Tiéman H. Coulibaly : «Nous sommes en alerte maximale»

Journal du Mali: Des opérations anti-terroristes sont en cours depuis quelques jours au Mali. Pourriez-vous nous dire ce qui se passe exactement sur le terrain ? Tiéman Hubert Coulibaly : Il y a des opérations anti-terroristes qui se déroulent effectivement dans le sud depuis quelques temps, suite à  l’attaque de la localité de Misseni. Nous avons dépêché non seulement des renforts, mais aussi déployé une opération sur la base d’un concept bien étudié. Ces opérations sont conduites par le Chef d’à‰tat-Major Général des Armées, dont l’adjoint s’est rendu immédiatement sur zone afin de réorganiser les troupes et donner une réponse adéquate à  la menace qui s’est clairement exprimée là -bas. Aujourd’hui, il y a des acquis en terme opérationnel. Nous avons pu mettre un coup d’arrêt aux ambitions de ce groupe. D’ailleurs, du matériel, non seulement roulant mais aussi des armes et divers objets, a pu être récupéré dans la forêt de Sama, suite à  une offensive qui nous a permis de démanteler un camp refuge dans cette forêt de 13 500 hectares qui est très dense, sachant que la pluie a rendu le terrain difficile. Mais je pense que les acquis, au moment o๠je vous parle, sont positifs. Cela dit, il faut bien lire la situation. Le développement de cette menace dans le sud du Mali touche aussi le nord de la Côte d’Ivoire, certainement l’est de la Guinée, et peut-être l’ouest du Burkina Faso. Il faut dire clairement que le projet politique de ces groupes-là  est de s’opposer à  notre mode de vie démocratique, tolérant, moderne, ouvert sur le monde, et que pour cela, ils sont prêts à  déstabiliser tous nos à‰tats. Je me suis rendu en Côte d’Ivoire afin de mettre en place une plate-forme de coopération permettant d’optimiser l’articulation de nos forces à  nos frontières. Bientôt je me rendrai en Guinée parce qu’une menace s’était profilée à  Yanfolila qui est un peu la ville jumelle de Mandiana en Guinée. Nous avons dépêché une compagnie d’intervention rapide de la Garde nationale, en collaboration avec nos frères et partenaires de la Guinée, pour circonscrire les velléités qui voulaient s’exprimer dans cette partie du Mali. Donc au final, nous sommes en alerte maximale, partout sur le territoire national. Quel est l’objectif de ces groupes terroristes que vous traquez ? Les développements au sud doivent être lus comme une suite du projet terroriste qui s’était adressé à  la ville de Konna en 2013 et qui a été arrêté. Ces groupes n’ont pas démordu et entendent opposer leur volonté politique, au moyen de la violence, à  la nôtre. Nous sommes l’à‰tat, nous sommes l’armée, nous seuls avons sur notre territoire, le monopole de la violence. C’’est l’à‰tat qui peut déployer une violence légitime et légale et C’’est à  cela que nous sommes appelés face à  ces groupes-là . Cela demande beaucoup de cohésion, une meilleure organisation de nos forces de défense et de sécurité, qui doivent intégrer l’élément terroriste dans les pratiques quotidiennes de gouvernance. Cela demande une conscience aigà¼e des populations qui doivent collaborer avec les forces de défense et de sécurité, pour que nous soyons non seulement en symbiose avec nos populations, mais aussi qu’elles nous aident au moyen de renseignements immédiats, de coopération sur le terrain et d’accueil de nos forces. à‰videmment cela demande aussi que ces forces aient un comportement irréprochable vis-à -vis des populations pour que cette guerre aboutisse à  une victoire pour le Mali. Quel accueil font les populations aux militaires ? Elles qui n’étaient pas habituées à  ce genre de situation de menace et d’activités djihadistes. Aujourd’hui, ça se passe très bien. Les populations, nous le constatons, ont une confiance renouvelée en leur armée et nous voyons l’appréciation positive qui est faite de l’engagement clair de nos forces de défense et de sécurité à , non seulement faire face aux attaques et à  les traiter convenablement, mais aussi à  engager par moment des poursuites pour traquer et détruire le dispositif terroriste. Nous voyons que les populations, partout sur le territoire, manifestent un soutien à  nos forces armées. Vous évoquez les groupes djihadistes qui menacent le Mali. Quels sont-ils ? Vous savez, Ansar Dine, MUJAO, Boko Haram, Ansar Al Charia, GSPC dans le temps, AQMI, Daesh…C’’est du terrorisme, prenant pour prétexte l’islam. Je vous ai dit que dans le fond, ils veulent s’opposer à  une manière de vivre. Alors quelque soit leur nom ou l’enseigne devant leur crémerie, le principe est le même : s’attaquer à  un à‰tat légitime, faire peur à  des populations afin de leur imposer leur volonté. Et pour certains, leur volonté est non seulement d’asservir le peuple, mais aussi d’avoir un territoire à  leur disposition de manière à  répondre favorablement et efficacement aux sollicitations de leurs complices narcotrafiquants. Je vous inviterais à  analyser les zones d’activité de ces terroristes, que ce soit au nord du Mali, au sud de la Libye, en Egypte et dans cet axe dans le sud du Mali. Ma thèse est qu’un nouvel arc de fragilité de nos à‰tats est en train de se tracer sur cette ligne qui part de la Guinée à  l’est, en passant le Mali au sud, la Côte d’Ivoire au nord, le Burkina à  l’ouest, et jusqu’au Niger sur toute la zone qui concerne Niamey et la zone frontalière avec la Libye. Dans la partie qui concerne le Mali, le Burkina, la Côte d’Ivoire, la Guinée, et on peut pousser jusqu’au Sénégal oriental, il y a un élément intéressant qui est lié à  l’activité d’orpaillage. Si nous essayons de rapprocher les sites o๠nous avons identifié ou soupçonné un passage de ces groupes terroristes, nous nous rendons compte que cela correspond à  des sites d’orpaillage. Donc, il faut que nous y fassions très attention. Je prétends que ces sites d’orpaillage sont en train de devenir des sources de financement pour des activités terroristes. Autrement dit, ils se servent dans notre sous-sol, ils prennent notre or alluvionnaire et se financent là -dessus. Ce n’est plus uniquement les activités de trafic de drogue ou les prises d’otage qui aujourd’hui financent ce grand terrorisme-là . Les sites d’orpaillage sont donc des éléments à  surveiller de très près. Il apparait que plusieurs de ces djihadistes sont des Maliens, des gens qui se sont radicalisés au sein de leurs communautés. Comment l’armée malienne gère-t-elle cela ? Nous aurons les mêmes modes opératoires que tous les autres pays. La difficulté du terrorisme, C’’est bien cela. Il ne s’agit pas d’une armée qui vient d’ailleurs et nous attaque à  nos frontières. Il s’agit d’un ennemi qui est parmi nous et qui peut s’exprimer n’importe o๠et à  n’importe quel moment. Cette expression violente sur base confessionnelle a été nourrie patiemment dans beaucoup de nos pays. Les adhérents à  ces thèses radicales et excluantes sont au Mali depuis très longtemps, depuis l’époque de l’administration coloniale. Il y a eu des épisodes o๠des membres de certaines confréries ont du se cacher dans des puits parce qu’ils étaient traqués par l’administration coloniale. Donc il y a eu une sédimentation pendant toutes ces années, et un contexte international favorable à  leur éclosion, avec ce qui s’est passé en Libye et ses conséquences. Il y aussi les faiblesses internes de nos à‰tats post-coloniaux et leurs difficultés à  prendre en charge nos problèmes. C’’est un ensemble de choses qui font qu’aujourd’hui, nous devons changer de posture. En matière de gouvernance, de règles de gestion publique, en matière de comportement social y compris de la classe dirigeante, et sur ce point-là  J’adhère totalement aux positions prises de manière claire par le président de la République, par rapport à  l’orthodoxie dans la gestion. Tout cela fait partie de l’arsenal pour faire face au terrorisme et à  la déstabilisation intérieure. Qui sont les quinze individus arrêtés la semaine dernière à  la frontière avec la Côte d’Ivoire ? Ce sont des membres de la Dawa, une organisation à  propos de laquelle nous nous posons de plus en plus de questions. Il y a des Maliens, des Franco-maliens, des Français, des Mauritaniens. C’’est un dossier qui est pris en charge par des services spécialisés. Ce que je peux vous dire, C’’est qu’ils étaient en Côte d’Ivoire et qu’ils ont passé la frontière parce que les prêches, qui étaient de plus en plus violents, ont été interdits là -bas. à€ quand une telle mesure au Mali ? Cela est du ressort du ministre de l’Administration territoriale, et de manière collatérale de celui de la Sécurité. Nous, à  la Défense, nous pensons que les décisions administratives qui doivent être prises de manière à  circonscrire et à  réduire les opportunités d’initiatives pour les terroristes et mettre un frein à  la prospérité de leur idéologie, sont bonnes à  prendre. Vous avez évoqué les récentes actions que nos FAMa ont menées avec succès. Peut-on aujourd’hui dire que l’armée se porte mieux ? Vous savez, une armée est souvent le reflet, l’image de sa société. Nous faisons beaucoup d’efforts, en demandant aux chefs de corps de veiller au comportement individuel de chaque soldat. Bien entendu, cela ne peut avoir de résonance crédible que si la haute hiérarchie militaire et politique a elle aussi un comportement irréprochable dans son action de tous les jours et vis-à -vis de la troupe. La troupe