Mali – Covid-19 : Une « aubaine » pour la télésanté

La pandémie de Covid-19 a renforcé l’éclosion de la télésanté, la distanciation physique étant recommandée pour freiner la propagation de la maladie. En Afrique et au Mali, les solutions numériques ont le vent en poupe.

Africa virtual hospital. C’est la plateforme numérique mise au point au Mali par le groupe Famib pour un système d’information dématérialisé et médicalisé avec un dispositif d’acquisition de données médicales en temps réel.

Elle fournit  également des soins de santé primaire et d’urgence, tels que les tests, les investigations, les diagnostics, la collecte d’informations sur les patients, la gestion des dossiers médicaux et la consultation « numérique ».

« En état d’urgence sanitaire, il y a un besoin de solutions numériques innovantes pour la traçabilité des patients et des soins, notamment pour l’actuelle pandémie du coronavirus, avec un seul mot d’ordre : sensibilisation et alertes stratégiques rapides », souligne Amadou Diawara, CEO du groupe Famib.

Entraide médicale numérique

Le Réseau d’échange entre médecins d’Afrique (REMA), lancé en 2017 par le Béninois Dr. Sedric Degbo, est une application disponible sous Androïd, et bientôt sous IOS, qui fournit aux professionnels de santé un service de collaboration médicale à distance.

Le réseau est présent dans de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest, notamment  au Bénin, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en Guinée, au Mali, au Niger et au Sénégal.

Avec l’arrivée de la Covid-19 sur le continent, la plateforme est accessible gratuitement pour les infirmiers et sages-femmes. 70% des publications et des échanges concernent actuellement la pandémie du nouveau coronavirus.

« Pour aider les gouvernements d’Afrique à mieux faire face à la pandémie avec les  meilleurs outils, nous avons pris l’initiative de mettre gratuitement notre système de  communication médicale institutionnelle à la disposition des ministères de la Santé du continent », précise l’initiateur du REMA.

