Mali: que veulent les groupes armés?

La veille du discours du président IBK, le jeudi 26 septembre, trois mouvements rebelles (MNLA, le HCUA, le MAA) ont annoncé qu’elles suspendaient leur participation au processus de négociations avec l’Etat malien. Ils ont évoqué des « difficultés de mise en œuvre de l’accord de Ouagadougou, causées notamment par le non respect par la partie gouvernementale malienne de ses engagements ». Quelques jours plutôt, ces groupes armés réunis à  Bamako, s’étaient dits « soucieux de préserver l’unité nationale et l’intégrité territoriale de la République du Mali » et « à  ne pas utiliser la violence comme moyen d’expression ». Par rapport à  la suspension des négociations par les groupes armés, le gouvernement dans communiqué rendu public le vendredi 27 septembre à  apporter des précisions sur les tâches accomplies dans le cadre de l’accord de Ouaga. Il s’agit entre autres de la libération de personnes détenues, la préparation des Assises nationales et des à‰tats généraux de la décentralisation. Etats Généraux de la décentralisation du 21 au 23 octobre 2013 « Des Etats généraux de la décentralisation seront convoqués en vue de créer les conditions nécessaires à  un transfert effectif de compétences et de ressources aux collectivités territoriales, sur l’ensemble du territoire. Par la suite, le Gouvernement tiendra les Assises nationales du Nord » a déclaré le président IBK lors de son discours à  la tribune des Nations Unies. Mais sur le terrain, la tension monte ces derniers jours. Deux militaires maliens qui gardaient une banque ont été blessés vendredi dernier dans un attentat à  la grenade à  Kidal. Dimanche 29 septembre, des hommes armés ont lancé une attaque en fin de journée contre l’armée malienne dans le centre de la ville de Kidal. Les échanges de tirs avaient été précédés, dans l’après-midi, d’une explosion provoquée par un kamikaze ayant accidentellement manipulé sa ceinture explosive, se tuant sans faire de blessé. Une autre annonce faite par le Président IBK est la reconversion de la Commission dialogue et réconciliation en « Commission dialogue vérité et réconciliation ». Comme l’a dit le président, il s’agira « de panser les plaies encore béantes de la société malienne ». Mais peut-on panser les plaies rien que par le dialogue, la recherche de la vérité et la réconciliation sans la justice ? Afin de prévenir une ré-émergence de ces conflits, éviter l’impunité et soutenir le rétablissement de l’à‰tat de droit, il faut que justice soit faite.