entendra le message de manière claire si elle aussi a l’impression que ses problèmes sont pris en charge de manière résolue par la hiérarchie. Elle nous écoutera attentivement si elle a l’impression que nous nous soucions d’elle. C’’est le cas aujourd’hui. Nous nous soucions des soldats, de leurs conditions de vie, de celles de leurs familles, de leurs carrières dans l’armée, et éventuellement de la continuation de leur vie de citoyen après l’armée. La Loi d’Orientation et de Programmation Militaire (LOPM) donne sur une période de cinq ans un certain nombre de moyens, de manière à  améliorer les conditions de vie du soldat malien, ses capacités opérationnelles, les relations entre le commandement et la troupe en renforçant les formations, y compris pour les responsables, en matière d’éthique, de comportement, en matière de renforcement de la chaine de commandement et du pouvoir positif des chefs sur la troupe. Bref, tout un environnement qui fera que la confiance sera renforcée au niveau du soldat. Je pense qu’il y a aujourd’hui un état d’esprit positif. Car nous nous battons pour le niveau d’équipement, les capacités de se mouvoir sur terre et dans les airs, à  travers des solutions pour améliorer l’aéromobilité de notre armée. Tout cela est important. Mais le plus important, C’’est l’état d’esprit. Nous nous battons pour le drapeau. Est-ce que les chefs qui nous dirigent sont des chefs en qui nous avons une confiance claire ? C’’est tout cela qui fait que l’armée devient un tout cohérent mais surtout un tout efficace. Le travail a commencé et je crois que les résultats que nous avons eu sur le terrain prouvent qu’il y a l’amorce d’un mieux-être. à€ propos des moyens aériens, des annonces ont été faites il y a quelques semaines. O๠en est-on ? Avec la société brésilienne Embraer, nous avons signé un contrat pour l’acquisition d’un certain nombre d’aéronefs. Ce sont des avions d’attaque légers qui ont des capacités de feu et de surveillance. Nous avons besoin de surveiller le territoire, qui est vaste, avec des lignes de frontière très longues, et en matière d’opérations, nous avons de très importantes élongations : par exemple, 1 200km d’un point de surveillance à  un autre. Pouvez-vous nous dire quand ils seront livrés ? Très bientôt. La procédure n’est pas totalement bouclée. Le Mali n’a pas beaucoup de moyens et ces équipements coûtent cher. Ce que je peux vous dire, C’’est que le contrat est signé mais il y a encore des étapes à  boucler afin de le rendre totalement opérationnel. Nous espérons finir cela rapidement afin que l’armée de l’air puisse remplir son contrat opérationnel dans les mois à  venir. De combien d’hommes l’armée malienne est-elle composée ? Beaucoup et pas assez. Beaucoup, parce que le pays a peu de moyens. Mais pas assez, parce que le territoire est vaste et qu’il nous faut davantage d’hommes pour en assurer la sécurité. Nous avons un plan de recrutement qui va commencer dans quelques jours pour la gendarmerie, l’armée de terre, l’armée de l’air, pour laquelle il faut de l’expertise, mais aussi pour la Garde nationale qui est une arme extrêmement importante dans notre dispositif de défense des frontières. Un gros contingent va être recruté cette année. En l’état actuel de la situation, je ne souhaite pas vous donner de chiffres car un travail est en cours sur ce thème. Nous aurons l’occasion d’en reparler. Quelles sont les dispositions que prévoit l‘accord de paix concernant les ex-combattants des groupes armés ? D’abord, permettez-moi de dire que je me réjouis de la signature de cet accord de Bamako, préparé à  Alger mais signé à  Bamako. Je vous confirme que dans sa mise en œuvre, le ministère de la Défense est en première ligne. Déjà  pour faire en sorte que la cessation des hostilités et le cessez-le-feu deviennent une constante. Deuxièmement, pour contribuer à  ce que les éléments qui ont été faits prisonniers de part et d’autre soient libérés pour ceux d’entre eux qui sont libérables. Et troisièmement, pour faire fonctionner les différents outils, comité de suivi et comité technique sur le terrain, pour que la sécurité dans toutes les zones qui ont été soumises au conflit et celles o๠un potentiel d’insécurité ou de violence résiduelle pourraient s’exprimer, puissent bénéficier d’une protection par les forces armées maliennes mais aussi par les éléments des groupes armés qui aujourd’hui adhèrent sincèrement à  l’accord. Parce que bien souvent, il s’agit d’éléments ressortissants de ces zones, qui eux-mêmes ont intérêt à  ce que leurs familles et leur entourage bénéficient du maximum de protection pour faciliter le retour à  la vie normale, le retour des réfugiés. Et là  peut commencer une fraternité d’armes renouvelée. Alors, au bout de ce genre de crise, d’épisodes violents, il y a le processus communément désigné par l’acronyme DDR (Démobilisation Désarmement Réinsertion). C’’est le C’œur du mécanisme de mise en œuvre de l’accord, et à  mon avis, l’adjuvant principal pour atteindre la paix. Il faut réussir ce processus, pour éviter une rechute, pour éviter la production de nouveaux éléments « crisogènes ». C’’est ainsi que le ministère de la Défense a travaillé en interne pendant plusieurs mois sur sa conception et sa vision du processus DDR. Nous avons fini la semaine dernière et J’ai écrit au Premier ministre pour lui transmettre notre vision sur la manière dont devrait se dérouler ce processus pour que les chances de réussite soient optimisées. Cela nécessite beaucoup de moyens. Il faut commencer par les sites de cantonnement, pour identifier qui est qui, qui est combattant, de quelle obédience, qui veut faire quoi pour la suite, dans la mesure o๠nous avons décidé de mettre fin à  toutes les violences. Qui veut devenir soldat dans l’armée malienne pour servir le Mali, qui veut devenir cordonnier, maçon, ingénieur etC’…Et puis, il y a le filtre sanitaire. Il faut impérativement que tous ces combattants soient évalués sur le plan sanitaire pour ensuite voir comment les orienter vers une vie coupée de la violence. Certains vont être intégrés, voire réintégrés dans l’armée. Ne craignez-vous pas que cela passe mal au niveau des troupes ? C’’est un processus qui peut évidemment, comporter des volets difficiles, psychologiquement douloureux. Le président de la République a donné un exemple à  chacun d’entre nous, quand le 15 mai l’accord a été signé et quand le 20 juin il a été complété par les autres signataires. Vous avez vu des images o๠des hommes sont tombés dans les bras les uns des autres, alors que juste avant, ils avaient du mal à  se serrer la main. Ils ont partagé un repas. Aujourd’hui, nous enregistrons la présence à  Bamako des chefs de groupes armés qui, il n’y a pas si longtemps, étaient en rupture totale avec l’à‰tat du Mali. Donc, la paix, nous devons l’accepter et la reconnaà®tre, nécessite de nous un effort d’oubli de soi, un effort d’accepter celui qui, il y a peu, était considéré comme un irréductible ennemi. Ces aspects psychologiques douloureux qui s’adressent au premier chef à la troupe, doivent être pris en charge. D’abord par le ministre de la Défense, qui est l’autorité politique de premier plan, puis par la hiérarchie militaire et tout l’environnement gouvernemental pour que ceux dont nous partageons définitivement la douleur d’avoir perdu des frères d’armes dans des conditions particulièrement traumatisantes, soient accompagnés de manière à ce que ces épisodes puissent être surmontés. Ces efforts, nous devons les faire. Et nous ferons en sorte que cela ne devienne pas un élément de rupture ou de perturbation de la construction de notre armée. Il est normal que dans un tel processus il y ait des craintes, une peur de rechute et même des phénomènes de refus. Mais notre rôle est de les traiter. Est-ce que la paix dans notre pays vaut la peine que nous engagions ce travail y compris au niveau de la troupe? Je pense que oui ! Je pense que les jeunes qui aujourd’hui défendent notre pays dans les rangs de l’armée ont des ressources psychologiques et civiques assez poussées pour comprendre que pour que l’essentiel demeure, il faut souvent que quelque chose change. Il y a des groupes armés indépendantistes et ceux dits loyalistes. Ces derniers auraient des liens de connivence avec le gouvernement malien. Que répondez-vous à  ceux qui vous accusent d’avoir sous-traité la guerre ? Ni le Mali, encore moins l’armée, n’a de connivence avec qui que ce soit ! Si les groupes armés ont décidé d’exister et de se ranger du côté de la patrie, C’’est eux qui le disent. Ce n’est pas le gouvernement qui les a créé et le gouvernement n’a initié aucune opération ni pris aucune décision en ce qui concerne la création de ces groupes. De la même manière que certains ont pris les armes contre l’à‰tat malien, ces groupes qui se disent patriotes ont été créés. Pourquoi fait-on un procès au gouvernement du Mali ? A-t-on fait un procès à  ceux qui pourraient être les parrains ou les soutiens des groupes qui attaquaient le Mali ? Ce débat est terminé et les DDR concernent tous les combattants, y compris ceux des groupes armés dits patriotes. Beaucoup de Maliens pointent du doigt la présence de troupes étrangères, MINUSMA et Barkhane, sur le territoire malien. Comment se passe aujourd’hui la coopération avec les FAMa ? Notre pays est un grand pays, et un terrain difficile. Les réalités