresser et monter en puissance pour remplacer à terme les soldats français, après avoir théoriquement subies des restructurations et mises à niveau, les armées locales font preuve d’une pitoyable incapacité à tenir le moindre rôle, surtout au Mali et au Burkina. 

Dans ces deux pays, maillons faibles dans la crise sahélienne, mais aussi au Niger voisin, les armées locales essuient régulièrement de lourdes défaites, parfois sans même combattre, avec souvent des dizaines de morts lors de chaque attaque jihadiste. Selon des statistiques américaines, entre 2018 et 2019, les attaques jihadistes ont augmenté dans le Sahel de plus de 250 %. 

Au nord et au centre du Mali, mais aussi au Burkina-Faso, ce sont surtout des groupes liés à Al-Qaïda à travers sa filiale locale du GSIM ( Groupe de soutien pour l’Islam et les Musulmans) qui sont à l’œuvre. Dans la zone des « trois frontières », qui réunit des portions des territoires malien, burkinabè et nigérien, c’est l’Etat Islamique dans le Grand Sahara (EIGS) qui donne du fil à retordre aux Français et à leurs alliés locaux. Alors en pleine montée en puissance, l’EIGS se montre si dangereux qu’il paraît imposer son propre agenda à ses adversaires dont la supériorité technologique est pourtant évidente. 

A défaut d’admettre publiquement ce qui est aux yeux de nombre d’observateurs comme un enlisement manifeste, l’état-major des armées françaises est brusquement contraint de revoir ses plans. Les groupes armés touaregs locaux sur lesquels Barkhane s’appuient jusqu’à alors dans certaines zones sont mis à l’écart. Une réflexion est menée à Paris et des discussions avec les plus hautes autorités militaires de la région sont conduites au pas de course, parfois, par le chef d’état-major français en personne. 

Le résultat est sans appel : la France et ses alliés sahéliens doivent changer de méthode et…vite. 

Le sommet de Pau, « convoqué » par Macron le 13 janvier 2020, est l’occasion d’entériner la nouvelle stratégie. 

Ce jour-là, le président français et ses homologues sahéliens décident de réorganiser l’ensemble du dispositif militaire en regroupant Barkhane et la force militaire du G5 Sahel sous un commandement conjoint basé à Niamey, au Niger. Un renfort de quelques 220 soldats français est aussi immédiatement annoncé, avant d’être relevé dès février à 600 hommes pour porter les effectifs de la force Barkhane à un total de près de 5100 éléments. 

A Pau, Macron et les cinq chefs d’Etat du Sahel décident aussi de concentrer les efforts militaires sur les « trois frontières » que les combattants de l’Etat islamique ont transformé en bastion après en avoir chassé les armées locales à l’issue d’opérations souvent aussi audacieuses que meurtrières. 

Encouragés par les premiers résultats obtenus par le nouveau dispositif sur le terrain, les français et leurs alliés s’engagent dans une course contre la montre pour inverser le rapport de force avec les jihadistes. 

L’État islamique, qui doit aussi se battre contre ses anciens alliés liés à Al-Qaïda avec lequel il est depuis peu en guerre ouverte, essuie ses premiers revers. Des zones entières sont arrachées à son emprise. Dans le nord et le centre du Mali, terrain d’action privilégié du GSIM, la filiale locale d’Al-Qaïda, la nouvelle stratégie arrêtée à Pau porte aussi ses fruits. 

Plusieurs chefs islamistes de premier rang sont éliminés. Parmi eux un des hommes les plus recherchés au monde : Abdelmalek Droukdel. Ce vétéran algérien du jihad afghan contre les Soviétiques dans les années 1980, puis de la guerre civile déclenchée au début des années 1990 en Algérie, était l’émir général d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). A ce titre, il fait figure de chef suprême de tous les groupes jihadistes maghrébins et sahéliens affiliés à l’organisation fondée par Oussama Ben Laden.

Officiellement réfugié depuis le début des années 2000 dans les montagnes de Kabylie, dans le nord de l’Algérie, Droukdel est surpris début juin par un commando des forces spéciales françaises dans le désert malien, non loin de la frontière algérienne. 

« Sa mort est un succès indéniable dans la lutte contre les groupes jihadistes au Sahel. Mais elle ne peut justifier que le sommet de Nouakchott se termine par un jet de fleur entre chefs d’Etat », avertit Ibrahim Yahaya en allusion aux nombreux « ratés » qui ont accompagné la montée en puissance epuis le sommet de Pau dans la lutte contre les groupes jihadistes. 

En janvier dernier, Macron et ses hôtes avaient annoncé la création d’une Coalition pour le Sahel censée rassembler tous les pays, organisations internationales et institutions engagées dans lutte contre l’insécurité dans cette région parmi les plus démunis du monde. En dehors d’un lancement officiel en avril et une première conférence ministérielle par vidéoconférence le 12 juin, la nouvelle entité n’a pas à ce jour réalisé grand chose. 

L’accélération promise à Pau de la mise en place de la task force Takuba (sabre en langue touarègue), annoncée par Paris depuis juin 2019 et qui doit être composée d’éléments d’élite des armées européennes, n’a pas non plus eu lieu. 

L’atmosphère générale dans les différents pays du Sahel ne s’est pas améliorée aussi. Au Mali, l’application de l’accord de paix signé en 2015 entre Bamako et les principaux groupes armés non jihadistes du nord du pays traîne. Abus, exactions et exécutions extrajudiciaires attribués aux forces armées et de sécurité locales ou à des milices pro-gouvernementales, y sont régulièrement recensés. Plus de 200 civils auraient été tués illégalement dans le centre du pays par l’armée ou ses milices alliées selon l’Organisation des Nations Unies (Onu). 

Pire, le président Ibrahim Boubacar Keïta fait face à un large mouvement de contestation qui exige son départ. 

Au Burkina, où l’Etat a perdu depuis longtemps le contrôle d’une grande partie du territoire, les violences contre les civils attribuées par les organisations des droits humains aux forces régulières se poursuivent aussi. Au Niger, où l’armée est pourtant réputée plus professionnelle que chez les voisins malien et burkinabè, les mêmes forfaits sont dénoncés alors que « la crédibilité du pouvoir est désormais sapée par un scandale de corruption dans l’achat de matériels et équipements militaires », rappelle Ibrahim Yahaya. 

Autant d’écarts sur lesquels le président français est aussi attendu à Nouakchott, mais que ses pairs sahéliens concernés voudraient sans doute bien passer sous silence.

« La France continue à marcher sur des œufs » au Sahel (chercheur)

Ibrahim Maïga est chercheur à l’Institut d’études de sécurité (ISS) chargé du G5 Sahel. Il analyse pour APA les enjeux du sommet de l’organisation sahélienne qui se tient ce mardi 30 juin en présence du président français à Nouakchott.Quel est l’enjeu du sommet du G5 Sahel qui se tient à présence de Macron à Nouakchott ce mardi ?

Cette rencontre est avant tout symbolique. Son principal objectif est de montrer que le sommet de Pau, dans le sud-ouest de la France, qui s’est tenu en janvier 2020, n’était pas juste un moment comme un autre. Ce n’était pas une petite parenthèse. C’est un moment qui peut presque s’apparenter à un nouveau départ. Je crois que c’est le message que les dirigeants du G5 Sahel et surtout la France veulent faire passer.

Il s’agit d’un nouveau départ notamment dans la façon dont on conçoit et on intervient dans le Sahel. Et d’ailleurs, les présidents français et sahéliens qui étaient à Pau ont voulu, et l’ont bien signifié dans le communiqué final de la rencontre, très rapidement des résultats forts, démontrables et vérifiables. 

Ils voulaient non seulement éviter cette image d’enlisement qui commence à leur coller à la peau, mais aussi faire taire les critiques lancées notamment contre la France par une partie de la population sahélienne.

C’est un point extrêmement important pour les dirigeants du G5 Sahel et la France pour montrer que le sommet de Pau n’était pas juste un moment dans le processus mais une véritable étape fondatrice des relations et de la façon dont on intervient dans le Sahel. 

Quel est le climat qui prévaut dans la région à la veille de ce sommet ?

Le sommet de Nouakchott intervient six mois après celui de Pau. C’est donc un sommet de suivi des engagements de Pau parce que l’une des critiques, qui est régulièrement faite aux chefs d’Etat du G5 Sahel et à d’autres, c’est souvent d’organiser des sommets internationaux sans qu’il y ait de suivi des recommandations prises. 

C’est une façon de rompre avec cette habitude de grands sommets sans lendemain. Le contexte actuel est particulier. Il est caractérisé par la persistance de l’insécurité, par l’intensification des opérations militaires dans la zone dite des trois frontières entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Il y a aussi la mort du chef historique d’Aqmi (Al-Qaïda au maghreb islamique), Abdelmalek Droukdel, tué début juin par l’armée française près de la frontière entre le Mali et l’Algérie. C’est un fait majeur qui va sans doute être mis en avant dans le communiqué final. Il y aura au moins une référence à ce coup d’éclat de la force Barkhane.

Il y a aussi des éléments qui n’étaient pas prévisibles comme la crise du coronavirus. Il ne faut pas oublier qu’au moment où se tient le sommet à Pau, on ne parlait pas de la Covid-19 ou en tout cas très peu. Quand on n’en parlait, c’était pour faire référence à la Chine. C’était donc très loin.

La Covid-19 n’a pas, à mon avis, eu un impact. Certains l’affirment mais les officiers sont clairs : il n’y a pas eu d’impact sur la façon dont ils mènent les opérations sur le terrain. Quand on regarde les statistiques des attaques perpétrées par les groupes armés, il n’y a pas non plus d’effet Covid pour l’instant.

Mais en termes de mobilisation des énergies et des ressources humaines, le coronavirus a eu un impact certain sur les finances publiques des pays du G5 Sahel. Plus précisément, je pense qu’à l’issue de ce sommet, on va davantage faire le bilan de ces six derniers mois en prenant soin de mettre en avant dans le communiqué final les succès pour se rassurer et dégager des perspectives. 

Quelles sont les mesures éventuellement attendues ? 

Je ne pense pas qu’on doit nécessairement s’attendre à des annonces chocs. Je crois qu’il y aura un certain nombre de rappels comme le déploiement prochain de la Task-force européenne Takouba, la nouvelle force de l’Union Africaine (UA) et peut être quelques annonces sur le volet développement de l’action de la Coalition pour le Sahel.

