Mopti : Tensions autour des bourgoutières

Privée de son bien Les tensions consécutives à  l’attribution des bourgoutières couvent encore dans le milieu des éleveurs au Mali. Le cas d’espèce qui nous est soumis étend ses origines depuis le temps colon. Ce cas figure risque aujourd’hui de dégénérer en un conflit inter-ethnique si les autorités administratives de la localité venaient à  échouer dans leur médiation. A la fin des années 50, la famille Tiambawel est dépossédée de son bien le plus précieux, son « Bourgou » à  Dialloubé. En effet, à  cette période, Dialloubé venait de connaitre son tout premier chef d’arrondissement. Choisi dans le rang des Bocoum, ce dernier, prénommé M’Body n’a pas hésité à  servir d’abord sa famille aux risques et périls des autres, et particulièrement la famille Tiabawel. Grande famille d’éleveurs, ils sont du jour au lendemain privés de leur pâturage naturel, pourtant exploité depuis un demi-siècle. D’une superficie de plusieurs hectares, ledit bourgou permettait de nourrir chaque jour des milliers de têtes d’animaux. « Ce bourgou est bel et bien le nôtre » dixit Aly SIDIBE Contrairement à  ce que prétendent les Bocoum, la lignée de Tiambawel a bel et bien continué. l’appartenance de ce bourgou est prouvée par le fait que « son vrai propriétaire est Bella Haboussa Oumarou dit Ardo Macina. Ce dernier a laissé six héritiers dont Tiambawel. Avant son décès, Tiambawel a, à  son tour, attribué à  chacun de ses héritiers un troupeau et un Bourgou», a confié Aly Sidibé, porte-parole de la famille Tiambawel et descendant des Tiambawel. Se voyant déshéritée de force, C’’est dans la solidarité que toute la famille Tiambawel s’est regroupée pour porter plainte au niveau des autorités administratives. En 2008, les Tiambawel ont décidé de prendre le taureau par les cornes. Pour ce faire, ils ont usé de plusieurs voies de recours qui se sont avérées infructueuses. En ce sens que, jusqu’ici, les négociations ont toujours été aux dépens de la famille Tiambawel. N’ayant pu digérer son mal, cette dernière se dit, aujourd’hui, déterminée à  pousser jusqu’au bout pour que justice soit faite, et que son « Bourgou » lui revienne. Accès interdit au bourgou Les Tiambawel sont amers. Après avoir pu finalement reconstituer son cheptel, la famille s’est vue refusé le droit de revenir avec ses troupeaux sur ses terres.. « Du 1er au 30 décembre, il y’ aura un évènement à  Kamaka, dans l’arrondissement de Togéré Koumbé. Cet évènement est en train d’être monté par la famille Bocoum pour contrecarrer notre projet de faire descendre nos animaux dans ledit bourgou », a confié Aly Sidibé. La famille Tiambawel est à  présent plus que décidée à  faire face et à  revendiquer son droit. Le poids de l’adversaire ne lui fait pas peur. Il est vrai que le sieur Ousmane Bocoum jouit d’une grande influence dans la région. En effet, cet homme, non moins fonctionnaire à  la CEDEAO, a usé de tous les moyens pour tenter d’intimider les autorités administratives locales dans la gestion de l’affaire. Pourvu que ces derniers ne se laissent pas faire en sacrifiant justice et équité.