géographiques, les aspects de relief et même climatiques sont très différentes. Et cela a une influence sur les modes opératoires, les postures à  prendre dans telle ou telle partie du pays. Il n’est pas toujours évident pour des intervenants extérieurs de s’adapter au terrain malien. La Force Barkhane est une force issue d’une armée qui connait cette zone, pour avoir été une armée coloniale il y a quelques années. Il y a une tradition méhariste, etc… Ce n’est pas forcément le cas pour les autres. Barkhane est installée là oà¹vous savez, a la mission qui est la sienne, et qui consiste à  tout faire pour réduire les forces terroristes dans cette partie de l’Afrique et pas seulement au Mali. Et, à  mon avis, elle fait très bien son travail. Notre collaboration se passe bien en tous points de vue. C’’est une coopération opérationnelle, qui nous amène à  faire des missions conjointes de surveillance, de patrouille et nous apprenons beaucoup des amis de Barkhane. Bien entendu, il y a des aspects techniques, opérationnels, politiques et de coopération qui peuvent s’améliorer chemin faisant, rien n’est facile. Il faut toujours travailler afin que tout se passe bien. Et qu’avez-vous à  dire sur l’action de la MINUSMA ? En ce qui concerne la MINUSMA, nous avons vu les conditions dans lesquelles cette force a été créée et déployée dans le cadre de la stabilisation du Mali. Dans une autre vie, J’ai été un peu proche du dossier, ça n’a pas été un déploiement facile. La génération des forces a été difficile. Les pays contributeurs dans le cadre des Nations unies, agissent souvent suivant des réalités détachées du terrain. Cela dit, la MINUSMA paie un lourd tribut au Mali. Il y a quelques jours, nous avons été particulièrement bouleversés par l’assassinat lâche de six de ces soldats de la paix qui étaient originaires du pays frère du Burkina Faso. Je pense que rarement l’émotion et la colère nous ont autant étreints qu’au cours de cette cérémonie d’adieu à  ces jeunes. Alors il faut saluer toutes les composantes de l’outil de construction de paix, de sécurisation et de stabilisation de notre pays, Barkhane et la MINUSMA. Mais alors comment améliorer la coopération pour éviter cela ? Maintenant, au quotidien, nous devons faire beaucoup d’efforts avec la MINUSMA, pour la sécurisation, notamment des convois. Entre Douentza et Gao, Douentza et Tombouctou, aujourd’hui ce sont les FAMa qui le font. Nous pensons que nous arrivons à  un moment o๠il faut avoir des dispositifs de sécurisation, soit conjoints ou mixtes, des convois humanitaires, d’approvisionnement de ces villes-là  et même d’approvisionnement des troupes de la MINUSMA. Vous savez, la construction de la paix et la stabilisation comportent des éléments qui sont d’un point de vue technique, extrêmement difficiles. C’’est la lutte contre tous les dispositifs explosifs qui jalonnent notre territoire, je veux parler des mines. Nous allons devoir engager une grande opération de déminage. Sinon, pendant que nous sommes engagés à  mettre en œuvre l’accord, nous allons continuer à  perdre des soldats mais aussi et surtout des citoyens parmi lesquels il y aura des enfants. J’ai l’intention de solliciter nos amis de la MINUSMA et les autres, pour qu’en marge de la mise en œuvre de l’accord, nous puissions garantir la sécurité des populations de ces zones qui sont aujourd’hui truffées de ces engins explosifs. Ménaka a été un point névralgique ces derniers temps. Quelle est la situation là -bas, et qui assure la sécurité des habitants de la ville aujourd’hui ? On a voulu faire de Ménaka un point névralgique. Il ne s’est rien passéà Ménaka. à‰videmment, il y a eu l’attaque de la Plateforme contre la CMA, mais il y en a eu sur d’autres points du territoire, il faut le dire. On a voulu en faire un élément de blocage de l’avancée vers la paix et ce n’est pas le fait des groupes armés, C’’est le fait d’autres acteurs. On parle du retour de l’armée malienne à  Ménaka, mais l’armée malienne n’a jamais quitté Ménaka ! C’’est une fausse information, délibérément mise en avant pour brouiller la compréhension de l’opinion que de dire que l’armée malienne est retournée à  Ménaka, qui plus est, trop vite. C’’est vraiment une manipulation de la réalité. Suite aux évènements de Kidal, l’armée s’est auto-cantonnée pour donner un maximum de chances aux efforts des amis du Mali, et plus particulièrement à  ceux du président mauritanien Abdel Aziz qui, à  l’époque, était le président en exercice de l’Union africaine. Il a mis de son temps, de son énergie pour obtenir un arrêt des hostilités. à€ ce jour, l’armée malienne a observé avec une stricte rigueur les dispositions de cet accord de cessez-le-feu et de cessation des hostilités. Cela n’a pas étéle cas pour tous les acteurs. Voudriez-vous que J’évoque Agouni, dont le maire fut chassé et un drapeau autre que celui du Mali planté ? Faut-il que je parle de ce qui s’est passé à  Nampala, à  Léré, à  Diabali, et aux environs de Ménaka, Tin Fadimata, etc ? Le cessez-le-feu a été violé depuis sa signature peut-être une trentaine de fois. Pourquoi a-t-on voulu faire un cas de Ménaka ? l’armée s’est auto-cantonnée pour donner du poids à  ce que le chef d’à‰tat d’un pays frère et ami était venu construire dans notre pays. Et quand l’accord a été signé, l’armée, seule force autorisée à  porter des armes et à  déployer la violence légitime sur le territoire, s’est redéployée avec l’accord de nos partenaires. Donc, aujourd’hui, Ménaka est sécurisée par nos forces et la MINUSMA. l’accord de coopération militaire avec la France a fait couler beaucoup d’encre. Certains reprochent aux autorités d’avoir cédé une partie de la souveraineté militaire du Mali, voire certaines de ses bases, à  l’ancienne puissance coloniale ? Ce n’est pas exact. Aucune base malienne n’est utilisée ni occupée par la France. Vous savez, les mots ont leur sens et ont un retentissement particulier au sein de l’opinion. Donc il faut que nous soyons justes. Le camp Barkhane de Gao a fait l’objet de l’attribution d’une cinquantaine d’hectares. Il a été construit de tentes et de matériels précaires. Le camp de l‘armée malienne est occupé par l’armée malienne. J’y étais il y a quelques jours, croyez donc les assertions de celui qui a vu. Tessalit, je n’ai pas encore pu y aller pour des raisons évidentes. Il fallait éviter de rééditer un certain épisode. Mais J’irai bientôt car nous y avons un détachement qui occupe sa position. Nous y avions également du matériel qui est en train de redescendre à  la faveur de l’accord. Comment pensez-vous, qu’un pays étranger, fut-il l’ami le plus proche, puisse venir occuper un camp ? Cela peut se faire dans le cadre d’un accord, mais ce n’est pas parce que nous recevons des amis dans nos camps que ceux-ci vont être réputés comme étant occupés par ces amis-là . Il y a des fonctionnaires de l’armée française qui sont coopérants ici, mais est-ce que Jean-Yves Le Drian est ministre de la Défense du Mali ? Non, C’’est moi qui suis le ministre de la Défense du Mali. Ce n’est pas parce que J’ai un ami qui me donne de la ressource humaine pour les nécessités de notre amitié qu’il devient forcément chef de ma famille ! Mais que dites-vous du sentiment de souveraineté bafouée et de retour en arrière ? On parle de retour en arrière… à‰tait-ce un retour en arrière quand l’offensive djihadiste a été arrêtée à  Konna ? Est-ce que nous allons nous débarrasser du complexe de colonisés ? Moi je parle avec mon homologue, de ministre à  ministre. Nous avons eu besoin qu’un ami vienne nous aider, de la même manière que nos ancêtres sont allés les aider lors de la Grande Guerre puis lors de la Seconde Guerre mondiale. En 2012, nous avons eu besoin que ce pays vienne nous aider parce que nous n’étions pas en position et en situation de contrer ceux qui voulaient transformer définitivement le destin de notre pays. Est-ce que ce jour-là  nous avons parlé de retour en arrière ? Moi, je n’ai pas de complexe. Le Mali a ses amis, et le Mali a ses intérêts. Il y a plus d’un an, l’armée a connu une défaite malheureuse à  Kidal. Une commission d’enquête parlementaire a travaillé sur ce sujet. Que savez-vous de ses conclusions et quelle est votre appréciation de ces évènements ? Vous me permettrez de laisser au Parlement ses prérogatives. La commission d’enquête fait un travail dans le cadre d’attributions qui ne sont pas celles du gouvernement. Donc je ne m’exprimerai pas sur ce rapport que je n’ai pas vu, du reste. Sur le plan opérationnel qui peut nous concerner, vous avez reconnu que ce qui s’est passé à  Kidal s’est mal passé pour nous. C’’est regrettable. Il y a eu des pertes en vies humaines, au-delà  de ce qui pouvait être accepté dans le cadre d’une opération militaire, parce que dans les opérations, malheureusement le fait de perdre des hommes fait partie des données. Mais, à  Kidal, ont été assassinés de manière cruelle, inhumaine, des fonctionnaires, des civils. Aucun soldat malien, aujourd’hui encore, ne peut s’empêcher de vivre mal la mort de ces fonctionnaires. Pour le reste, l’opération militaire, montée dans les conditions dans lesquelles elle a été montée, a été un échec. Nous avons perdu des hommes, du matériel. Cet échec a encore aujourd’hui un retentissement terrible dans nos têtes, dans notre quotidien. à€ tel point que plus jamais l’armée ne se mettra dans une telle situation.