Le sommet sera aussi une occasion pour aborder certains sujets qui ont quand même aussi beaucoup marqué l’actualité au cours de ces six derniers mois. Le premier, ce sont les exactions contre les populations civiles qui, malgré les rapports et les alertes, continuent à s’intensifier. Je pense qu’il y a près de 500 morts dont une partie attribuée aux forces de défense et sécurité et près de la moitié à des milices. C’est un véritable problème.

On sait, sur la base des études de certains instituts dont l’ISS où je travaille, que ces exactions contribuent davantage à grossir les rangs des groupes extrémistes. A un moment ou à un autre, il faut en discuter. Il faut que les Français sentent qu’ils sont pressés de toutes parts pour au moins aborder le sujet. Je crois que c’est un sujet qui va revenir sur la table dans le communiqué final. Reste à savoir quelle formule il faut employer pour éviter de froisser les Sahéliens.

Le sommet intervient au moment où au Mali une large coalition d’associations et de partis politiques demande le départ du président. Est-ce qu’une initiative pour aider les Maliens à sortir de cette crise est possible ? 

Il est clair que la situation au Mali sera en partie au cœur des échanges entre les chefs d’Etat. Il est normal que l’extrême gravité de la situation dans ce pays inquiète et suscite aussi des réactions au-delà des frontières maliennes. Un Mali à nouveau déstabilisé comporte d’énormes risques pour les pays voisins mais aussi pour toute la région ouest-africaine.

La récente attaque à la frontière ivoirienne montre que les pays côtiers de l’Afrique de l’ouest ne sont absolument pas à l’abri d’éventuelles incursions de ces groupes et même d’un risque d’expansion de cette menace dans cette partie de l’Afrique.

Le Mali inquiète, et cette question sera sans doute à l’ordre du jour en plénière ou en coulisses pour tenter de voir comment appuyer les autorités afin d’apaiser le climat politique dans le pays. Les succès militaires, mêmes importantes, ne sont visibles que dans un contexte politique apaisé, favorable aux réformes qui permettent de les bonifier ou de les mettre en exergue.

A la veille du sommet de Pau en janvier dernier, un vaste mouvement avait gagné certaines capitales de la région réclamant la fin de la présence militaire française. Ce mouvement existe-t-il encore ? 

Je crois qu’il y a surtout d’autres urgences comme le coronavirus et son impact sur le quotidien des populations qui ont supplanté la question de la présence française dans le Sahel. Cela ne veut pas dire que tout est réglé. Au contraire, les choses peuvent à nouveau dérailler à la faveur d’un geste de la France, d’une phrase de la France qui pourraient être perçus comme intrusifs ou attentatoires à la souveraineté des pays sahéliens. La France continue à marcher sur des œufs. Je ne pense pas que la page soit définitivement tournée.

Sahel : « Il faut laisser l’initiative aux Sahéliens » (expert)

En raison de sa pertinence, nous rééditons cet entretien, avec le Général à la retraite, Bruno Clément-Bollée, ancien Directeur de la Coopération de sécurité et de défense au ministère français des Affaires étrangères, initialement publié le 15 janvier dernier. Il y estime qu’« il ne faut pas essayer de trouver une solution » au Sahel sans les Sahéliens.L’armée française s’est initialement engagée contre les groupes jihadistes au Sahel le 11 janvier 2013. Sept ans plus tard, le président Macron reçoit ce lundi 13 janvier 2020 à Pau, les cinq chefs d’Etat des pays sahéliens où l’armée française est engagée. Est-ce la preuve d’un engagement grandissant de Paris au Sahel ?

La France est dans l’impasse au Sahel et elle a besoin de trouver une solution urgente pour éviter un échec total de l’opération Barkhane qui depuis 2014 a pris le relais de Serval. Cette opération au Mali avait inauguré en 2013 l’engagement militaire français actuellement en cours dans cette région. Serval puis Barkhane ont permis d’obtenir des succès indéniables sur le terrain : la libération des villes du nord du Mali qui, jusqu’en janvier 2013, étaient occupées par les groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et l’élimination de certains chefs importants de ces groupes. Mais à mesure que cette présence se prolonge, les groupes jihadistes se sont reconstitués, adaptés et arrivent même aujourd’hui à imposer leur agenda aux soldats français et à leurs alliés africains sur le terrain. La plupart des grandes attaques les plus spectaculaires et meurtrières leur reviennent. Désormais, ce sont les jihadistes qui décident de quand, où et comment frapper sur les armées engagées au Sahel.

Quand l’armée française était arrivée au Mali en 2013, les Maliens et les opinions sahéliennes de manière générale avaient largement apprécié et soutenu ce déploiement des militaires français. L’incapacité de Barkhane et de ses alliés africains à venir à bout des groupes jihadistes et l’extension de la menace jihadiste un peu partout dans la région a conduit à un changement dans la perception des opinions locales sur cette présence militaire étrangère. D’une armée de libération en quelque sorte, les soldats français au Sahel sont de plus en plus considérés comme une armée d’occupation.

Comment interprétez-vous ces critiques de plus en plus hostiles à la présence française et étrangère dans le Sahel ?

Quand on se met à la place de populations qui chaque jour voient la violence s’amplifier et s’étendre dans toute la région où des milliers de soldats étrangers et locaux sont engagés sur le terrain, il est normal qu’on se pose des questions. Les Sahéliens ont largement approuvé l’intervention française au Mali en 2013 pour chasser les groupes jihadistes qui avaient occupé la moitié nord du pays et qui menaçaient les pays voisins. Sept ans plus tard, ces mêmes Sahéliens voient leur sécurité menacée quotidiennement. Or, cette présence massive de militaires étrangers parmi les meilleurs du monde ne parvient pas à prévenir ou empêcher les attentats, les assassinats, les massacres de civils et les attaques de garnisons. Comment ne pas comprendre ce changement de perception chez les populations locales ? Si une amélioration notable n’est pas enregistrée rapidement sur le terrain, il ne faut pas s’étonner que ces critiques actuellement limitées, se transforment en une pression populaire massive réclamant le départ des forces étrangères, françaises en tête.

Le sommet de Pau organisé lundi 13 et mardi 14 janvier par le président français autour des cinq chefs d’Etat du Sahel peut-il être l’occasion de calmer les opinions africaines critiques à l’égard de la présence militaire française au Sahel ?

La manière avec laquelle ce sommet a été décidé est maladroite. Cette rencontre a été programmée au lendemain de la mort de treize soldats français au Mali en décembre dernier. En l’annonçant, le président français, Emmanuel Macron avait déclaré qu’il voulait obtenir des chefs d’Etat du Sahel une clarification de leur position sur la présence française dans la région alors que les critiques se multiplient dans ces pays contre Barkhane. Le ton utilisé par Macron a donné à ses propos des allures de convocation qui passe très mal au sein des opinions africaines. Il fallait certes rendre hommage aux militaires français qui ont perdu la vie en décembre au Mali. Mais il fallait adopter un ton moins arrogant que celui avec lequel avait parlé le président Macron, dont les propos ont été ressentis comme très arrogants au Sahel où les populations civiles et les militaires locaux sont les premières victimes des groupes jihadistes.

Tenir ce sommet à Pau est aussi une erreur. La guerre contre les groupes jihadistes se déroule au Sahel et pas en France. Le sommet devait donc avoir lieu dans un des pays du Sahel.

Le contexte international actuel ne plaide pas non plus pour la tenue de cette rencontre en France. S’il y a un message à adresser à l’opinion française ou internationale, la date n’est pas la bonne. Le monde entier est aujourd’hui préoccupé par la situation au Moyen-Orient où un risque de guerre entre les Etats-Unis et l’Iran est perceptible. Il y aussi l’Australie où les incendies gigantesques menacent de ravager ce pays-continent et enfin les grèves qui paralysent la vie des Français sans qu’une solution en soit visible pour le moment.

Le sommet de Pau risque donc de passer inaperçu en France alors qu’en Afrique, il est très suivi, commenté et surtout très critiqué.

Que faut-il faire alors ?

La situation au Sahel concerne avant tout les Sahéliens. Il ne faut pas essayer de trouver une solution sans eux. Les concepts élaborés à New-York, Paris ou Bruxelles ne peuvent pas être appliqués au Sahel sans que les Sahéliens eux-mêmes aient leur mot à dire. Ils connaissent mieux l’environnement local, les problèmes et les populations.

L’idée d’une force conjointe sous-régionale imaginée dans le cadre du G5 Sahel constitue un dispositif sur lequel la France et ses alliés peuvent s’appuyer quitte à pousser à un remodelage du concept originel. Au lieu de bataillons qui patrouillent le long des frontières entre deux des cinq pays, il faudrait envisager des unités sahéliennes composées de soldats des différents pays, intégrées et opérationnelles sur le terrain. Le mode actuel qui est essentiellement bilatéral a prouvé ses limites.

Mais cela ne peut marcher sans certains prérequis : faire confiance aux Africains, les aider sérieusement à élever le niveau de leurs armées pour qu’elles puissent être aussi professionnelles que les armées étrangères, cesser de leur imposer des solutions conçues ailleurs, et enfin donner le temps à ces armées pour se mettre à niveau et être opérationnelles. La situation s’est tellement dégradée au Sahel, qu’il faut au moins une génération pour que la stabilité y revienne. Croire qu’une solution rapide est possible, est illusoire.

Comment faire confiance à des pays dont les gouvernements sont presque tous considérés par leurs propres populations comme peu vertueux ?

Le déficit de confiance qui existe entre certains régimes et leurs populations est un problème urgent à résoudre. Comment faire confiance à un gouvernement dont le pays est amputé de sa moitié, avec une armée en cours de reconstruction, qui se permet d’acheter un avion présidentiel et en plus dans des conditions jugées obscures par tous ?

Le silence sur ce genre de pratiques des partenaires internationaux, dont la France, crée une situation très gênante. En se taisant sur ce genre d’actes, la France paraît aujourd’hui aux yeux de certains Africains comme complice, ne serait-ce que selon l’adage « qui ne dit mot consent ».

Il faut absolument que la France et ses alliés au Sahel se montrent plus regardants sur la qualité de la gouvernance et le respect des lois. La France n’a pas intérêt à être accusée une nouvelle fois d’avoir failli à son devoir moral comme elle l’a été au Rwanda en 1994 lors de l’opération Turquoise.