Germain Kenouvi

Télémédecine, la santé par les TIC

La télémedecine fait partie de ces innovations intéressantes qui se développent un peu partout dans le monde. Aussi cette technologie offre une occasion unique aux pays d’améliorer la santé de leurs populations et de renforcer leurs capacités nationales en matière de recherche en santé, ainsi que la qualité de leurs services de santé. En effet, l’éducation sanitaire, la formation des personnels de santé et la gestion des situations d’urgence sont autant de domaines dans lesquels l’apport de la télémédecine revêt une importance croissante. Le Mali est à  n’en point douter un pays pionnier dans le domaine de l’application des TIC à  la santé. En mars 1996 déjà , la première téléconsultation était réalisée entre la faculté de médecine, de pharmacie et d’odontostomatologie(FMPOS) et l’université de Toulouse (France). Le directeur de l’agence nationale de télésanté et d’information médicale (Antim), Dr Ousmane Ly explique que « la télémédecine est l’exercice de la médecine à  distance. C’’est en ce sens qu’on va utiliser les technologies de l’information et de la communication, c’est-à -dire les moyens de communication moderne comme l’internet et téléphonie mobile pour donner des prestations et soins de santé ». La télémédecine est appelée à  jouer un rôle de plus en plus important et elle continuera à  être un domaine de collaboration étroite entre l’OMS et l’union internationale de télécommunications. Il existe ainsi différents types de télémédecine, la télé-consultation et le télé-diagnostic, la télésurveillance, la télé-expertise et la télé-formation. Une agence pour la promotion de la télésanté au Mali Il y a eu au Mali de nombreux projets de télémédecine informels comme le Kènèya Blon. Ces projets ont permis selon le Dr Ly, de montrer qu’il est possible de faire de la télémédecine au Mali. « Cette initiative a commencé à  travers des thèses sur la télémédecine. Elle a été formalisé grâce à  la création d’associations tels Rimkom Kènèya Blon et l’association malienne de télémédecine devenue la société malienne d’informatique biomédicale et de biosciences. » Tout ceci s’est formalisé par la suite, à  travers la volonté du gouvernement malien de créer l’Agence Nationale de Télésanté et d’Informatique Médicale (ANTIM). Celle-ci a vu le jour en septembre 2008. Et l’Assemblée Nationale a ratifié sa création par une loi en octobre de la même année. l’ANTIM fonctionne comme tout autre établissement public à  caractère scientifique et technologique. Elle est composée d’une direction générale, d’un conseil d’administration, un comité de gestion et un comité technique et scientifique. Pour l’exercice 2011, l’agence a reçu une enveloppe globale de 400 millions de francs CFA. « Cette somme est insuffisante, il faut que la télémédecine sorte de l’expérimentation, de l’évènementiel. Il faut que la télémédecine soit utilisée quotidiennement dans les systèmes de santé. Et pour arriver à  cela, on a besoin d’énormes investissements technologiques. On espère qu’on les aura d’ici les cinq prochaines années » plaide le Dr Ousmane Ly indique. « Nous travaillons même avec le secteur privé. Notre but même est de promouvoir et renforcer le système de santé malien par l’utilisation des techniques de l’information et de la communication. » Des applications concrètes Le Dr Oumar Traoré est gynécologue à  la clinique Pape de Badalabougou et au centre de santé de référence de la commune V du district. Il estime que la télémédecine est une très belle initiative pour l’amélioration du système de santé au Mali. « Il permet d’être au fait de l’information médicale en temps réel. On peut suivre les conférence-débats de partout dans le monde. Cela se fait même au Csref de la commune V tous les jeudis. On se connecte pour débattre autour de thèmes permettant d’intervenir sur les échographies. Cela permet d’interpréter l’image échographique en direct.» Il déplore par ailleurs le problème d’accessibilité au net, véhicule principal de la méthode. « Il ne faut plus que le net soit un luxe au Mali. Il faut qu’il soit accessible partout, pour tous et à  moindre coût. » Intérêt grandissant du secteur privé Les structures de santé privées viennent de plus en plus prendre contact avec l’ANTIM. Ainsi, selon le Dr Ly, l’Agence est en discussions actuellement avec deux établissements sanitaires. « Il n’y a encore rien d’officiel encore mais, les choses vont probablement se préciser très bientôt. C’’est vrai que l’Antim n’a qu’une année d’existence et est par conséquent très jeune. Et nous n’avons eu à  travailler qu’avec le secteur public mais, J’insiste sur le fait que nous sommes là  pour le système de santé dans sa globalité. » l’Agence a également collaboré avec l’Ordre National des Pharmaciens et celui des médecins du Mali. « Nous avons beaucoup travaillé avec eux. On peut donc dire qu’à  travers eux, on travaille déjà  avec le secteur privé. Mais aucune autre structure n’est venue demander à  travailler avec l’Antim. On espère que ça va venir.» l’intérieur du pays reste encore timide en matière télémédecine. Pour le moment, seuls les hôpitaux de Mopti, Ségou, Sikasso et Tombouctou font des retransmissions d’images de radiologie vers Bamako, dans le cadre du projet Icône. « Icône » est un projet de télé-radiologie qui permet de faire en sorte que les images de radiographie prises à  l’intérieur du pays puissent être interprétées à  distance par les spécialistes présents à  Bamako. Ce qui permet d’éviter aux patients de faire de longues distances pour être vus par les spécialistes. Pour cette année 2011, l’Agence de télémédecine envisage l’informatisation totale et globale des hôpitaux du Mali. Elle commencera par les hôpitaux pilotes comme le centre de recherche et de lutte contre la drépanocytose et l’hôpital du Mali. Il est également prévu l’utilisation de la téléphonie mobile pour optimiser l’impact de la télésanté sur le bien-être des populations maliennes.