Tiéman Hubert Coulibaly : «Le Niger et le Mali ont un destin commun»

« Le Niger et le Mali ont un destin commun », affirme le ministre malien des Affaires étrangères après la double tragédie d’Agadez et d’Arlit, jeudi matin au Niger. Que veut-il dire ? Tiéman Coulibaly est actuellement à  Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, en vue du sommet du samedi 25 mai qui marque le 50ème anniversaire de la naissance de l’OUA, Organisation de l’unité africaine (l’actuelle Union africaine). Au lendemain des attentats au Niger, il répond aux questions de Christophe Boisbouvier. RFI : Quelle est votre réaction après le double attentat dans le nord du Niger ? Tiéman Coulibaly : Une indignation, une grande tristesse. Bien entendu, le président Dioncounda Traoré a sûrement eu son ami et frère Mahamadou Issoufou, président du Niger, au téléphone, et nous sommes tristes. Nous sommes tristes de voir ces soldats, qui ont été tués, lâchement. Nous sommes tristes de voir cette attaque contre des intérêts économiques importants. Mais nous sommes déterminés dans la lutte contre le terrorisme dans notre région. C’’est la preuve que nous avions raison d’appeler le monde entier au secours, au chevet du Sahel, singulièrement le Mali, pour nous défendre et nous aider à  nous débarrasser du terrorisme. Ils s’attaquent au Niger qui est à  côté, ils s’attaquent à  des intérêts économiques importants, ils s’attaquent à  des casernes. Donc nous devons, plus que jamais, renforcer notre mobilisation, pied à  pied, contre le terrorisme, partout o๠il se trouve. On disait ces dernières semaines que la guerre était finie, que Ansar Dine, le Mujao, Aqmi, étaient défaits. Est-ce que le double attentat ne prouve pas le contraire ? La guerre est finie, la guerre conventionnelle ! Mais nous savions que nous aurions à  faire face à  des affrontements asymétriques, des situations comme ça, et pendant longtemps ! Et C’’est pour ça que lors du vote de la résolution 2 100 des Nations unies, nous nous sommes battus pour qu’il y ait des ressources militaires disponibles à  côté de la force de stabilisation, pour continuer à  traquer les terroristes et à  les détruire. Et même, nous avons fait en sorte que cette force de stabilisation ait des capacités offensives ! Est-ce que vous n’êtes tout de même pas surpris par la capacité opérationnelle des terroristes, qui ont réussi à  mener deux attaques simultanées, avec malheureusement, un bilan très lourd, notamment dans cette caserne d’Agadez ? Moi, je ne suis pas surpris. Parce que dès le début de la crise, nous l’avions dit. Nous avions dit que ce sont des fous qui sont déterminés et qui sont lourdement armés. Et certains ont reçu une formation pointue. Mais vous ne pensiez pas, comme beaucoup, que le Mujao était décapité ? Non. Le terrorisme est rampant. Il s’insinue, il se cache au sein de la population. (Le terroriste) est un homme comme vous et moi, jusqu’au moment o๠il fait exploser sa ceinture qu’il porte sous son boubou ou sous son costume. Oui, mais s’il y a deux attentats en même temps, ça veut dire qu’il y a une tête, qu’il y a un chef… Mais bien sûr, il y a un chef ! Il y a des chefs qui ont été détruits, mais ils les ont remplacés par d’autres ! C’’est une lutte de longue haleine ! Nous devons continuer. Moi, J’insiste. Je profite de votre micro pour lancer un appel à  l’ensemble de nos partenaires, pour qu’ils comprennent que nous sommes loin d’en avoir fini avec le terrorisme. Et C’’est pour ça aussi que J’insiste pour appeler les groupes armés, qui pensent avoir des revendications politiques à  faire valoir, à  déposer les armes, (…) afin que nous puissions faire la part des choses, entre ce qui est véritablement politique, qui mérite d’être écouté et analysé, et ce qui est terroriste, qui ne mérite que d’être détruit ! Cette revendication du Mujao est-elle crédible? Le Mujao ne peut rien revendiquer. Le Mujao n’a aucune légitimité pour revendiquer. Le Mujao est un ramassis de trafiquants de drogue, de criminels, d’individus désespérés qui se sont livrés à  la violence. La seule solution sera de les combattre jusqu’au bout ! Mais est-ce que le dénommé Abu Sahraoui, qui revendique ce double attentat, existe réellement et est de nature à  avoir préparé ce double attentat ? s’il le revendique, C’’est bien qu’il existe quelque part ! En tout cas il y a bien quelqu’un qui s’appelle comme ça ! Est-ce que vous ne craignez pas que le Niger ne soit durablement fragilisé par ce qui s’est passé ? Bien sûr ! Mais vous allez voir ! Nous allons nous organiser avec nos partenaires pour répondre à  ça ! Est-ce que ça ne change pas la donne ? Est-ce que la Minusma ne va pas se déployer, non seulement au Mali, mais aussi au Niger? C’’est à  voir. C’’est peut-être une idée à  explorer. En tout cas, nous avons un destin commun, Mali et Niger. Et vous ne craignez pas que le Niger manque à  la solidarité nécessaire à  tous les Etats du Sahel, désormais, face au terrorisme? Pourquoi? A cause de ce double attentat, qui évidemment, doit ébranler les populations nigériennes, notamment à  Agadez. Mais vous savez, ce qui s’est passé au Mali avait déjà  ébranlé les Nigériens ! Et C’’est pour ça qu’ils se sont engagés avec nous ! Ce qui touche Gao, touche le Niger ! Ce qui touche Kidal, touche le Niger ! C’’est cela qui explique l’engagement ferme du président Issoufou et de l’ensemble de son gouvernement à  côté du Mali ! Et donc si ces difficultés aujourd’hui enjambent la frontière, s’en vont s’exprimer au Niger, ce que cela va provoquer, C’’est encore plus de solidarité, encore plus de détermination, encore plus de concentration sur l’objectif ! Et l’objectif C’’est la destruction de la souche terroriste dans cette région ! A Kidal, dans le nord du Mali, on ne sait toujours pas si l’administration et l’armée malienne pourront revenir pour le jour du premier tour de la présidentielle. La dernière proposition du MNLA, C’’est un retour des civils, mais pas des militaires maliens. Quelle est votre réponse ? Irrecevable. l’armée malienne sera présente partout. Nous ne pouvons pas accepter que – quelle que soit la légitimité – ce groupe-là  puisse décréter que l’armée nationale n’a pas sa place sur une partie du territoire national. Nous pensons aujourd’hui, plus que jamais, qu’il est temps que le MNLA redevienne un groupe politique normal, s’ils en ont la capacité et s’ils ont le fond de commerce nécessaire pour cela. Mais comment peut-on dire que l’armée malienne ne pose pas « ses godasses » – passez-moi l’expression – sur une partie du territoire du Mali ? Qui sont-ils pour dire ça ? Nous avons la main tendue. Elle continue à  être tendue et ouverte ! Et il est hors de question que ces gens-là  imposent un quelconque diktat à  l’armée malienne ! Apparemment, ce n’est pas tout à  fait la position de Paris, qui verrait d’un assez bon œil cette solution en deux temps ? Moi, je parle au nom du Mali. Ce qui veut dire qu’entre Bamako et Paris, on n’est pas toujours sur la même longueur d’onde ? Ce n’est pas ce que Paris m’a dit !