Des initiatives locales émanant d’Africains sont en cours dans la région. Elles méritent d’être appuyées par la communauté internationale. Au Mali, la plateforme de lutte contre la corruption et le chômage du professeur Clément Dembélé fait un excellent travail qui doit être soutenu. Au Sénégal, la société Transvie qui propose des couvertures médicales très adaptées aux pratiquants des petits métiers en Afrique de l’ouest est à encourager. Au Tchad et en Mauritanie, les forces de défense et de sécurité ont montré qu’elles sont capables d’inventer des solutions adaptées aux réalités sahéliennes en matière militaire. Ces deux pays disposent aujourd’hui d’outils sécuritaires qui ont fait leur preuve avec les unités méharistes mobiles dotées de dromadaires et de véhicules légers très efficaces pour la collecte du renseignement sur le terrain et même le combat. Ce genre d’initiatives locales montre que les Sahéliens sont capables de proposer des solutions adaptées au terrain. Il suffit de les encourager et de leur fournir les moyens nécessaires pour qu’ils puissent être plus performants. Ce qui n’est pas le cas, hélas. C’est scandaleux aujourd’hui, sept ans après le début de la guerre contre les jihadistes au Sahel de voir les chefs d’états-majors des armées sahéliennes obligés de mendier auprès de la communauté internationale du matériel et des armes.

Covid-19 : le Maroc en tête de la riposte africaine

Le Royaume du Maroc a mis en œuvre une opération de solidarité de grande envergure permettant à quinze pays de toutes les sous-régions du continent et à l’Union Africaine (UA) de recevoir des équipements et matériels de lutte contre le coronavirus.Sur instructions du Roi Mohammed VI, des avions de Royal Air Maroc (RAM) ont sillonné l’Afrique de l’ouest à l’est, du nord au sud pour acheminer les dons dans les plus brefs délais.

Dans l’ensemble, ce sont près de 8 millions de masques, 900.000 visières, 600.000 charlottes, 60.000 blouses, 30.000 litres de gel hydroalcoolique, 75.000 boîtes de chloroquine et 15.000 boîtes d’azithromycine qui ont été distribués à quinze pays.

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Il s’agit du Burkina Faso, du Cameroun, des Comores, du Congo, de l’Eswatini, de la Guinée, de la Guinée Bissau, du Malawi, de la Mauritanie, du Niger, de la République Démocratique du Congo, du Sénégal, de la Tanzanie, du Tchad et de la Zambie.

Le Royaume chérifien a également intégré la Commission de l’Union Africaine (UA) dans cet élan de solidarité. Le 22 juin dernier, à l’aéroport d’Addis-Abeba (Ethiopie), l’exécutif de l’organisation panafricaine a réceptionné 500.000 masques, 60.000 visières, 40.000 charlottes, 4000 blouses et 2000 litres de gel hydroalcoolique.

Pour Amira Elfadil, Commissaire aux affaires sociales de l’Union Africaine, « ces dons représentent les valeurs de soutien et de solidarité entre les Etats membres de l’UA ».

Conformes aux normes de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), tous les produits et équipements de protection composant les aides médicales sont confectionnés au Maroc.

Dès lors, la Commissaire a souligné la bonne santé de l’industrie marocaine, non sans rapporter que « la Commission de l’UA appelle les Etats membres à renforcer leurs capacités de fabrication de produits médicaux ».

Selon Mohamed Arrouchi, le représentant permanent du Maroc auprès de l’UA, son pays « est au service de l’Afrique et des intérêts vitaux de ses citoyens ». En outre, le diplomate a déclaré que « le Maroc, en tant que pays fondateur de l’institution (UA), demeure fidèle à sa vision et à sa politique de coopération sud-sud ».

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De son côté, le Professeur Victor Harison, Commissaire aux affaires économiques de l’Union Africaine (UA) a présenté ses « sincères remerciements » au Roi Mohammed VI, au gouvernement et au peuple marocain pour « ce geste oh combien noble ».

Au plan mondial, la rudesse de la crise sanitaire a un tantinet entamé la solidarité avec des nations qui se battent en solitaire sans se soucier du sort de leurs voisins. Tout le contraire du Maroc qui « n’a pas laissé ses frères africains se débrouiller tout seuls », se réjouit M. Harison.

Poursuivant, le Commissaire aux affaires économiques de l’UA a fait savoir « qu’il faut développer cette solidarité que l’on n’a pas trouvé ailleurs ». Dans son analyse prospective, ce spécialiste des questions économiques soutient d’ores et déjà que « l’Afrique, avec 1,3 milliard d’habitants, doit se repositionner » dans le nouvel ordre mondial post-Covid comme « le Maroc est en train de le faire ». A en croire Victor Harison, l’Afrique de demain se prépare aujourd’hui, « et le Maroc fait partie des leaders » du continent.

Covid-19 : le leadership du Maroc reconnu en Afrique

L’aide médicale, apportée par le Maroc à quinze pays africains afin de juguler le nouveau coronavirus, suscite la satisfaction sur le continent.Résilient, le Royaume du Maroc affronte les difficultés nées de la pandémie et entraîne dans son élan tout le continent africain.

La vision panafricaine du Roi Mohammed VI s’est, une fois de plus, manifestée à travers des dons en équipements et matériels de santé au profit de pays frères.

Président du groupe d’amitié Niger-Maroc, Issaka Manzo a qualifié de « louable » l’initiative du Royaume chérifien dans ce contexte si particulier où toutes les économies sont frappées de plein fouet.

Globalement, ce sont près de 8 millions de masques, 900.000 visières, 600.000 charlottes, 60.000 blouses, 30.000 litres de gel hydroalcoolique, 75.000 boîtes de chloroquine et 15.000 boîtes d’azithromycine qui ont été offerts par le Maroc.

Tout comme le Niger, quatorze autres pays du continent sont concernés par cette opération de « solidarité agissante ». 

Il s’agit du Burkina Faso, du Cameroun, des Comores, du Congo, de l’Eswatini, de la Guinée, de la Guinée-Bissau, du Malawi, de la Mauritanie, de la République Démocratique du Congo, du Sénégal, de la Tanzanie, du Tchad et de la Zambie.

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M. Manzo, parlementaire nigérien, est certain « qu’on reconnaît ses vrais amis dans les moments difficiles ». Pour ce dernier, « dans cette situation de pandémie qui n’épargne personne, c’est le moment le plus idéal pour que l’Afrique soit solidaire avec elle-même ».

Pour sa part, Filippe Savadogo, ancien ministre burkinabè de la Culture, du Tourisme et de la Communication a indiqué que le Maroc a impulsé « une nouvelle dynamique décomplexée ». En d’autres termes, poursuit-il, ce pays « a compris que le monde de demain appartient à ceux qui s’organisent et travaillent pour la paix et la solidarité en comptant sur leurs propres moyens, et sur (le soutien) de leurs amis ».

Un paradigme corroboré par Ahmed Tidiane Souaré, ancien Premier ministre de la Guinée qui affirme : « Les problèmes de l’Afrique doivent avoir, en premier lieu, des solutions (endogènes). Le combat contre la Covid-19 est une occasion pour que ce continent se prenne en charge ».

De l’avis de M. Souaré, le Roi Mohammed VI a tout simplement « joint un geste fort à la parole constante ».

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Enfin, Bakary Sambe, Directeur de Timbuktu Institute a rappelé que « les relations entre le Maroc et le reste de l’Afrique se sont toujours inscrites dans une forme de continuité. Mais la nouvelle vision du Roi Mohammed VI est d’aller au-delà des pays qui étaient des partenaires classiques (en s’ouvrant) à de nouvelles régions du continent ».

Dans son propos, M. Sambe a soutenu que les aides médicales marocaines sont « une manière d’appeler les États africains à croire en leur continent, en leur potentialité sachant que de plus en plus la coopération sud-sud va être fondamentale au regard de l’évolution des relations internationales, mais aussi du passé commun entre le Maroc et l’Afrique subsaharienne ».

G5 Sahel: un bilan militaire prometteur quelques mois après Pau

Les forces du G5 Sahel affichent un bilan militaire prometteur, six mois après le Sommet de Pau, qui s’est tenu dans une ambiance de doute et un moral au plus bas, à la suite d’attaques terroristes très meurtrières et la mort de 13 soldats français.Cette série d’attaques avait remis en cause la légitimité de l’opération Barkhane, destinée à confirmer l’action de la France tout en réformant les objectifs : le Sommet de Pau qui n’a pas modifié les objectifs de Barkhane, sembla avoir tenu ses promesses.

L’opération Barkhane devait permettre de tenir le terrain face aux katibas djihadistes et accompagner les armées et Etats Sahéliens vers l’autonomie afin de tenir en échec la stratégie subversive des terroristes représentés par l’Etat Islamique (EIGS) et Al Qaida (RVIM). 

Toutefois, face à la fébrilité manifeste des armées sahéliennes, et aux djihadistes montant en puissance tant en qualité qu’en quantité, le Sommet de Pau déboucha sur une clarification de ses objectifs tant civils que militaires. 

Pour ces derniers, ils comprenaient la concentration géographique des opérations, la montée en force des armée sahélienne et l’accroissement de l’investissement international (Task Force Takouba, la « Coalition pour le Sahel », etc.). 

La mise en place du recentrage stratégique compris, dans les mois qui suivirent, a permis des modes opératoires divers mais tournés vers le même but : reprendre l’avantage.

Forces françaises et sahéliennes côtes à côtes vers la victoire…

Le trait le plus marquant de cette « réforme » permise par Pau est la consolidation du Partenariat militaire opérationnel (PMO). Ce dernier comporte trois volets. Le premier concernant l’amélioration des capacités d’Etat-major de la Force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S).  

La mise en place de cet Etat-Major ces derniers mois à notablement fait progresser les capacités de fusion et de partage du renseignement au sein de la FC-G5S et surtout la coordination de cette dernière avec l’armée Française.  

Le second volet porte sur le combat et vise à accélérer via la FC-G5S ou des unités nationales, le raccordement de troupes sahéliennes au sein des Sous-Groupements Tactiques Désert (SGTD) de Barkhane ou bien en autonomie (accompagnés éventuellement d’officiers de liaison). 

C’est ainsi qu’on a vu des unités maliennes ou nigérianes participer avec succès à des opérations majeurs (Monclar, Sama…). Le dernier volet concerne l’entrainement et l’amélioration des capacités de « Maintien en Condition Opérationnelle » (MCO – tout ce qui concerne l’entretien et la réparation du matériel et des véhicules ou des blindés).  

Ici, les progrès sont le plus visibles car l’armée française, et la mission EUTM (Union Européenne) ont inculqué aux forces locales des techniques de combat dignes d’armées modernes, même si le chemin est probablement encore long ! 

