Burkina Faso : ouverture du procès sur l’assassinat de Thomas Sankara

Le procès sur l’assassinat du président Thomas Sankara et douze de ses compagnons s’est ouvert ce lundi 11 octobre 2021 à Ouagadougou, trente quatre ans après les faits. Quatorze personnes dont l’ancien président Blaise Compaoré doivent être jugées pour « attentat à la sûreté de l’État », « complicité d’assassinats » et « complicité de recel de cadavres ». Principal accusé, M.Compaoré est absent. Dans un communiqué diffusé la semaine dernière, ses avocats ont dénoncé une « carence » de la juridiction d’instruction qui « ne l’a jamais convoqué pour un interrogatoire et ne lui a jamais notifié un acte sinon sa convocation finale devant la juridiction de jugement ».

Blaise Compaoré, en exil à Abidjan depuis sa chute du pouvoir le 31 octobre 2014, sera jugé par contumace, ce sera aussi le cas le fugitif Hyacinthe Kafando, chef présumé du commando à l’origine du massacre du 15 octobre 1987.

Son ancien homme de main, le général Gilbert Diendéré aussi à la barre purge déjà une peine de 20 ans de prison dans le procès du putsch de septembre 2015.

15 octobre: 30 ans après, Sankara…

Le 15 octobre 1987, le Capitaine Thomas Sankara tombait sous les balles de ses frères d’armes. Pendant les  quatre années qu’il a dirigé son pays, le célèbre capitaine au béret rouge a incarné l’idéal révolutionnaire, qui continue de faire rêver, trente ans après sa disparition.

Inauguration d’un monument dédié à Thomas Sankara
En souvenir de l’ancien homme fort du Burkina Faso, révolutionnaire et visionnaire, sa localité d’origine lui a rendu hommage. Un monument à l’effigie de Thomas Sankara a été inaugurée ce 14 octobre 2017 à Tema Bokin dans la Province de Passoré, localité natale de l’ancien président et père de la Révolution burkinabé.
L’oeuvre est réalisée à proximité de la  » cour » (domicile privé) inachevée du jeune capitaine et chef de l’Etat burkinabé d’alors.

Trente ans après la mort de Sankara, des zones d’ombres et la vérité sur cet et ses « véritables » commanditaires  ne sont pas toujours connus.

Les « Héritiers de Thomas Sankara », 29 ans après…

Le 15 octobre 1987 disparaissait Thomas Sankara, président du Burkina Faso de 1983 à 1987. Après la chute du régime de Blaise Compaoré en 2014, une ère de vérité s’est ouverte et des voix émergent pour exiger la justice sur la mort tragique et encore non élucidée du père de la révolution burkinabè.

Le 4 août 1983, un coup d’État mené par 4 jeunes sous-officiers, intervenait en Haute-Volta. À leur tête, le capitaine Thomas Sankara, ancien secrétaire d’État à l’Information et fugacement Premier ministre, proclamait la révolution démocratique et populaire qui devait faire de ce pays devenu le Burkina Faso en 1984, un modèle de refus de l’impérialisme occidental. Mais le 15 octobre 1987, il fut assassiné avec certains de ses collaborateurs. Si son frère d’armes, Blaise Compaoré, qui prit le pouvoir à sa suite, fut toujours soupçonné d’en être l’instigateur, 29 ans après les faits, l’opinion s’impatiente de connaître la vérité.

Une icône En quatre ans, le « Che Guevara africain » a su définir un système basé sur la valorisation et la consommation des produits locaux.  La probité exemplaire de Sankara et les circonstances de sa mort, ont fait de lui une icône sur le continent. Tous ceux qui se réclament de son héritage exigent la justice, d’où le symposium du 2 octobre dernier, en prélude à la construction du mémorial Thomas Sankara, qui a réuni à Ouagadougou plus de 3 000 jeunes venus du Burkina et de la sous-région, appelés les « Héritiers de Thomas Sankara ». « Nous ne réclamons pas la justice, nous l’exigeons, parce que Thomas est mort pour nous », a lancé Fadel Baro, leader du mouvement sénégalais « Y’en a marre », lors du rassemblement.

Les évènements du 15 octobre 1987 sont restés tabous durant les 27 ans de règne de Blaise Compaoré. À sa chute, le gouvernement de transition a relancé l’enquête, mais rien n’a pour le moment évolué.. Blaise Compaoré, en exil en Côte d’Ivoire, est devenu citoyen de ce pays, et donc probablement intouchable. « Ceux qui ont tué Thomas Sankara ont oublié que la violence du vent n’efface pas les traces de léopard », déclarait pourtant Tahirou Barry, ministre de la Culture.