Tiéman H. Coulibaly: « Kidal n’est pas une exception »

Tiéman Hubert Coulibaly, ministre malien des affaires étrangères et de la coopération était face à  la presse ce mercredi 8 mai. L’objectif de la rencontre était d’éclairer l’opinion sur les dernières évolutions de la gestion de la crise malienne. Au menu des échanges, la résolution 2100, la tenue des élections, le dialogue avec le MNLA et le cas de Kidal. Une MINUSMA pléthorique? Pour le ministre, la résolution 2100 a pour objectifs de préparer la communauté internationale à  coordonner son action, d’aider le gouvernement à  restaurer la paix sur son territoire par le déploiement d’une force de stabilisation. C’’est la première qu’une résolution autorise à  la fois la force onusienne à  riposter en cas d’agression a-t-il ajouté. Les journalistes ont interpellé le ministre sur l’effectif élevé de la Mission des Nations Unies au Mali. Ce dernier a répondu que la stabilisation demande un effectif plus grand que dans la phase offensive. Il y aura par exemple la présence de génie militaire, une force qui aidera à  la reconstruction. D’autres troupes seront positionnées pour surveiller et sécuriser les frontières et il faudra aussi surveiller les frontières. Par ailleurs, le ministre a souligné l’importance de cette résolution qui permettra non seulement de protéger les populations civiles mais aussi de contribuer à  une bonne tenue des élections et à  une relance économique du Mali. Selon le ministre, le Mali pourra bénéficier d’une aide de 2 800 milliards de F CFA lors de la conférence de Bruxelles prévue le 15 mai prochain. Pas de dialogue sans dépôt des armes Parlant de Kidal, le ministre a indiqué que l’armée malienne sera déployée sur toute l’étendue du territoire. «Kidal n’est pas une exception, C’’est un objectif et aucune partie du territoire ne fera pas exception» a-t-il dit. Par rapport au dialogue avec le MNLA et la naissance de nouveaux groupes dans le nord, le chef de la diplomatie malienne a affirmé qu’«il est hors de question que les groupes armés continuent d’exister. Nous serons disposés à  discuter avec ceux qui déposeront les armes. Dans le cas contraire, nous serons obligés d’utiliser d’autres moyens que nous jugerons utiles pour reconquérir Kidal». Concernant les élections prochaines, Tiéman Coulibaly a indiqué qu’elles se dérouleront sur toute l’étendue du territoire malien et le gouvernement travaille pour que l’objectif du mois de juillet soit maintenu. Il a précisé qu’un conseil extraordinaire des ministres aura lieu ce vendredi 10 mai sur ce sujet.