C’est ainsi qu’on a pu voir des troupes nigériennes demander, et coordonner, un appui aérien pour repousser avec succès (et avec les Mirages 2000) une attaque djihadiste ; ou bien observer les Guetteurs Aériens Tactiques Avancés (GATA) maliens conduire des frappes aériennes aux côtés des troupes françaises.   

Ces capacités opérationnelles rentrent dans le domaine de l’« aéro-combat » , selon le jargon militaire. C’est un marqueur réel d’efficacité pour une armée ! Enfin, on peut citer pêle-mêle des entraînements au sauvetage au combat ou bien la constitution de troupes versés spécifiquement dans le combat anti-terroriste (Unités Spéciales Antiterroristes-USAT). 

De son côté la France a augmenté son effectif de 600 hommes pour lui faire avoisiner un total de 5000 combattants.

… et la victoire est au rendez-vous

Aujourd’hui, six mois après Pau, on peut noter des résultats positifs, voire encourageants. La France a su assurer une meilleure coordination avec ses partenaires sahéliens et européens (Anglais, Danois, Estoniens…). 

La coalition pour le Sahel semble devenir une réalité. Toutefois, c’est dans la rationalisation de sa stratégie que la France semble avoir opéré une conversion importante tout en y intégrant les armées sahéliennes, renforçant dès lors leur autonomie et leur expérience. 

A présent, le dispositif Barkhane, la FC-G5 Sahel et la Minusma imposent une pression très importante sur les Groupes Armés Terroristes (GAT). Ces derniers, biens qu’insaisissables, cachés ou fondus dans la population (via l’instrumentalisation de certaines ethnies), ont été soumis à un rythme effréné d’opérations et constamment surveillés (et neutralisé) par le vol des drones français (MQ9-Reaper).

Désorganisés dans leurs trafics (source importante de revenus), leurs réseaux logistiques et voyant leurs dépôts être saisis ou détruits, et en perte de terrain, les terroristes semblent être affaiblis. Ne disposant pas de capacité de renseignements d’un Etat, ils ciblent leurs objectifs en fonction des opportunités. 

En leur imposant leur rythme et en concentrant leurs forces, les armées combinées de la France et du Sahel ont su leur dénier leur ancien avantage de surprise et d’initiative. Les Etats Sahéliens veulent reprendre en main toute l’administration et le contrôle de leurs territoires assaillis. 

Cependant, l’autonomisation effective des forces du G5 reste encore lointaine. Car, la guerre n’est pas gagnée, loin s’en faut, mais les succès engrangés, le moral renouvelé et l’inversion du rapport de force en faveur des coalisés laissent penser que la direction prise est la bonne, au regard des dispositions prises en janvier 2020 à Pau. 

Covid-19: La BAD mobilise 20m $ au profit du G5 Sahel

Les pays du G5 Sahel ont reçu une subvention de 20 millions de dollars de la Banque Africaine de Développement (BAD) pour faire face à la propagation du coronavirus, a annoncé jeudi l’institution financièreA la date du 11 juin, la maladie a infecté 5.661 personnes et fait 357 morts dans les pays du G5 Sahel qui regroupe la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad.

« Cette opération complétera le développement et les actions humanitaires du vaste partenariat de l’Initiative de l’Alliance du Sahel au profit des plus vulnérables », a déclaré Yero Baldeh, Directeur du Bureau de coordination des Etats en transition à la BAD.

Selon la Banque, le financement du projet qui permettra aux communautés les plus vulnérables d’accroître leur résilience, en particulier les personnes déplacées à l’intérieur de leurs propres pays, ainsi que les réfugiés et leurs communautés d’accueil, dans les cinq pays formant le G5 Sahel.

Un montant supplémentaire de 1,37 million de dollars en fonds de subvention, provenant de la facilité de soutien à la transition de la Banque, sera également déployé dans les pays du G5 Sahel pour renforcer la capacité d’exécution et de coordination de son secrétariat permanent et soutenir la formation à la biosécurité et à la gestion des déchets biomédicaux dans les pays concernés.

Cet élargissement des fonds de subvention aux pays du G5 Sahel s’inscrit dans le cadre de l’enveloppe d’intervention Covid-19 de la Banque, pouvant aller jusqu’à 10 milliards de dollars, principal canal institutionnel d’aide aux pays africains afin d’amortir l’impact économique et sanitaire de la crise.

Les experts humanitaires disent que de nombreuses familles à travers l’Afrique, notamment au Burkina Faso et au Mali, ont été expulsées de leurs maisons, à un moment où le continent lutte pour contenir la pandémie.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) estime que le Burkina Faso a été en 2019 le pays africain ayant vécu la crise de déplacement la plus rapide en raison de la violence armée.

L’organisation humanitaire « a fourni de la nourriture à plus de 51.000 personnes déplacées dans le nord et des secours à 9.000 personnes dans l’est et le centre-est du pays ».

De plus, l’attaque armée de la semaine dernière dans le centre du Mali a laissé des villages incendiés, des troupeaux et des biens pillés ainsi que des familles tuées et d’autres contraintes de fuir.

Lancement à Abidjan d’une campagne régionale pour «armer» les femmes du Sahel contre la Covid-19

La ministre ivoirienne de la Solidarité, de la cohésion sociale et de la lutte contre la pauvreté, Pr Mariatou Koné, a lancé lundi à Abidjan, une campagne communautaire régionale pour « armer» les femmes et les filles des pays du Sahel membres de l’espace du « Projet d’autonomisation des femmes et de dividende démographique dans le sahel» (SWEDD) contre la Covid-19.Neuf pays dont la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie et le Tchad  sont membres de cet espace. Mme Koné a lancé ce projet au terme d’une réunion extraordinaire  du Comité régional de pilotage du SWEDD à laquelle ont pris part de façon virtuelle, les ministres des pays membres du projet SWEDD, les représentants de la Banque mondiale, du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), de l’Organisation ouest-africaine de la santé (OOAS), de la société civile et du secteur privé autour du thème: «Autonomisation des femmes comme stratégie intégrée des plans de riposte contre la Covid-19 : perspectives pour le programme SWEDD ».

 « Nous avons constaté que la vulnérabilité des femmes et des filles s’accroît chaque fois qu’il y a des crises. Nous avons réfléchi sur les stratégies complémentaires que nous devons mettre en place afin de mieux armer nos femmes  et filles de notre espace  contre cette pandémie de la Covid-19 », a expliqué Mme Koné qui préside le Comité régional de pilotage du SWEDD.

Plus spécifiquement, a souligné Pr Mariatou Koné,  le projet SWEED mettra en oeuvre des stratégies d’appuis complémentaires de riposte pour atténuer l’impact négatif sur les filles et les femmes rendues davantage vulnérables par la crise sanitaire. 

« Cette stratégie prendra en compte une stratégie multimédia de communication de dimension nationale et sous-régionale associée à une offre de service de santé et de protection sociale aux bénéfice des populations les plus vulnérables», a-t-elle ajouté. 

Lancé en novembre 2015 avec le soutien financier de la Banque mondiale, l’appui technique du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) et de l’Organisation ouest africaine pour la santé (OOAS), le projet SWEDD vise globalement à accélérer la transition démographique, à déclencher le dividende démographique et de réduire les inégalités de genre dans la région du Sahel.

 En mai dernier,  le Conseil des administrateurs de la Banque mondiale a octroyé un financement additionnel de 376 millions de dollars pour soutenir l’exécution de la Phase 2 du projet SWEDD. 

Ce financement porte l’appui global de la Banque mondiale à 680 millions de dollars pour renforcer le capital humain et impulser le développement des pays africains grâce à l’autonomisation des femmes. 

Le projet SWEDD couvre sept pays de l’Afrique de l’Ouest et du Centre (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Mauritanie, Niger, et Tchad). D’autres pays, tels la Guinée et le Cameroun ont rejoint récemment le projet SWEDD.

Sahel : la mort de Droukdel, « un coup psychologique pour le jihadisme » (spécialiste)

L’élimination au nord du Mali du chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Abdelmalek Droukdel, est « un coup psychologique » porté à l’ensemble du mouvement jihadiste, selon Djallil Lounna, professeur de Relations internationales à l’Université Al Akhawayn d’Ifrane (Maroc) et auteur de l’ouvrage « Le djihad en Afrique du nord et au Sahel. D’AQMI à Daech »La France affirme avoir éliminé l’émir général d’Aqmi, Abdelmalek Droukdel, le 3 juin dernier. Quelle importance donner à un tel évènement ?

Aqmi est l’une des principales organisations jihadistes dans le monde. C’est donc un atout central de la galaxie jihadiste qui a été tué. C’est un évènement d’extrême importance, au moins symboliquement. Au niveau opérationnel, c’est extrêmement différent. Parce qu’Aqmi est extrêmement affaibli en Algérie. La mouvance jihadiste sahélienne obéit à ses propres dynamiques. Cela dit, c’est un coup majeur qui lui a été donné. C’est un des derniers membres de la mouvance jihadiste algérienne des années 90, qui a participé à la fondation du GSPC (Groupe salafiste pour la Prédication et pour le Combat), devenu Aqmi. C’est vraiment un acteur fondamental du mouvement jihadiste qui s’en va.

Selon la ministre française des Armées, le chef d’Aqmi a été tué dans le nord du Mali. Que pouvait-il bien faire dans cette région alors qu’il semblait se cacher en Kabylie, dans le nord de l’Algérie ?

C’est la grande question que tout le monde se pose aujourd’hui : que faisait-il au nord du Mali ? Il a probablement passé une quinzaine d’années en Algérie, dans les maquis, en Kabylie. Il devient chef d’Aqmi à partir de 2004. Selon mes recherches en Algérie, l’Armée locale a mené des opérations massives contre des maquis islamistes jihadistes entre 2013 et 2018, notamment en Kabylie. Une centaine de terroristes a été tuée ou capturée. De 2016 à 2017, les rumeurs indiquaient qu’il avait évacué la Kabylie vers une région non loin de la frontière tunisienne. Ce sont les dernières informations qui remontaient par rapport à sa localisation. D’où le sens de la question « que pouvait-il faire au nord du Mali ? ». Tous les hommes qu’il avait nommés dans les années 2000, ses relais immédiats, ont été tués par l’opération Barkhane et autres.

Toutefois, il y a un indicateur. Vers la fin 2018 et début 2019, Droukdel postait des vidéos où il commentait l’actualité sahélienne (opérations, morts de combattants, hommages…). C’est normalement des commentaires qui auraient dû être faits par quelqu’un comme (le Malien) Iyad Ag-Ghali ou (l’Algérien) Djamel Okacha. Dès 2019, je me posais la question mais me disais que ce n’est pas possible. Le fait qu’il commentait de manière incessante ce qui se passe au Sahel et de moins en moins ce qui se déroule en Algérie… Alors que si vous regardez les commentaires sur l’Algérie, c’est (Abou Obeida Youssef) al-Annabi qui les faisait. Je pense que dès la fin 2018 et début 2019, il se trouvait au Sahel. (…) Personne n’était au courant : il y avait juste des rumeurs sur sa présence dans le nord du Mali.

