Mois de la solidarité : Il faut rectifier le tir !

Après le tonitruant mois dit du cinquantenaire, revoilà  le mois de la solidarité. Un mois qui, si l’on s’en tient à  sa signification, est mis à  profit par les plus hautes autorités pour traduire l’élan de C’œur national. Démunis du Mali. Qu’espérez-vous en ce mois qui vous est dédié. Les tristes souvenirs des éditions antérieures vous conduiront certainement à  ne plus rien attendre des pouvoirs publics. Lesquels attendent subtilement la précieuse touche des partenaires financiers. Histoire de renforcer les 100 millions décaissés annuellement dans les caisses de l’Etat pour faire face aux charges du mois. A vrai dire, ce sont des centaines de millions, voire des milliards qui sont annuellement engloutis dans les activités du mois de la solidarité. Mais les traces sont invisibles. On fait croire au malien lambda que les dons amassés toucheront le maximum de démunis. A tout point de vue, le mois de la solidarité et de la lutte contre l’exclusion n’est plus qu’une coquille vide. Du moins, si l’on s’en tient à  ce que les autorités maliennes en font. Célèbre, fut-il, ce mois se limite aujourd’hui à  la distribution de dons résiduels, à  une poignée «Â d’heureux élus », sous le feu nourri des médias nationaux. Pis, la plupart des dons faits par nos autorités ne se limitent qu’au niveau de Bamako et, à  la limite, aux capitales régionales. Ils ne profitent guère aux véritables nécessiteux juchés dans les périphéries du pays. Est-il, de ce fait, besoin d’instituer un mois qui ne favorise q’une poignée d’individus sélectivement choisis. Encore faudra-t-il que les dons prévus pour ce faire, soit équitablement répartis entre les démunis et les populations en situation difficile. Pourtant, face aux dons qui tombent à  profusion, démunis, personnes en situation, orphelin, handicapés…, tous devraient y trouver leur compte. C’’est dire que, pendant que certains s’emploient à  donner sans compter, d’autres, par contre, activent leur soif inextinguible et se la coulent douce avec les dons destinés aux pauvres. Elles sont une multitude de structures donatrices à  se signaler pendant ce mois. Mais les dons n’ont jamais pu atteindre les vrais destinataires. Du coup, l’indigent, l’handicapé…, de Kidira à  Tinzawaten, vit le mois de la solidarité sans jamais sentir de changement dans son quotidien. Pis les critères de choix des indigents se fait dans les secrets des dieux et le plus grand amateurisme. Pour tout dire, ça se passe sur fond de complaisance et d’affinité. D’o๠l’indignation de certains observateurs qui à  la limite qualifient ce mois de folklorique. Les faits ne leur donnent-ils pas raison dans la mesure o๠la finalité ne contribue qu’à  attiser la misère des pauvres à  travers une discrimination des plus ostentatoires. Les quelques dons faits s’accompagnent de publicité tapageuse pour tout simplement distraire et amuser la galerie. Tout se passe comme si l’élan de C’œur a véritablement besoin de tapage. Comme si cela ne suffisait pas. On médiatise la misère des pauvres et vilipende leur honneur et leur dignité pour des dons quasiment insignifiants. Plus que jamais, ce mois se doit d’être le porte étendard de l’élan de solidarité national. En tout cas, pour que vive cette 16 ème édition, il faut nécessairement rectifier le tir.