Tiéman Hubert Coulibaly à la Presse : « Il serait indécent de faire des élections sans Kidal, Gao et Tombouctou »

« La 2085, C’’est la dernière étape de l’adoption des 3 résolutions des Nations Unies, qui autorise enfin le Mali à  former une coalition pour engager l’intervention armée au nord », C’’est par ces mots que Tiéman Hubert Coulibaly, ministre des Affaires Etrangères a entamé, l’exercice verbal face à  la presse malienne ce mercredi 27 décembre. Avec à  ses côtés, son collègue de la Communication, Manga Dembélé, il a tenté de répondre aux questions plutôt pointues des journalistes. De prime abord, face à  une résolution jugée «Â molle » par un éditorialiste, Tiéman Coulibaly s’est voulu optimiste, sur un texte qui obéit à  certaines règles et jugé clair : «Â l’ONU dit, nous sommes d’accord pour que les pays se coalisent autour du Mali. 2, nous autorisons le déploiement de la force militaire. Et 3, nous allons créer un fonds spécial pour lever des moyens dont le Mali aura besoin, à  travers une conférence des donateurs islamiques. », rappelle le ministre, de plus a résolution autoriserait les Etats Membres à  passer des accords bilatéraux avec le Mali pour régler le problème». Si la contribution de pays islamiques inquiète certains confrères, allusion sans doute faite au rôle opaque joué par l’émirat du Qatar, dans le financement des djihadistes au Nord Mali, le ministre s’en défend arguant que tout pays donateur, va dans le sens et l’intérêt du Mali. Septembre 2013, un délai superflu Sur le délai de Septembre 2013 d’abord évoqué par Romano Prodi, Tiéman Coulibaly répond qu’il faut se garder de trop parler : « En matière militaire, ne comptez-pas sur nous pour donner des précisions sur le concept stratégique. Et d’ailleurs, ceux qui s’aventureraient à  donner des délais risquent des sanctions ». Le même concept stratégique d’intervention au nord répond à  une initiative qui devrait, selon le ministre, être d’abord dirigé par le Mali. « Le Nord du Mali sera libéré. Les Maliens n’ont d’autre choix que de libérer le nord du Mali et nous allons combattre ceux qui coupent des mains, qui oppriment les femmes et les enfants », promet le diplomate malien face aux inquiétudes exprimées sur la capacité de l’armée malienne à  libérer le nord. Négocier oui mais avec qui ? l’autre préoccupation évoquée par la presse, en écho à  l’opinion nationale est la négociation, l’un des volets politiques de la guerre. Cette fois, C’’est le ministre Manga Dembélé de la Communication qui rappelle les préalables à  la négociation « Nous sommes clairs sur deux principes, l’intégrité du territoire et les principes républicains de laà¯cité qui sont indiscutables. Les Maliens qui voudront négocier devront accepter cela ». Et de préciser que la transition doit être la plus courte possible et que l‘Algérie opposée à  une intervention militaire fait partie de la solution ! » On y croit mais qu’en sera-t-il des élections, auxquelles la résolution fait mention. « Oui, la résolution donne un délai. Avril 2013, si cela est techniquement possible », répond Tiéman Coulibaly. Et de réitérer la parole de Dioncounda Traoré au plus fort de son retour au Mali et pour qui des élections ne peuvent se faire tant « qu’un centimètre de territoire du nord, sera aux mains des islamistes ». Sur la démission de Cheick Modibo Diarra… Le moment fort de la conférence de presse aura été la confirmation verbale de Tiéman Hubert Coulibaly sur la démission forcée de l’ex Premier ministre Cheick Modibo Diarra, le 11 décembre dernier. A la question d’un journaliste, sur la méthode employée par les ex putschistes, le ministre des Affaires Etrangères a levé l’équivoque sur une information qui courrait : «Trouvez-vous normal qu’une autorité de l’Etat, monte une partie des forces armées contre le pays ? ». La chute de Cheick Modibo Diarra faisait donc le consensus général, y compris au sein du gouvernement. La peur que les évènements dégénèrent ce jour là , a fait place à  un calme olympien dans Bamako, on s’en souviendra. En guise de conclusion, les deux ministres ont rappelé aux journalistes, qui s’en feront l’écho partout, que le Mali resterait Un et indivisible. Au même moment, le Premier ministre Django Sissoko, en tournée diplomatique, déclarait à  Abidjan, qu’une intervention militaire était souhaitable, au plus vite et dès que toutes les conditions seraient réunies.

Dialogue avec le MNLA et Ançardine : cacophonie au sommet de l’Etat

Dans la capitale burkinabé, la délégation malienne et les groupes islamistes et les rebelles touaregs ont été reçus par le médiateur de la crise malienne Blaise Comparé accompagné de son ministre des affaires étrangères Djibril Bassolé. Ce dialogue entre le Mali et les groupes islamistes divise non seulement au sein du pouvoir mais aussi les Maliens qui n’y sont pas favorables, dans leur grande majorité. La Primature à  travers son directeur de cabinet Oumar Kanouté affirmait ce mardi dans un journal que le ministre des affaires étrangères Tieman Coulibaly n’a pas reçu mandat du gouvernement pour aller parler en son nom avec les groupes touaregs et Ançardine. Et le directeur de cabinet du Dr Cheick Modibo Diarra d’ajouter que C’’est une mission envoyée « par Bamako et non le gouvernement ». Volte-face de la primature ? Le Premier Ministre malien est lui-même actuellement à  Ndiamena(Tchad) dans le cadre de la résolution de la crise. Il s’était auparavant rendu à  Paris à  l’invitation du chef de la diplomatie française Laurent Fabius, dont le pays appuie fortement l’option de la négociation avec les rebelles touaregs. A titre de rappel, M. Diarra avait fait une déclaration à  Ouagadougou à  la veille de sa visite à  Paris pour annoncer que le dialogue était inévitable avec le MNLA et Ançardine pour la résolution de la crise du Nord. Une déclaration qui a provoqué l’ire de la population, avec des manifestants qui sont descendus dans la rue pour demander son départ de la tête du gouvernement. La question que beaucoup se pose est de savoir pourquoi prôner la négociation et se désolidariser de l’émissaire malien qui s’y rend au nom du gouvernement ? Ce qui se passe à  Ouagadougou depuis hier, n’entre-t-il pas en droite ligne de la volonté affichée par le Premier Ministre et les « amis » du Mali, pour sortir le pays de la crise sans forcément recourir aux armes ? Diplomatie parallèle ? On pourrait répondre par l’affirmative, tant les signaux envoyés par la Primature créent la confusion. Le chef du gouvernement qui se déplace sans son ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale à  la table de négociations, apparemment sans l’aval du premier. A la mise en place du gouvernement d’union nationale, et après la nomination de Tiéman Coulibaly à  la diplomatie, le Premier ministre s’était démarqué de ce choix en maintenant ses anciens ministres des affaires étrangères et de la communication au sein du gouvernement comme des conseillers spéciaux. Des conseillers spéciaux qui l’accompagnent partout dans ses différentes missions en lieu et place de Tieman Coulibaly. Bruits de chaises et murmures en coulisses, l’exécutif malien ne montre décidément pas un front commun face aux maux de l’heure…

