Télévisions confessionnelles : L’information autrement ?

Au Mali, la révolution audiovisuelle profite aussi à certains leaders religieux, qui se sont lancés dans la création de chaines de télévision. La plupart de ces organes revendiquent le statut de télévisions généralistes, malgré un temps  conséquent consacré aux émissions religieuses.

L’univers audiovisuel malien a été marqué ces dernières années par  la création de chaines de télévisions privées, pour la plupart de confession religieuse. Leur objectif ? Acquérir une très large audience auprès du public, à l’image de celle dont jouissent les leaders religieux dont elles se réclament. Ainsi, Sunna TV de l’Imam Mahmoud Dicko, Cherifoula TV d’Ousmane Madani Haidara, Anwar TV de Soufi Bilal Diallo, Zahara TV de Chouala Bouyaya Haidara et Horonya TV de Cheick Oumar Coulibaly dit Farouk occupent dorénavant une place de choix dans les bouquets audiovisuels. Leur particularité est la place prépondérante qu’elles accordent à des émissions qui font la promotion des valeurs islamiques et sociétales. Mais, bien qu’un temps conséquent soit accordé aux émissions de prêches et de débats pour « faire connaitre la religion musulmane », des espaces de divertissement et d’information sont aussi au programme. « Nous sommes généralistes, nous diffusions tout ce qui est intéressant pour nos téléspectateurs », confie Samba Coulibaly, Président de Cherifoula TV. « Le plus souvent, les gens assimilent nos chaînes à des télévisions uniquement confessionnelles », explique le Rédacteur en chef Ahmadou Diarra, « alors que nous programmons des émissions variées, en censurant  toutes les images obscènes ».

Télévisions privées : On brave les textes

En deux années, le paysage audiovisuel malien s’est enrichi d’une dizaine de chaînes de télévision, améliorant ainsi l’offre de programmes. Le hic, c’est qu’elles opèrent dans une totale illégalité.

Elles sont une dizaine, réparties entre Bamako et quelques capitales régionales. Les télévisions privées ont connu un véritable essor, malgré le fait qu’aucune ne possède d’autorisation d’émettre. De la toute première, Liberté TV, à la plus récente, Mandé TV, en passant par  Cherifoula TV, Énergie TV, et autres Ségou TV, ces chaînes sont pourtant disponibles sur les bouquets commercialisés par les distributeurs d’images. La diversification de l’offre audiovisuelle nationale est d’ailleurs bel et bien prévue par les autorités du secteur. Il existe une programmation couvrant la période 2014-2016, avec notamment la création de cinq chaînes privéesà diffusion nationale, de chaînes privées à diffusion régionale et publiques. Mais il semble que les promoteurs soient allés plus vite que la musique, n’attendant pas l’arsenal réglementaire qui devrait accompagner cette ouverture. « Toutes les chaînes de télévisions privées qui émettent aujourd’hui n’ont aucune autorisation. Elles continueront ainsi jusqu’à la prise des nouvelles mesures », confie Djiby Sacko, directeur de Renouveau TV.

À la Haute autorité de la communication (HAC), on explique que ces chaînes n’ont que « l’autorisation de faire des essais », et ne peuvent faire l’objet d’une offre commerciale. Pourtant, avec l’avènement prochain de la TNT, les investissements se multiplient et plusieurs projets sont en cours. Lors d’une réunion de la HAC, début août, où la question a été évoquée, son président Fodié Touré déplorait cette situation qu’il jugeait même « préoccupante ».

Un promoteur d’une télé, sous anonymat, plaide cependant pour que «l’État ne brise pas l’élan amorcé par lesnombreux promoteurs qui diffusent déjà». « Il faut que l’on sache qui est qui. La télévision est un puissant outil de communication et on ne devrait pas permettre qu’il en pousse comme des champignons », affirme un autre, pour qui la réglementation permettra aux médias audiovisuels d’aller vers plus de professionnalisme, de performance, de rigueur et de responsabilité. Reste à l’État à organiser un appel à candidature, avec une caution suffisamment dissuasive pour éliminer les projets farfelus. En Côte d’Ivoire voisine, elle a été fixée à 1 milliard de francs CFA.