Autre possibilité, beaucoup de chefs algériens sous pression sont appelés vers le Mali. C’est le cas de Belmokhtar, Okacha et d’autres chefs qui ont fui vers le Mali où se trouve la mouvance jihadiste la plus puissante. Il se peut qu’il se soit replié là-bas sous la pression des services de sécurité algérienne.

Qui pourrait lui succéder ? Le Malien Iyad Ag-Ghali, jusqu’ici chef des jihadistes liés à Al-Qaïda au Sahel, pourrait-il être intronisé émir général d’Aqmi ?

Iyad Ag-Ghali aurait le même type de prestige que lui. C’est un personnage important. Pour autant, Aqmi est une organisation plus ou moins algérienne, par rapport à ses dirigeants et son histoire. A mon avis, on va arriver à une rupture entre les deux organisations. Ce qui reste d’Aqmi sera probablement dirigé par un Algérien. Et je pense qu’Iyad Ag-Ghali va, de manière définitive, prendre la direction de la mouvance jihadiste sahélienne.

Le successeur qui semble le mieux positionné est al-Annabi. Je vois mal Iyad Ag-Ghali prêter allégeance à ce dernier qui n’a pas le même bagage et le même prestige que Droukdel.

Sa mort affaiblit-elle la mouvance jihadiste dans le Sahel ?

Je ne crois pas du tout ! La mouvance jihadiste sahélienne a ses propres dynamiques et objectifs depuis plusieurs années. C’est un coup psychologique pour l’ensemble du mouvement jihadiste. Il faudra s’attendre à des réactions, des représailles d’Iyad Ag-Ghali ou de l’Etat islamique dans le grand Sahara. Mais en termes de dynamiques et de changements, non.

Abdelmalek Droukdel en quelques dates

APA revient sur la trajectoire d’Abdelmalek Droukdel, chef d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) tué par les forces armées françaises.Début des années 70 : naissance d’Abdelmalek Droukdel près d’Alger (capitale algérienne).

Début des années 1990 : il rejoint le Groupe Islamique Armé (GIA).

2004 : Droukdel prend la tête du Groupe salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC).

2006 : il prête allégeance au groupe jihadiste Al-Qaïda.

2011 : il se rapproche d’Iyad ag-Ghaly, ex-leader de la rébellion touareg du nord Mali devenu lui-même jihadiste.

2014 : Abou Moussab Abdel Woudoud, de son vrai nom, perd plusieurs de ses combattants au profit du mouvement jihadiste Etat Islamique (EI).

2017 : il accepte l’allégeance à Al-Qaïda du Malien Iyad ag-Ghaly qui vient de créer le Groupe de Soutien à l’Islam aux Musulmans au Maghreb islamique (GSIM), mais perd plusieurs cadres de son mouvement, comme Bilel Kobi, l’envoyé spécial de Droukdel en Tunisie, Béchir ben Néji, émir en Tunisie, Adel Seghiri, responsable de la propagande d’Aqmi, tués lors d’opérations militaires.

En 2017, il promet également « un échec retentissant » à l’EI dans un long entretien accordé à la revue Inspire, tuyau de propagande d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa).

3 juin 2020 : mort d’Abdelmalek Droukdel à Talhandak, à 80 kilomètres de Tessalit (nord du Mali), le long de la frontière algérienne.

Mali : le chef général d’Aqmi tué par l’Armée française

Une opération conjointe des forces armées françaises et de leurs alliés aurait permis de tuer, au nord du Mali, le chef de la principale branche africaine d’Al-Qaïda, l’Algérien Abdelmalek Droukdel.Pour Barkhane, la force française engagée dans la lutte contre le jihadisme au Sahel, c’est « un succès majeur » selon Florence Parly, la ministre française des Armées. Avec la mort d’Abdelmalek Droukdel, dans une opération des militaires tricolores aidés de leurs alliés dans la région, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) perd un leader expérimenté, réputé pour ses qualités de meneur de troupes rompues au combat asymétrique.

Sur son compte Twitter, Florence Parly détaille les conditions dans lesquelles le chef général de la plus importante branche africaine de l’organisation créée par Oussama Ben Laden a été éliminé.

« Le 3 juin (mercredi dernier), les forces armées françaises, avec le soutien de leurs partenaires, ont neutralisé l’émir d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Abdelmalek Droukdel et plusieurs de ses proches collaborateurs, lors d’une opération dans le nord du Mali », a-t-elle écrit vendredi soir sur ce réseau social.

Pour signifier l’importance du décès de Droukdel dans « ce combat essentiel pour la paix et la stabilité dans la région », selon ses propres mots, la ministre française des Armées indique qu’il était un « membre du comité directeur d’Al-Qaïda (et) commandait l’ensemble des groupes qaïdistes d’Afrique du nord et de la bande sahélienne, dont le Jnim, l’un des principaux groupes terroristes actifs au Sahel ».

Droukdel, fondateur d’Aqmi, est né en en Algérie à Meftah, dans la banlieue d’Alger, la capitale. La vie de cet élève performant bascule à l’avènement de la guerre civile dans son pays au début des années 1990. Il intègre en 1993 les rangs du Groupe Islamique Armé (GIA) où il se révèle comme un spécialiste dans la fabrication d’explosifs.

A la fin de cette décennie, ce « combattant dans l’âme » est l’un des meneurs de la scission qui conduira la majorité des chefs du GIA à quitter l’organisation pour « dérives sanguinaires » et de créer le Groupement salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC) qui commettra plusieurs attentats sur le sol algérien. A cause de divergences avec l’émir Hassan Hattab, Droukdel se débarrasse plus tard de lui pour s’installer à la tête du GSPC au tout début des années 2000. Sous son impulsion, ce groupe jihadiste s’internationalise en commettant ses premières attaques hors d’Algérie.

En 2006, Abdelmalek Droukdel prête allégeance à Oussama Ben Laden dont l’organisation jouit d’un grand respect dans le milieu jihadiste surtout après l’attentat perpétré le 11 septembre 2001 sur les tours jumelles du World Trade Center (New-York, Etats-Unis).

En perte de vitesse en Algérie, ce fin stratège déploie ses forces au Sahel. D’ailleurs, Aqmi est en 2012 l’un des groupes majeurs qui occupent le nord du Mali. Mais l’influence de Droukdel, dans cette zone où foisonnent les mouvements jihadistes, s’effrite au fil du temps à telle enseigne qu’il reste inerte pendant plus de deux ans, poussant certains à annoncer sa mort. Vraisemblablement, la France et ses alliés ont fini par avoir la peau de ce jihadiste ayant vécu tout juste cinquante années.

Niagalé Bagayoko : « L’arrivée des forces tchadiennes ne pourra pas fondamentalement modifier les rapports de forces »

Niagalé Bagayoko, présidente de l’African Securty Secteur Netwrok (ASSN), experte sécurité en Afrique de l’Ouest et centrale répond à nos questions sur la participation sollicitée du Tchad dans la zone des trois frontières.

La France et le G5 ont une nouvelle fois sollicitée la participation tchadienne dans les opérations le long de la zone des trois frontières. Il avait déjà été sollicité une première fois dans ce sens en 2019, quelle réponse peut-on attendre du pays cette fois-ci?

En effet, les ministres des Affaires étrangères et de la Défense du G5 Sahel (Mali, Tchad, Niger, Burkina Faso, Mauritanie) et français se sont réunis en visioconférence le lundi 27 avril. Ils ont insisté sur «  l’importance de l’envoi dès que possible d’un bataillon tchadien dans la zone des trois frontières », dite du Liptako Gourma et située entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso.

La question du déploiement du contingent tchadien dans la zone du fuseau Centre (alors que le Tchad est situé dans le fuseau Est selon le découpage de l’espace sahélien opéré par le G5/Sahel) est une question ancienne, qui peut presque être qualifiée de « serpent de mer ». Le Président Déby a toujours insisté sur la très grande valeur ajoutée de l’intervention tchadienne qu’il a toujours su habilement négocier, parfois jusqu’à la surenchère. Il faut réinscrire cette négociation dans le cadre de la rhétorique tchadienne qui insiste toujours et ce de manière récurrente sur la responsabilité des pays occidentaux sur la déstabilisation de la zone sahélienne. La position toujours réaffirmée d’Idriss Deby est que c’est l’intervention en Libye décidée par les puissances occidentales qui est à l’origine de la déstabilisation du Sahel et notamment du Mali, et dans ce cadre-là, il y’a une dette de ces forces à l’origine de cette déstabilisation qui doivent en retour prendre en charge y compris financièrement les interventions menées sur le terrain par les forces africaines qui acceptent depuis 2012 de payer le prix du sang.

 

Le président Déby avait déclaré le 10 avril ne plus vouloir participer à des opérations en dehors de ses frontières, propos par la suite nuancés. Cela peut-il être interprété comme un coup de pression ou une réelle volonté de repli?

En effet, le président Deby est revenu par le biais d’un communiqué de son ministère des Affaires étrangères sur ses propos initiaux relatifs à la décision du Tchad de n’envoyer dorénavant aucun soldat au-delà des frontières nationales dans le cadre d’engagement individuel des troupes tchadiennes pour lutter contre le terrorisme. Le ministère des Affaires étrangères tchadien a indiqué par la suite qu’il n’a jamais été question pour le Tchad de se désengager ni de la force multinationale mixte, ni de la force conjointe du G5 Sahel et moins encore de la MINUSMA. Ce qu’il faut préciser, c’est que tous ces engagements sont extrêmement importants d’un point de vue financier pour le Tchad parce que notamment sa participation à la MINUSMA est aussi une façon comme pour tous les pays notamment africains d’obtenir des remboursements de ce que l’on appelle règle COE (Contingency owned equipment qui peut se traduire par « remboursement des matériels appartenant aux contingents ») qui leur permet aussi d’entretenir leurs forces armées. C’est très important comme source de revenus pour les armées notamment africaines, c’est donc une source dont le Tchad et son armée ne peuvent se passer. Ce qu’Idriss Deby a toujours voulu négocier dès le début, c’est la prise en charge financière de sa participation. Il semble que ce qu’il a réussi à obtenir, est que le contingent appelé à être déployé dans la zone des trois frontières soit pris en charge par les partenaires internationaux, notamment sans doute la France dans le cadre du soutien qu’elle apporte aux armées partenaires du G5 Sahel.