Human Right Watch met en garde contre les tensions ethniques au Mali

, prévient Human Right Watch, dans un communiqué publié à  l’intention de la presse, le 20 décembre à  Nairobi (Kenya). C’est surtout la publication d’une liste de personnes répertoriés par des citoyens et passibles de poursuites ou de représailles, par les autorités, qui inquiète l’ONG. Les stigmatisations identitaires ont plus fois été mentionnées dans les rapports de l’ONG depuis le début de la crise malienne et l’occupation du nord par les groupes islamistes armés. Un milicien aurait ainsi déclaré à  Human Rights Watch : « Certains noms sur [la liste] ne font aucun doute parce qu’ils ont pris les armes et pillé tout ce que nous avons acquis si difficilement, ou parce qu’ils battaient les personnes qui fumaient ou les femmes qui ne se couvraient pas la tête qu’ils rencontraient sur leur chemin. Les autres ont collaboré, en cuisinant, en encourageant nos enfants à  s’enrôler. Pensent-ils que nous ne savons pas qui ils sont ? » Un autre milicien : « Nous savons qui est qui. Nous savons qui a montré au MNLA et au MUJAO o๠nous cachions nos voitures, nos motos et nos ordinateurs. Nous savons qui a volé nos générateurs, les a peints et les a installés dans leurs maisons. Nous savons qui a violé nos femmes. » Un jeune de Niafounké à  Tombouctou qui a suggéré des noms pour la liste a expliqué : « Nous regardions [les combattants] alors qu’ils chargeaient nos affaires dans des camions en direction de la Mauritanie, pas seulement nos affaires personnelles mais aussi des choses prises de l’hôpital… Ils ont emporté des millions de francs CFA sous la forme de médicaments, de motos et d’une ambulance. Pour ceux qui ont trahi la nation, il y aura des règlements de compte. » Appel au govuernement Cissoko Par ailleurs, HWR appelle le nouveau Premier ministre et son gouvernement à  prendre des mesures adéquates, pour empêcher, ce qu’elle appelle :  » une aggravation du climat politique, déjà  tendu à  Bamako » : « Le nouveau Premier ministre du Mali doit s’attaquer à  un grand nombre de problèmes de droits humains, mais les abus commis par l’armée et l’escalade des tensions ethniques dans le pays doivent être en tête de liste », a déclaré Corinne Dufka, chercheuse senior sur l’Afrique de l’Ouest à  Human Rights Watch. « s’ils ne sont pas traités, ces abus viendront contrecarrer sérieusement l’organisation des élections nationales et aggraveront les conditions dans le Nord. » Situation des Droits Humains La situation des droits humains au Mali s’est dramatiquement détériorée en 2012 suite à  la rébellion séparatiste touareg, à  l’occupation islamiste du nord du pays et aux bouleversements politiques engendrés par le coup d’à‰tat militaire du mois de mars, a expliqué Human Rights Watch. Les recherches de Human Rights Watch conduites au Mali depuis avril ont permis de constater que les forces de sécurité loyales au leader du coup d’à‰tat, le capitaine Amadou Sanogo, ont été impliquées dans de nombreux abus graves, notamment des actes de torture, des disparitions forcées et des actes d’intimidation des voix de l’opposition. En dehors de la capitale, l’armée malienne a arbitrairement arrêté et exécuté des hommes essentiellement touaregs et arabes pour leurs liens présumés avec les groupes rebelles dans le Nord. Les séparatistes touaregs du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) et les groupes armés islamistes qui ont pris le contrôle du nord du Mali depuis le début de l’année 2012 ont aussi été impliqués dans de nombreux abus graves. Les groupes islamistes ont commis des exécutions, des flagellations et des amputations en guise de châtiments, ont recruté des enfants au sein de leurs forces et ont détruit des sanctuaires religieux et des sites culturels. Des personnes de différents groupes ethniques ont aussi raconté à  Human Rights Watch qu’elles étaient préoccupées par le fait que les tensions ethniques étaient alimentées par la manipulation politique de l’ethnicité par certains dirigeants politiques et militaires. Ces personnes craignaient d’assister à  des incidents de punitions collectives et de violences ethniques meurtrières si les tensions n’étaient pas prises en main. Un aà®né songha௠ayant eu connaissance des listes de représailles a raconté à  Human Rights Watch : « Les milices comme les résidents locaux ont fait des listes de ceux qui devront payer… Qu’il s’agisse de rebelles, d’islamistes, de trafiquants de drogue ou de ceux qui ont profité personnellement de la souffrance des résidents, ils sont dessus. »