Télésanté : une expérience réussie au Mali

Journée Télésanté l’objectif était d’examiner le bilan des six premiers mois d’activités techniques et financières de l’Agence Nationale de Télésanté et d’Informatique Médicale, au compte de l’année 2010. « Beaucoup de réalisations majeures, ont été effectuées grâce à  la compétence et à  la persévérance des jeunes cadres de l’ANTIM », a confié le Secrétaire général du département de la santé. Il s’agit, entre autres, de la mise à  jour en temps réel du site web du Ministère de la santé, et de l’appui technique en supports informatiques et multimédia de toutes les activités importantes du ministère de la santé. Il s’agit aussi de l’organisation de la journée Télésanté 2010 qui a interconnecté pendant plus de huit heures d’affilées une dizaine de villes francophones par visioconférence, et du lancement des projets PESINET et Frontline SMS basés sur l’utilisation de la téléphonie mobile pour soutenir la santé de la mère et de l’enfant avec les partenaires français et américains. Au cours de ce conseil, il a été examiné le compte rendu et le point d’exécution des recommandations de la deuxième session du Conseil d’administration de l’Agence Nationale de Télésanté et d’Informatique Médicale. Les administrateurs ont également planché sur le rapport d’activités du premier semestre 2010, le rapport financier du premier semestre 2010, la note de présentation de l’avant projet de budget 2011, ainsi que le PO 2011 et le BSI 2011-2013. Télésanté pour gérer des banques de données Par la voix de son directeur Dr Ousmane Ly, « il faut coordonner les équipements et les logiciels, dont disposent les différents acteurs du systèmes de santé tout en renforçant les compétences des agents à  travers un programme de formation en continue et en impulsant des projets ayant un impact sur la santé des populations ». A rappeler que la télésanté est chargée de promouvoir la recherche dans le domaine des technologie de l’informatique et de la communication appliquée au secteur de la santé, contribuer à  la formation initiale et continue en matière de télésanté et d’informatique médicale, contribuer à  l’information, scientifique et technique que la télésanté et l’informatique médicale mettre en place un système de santé électronique. En plus, l’ANTIM doit aussi apporter un appui technique et scientifique aux structures dans le domaine de la télésanté et l’informatique médicale, créer et gérer des banques de données dans le domaine de la santé.

Télésanté 2010 : pour plus de mobilité, d’autonomie et de bien-être.

Téléconférence en direct Du coté de notre pays, les brillantes interventions de Monsieur le Ministre de la Santé par visioconférence, de Monsieur Hamoudoun TOURE, Secrétaire General de ITU par vidéo, Pr Djibril Sangaré, Chirurgien au CHU du Point G depuis Lyon en France, de Dr. Ousmane LY, Directeur Général de l’ANTIM et de Antoine Declerck, Directeur Marketing à  Orange Mali et Président de PESINET et Mali n’ont laissé indifférent personne dans la salle. Cette rencontre a été organisée par l’Agence nationale de Télésanté et d’informatique médicale, en collaboration avec le CATEL et ses partenaires. Le thème de cette année est « Télésanté 2010 : hôpital, patients, santé, territoire -vers plus de mobilité, d’autonomie et de bien-être ». Le thème est plus que d’actualité, surtout dans le contexte d’un pays émergent comme le Mali.  » Si nous prenons la première partie de la thématique qui est  » hôpital, patient, santé et territoire », cela pose explicitement la problématique à  laquelle le Mali est confrontée aujourd’hui. Et l’autre thématique « Vers plus de mobilité, d’autonomie et de bien-être », nous interpelle en tant que décideurs dans notre mission de mise en place d’un système sanitaire de qualité, équitable et efficient pour l’ensemble de nos compatriotes. Soins aux malades Aujourd’hui, à  en croire le ministre de la Santé, il ne s’agit pas seulement pour le patient de se rendre à  l’hôpital pour se procurer des soins de santé, mais il s’agit aussi pour les professionnels de les lui procurer partout o๠il se trouve, jusqu’à  son lit si cela est possible. Ceci est une volonté des plus hautes autorités du Mali, comme en témoigne le premier volet du programme de développement socio-sanitaire de notre pays qui est l’accessibilité géographique aux services de santé des districts sanitaires, a-t-il ajouté. Au vu des autres volets du programme de développement socio-sanitaire de notre pays que sont, l’amélioration de la disponibilité des ressources humaines qualifiées, la qualité des services de santé, l’augmentation de la demande et la lutte contre la maladie, Oumar Ibrahim Touré a assuré qu’il ne doute point de toutes les prouesses que la Télésanté pourra offrir. La Télésanté institutionnalisée au Mali La Télésanté est finalement le moteur complémentaire dont les pays Africains ont besoin pour être au rendez-vous des objectifs du millénaire pour le développement. « Au Mali, nous avons cru à  la Télésanté et en ses capacités innovantes. Nous l’avons institutionnalisé en créant l’agence nationale de Télésanté et d’informatique médicale (ANTIM). Plus que jamais, nous y croyons par les résultats probants donnés par l’agence », a dit le ministre. Pour Oumar Ibrahim Touré, l’ANITM répond au souci de gommer le temps et la distance dans la prise en charge des patients, et l’utilisation maximum des compétences médicales que nous avons en grand nombre. Le gouvernement lui est prêt à  Âœuvrer au renforcement de tous les partenariats, pour le développement de la Télésanté au Mali et en Afrique. Avant de féliciter le CATEL et ses partenaires, l’ANTIM et l’ensemble des participants et acteurs de la Télésanté, pour l’organisation de cette rencontre internationale.