 

Concentré les efforts dans la zone des trois frontières ne contribuerait-il pas à déplacer le problème (création de nouveaux fronts terroristes) plutôt que d’y mettre fin?

C’est de toutes façons dans la zone des trois frontières  que les interventions de la Force Barkhane tout comme des armées du G5/Sahel ont été concentrées pour répondre aux violences commises par  les groupes djihadistes, notamment du Groupe de soutien à l’Islam et aux Musulmans/GSIM),  de l’Etat Islamique au Grand Sahara désormais affilié à l’ISWAP (Islamic State West Africa Province) ou plus anciennement par le Groupe Ansarul Islam.  Les manœuvres et opérations conjointes menées par ailleurs par la Force conjointe du G5/Sahel ont aussi, depuis la création de celle-ci, été largement concentrées dans cette zone des trois frontières.

Lors du Sommet de Pau, il a été officiellement décidé que la lutte anti-terroriste ciblerait plus spécifiquement l’EIGS. Cependant, La recrudescence des attaques perpétrées par Boko Haram (et notamment par la faction JAS d’Aboubakar Shekau) dans le Bassin du Lac Tchad a démontré que le front Est demeure également un enjeu crucial, même s’il a été un peu moins pris en compte dans l’approche française de la lutte anti-terroriste tout comme par l’effort mené en commun par les armées du G5/Sahel. L’Opération Bohoma, supervisée par le Président Déby lui-même démontre l’importance de ce front dans la gestion de l’insécurité au Sahel.

L’apport du Tchad en 2013 dans la reconquête des zones occupées au Mali a été déterminant, le pays peut-il encore y joué un rôle important ?

Le rôle du Tchad a en effet été déterminant, notamment lors de la mise sur pied de la MISMA (Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine) déployée sous l’égide de l’Union africaine: c’est précisément pour intégrer les forces armées du Tchad (qui, de par son appartenance, à la CEEAC relevait de la brigade centre de la Force africaine en attente) que cette force a été élargie au-delà de la seule CEDEAO. Les contingents tchadiens ont ensuite joué un rôle majeur au sein de la MINUSMA. Mais il ne faut pas oublier que les engagements du Tchad ne se sont pas au cours des dernières années limitées au seul théâtre malien. En effet, les forces armées tchadiennes ont aussi été très active au sein de la FMM (Force multinationale mixte) réactivée dès 2012 pour être déployée sous le pilotage de la Commission du Bassin du Lac Tchad (CBLT) pour lutter contre la secte Boko Haram. Le Tchad a aussi déployé des hommes dans le cadre d’un autre mécanisme de coopération transfrontalière en matière de sécurité qui existe depuis 2010 à travers la « Force Mixte Tchad-Soudan » (FMTS), mécanisme militaire transfrontalier permanent doté de 3000 hommes et déployé le long de la frontière entre les deux pays. On voit donc combien l’engagement tchadien a été actif sur différents fronts.

Cependant, l’arrivée des forces tchadiennes sur le théâtre malien ne pourra à elle seule fondamentalement modifier les rapports de forces. Tout d’abord parce qu’au-delà de la zone des trois frontières, la situation demeure complexe au Mali, notamment parce que l’Accord pour la Paix et la réconciliation au Mali n’est pas appliqué de manière satisfaisante tandis que les incidents récents survenus du côté de la frontière mauritanienne ou dans le Sud dans la région de Kayes sont des motifs de préoccupation. Par ailleurs, la situation n’est pas caractérisée par la seule violence des groupes djihadistes mais aussi par celle des HANI (hommes armés non-identifiés) souvent criminels ou des groupes d’auto-défense ou milices communautarisés. Les méthodes très expéditives de l’armée tchadienne ont souvent été dénoncées. Dans un contexte où les abus ou exactions commises par des unités des forces de défense et de sécurité des armées du Mali, du Niger et du Burkina Faso sont dénoncées de manière croissante par des rapports de plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme, l’intervention tchadienne comme celle des armées partenaires ne devra pas être jugée à la seule aune de l’efficacité opérationnelle et de la dite « neutralisation des GAT (groupes armés terroristes) » mais aussi à la capacité à apporter une protection aux populations dans le respect de leurs droits et de leur dignité.

Du Sahel au Lac Tchad: solidarité africaine en panne (Chronique)

L’éditorialiste et écrivain nigérien Seidik Abba dénonce l’absence de solidarité entre États africains dans la lutte contre la menace terroriste. Dans cette chronique exclusive pour APA que nous rééditions ici, le journaliste y estime que « le continent continuera pour longtemps encore d’être le théâtre d’interventions des puissances extra-africaines ».A trop incriminer la communauté internationale sur les carences de son action, notamment, au Sahel et dans le bassin du Lac Tchad, nous, Africains, avons fini par considérer que l’Afrique ne fait pas partie de cette communauté internationale. Cette posture amène donc à juger que « seuls les autres » sont responsables de l’absence de solution aux crises aiguës au Sahel et dans le Bassin du Lac. Elle nous dispense (et c’est confortable) d’interrogations légitimes sur la solidarité intra-africaine et sur l’utilité des différents mécanismes censés garantir la paix, la sécurité et la stabilité sur le continent.

Peut-on franchement reprocher à la Pologne de ne pas se mobiliser contre la menace terroriste au Mali alors que l’Egypte (pays africain) n’en fait pas mieux ? Peut-on dénoncer l’inaction de la Lituanie au Burkina Faso alors que l’Ethiopie (pays africain) ne fait pas autant ? Peut-on reprocher aux Pays-Bas de ne pas voler au secours du Niger confronté aux groupes terroristes alors que l’Afrique du Sud (pays africain) n’en a pas mieux fait ? Peut-on reprocher au Canada de ne pas se mobiliser contre Boko Haram dans le bassin du Lac Tchad alors que l’Algérie ne s’y intéresse pas ?

Il aura fallu le mois de septembre dernier pour que la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) consacre à Ouagadougou un sommet ad hoc sur la menace terroriste au Sahel qui, après le Burkina Faso, le Niger et le Mali, entend s’étendre aux pays côtiers tels que le Benin, la Côte d’Ivoire, le Ghana ou le Togo.

Si nous voulons que nos incriminations envers la communauté internationale soient crédibles, nous devons commencer par nous ressaisir en matière de solidarité intra-africaine. Le continent a les moyens humains, financiers et logistiques de sa solidarité envers le Sahel et le bassin du Lac.

Alors que l’action de la force française Barkhane au Sahel est vivement critiquée dans les opinions publiques nationales, Paris a annoncé l’arrivée prochaine dans la région des forces spéciales européennes dans le cadre d’un nouvel engagement militaire dénommé Takuba (le sabre en Tamashek).

Comme les forces spéciales égyptiennes, algériennes, éthiopiennes ou kenyanes ne viendront pas au Sahel, on aura bientôt, peut-être, celles de la Lituanie, des Pays-Bas, de la Pologne ou même de la Norvège et de la Suède. C’est une position confortable que d’incriminer les autres, mais de ne pas assumer sa part de solidarité. Après avoir critiqué l’opération française Serval de janvier 2013 au Mali, les pays africains avaient annoncé en mai 2013 à Addis-Abeba, lors de la célébration du cinquantenaire de l’Union africaine, la création immédiate de la Capacité africaine de réaction aux crises (CARIC).

Six ans après cette annonce en grandes pompes, la CARIC n’a ni effectifs, ni quartier général, a fortiori des moyens logistiques et militaires. Elle ne fait donc pas mieux que la force africaine en attente et ses cinq brigades régionales qui ne sont toujours pas sorties de terre, malgré la pile de dossiers et rapports ainsi que des réunions interminables. 

La sécurité au Sahel et dans le bassin du Lac Tchad fait certes partie de la sécurité globale qui appelle une mobilisation déterminée de la communauté internationale. Mais, en attendant, un engagement plus franc et massif du reste monde, on peut au moins avoir plus de solidarité intra-africaine.

L’Afrique a tous les moyens de cette solidarité. Pour peu qu’elle le veuille et s’y engage. Autrement, le continent continuera pour longtemps encore d’être le théâtre d’interventions des puissances extra-africaines. 

Le G5 Sahel toujours en proie au terrorisme

L’année 2019 a été très meurtrière au Sahel et dans les régions du Lac Tchad en raison de la multiplication des actes des groupes terroristes.L’endiguement de la menace terroriste restera un défi en 2020 pour les cinq pays du G5 Sahel dont la Mauritanie. Après une année 2019 macabre au Burkina Faso et au Mali, le Niger et le Tchad semblent clôturer ce cycle annuel pour avoir enregistré 14 et 70 morts entre le 11 et le 17 décembre.

La dernière attaque au Niger illustre bien la situation chaotique dans ces pays de la bande sahélienne regroupés dans le cadre d’un G5 Sahel fondé en 2014 pour lutter contre les mouvements terroristes. Ces derniers continuent de lancer leurs assauts autour du Lac Tchad, que partagent le Cameroun, le Niger, le Nigéria et le Tchad, au grand désarroi des soldats et des populations riveraines.

Pour le Tchad et le Niger, l’ennemi est sans équivoque Boko Haram. Chaque mois, si ce n’est le Tchad qui est visé, c’est l’armée nigérienne qui subit une attaque de cette secte. Les assauts « des illuminés » de Boko Haram sont toujours suivis de lourdes conséquences, soit la perte de soldats soit des populations massacrées.

Malgré le déploiement de soldats le long des frontières autour des eaux de ce lac, le Tchad n’a pas encore éradiqué cette menace. En mars, 23 soldats tchadiens ont été tués dans l’attaque de leur base située sur l’une des rives du Lac Tchad. D’autres militaires mourront le mois suivant à la suite d’une autre attaque.

Au sein du G5 Sahel, le même constat semble prévaloir, avec des attaques récurrentes ayant touché les armées et la population du Burkina Faso, du Niger et du Mali.

Par ailleurs, la Mauritanie peut se réjouir de son accalmie même si des spécialistes préviennent qu’elle n’est pas à l’abri de « menaces djihadistes », comme le vivent actuellement ses voisins du G5 Sahel. Dans cette zone, les attaques sont également attribuées à des groupes djihadistes affiliés à Al Qaida ou à l’État Islamique. Selon des médias locaux, les attaques terroristes auraient fait près de 600 morts.