Côte d’Ivoire : La tension reste vive à Abidjan

Violences partisanes Depuis plusieurs semaines, les violences sont devenues monnaie- courante dans la capitale économique ivoirienne, Abidjan. Chaque jour qui passe apporte son lot de peines pour les populations d‘Abidjan. Les liquidités ne circulent plus dans ce pays qui a dans le passé connu la paix et la prospérité. Aujourd’hui, la paupérisation règne alliée à  une crise économique, issue des multiples sanctions prises par la communauté internationale à  l’encontre du régime de Gbagbo. Seules les banques nationales fonctionnent alors que les succursales internationales ont fermé leurs portes et les guichets automatiques ne fournissent plus de liquidité. Par ailleurs, les producteurs et exportateurs de la filière café-cacao ne cessent de crier leur ras le bol. Un embargo sur tous les produit a été décrété il y’a quelques mois par l’Union européenne, la CEDEAO et l’UEMOA sous l’impulsion du président Alassane Dramane Ouattara. Décision qui pénalise la majeur partie de la population tiraillée entre deux camps. Le 8 mars dernier, journée internationale de la femme, des partisanes du président Ouattara ont marché à  Abobo. Elles manifestaient leur soutien au président du rassemblement des Houphouetistes, marche pacifique qui s’est transformée en un bain de sang. Les forces de l’ordre proches de Gbagbo, n’ont pas hésité à  se ranger du côté des jeunes. Auparavant, sept autres femmes avait été tuées lors d’une marche de soutien à  ADO, des massacres condamnés par la communauté internationale. Des tirs entendus cette nuit à  Youpougon Ce week-end, d’autres affrontements ont eu lieu à  Abobo, le quartier partisan d’Alassane Ouattara. Là  encore, il y a eu des morts. Après Abobo, place à  Yopougon, la plus grande commune d’Abidjan favorable au chef du front populaire ivoirien( FPI). Selon RFI, des tirs ont été entendus dans la nuit du dimanche au lundi. En début de matinée, la circulation paraissait encore très timide, la psychose ayant gagné la majorité des habitants de ce quartier. Youpougon n’a jamais connu ce genre de situations auparavant. Selon certaines agences de presse, les tirs provenaient du quartier o๠le général Philippe Mangou, chef d’état-major des armées ivoiriennes, possède l’une de ses résidences. Jusqu’ici, aucune explication officielle n’a été donnée. Le général Mangou est soupçonné par des proches de Laurent Gbagbo d’être à  la solde du camp Ouattara. Chose qu’il a démenti en réaffirmant son soutien à  Gbagbo. Précisons que le général était un proche de l’ancien président Henry Konan Bédié qui s’est allié au RHDP et est présentement logé à  l’hôtel du golf. Il est fort probable qu’il regagne le camp ADO mais, rien n’est sûr pour le moment. Malgré tout, les affrontements continuent, les discussions également alors que l’Union africaine a reconnu Ouattara comme président légitime de Côte d’Ivoire. C’’était lors du sommet extraordinaire tenu la semaine dernière à  Addis-Abeba (Ethiopie) oà¹, Gbagbo s’est lui fait représenter.

Côte d’Ivoire: Fermeture des frontières et coupure des chaînes étrangères

Les ivoiriens coupés du monde Après quatre jours d’une attente de plus en plus lourde, le président de la CEI a proclamé la victoire de Ouattara aux dépens du président sortant, Laurent Gbagbo, crédité de 45,9% des voix. « La commission électorale indépendante a transmis au Conseil constitutionel, conformément à  la disposition légale en vigueur, les résultats qu’elle a enregistrés et validés, accompagnés de l’ensemble des procès-verbaux », a déclaré Youssouf Bakayoko, qui a rencontré les journalistes à  la surprise générale dans un hôtel d’Abidjan sous protection de l’Onu o๠Ouattara a établi son QG de campagne. Selon un diplomate occidental, Youssouf Bakayoko a choisi d’annoncer les résultats dans l’hôtel sous protection de l’Onu plutôt qu’au siège de la CEI par crainte pour sa sécurité.Mais le camp Gbagbo, qui réclame l’annulation des résultats dans quatre régions du Nord, fief de Ouattara, a réagi en affirmant que ces résultats provisoires n’avaient pas de « validité juridique ». Proche allié du président sortant Laurent Gbagbo, Paul Yao N’Dré, président du Conseil constitutionnel (organisme qui doit ratifier le résultat afin qu’il soit valide), a assuré que l’annonce faite par la Commission électorale indépendante (CEI) était illégale car elle était intervenue après l’expiration du délai prévu, mercredi à  minuit. Un peu plus tard, l’armée ivoirienne a fermé « jusqu’à  nouvel ordre » les frontières terrestres, aériennes et maritimes du pays, sans donner d’explication. Cafouillage médiatique Alors que la Côte d’Ivoire finit à  peine d’écouter ce jeudi après-midi, sur la RTI, la télévision nationale, le président du Conseil constitutionnel Paul Yao N’Dré annoncer que la population devra encore patienter avant d’avoir les résultats de l’élection présidentielle, sur la chaà®ne d’information internationale France 24, bientôt relayée par les autres médias français, Alassane Ouattara est déclaré vainqueur du scrutin avec 54, 1% des voix. Pourquoi un tel télescopage ? Pourquoi la diffusion de deux informations contradictoires sur un média national et un média français ? Le choix du président de la Commission électorale indépendante (CEI), Youssouf Bakayoko, de sortir des locaux de son institution pour s’exprimer librement face aux journalistes de la presse internationale, et leur déclarer que le candidat du Rassemblement des houphouà«tistes pour la démocratie et la paix (RHDP) a gagné, est lourd de sens. Exfiltré quelques minutes plus tard sous une solide escorte – plus d’une centaine de casques bleus l’ont accompagné à  l’aéroport international d’Abidjan –, son acte prouve qu’il a nécessité une réelle dose de courage. Les images de son porte-parole, Bamba Yacouba, tentant vainement mardi soir de proclamer les résultats, et se faisant arracher ses notes par un autre membre de la CEI, gros bras de La majorité présidentielle (LMP), la formation de Laurent Gbabgo, ont fait le tour du web. Que France 24 ait proclamé Alassane Ouattara vainqueur après l’annonce faite par Youssouf Bakayoko, et sans signaler dans un premier temps la position du Conseil constitutionnel, donne du grain à  moudre au camp Gbagbo. En effet, la position qu’il a longtemps défendue, à  savoir la volonté de la France de l’éliminer du sommet de l’Etat, se trouve confortée. Il pourra donc à  loisir développer l’idée que l’ordre « impérialiste » veut s’imposer coûte que coûte dans son pays. L’organisme de régulation des médias a d’ailleurs fait savoir dans la soirée d’hier qu’il suspendait la diffusion en Côte d’Ivoire des médias étrangers dont la chaà®ne française Canal Plus Horizon. France 24 et RFI n’étaient plus diffusées non plus. « Dans un souci de sérénité » ont déclaré les autorités ivoiriennes. L’attente contrinue donc, le Conseil constitutionnel dispose d’un délai de sept jours pour fournir une totalisation définitive des voix exprimées le 28 novembre mais N’Dré a indiqué que les résultats définitifs pourraient être communiqués dans les heures à  venir.