Tièman H. Coulibaly, des « affaires » aux Affaires étrangères

Mardi 21 août, après un long week-end de fête, les commentaires allaient bon train quant à  la composition de la nouvelle équipe de Cheick Modibo Diarra. Parmi les treize nouveaux entrants, certains n’étaient pas là  o๠l’on pouvait les attendre. Le premier d’entre eux est certainement Tièman H. Coulibaly, qui devient le numéro 3 d’un gouvernement sur lequel repose tous les espoirs du Mali après 6 mois d’une crise socio-politique aux multiples facettes. Inattendu, certes. Mais, si le casting peut surprendre, Tièman H. Coulibaly pourrait finalement avoir le profil, même atypique, pour ce rôle. Une ascension politique en trois actes Né en 1967, Tièman H. Coulibaly milite dès 1994 au sein de l’Union pour le Développement et la Démocratie (UDD), fondé par son père Moussa Balla Coulibaly sur les ruines de l’ancien parti unique, l’Union démocratique du peuple malien (UDPM). Son DESS de gestion en poche, obtenu à  l’université de Saint-Etienne, il rentre au pays pour s’engager pleinement. Animateur convaincu des comités et sous-sections de Badalabougou puis à  la section de la commune V du district de Bamako, il est, en 1999, directeur de la campagne victorieuse de feu Dieudonné Zallé à  la mairie. Dès lors, il entre au bureau exécutif de l’UDD et en gravit patiemment les échelons. D’abord secrétaire à  la communication, il en devient secrétaire général adjoint en 2003. Quatre ans plus tard, il est nommé secrétaire général. C’’est dans la foulée qu’il se lance, trop tard et trop timidement selon ses propres aveux, dans la bataille législative de 2007 à  Diéma (région de Kayes). C’’est un échec, que cet ambitieux surmonte pour ensuite poser les actes de son ascension politique. En mars 2010, à  l’issue de son 5ème congrès ordinaire, il est élu président de l’UDD, un parti qui compte 2 députés et une centaines d’élus communaux. C’’est le premier acte. Si l’on ne peut oublier le père derrière le fils, Tièman H. Coulibaly a su se démarquer de cette figure tutélaire en donnant son propre rythme à  l’UDD. En février 2012, à  l’approche de l’élection présidentielle prévue le 29 avril, il pose un second acte politique majeur en décidant de ne pas se porter candidat. Dans le cadre d’un accord global, son parti investi Dioncounda Traoré, candidat de l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema) et parie sur un groupe parlementaire UDD à  l’issue des législatives de juillet. Les événements du 22 mars, en décideront autrement. Tièman H. Coulibaly est d’une nature prudente. Il n’en est pas moins un homme d’action. Dès le lendemain du coup d’à‰tat, il est parmi les premiers à  condamner cette atteinte à  la démocratie. Rassemblés le 28 mars à  la Bourse du Travail, les leaders des partis anti-putsch s’unissent au sein du Front de Défense de la Démocratie et de la République (F. Celui dont les amitiés transcendent les clivages politiques en est l’un des fondateurs, parmi le groupe des 7. Il en devient le vice-président, ce qui marque le 3ème acte de son ascension politique. Un coup de pouce du destin ? Le 17 Avril 2012, Tièman H. Coulibaly est arbitrairement arrêté par la junte à  l’hôtel Salam, en compagnie de Maà®tre Kassoum Tapo, porte-parole du FDR, au moment o๠ils s’apprêtaient à  rencontrer Dioncounda Traoré, devenu depuis peu Président de la République par intérim. Un coup de pouce du destin ? Détenu à  Kati, il est libéré deux jours plus tard, avec à  la clef un nouveau statut, une audience internationale, et la sympathie de bon nombre de Maliens. Depuis le début de la transition, Tièman H. Coulibaly n’a eu de cesse d’exiger un gouvernement d’union nationale dans lequel chaque sensibilité politique serait représentée, gage de légitimité et d’efficience dans un contexte plus que difficile. Le président de l’UDD est certainement de ceux dont l’engagement patriotique et la fidélité à  Dioncounda Traoré sont aujourd’hui récompensés. Le nouveau ministre mesure l’ampleur et les enjeux de sa mission, comme il l’expliquait à  RFI le lendemain de sa nomination : «Â  C’’est une lourde tâche (…) dans les jours à  venir, il va falloir rapidement se mettre au travail, dans un cadre collectif, afin de conduire le Mali là  o๠tous les Maliens souhaitent qu’il aille, ainsi que la communauté internationale ». Un homme « d’expériences » Marié et père de trois enfants, musicien guitariste, Tièman H. Coulibaly est avant tout un entrepreneur dans l’âme. De l’ancienne Panafcom, il créé le groupe de communication Stellis qu’il développe en Guinée et au Burkina Faso. Avec la même gourmandise que dans sa vie politique, cet homme d’affaires avisé s’investit également dans des domaines aussi divers que les ressources humaines avec Antarès, le ciment (CMM), le transport (TSM), ou encore la gestion aéroportuaire avec ASAM dont il est jusqu’à  sa nomination l’administrateur général. Meneur d’hommes, communicateur, ce leader naturel est rapidement devenu incontournable dans le paysage du secteur privé. Il est d’ailleurs vice président chargé des relations extérieures au sein du Conseil National du Patronat Malien et secrétaire aux relations extérieures de l’Organisation Patronale des Industries. Cette polyvalence souligne le caractère pragmatique et concret de celui qui n’en demeure pas moins un homme d’idéal et de convictions. Des affaires auxquelles il n’est pas si étranger Ses multiples responsabilités lui ont permis de développer un réseau solide en France, notamment au Quai d’Orsay, mais aussi dans plusieurs pays de la sous-région. Ces relations lui seront d’une aide précieuse pour séduire les investisseurs étrangers et les bailleurs dont le Mali et son économie au ralenti ont cruellement besoin. Il donnerait ainsi à  son poste un caractère plus économique, des affaires auxquelles il n’est pas si étranger. Il est vrai que Tièman H. Coulibaly n’a pas le parcours classique du parfait diplomate, mais il a néanmoins des qualités qui pourraient donner une autre dimension au poste qu’il occupe désormais. Si le ministre des Affaires à‰trangères est le premier ambassadeur de son pays, sa formation et son expertise dans la communication pourraient faire de Tièman H. Coulibaly l’homme de la situation. Particulièrement à  l’heure o๠le Mali doit jouer serré pour redorer son blason et négocier avec la communauté internationale : « cette fonction me place au dessus des contingences partisanes, je travaille désormais pour mon pays le Mali », précisait-il la veille de son premier conseil des ministres, dans son grand bureau du Quartier du Fleuve. A 45 ans, parce qu’il a toujours mené de front carrière politique et entrepreneuriale, parce qu’il est tout à  la fois ouvert sur le monde et profondément ancré dans son terroir, Tièman H. Coulibaly incarne une nouvelle génération. Est-ce celle qu’attendent les Maliens ? Peut être que cette fois-ci, Tièman H. Coulibaly sera précisément là  o๠on l’attendait.

Issa Tieman Diarra, nouveau Dg de l’APEJ

Né vers 1953 à  Tioribougou dans le cercle de Kolokani, le nouveau directeur de l’Agence pour la promotion de l’emploi des jeunes a mené une carrière très riche et longue dans l’administration malienne. Diplômé de l’école nationale administrative (ENA) Issa Tieman Diarra a une compétence avérée dans les domaines comme la gouvernance locale, les élections, la facilitation des réunions, la gestion des conflits. A tout juste 23 ans, il intègre la fonction publique avec comme premier point de chute le service général du cercle de Niono. Il y grimpe rapidement les échelons pour devenir un des plus jeunes chefs d’arrondissement, à  24 ans. D’Avril 1977 à  Avril 1978, Issa Tieman Diarra est le chef d’arrondissement central et le 2ème adjoint au commandant de cercle de Goundam. Il devient un peu plus tard, secrétaire général de la mairie de Kayes, puis est muté en 1980 au gouvernorat de Bamako. Entre 1980 et 1983, il porte les galons de 1er adjoint au commandant de cercles de Bourem et de Bandiagara. De novembre 1983 à  octobre 1999, il sera commandant des cercles de Tombouctou, Kita, Ségou, et Koutiala. En novembre 1999, il est nommé conseiller aux affaires administratives et juridiques du gouverneur de la région de Sikasso. Quatre ans plus tard, il quittera la capitale du Kénédougou pour la Venise malienne. Mais son titre ne change pas. Il était à  ce poste quand le ministre de la jeunesse et des sports d’alors, Hamane Niang lui fait appel en novembre 2007, pour lui confier les rênes de son cabinet. A la suite du remaniement ministériel d’avril 2011, il accompagnera le ministre Hamane Niang au ministère de la culture comme chef de cabinet. C’’est donc un homme rompu à  la tache qui est sollicité aujourd’hui pour diriger l’Agence pour la promotion de l’emploi des jeunes. En dehors des bureaux, le nouveau parton de l’Apej est également très actif. Président du Débo club de Mopti, il est également président d’honneur de la fédération malienne de basket ball. Par ailleurs celui qui a été président des districts de football e Bandiagara et de Bourem avant d’être secrétaire des clubs de football de Bourem. Homme de terrain, Issa Tieman Diarra fera certainement appel à  son expérience dans l’administration pour maintenir le flambeau allumé par son prédécesseur à  la tête de cette structure qui tient à  C’œur au président de la République Amadou Toumani Touré.