Malgré la situation difficile, les pays du G5 Sahel semblent bien s’organiser dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Depuis novembre 2017, l’organisation a lancé des opérations militaires même si la réalité est tout autre sur le terrain.

L’insécurité est plus palpable cette année au Mali où plusieurs groupes sont à la base d’attaques meurtrières en dépit de la présence des forces étrangères qui contribuent à la lutte contre le terrorisme. Début novembre, 24 soldats ont été tués dans une attaque terroriste.

Le Burkina Faso aussi n’a pas été épargné par les attaques terroristes en 2019. En novembre, on a recensé la mort de 38 personnes membres d’un convoi minier, sans compter les assauts meurtriers qui se sont poursuivis jusqu’en décembre. Selon un décompte fait par des médias, le pays a enregistré près de 500 victimes de janvier à novembre, faisant de 2019 l’année la plus meurtrière à cause du terrorisme.

Si certains spécialistes qualifient le Burkina de « maillon faible » du G5 Sahel, le président Roch Marc Christian Kaboré rassure. Pour lui, le défi de l’Etat burkinabè est de faire en sorte que l’armée puisse être partout : « Et de ce point de vue, le Burkina Faso doit travailler à assurer ses propres responsabilités qui sont celles de pouvoir défendre les frontières ».

Le président du Faso ajoute que « nous devons travailler ensemble, chacun dans son pays et également aux abords de nos frontières, pour réduire les distances de circulation des terroristes ».

Décès de Jean Claude Nekim, Dirpub de NDjaména Bi-hebdo

Le directeur de publication du bihebdomadaire NDjaména Bi-hebdo, Jean Claude Nékim, est décédé, dimanche, à Paris en France où il suivait des soins.Dès lannonce de son décès, beaucoup de ses confrères et collègues lui ont rendu un hommage mérité. « Mon DP, tu nous a juste précédé. Paix à ton âme », a notamment, écrit Alladoum Ngarhoulem, journaliste à NDjaména Bi-hebdo.

Jean Claude Nékim dirigeait NDjaména Bi-hebdo depuis plus d’une dizaine d’années après avoir occupé le poste de rédacteur en chef et chroniqueur politique avec des analystes pointus qui lui ont valu parfois des soucis avec les autorités de régulation des médias ou la justice.

Sur le plan associatif, Nékim était vice-président depuis novembre 2017 de l’AEPT (Association des éditeurs de presse au Tchad) et président de la section tchadienne du Forum des responsables des médias dAfrique centrale (FREMAC).

« A la presse tchadienne et à lAEPT nous perdons un grand homme, une excellente plume mais aussi une gueule qui crache la vérité crue sans peur », a affirmé, un de ses compagnons, Michael Didama, directeur de publication de l’hebdomadaire Le Temps.

Tchad: le ministre de l’Economie Issa Doubragne arrêté pour détournement de fonds

Le ministre tchadien de l’Economie et de la Planification du développement, Issa Doubragne et son directeur général, Houlé Djonkamla sont arrêts, après une longue audition, lundi, au parquet de grande instance de N’Djaména, a appris mardi APA de sources judiciaires.
Gardé aux renseignements généraux, une direction de la police nationale, le ministre Issa Doubragne a été, comme tous les jours, dans la matinée du lundi à son bureau avant d’être appelé par le parquet de N’Djaména pour être entendu sur des soupçons de détournement, suite à une plainte de l’inspection générale d’Etat qui a diligenté une mission contrôle dans son département ministériel.

Après son audition, des charges ont été retenues contre lui, selon son avocat, Me Alain Kagonbé qui dit qu’il est reproché à son client les faits de « détournement de deniers publics et complicité de détournement liés à des marchés publics ».

Selon des sources proches du dossier, la mission du contrôle d’Etat a fouiné dans la gestion du ministère sur la période allant de 2016 à 2019.

L’espérance de vie au Tchad passe de 47 ans à 54 ans

Dans son dernier indice humain pour le développement (IDH), le Programme des Nations Unies pour le Développement (Pnud) a fait état d’une avancée concernant le Tchad, notamment l’espérance de vie des Tchadiens qui passe de 47 ans à 54 ans, soit une augmentation de 7 ans.Le rapport dont APA a reçu copie mercredi, relève que le bond fait par le Tchad ces dernières années a permis d’améliorer l’espérance de vie grâce aux efforts faits pour l’accès aux soins et au renforcement des capacités du personnel soignant. Toutefois, note le document, les femmes vivent plus longtemps que les hommes avec une différence d’âge de deux ans.

Par contre, en termes de développement, le Tchad reste encore mal classé, occupant la 187è place sur 189 pays et territoires. En 2018, l’IDH du Tchad était de 0,401 avant de passer, cette année à 0,298, soit une progression de 34,6 points.

Le bureau du Programme des nations unies pour le développement (Pnud) au Tchad s’est félicité du progrès enregistré par le pays, avant d’encourager le gouvernement tchadien à redoubler d’efforts pour réduire les inégalités dans toutes ses formes.

Budget 2020 : le Tchad table sur 1210 milliards de FCFA

Un projet de loi des finances fixe à 1210 milliards de FCFA, y compris les dons attendus, le budget du Tchad pour 2020, annonce le ministère des Finances et du Budget, dans un document parvenu mardi à APALes recettes prévues dans ce budget s’élèvent à 1046 milliards contre 983 milliards de FCFA en 2019, soit une hausse de 23%, souligne le communiqué faisant état d’une croissance du Produit intérieur brut tablée sur 3,4%.

Les dépenses qui prennent en compte les charges d’amortissement se chiffrent, quant à elles, à 1326 milliards environ, contre 1106 milliards de FCFA en 2019, soit une hausse de 20%. Ce déséquilibre entre les dépenses et les recettes prévues se traduira par « un déficit prévisionnel de 117 milliards de FCFA qui sera financé par des appuis extérieurs et des financements bancaires ».

Par ailleurs, le document précise que la loi des Finances consacre au moins 34% de toutes les dépenses primaires aux secteurs sociaux, notamment, l’éducation nationale, la santé, l’action sociale, l’élevage, l’agriculture, l’environnement et la formation professionnelle, conformément au programme qui lie le Tchad au Fonds monétaire international.

De même, tous les grands hôpitaux de N’Djamena et ceux des provinces verront leurs allocations augmentées. Ce qui devrait permettre d’améliorer la qualité des services et des prestations de santé au profit des populations.

Au ministère des Finances, l’on rassure que, pour une meilleure gestion axée sur la maitrise des dépenses et l’augmentation des recettes, le projet de loi des finances prévoit la sécurisation des recettes par le renforcement de la collecte de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA).

Il est également prévu, affirment les techniciens du ministère, un renforcement du système informatique et d’autres supports plus performants pouvant assurer une gestion efficace des ressources.

Tchad : un défenseur des droits humains gardé à vue

Le secrétaire général de la Convention Tchadienne pour la Défense des Droits de l’Homme (CTDDH), Mahamat Nour Ibedou a été placé en garde à vue par la section criminelle de la police judiciaire de N’Djaména.Cela fait suite à son audition après une plainte de Bokhit Bahar Mahamat Itno (cousin du chef de l’Etat) qui a été accusé par la Convention Tchadienne pour la Défense des Droits de l’Homme de torture sur trois personnes, dans son jardin, à quelques kilomètres de la ville d’Abéché, à l’est du Tchad.

Selon des sources policières, M. Bokhit estime être diffamé par la CTDDH qui avait écrit : « Se prévalant de son statut de frère cadet du commandant de la force mixte Tchad-Soudan et de son appartenance à la famille Itno au pouvoir, Bokhit s’est permis sans vergogne d’avoir une prison privée et de torturer à sa guise des citoyens ».

Le sort du secrétaire général de la Convention Tchadienne pour la Défense des Droits de l’Homme (CTDDH), Mahamat Nour Ibedou, reste entre les mains du parquet de grande instance de N’Djaména dont le procureur décidera de sa mise sous mandat de dépôt ou pas.

Tchad: deux hauts cadres arrêtés pour détournements de fonds

La police tchadienne a procédé à l’arrestations du ministre d’Etat, ministre secrétaire général de la présidence de la République, Kalzeubé Pahimi Debeut et du directeur général de l’Office national de promotion de lemploi (ONAPE), Fayçal Hissein Hassan, soupçonnés de détournements de fonds publics, a appris APA, dimanche, de sources judiciaires.Après l’arrestation du directeur de lONAPE, samedi, l’ancien Premier ministre, Kalzeubé Pahimi Debeut, actuel secrétaire général de la présidence, est arrêté ce dimanche, suite à plainte de l’Inspection générale dEtat (IGE), confient nos sources proches du dossier. 

Il est reproché au ministre d’Etat un détournement d’environ un milliard FCFA. Par contre, le directeur général de lONAPE, Fayçal Hissein Hassan aurait détourné environ 800 millions FCFA liés à des surfacturations et autres marchés publics. 

Selon d’autres sources, plusieurs autres personnalités sont visées par des enquêtes liées à des détournements, après le passage des missions de contrôle de l’Inspection générale dEtat. 

Tchad: le directeur de la solde et ses collaborateurs suspendus pour trafic de la masse salariale

Le directeur de la solde du ministère des Finances et ses proches collaborateurs ont été suspendus et une plainte déposée contre eux, a-t-on appris, samedi, auprès de l’inspecteur général des Finances.Rencontrant la presse, l’inspecteur général des finances Loukman Hissein Moustapha a fait savoir que le directeur de la solde a été relevé à l’issue d’une mission de contrôle pour « manipulations dans la chaine de traitement des salaires et le mandatement des agents de l’Etat ».

Tout en informant de la suspension du directeur de la solde et ses complices, M. Loukman, constate que « des pratiques anxieuses ont occasionné une augmentation mensuelle de la masse salariale. Il s’agit, entre autres, des rappels des primes injustifiées, des rappels des salaires injustifiés, des réhabilitations injustifiées des agents suspendus par la mission de l’audit des diplômes et des modifications d’indice salarial ».

Des poursuites judiciaires sont entamées afin de situer la responsabilité de chaque agent impliqué dans cette affaire. Les fonctionnaires tchadiens qui attendaient, selon la programmation de la solde, le paiement de leurs salaires ce 26 septembre, n’ont pas vu leur virement passé dans les banques.