Présidentielle en Guinée : Montée de tension à quelques jours du scrutin

La CENI rencontre les deux camps Fixé par la commission électorale indépendante (CENI), avec l’aval des deux candidats finalistes (Alpha Condé et Cellou Dalein Diallo), et de tous les acteurs de la vie politique guinéenne, le scrutin présidentiel guinéen doit se tenir dimanche prochain. Ce scrutin il faut le rappeler, a été reporté deux fois et au vu des tensions de ces dernières semaines, certains observateurs nationaux craignent un nouveau report.La commission électorale a rencontré ce lundi, les deux états majors de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) et le rassemblement du peuple de Guinée (RPG). Rappelons que la semaine dernière, des violences avaient éclaté entre partisans de Condé et Diallo dans la haute Guinée, fief d’Alpha Condé. Ces affrontements ont contraint des milliers de personnes de la mouvance Diallo, à  fuir les lieux, fautes de représailles. Ainsi donc, l’UFDG se dit inquiète du vote de ses partisans qui craignent le retour au bercail. Suite à  ces violences, les autorités avaient appelé au calme et à  la retenue. Le médiateur burkinabé Blaise Compaoré avait même effectué le déplacement à  Conakry afin de s’assurer que les deux candidats respecteront la bonne tenue du scrutin. Il les a rencontré séparément et a eu la garantie que tout se passerait pour le bien de la Guinée et des guinéens. Mais à  peine celui-ci parti, les problèmes ont repris. Dans le souci d’assurer le second tour dans les meilleures conditions, la CENI a demandé l’aide du gouvernement afin qu’il puisse sécuriser les lieux de vote. Elle propose également que les déplacés aient la possibilité de voter o๠ils se trouvent. Il leur suffirait simplement de justifier leur inscription sur les listes électorales. Le camp de Cellou Dalein estime que si le gouvernement accepte de jouer la carte de la neutralité et d’assurer la sécurité de tout le monde, il ira au vote. Sinon dans le cas échéant, il n’est pas question d’aller à  l’abattoir. C’’est selon l’UFDG, une question fondamentale pour le maintien de la date du 8 novembre. Par ailleurs, le RPG craint que son adversaire ne fasse de cette histoire, un prétexte pour ne pas aller au vote ou, dénoncer la bonne marche du scrutin. l’un des partisans d’Alpha Condé estime que « tous ces militants-là  n’ont pas quitté, déserté la Haute-Guinée du jour au lendemain, sous prétexte qu’ils sont terrorisés. Il est important que l’alliance remplace ses assesseurs, ses délégués, par des personnes qui sont là . Et l’Etat doit prendre la garantie de les sécuriser. Je pense qu’on ne peut pas en faire un prétexte pour ne pas être présent.». Juste à  preuve du contraire, le scrutin du dimanche est maintenu. La campagne continue dans les deux camps qui regardent en chiens de faà¯ence.