Présidence de l’UDD : Tieman Coulibaly sur orbite pour 2012 ?

Un parcours militant exemplaire « Je me présente aujourd’hui devant vous avec les pouvoirs de présider le Conseil exécutif de notre parti et J’en suis heureux. Heureux de la confiance placée en moi et heureux que J’ai pu me faire entendre et comprendre par mes camarades ». Ces mots viennent du tout nouveau président de l’UDD, Tieman Coulibaly, prononcés à  l’occasion de son discours d’investiture le dimanche 14 mars au Centre International de conférence de Bamako. Il succède ainsi à  Maà®tre Hassan Barry, ambassadeur du Mali en Guinée, qui occupait le poste depuis 6 ans, et dont la gestion était de plus en plus décriée par les militants. Fils de Moussa Balla Coulibaly, fondateur du parti et actuel président du Conseil national du patronat malien (CNPM), Tieman n’a pas manqué d’essuyer les critiques sur une succession dynastique à  la tête du parti. Pourtant, militant depuis 1994, C’’est un à  un que ce dernier a gravi tous les échelons de sa formation politique, avant d’en prendre la tête à  42 ans. Après avoir animé les comités, les sous sections à  Badalabougou o๠il a fait toute sa jeunesse, puis la section de la Commune V du district de Bamako, il fut directeur de campagne de Feu Dieudonné Zallé, qu’il réussit à  porter à  la tête de la Mairie en 1999. A partir de là , ce père de trois enfants fera une entrée remarquée au sein du bureau exécutif de l’UDD en qualité de secrétaire à  la communication, puis secrétaire général adjoint en 2003. Mais ce n’est qu’en 2006 que Tieman Coulibaly fera le coup qui lui a donnera une visibilité sur la scène politique nationale. Ami de longue date de l’ancien ministre Soumeylou Boubeye Maiga, il lui apporte un soutien marqué en novembre lors d’un meeting devant aboutir à  la candidature de Boubeye à  la présidentielle de 2007, alors même que l’UDD avait choisi de soutenir ATT. Son discours éloquent et très musclé contre le pouvoir en place vaut à  Tieman de se faire remarquer et cataloguer comme opposant notoire. Plutôt risqué lorsque l’on est un chef d’entreprises présent dans de nombreux secteurs de l’économie. Pourtant, ceux qui connaissent l’homme savent que sa prudence de sioux le préserve de décisions à  l’emporte pièce. Sa loyauté envers son ami Boubeye en valait sans doute la peine, même si le coup d’éclat est quelque peu atténué par le faible score obtenu par ce dernier, pas plus de 1,5% ! Qu’à  cela ne tienne, Tieman Coulibaly a marqué un point. Il est désormais craint et courtisé à  la fois. Au point que son parti le nomme secrétaire général en janvier 2007. Se sentant pousser des ailes, C’’est en toute légitimité qu’il est investi dans la circonscription de Diema (région de Kayes), o๠il milite depuis 2005. Mais à  la suite d’une campagne discrète, et d’un ancrage encore trop faible, Tieman n’arrive que 3ème aux législatives de juillet 2007. Il a néanmoins pris date. Les réseaux créés et l’expérience accumulée aidant, son nom circule régulièrement comme probable entrant dans le gouvernement du Mali. Business ou politique ? C’’est à  un homme iconoclaste que l’UDD a confié son destin. Mélomane avéré et nostalgique des gloires de la pop-soul américaine des années 70, Tiéman est aussi gratteur de guitare à  ses heures perdues. Une réminiscence des années 1980, o๠il formait avec un groupe d’ami un « band » musical très connu des usagers du métro parisien, et qui leur permettait d’obtenir un argent de poche bien nécessaire. Homme cultivé mais discret, il avale les essais politiques, économiques, et mémoires des grandes figures historiques ou hommes d’Etat, au point de se constituer de nombreuses références internationales et un corpus idéologique sur les grandes problématiques du développement africain. Car celui qui mène en parallèle à  la politique une activité de chef d’entreprises n’a jamais caché ses ambitions. Formé à  l’Ecole supérieure de commerce de Saint Etienne, Tieman Coulibaly a été militant au sein d’associations d’étudiants africains en France. Rentré au pays dès la fin de ses études au début des années 1990 pour rejoindre le holding familial IK SA, il a depuis développé le groupe de communication Stellis (anciennement Panafcom), aujourd’hui présent à  Conakry, en Guinée Bissau, et au Burkina Faso. Les ressources humaines (Antares), le ciment (CMM), la gestion aéroportuaire (ASAM), et bientôt le transport, font aussi partie des multiples activités qui font de lui l’un des patrons les plus en vue de sa génération. Trop dispersé selon certains, il délègue néanmoins, aux collaborateurs de toutes nationalités qui l’entourent. Son avenir est-il dans le business ou la politique ? Tieman Coulibaly a décidé de ne pas choisir. Piqué par le virus dès son plus jeune âge, il est convaincu de son destin politique, et bâti sans doute à  travers ses affaires les moyens de son ambition. Un homme de consensus pour la réunification de la famille UDPM ? Convaincu que rien ne se fera sans un projet de société, C’’est donc logiquement que Tieman Coulibaly a esquissé son programme politique lors du Congrès, « la puissance économique naà®tra d’un grand marché, avec un système éducatif de qualité, la mise en valeur des atouts de chaque espace, et un système financier et bancaire innovateur et moins spéculatif ». Il a ainsi assuré ses militants qu’il s’emploierait à  bâtir un grand parti, véritable machine électorale pouvant conduire vers le succès. Et selon de nombreux cadres du parti, cela passe par « l’instauration d’un débat fraternel ouvert et franc avec le Rassemblement pour la démocratie et la solidarité (RDS) du Professeur Dicko et le Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR) de Choguel », eux aussi issus de l’ancien parti unique l’UDPM, dans le but d’aller progressivement vers l’unité originelle. Tieman Coulibaly saura t’il prendre la tête de la famille réunifiée pour la mener aux présidentielles de 2012 ? En tout cas, rodé aux négociations syndicales dans le cadre de ses fonctions d’administrateur général d’ASAM, ses talents de négociateur et son sens du consensus ne seront pas de trop. S’il réussit, un tel regroupement porté par une figure jeune et emblématique pourrait en effet bousculer les partis bien installés : Adema, URD et RPM. Il a ainsi plaidé pour une mobilisation des énergies afin de préparer cette échéance, qui selon lui « passe nécessairement par la volonté et l’audace ». Ce sont les maà®tre mots de celui qui se veut le porte flambeau d’une jeunesse en mal de leaders.