Tchad : 52 morts dans l’éboulement d’une mine d’or

Le ministre tchadien de la Justice, Djimet Arabi, en déplacement dans l’extrême nord du pays, a fait état, samedi, de l’éboulement d’une mine d’or dans la zone de Kouri Bougoudi qui a fait 52 morts et 37 blessés dont 21 blessés graves.« Le bilan provisoire de l’éboulement d’une mine d’or dans la localité de Kouri Bougoudi dans le Tibesti est revu en hausse, soit 52 morts et 37 blessés dont 21 blessés graves. Les recherches des corps se poursuivent sous le décombre de la mine d’or », a déclaré le ministre Djimet Arabi, accompagné du chef d’état-major des Armées, le général Tahir Erda.

Selon les explications données au ministre et à sa délégation sur place, malgré l’état d’urgence dans la province du Tibesti, frontalière avec la Libye, de milliers d’orpailleurs clandestins continuent à exploiter la mine d’or de Kouri Bougoudi.

« L’exploitation abusive de l’or a rendu le rocher très fragile en s’effondrant à tout moment », a-t-on expliqué au ministre Djimet Arabi qui a décidé d’ouvrir une enquête pour déterminer les causes de cet éboulement.

Des sources locales affirment que beaucoup des personnes sont encore bloquées dans les décombres. Les orpailleurs continuent d’enterrer leurs morts.

N’Djaména échange avec ses voisins sur la transhumance frontalière

Le déplacement du bétail entre le Tchad, le Nigéria, le Niger, le Cameroun et la République centrafricaine (RCA) est au centre d’une rencontre d’échanges tenue, jeudi à N’Djaména, avec la présence des experts du CILSS et de la CEDEAO.L’objectif de la rencontre, à laquelle prennent part des experts du secteur de l’élevage de cinq pays voisins, est de fournir aux décideurs politiques des informations nécessaires à l’amélioration de la gestion des flux de la transhumance transfrontalière, pour asseoir des actions stratégiques et opérationnelles aux déplacements du bétail.

Le directeur général du ministère tchadien de l’Elevage, Fidèle Molélé, tout en déclarant que le secteur d’élevage a d’importants atouts pour ces pays, reconnait qu’il subsiste de la faiblesse persistante dans les échanges interrégionaux des produits animaux, à cause, dit-il, « de multiples obstacles tarifaires et non tarifaires, qui entravent la circulation des animaux et de leurs produits vers un marché pourtant prometteur ».

Le représentant du Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le sahel (Cilss) dans le Sahel, Philippe Zoungara a fait savoir que les différents facteurs conjugués entrainent des masses de déplacements liées à la rareté des ressources et d’insécurité, qui ne facilitent pas le développement du sous-secteur d’élevage dans la sous-région.

De ce fait, M. Zoungara a rassuré de la disponibilité du CILSS à appuyer toutes les initiatives de facilitation des flux transfrontaliers des animaux.

Tchad : désaccord entre Déby et la Ceni sur le calendrier électoral

Un désaccord sur la tenue des législatives et des locales au Tchad s’est installé entre le président Idriss Déby Itno, et le président de la Commission nationale électorale indépendante (Ceni), Kodi Mahamat, le premier exigeant des consultations durant cette année ou en janvier prochain là où l’organe propose le mois d’avril ou de novembre 2020.Lors de sa dernière rencontre avec la classe politique, au début de ce mois, le chef de l’Etat tchadien, après avoir accepté une modification du Code électoral, a instruit les organes chargés de l’organisation des élections, à savoir le Cadre national du dialogue politique (CNDP), le Bureau Permanent des Élections (BPE) et la Ceni, de proposer un calendrier électoral.

En réponse, Kodi Mahamat a émis l’idée de coupler les élections législatives aux locales et d’organiser la consultation électorale en avril 2020 ou en novembre 2020.

Mais le président Déby, par la voix de son chef de cabinet, a soutenu qu’il a pris des engagements l’obligeant à tenir les élections à la fin de cette année ou au plus tard en janvier 2020.

Partant de là, la présidence de la République a souhaité que le CNDP, le BPE et la Ceni travaillent ensemble pour y arriver.

Le ministre des Affaires étrangères, Mahamat Zène Chérif, dans une déclaration adressée jeudi dernier aux diplomates accrédités au Tchad, a affirmé que les élections auront bien lieu dans le délai prévu.

Hommages et inhumation de l’ancien président tchadien Lol Mahamat Choua

L’ancien président de la République du Tchad (avril-août 1980), Lol Mahamat Choua décédé dimanche à l’âge de 80 ans, a été inhumé lundi au cimetière musulman de Lamadji à la sortie nord de la capitale N’Djaména.En plus du deuil national de trois jours, le pays lui a rendu un hommage au cours d’une cérémonie à la place de la Nation de N’Djaména en présence du chef de l’Etat Idriss Déby qui l’a élevé à titre posthume au rang de la dignité de grand-croix de l’ordre national du Tchad. 

Plusieurs personnalités, sa famille biologique et politique lui ont rendu un hommage mérité. A sa mort hier, Lol Mahamat Choua était toujours député et président de son groupe parlementaire du RDP, de la troisième législature. 

Le président de l’assemblée nationale, Haroun Kabadi, dans son oraison funèbre, a rappelé que, Lol Mahamat Choua a été une figure emblématique de la classe politique tchadienne, un homme de consensus. 

Devenu président de la République dans les années 1980 par pur hasard alors qu’une dizaine des factions rebelles disputaient la capitale tchadienne, Lol Mahamat Choua entamera une véritable carrière politique à partir de 1990 avec sa toute première participation à l’élection présidentielle de 1996. 

Candidat malheureux, il devient député de sa ville natale de Mao (province du Kanem), au nord-ouest du pays, successivement en 1997, 2001 et 2011. La maladie l’a écarté de la scène politique en 2013.

Lol faisait partie des chefs de partis politiques arrêtés en février 2008 dont Ibni Oumar Mahamat Saleh, lors de l’assaut de la coalition rebelle sur N’Djaména. Sur les différents événements politiques dont il a été acteur ou observateur, Lol a toujours gardé le silence. 

Pour certains observateurs, la publication des mémoires de cet ancien chef d’Etat, serait une grande contribution à l’histoire politique du Tchad.

Modification du Code électoral: Idriss Déby accepte les propositions de l’opposition

Dans une déclaration aux membres du Cadre national de dialogue politique (CNDP) sur le processus électoral, le chef de l’Etat tchadien, Idriss Déby dit « ne pas demeurer sourd aux réclamations de l’opposition concernant le mode du scrutin des législatives et la caution exigée pour les candidatures à la présidentielle.Au cours d’une audience avec les membres du CNDP, jeudi soir à la présidence de la République, le président Déby a souscrit à la proposition de rétablissement des dispositions en la matière contenues dans la Loi 036 de 2015, c’est à dire le précédent Code électoral.

« J’adhère également à l’idée de revoir la disposition relative au délai fixé pour la convocation du corps électoral qui est actuellement de quatre mois. En clair, afin de donner une marge de manœuvre opérationnelle plus souple à la CENI, il ne serait pas déraisonnable d’adapter l’article 34 du Code Électoral qui oblige à convoquer le corps électoral quatre mois avant le scrutin. Il vous appartient de proposer le délai le mieux indiqué », a-t-il déclaré devant les membres du cadre de dialogue.

Le chef de l’Etat tchadien a demandé au CNDP de finaliser le projet de loi organique fixant la composition de l’Assemblée Nationale. À ce sujet, a-t-il dit, « je voudrai vous rappeler la résolution du Forum National Inclusif fixant à 155 le nombre des députés de la future Assemblée. Cet effectif de 155 députés inclut les représentants des nomades et des Tchadiens de l’étranger ».

M. Idriss Déby a instruit la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et le Bureau permanent des élections (BPE) « d’élaborer et d’adopter un chronogramme réaliste déclinant toutes les séquences du processus électoral jusqu’à la tenue effective des différentes échéances ».

Tchad : l’état d’urgence prorogé dans trois provinces

L’Assemblée nationale, réunie en séance plénière, a adopté dans sa majorité (115 voix) la résolution portant prorogation de quatre mois de l’état d’urgence instauré le 19 août dernier dans les provinces de Oauddaï, de Sila et de Tibesti à cause des conflits interethniques et l’insécurité liée à l’orpaillage.Cette décision a été défendue, hier mardi, devant les députés par les ministres de l’Administration du territoire, de la Défense, de la Justice et par le Secrétaire général du gouvernement.

Selon l’exécutif, la prorogation de l’état d’urgence se justifie car les forces de défense et de sécurité car le processus de désarmement n’est pas achevé dans ces trois provinces. Par conséquent, les quatre mois supplémentaires (du 10 septembre au 10 janvier 2020), permettront d’instaurer la sécurité et la paix entre les communautés.

Après avoir donné quitus au gouvernement pour la prorogation de cette mesure d’exception, les députés tchadiens ont appelé au respect des droits de l’Homme, avant de souhaiter qu’un bilan soit fait après la levée de l’état d’urgence.

Les provinces de Ouaddaï et de Sila, situées à l’est du Tchad, à la frontière avec le Soudan, sont en proie à des conflits interethniques ayant causé des centaines des morts entre agriculteurs et éleveurs.

Tibesti, la troisième province en état d’urgence, est frontalière avec la Libye. Elle attire de milliers d’orpailleurs qui travaillent dans une insécurité due à la présence de groupes armés.

Tchad : hausse de 38,6% des recettes pétrolières au deuxième trimestre 2019

Les recettes pétrolières tchadiennes recouvrées au deuxième trimestre 2019 se chiffrent à 154,9 milliards de FCFA contre 111,8 milliards de FCFA à la même période de l’année dernière, soit une augmentation de 38,6%, renseigne une note du ministère des Finances parvenue à APA jeudi.« Cette amélioration des recettes pétrolières s’explique par l’augmentation en volume de la production de pétrole brut, la hausse du cours de Brent et la dépréciation de taux de change USD/FCFA », souligne le document.

« Le volume de la production et des exportations de pétrole brut augmente respectivement de 22,9 % et 23,9 % par rapport au 2e trimestre de l’année précédente ». Cette situation s’explique, d’après le document du ministère, par l’augmentation de la production de pétrole brut des opérateurs CNPCIC (+47,3%) bien que d’autres comme Glencore (-0,6%) et EEPCI (-11,1%) ont connu des baisses de production.

Par ailleurs, une hausse de la consommation de l’essence et du Fuel Lourd a été constatée, notamment au cours de ce trimestre, « respectivement de 21,1% et 184,6% par rapport au 2e trimestre 2018 ».

« En revanche, les consommations du gasoil, du kérosène et du gaz de pétrole liquéfié, quant à elles, diminuent respectivement de 7,8%, 0,1% et 4,5% par rapport au 2e trimestre 2018 », ajoute le même document.