Toilettes pour tous, un luxe au Mali ?

« Nous sommes 22 dans cette cour. C’’est la maison familiale et 4 familles vivent ici. Ce n’est pas évident, parce que nous n’avons qu’une seule toilette et elle est traditionnelle. Alors, imaginez le matin, C’’est la queue. Beaucoup d’entre nous cherchent une solution à  l’extérieur ». Sidibé habite le quartier de Médine. Comme des centaines de jeunes gens de ce quartier populaire de Bamako, il vit en « grande famille » et connait de véritables difficultés à  avoir accès à  des toilettes saines. On a tendance à  croire que C’’est un problème des zones rurales, mais « même en grande ville, les gens sont obligés de déféquer là  o๠ils peuvent » affirme cette mère de famille qui est en train de recueillir les selles de son enfant dans un sachet, à  côté de son étal au marché de Médine. Pourtant avoir accès à  une hygiène et un assainissement décent fait partie des droits humains. Malgré les efforts consentis par les acteurs WASH (Water Sanitation and Hygiene) de par le monde, 2,5 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à  des toilettes saines et propres. 610 millions vivent en Afrique subsaharienne. Ce mardi 19 Novembre les Nations unies célèbrent pour la première fois la Journée mondiale des toilettes. La journée existe depuis 2001 mais n’était pas officiellement célébrée. La décision des Nations Unis prouve si besoin en était que le problème reste d’actualité et qu’il serait temps de s’en occuper efficacement. 2 Maliens sur 3 sans toilettes La « World Toilet Organisation » estime par exemple que plus de 200 000 enfants meurent chaque année à  cause du manque de sanitaires. Les maladies diarrhéiques sont en effet, encore en ce 21ème siècle, l’une des causes majeures de mortalité infantile. Financer l’assainissement et en particulier la construction de toilettes propres et sécurisées permet donc de sauver des vies. Or, aujourd’hui, à  peine 0,5% des budgets des gouvernements sont consacrés à  l’assainissement. Un montant insignifiant, que vient compléter dans une certaine mesure, les financements des organisations non gouvernementales. Mais face à  l’ampleur des besoins… Au Mali, 64,2 pour cent de la population, soit environ 9 600 000 personnes à  ne pas avoir accès à  des latrines ou toilettes. Dans les villes, le chiffre descend à  40% environ mais est toujours bien trop élevé. Une journée mondiale des toilettes ? « Jamais entendu parler, déclare en s’esclaffant Doumbia qui vend des chaises anglaises au marché Dibida de Bamako. Pour lui, il est indispensable, dans l’environnement urbain d’avoir des installations sanitaires correctes. « Or, les gens continuent de penser que des vraies toilettes, C’’est un luxe ». La grande majorité des familles de Bamako ne disposent encore que de toilettes turques, entendez par là , un trou dans le sol. De nombreuses fosses septiques sont creusées directement dans la rues devant les maisons trop exiguà«s quand elles ne sont pas directement reliées au collecteur d’eau de pluies. A Missira, on témoigne : « ici, jusqu’à  un passé récent, on ne pouvait même pas s’arrêter, tellement ça sentait mauvais. Les familles alentour envoyaient toutes leurs eaux de toilettes, toutes origines confondues, dans le collecteur. Maintenant, ça va mieux, avec la sensibilisation, les gens commencent à  comprendre ». Informer et éduquer La sensibilisation mais aussi une volonté politique affirmée sont à  n’en pas douter les solutions au problème. Comme dans le cas de construction de latrines dans les écoles pour améliorer la fréquentation des filles. En effet, les études ont démontré que les petites filles ne pouvant protéger leur intimité dans les établissements sans latrines, préféraient rester chez elles. Un vaste programme a donc été mis en œuvre qui a permis, avec l’aide des partenaires, de construire des milliers de toilettes dans les écoles, en milieu urbain comme en milieu rural. Améliorant du même coup l’hygiène et la santé dans les écoles. Pour vulgariser l’usage de latrines, pas besoin d’avoir des toilettes « modernes ». Plusieurs solutions ont été proposées, dont les fameuses latrines sèches ECOSAN, qui connaissent un vrai succès en milieu rural au Mali. Ces toilettes sèches (qui n’utilisent pas de chasse d’eau), permettent de stocker, traiter et récupérer le substrat qui sert ensuite d’engrais pour l’agriculture. Une approche adoptée dans des centaines de villages maliens. Il existe donc des possibilités pour relever le défi de l’accès à  l’hygiène et en particulier à  des toilettes saines pour tous. La journée mondiale des toilettes est une bonne occasion de rappeler que C’’est un combat collectif qui doit être mené pour sauver la vie de dizaines de milliers d’enfants et garantir un cadre de vie sain et agréable.

Une journée pour briser le tabou des toilettes

L’événement prête à  sourire mais il est plus sérieux qu’on ne le croit. Ce lundi 19 novembre se tient la Journée mondiale des toilettes, qui vise selon ses organisateurs à  mettre l’accent sur les 2,5 milliards de personnes dans le monde qui n’ont pas accès à  des sanitaires dignes de ce nom. Créée en 2001 par le Singapourien Jack Sim, l’Organisation mondiale des toilettes visait à  briser le tabou autour des lieux à  travers des campagnes de publicité humoristiques pour sensibiliser le grand public sur cette problématique de santé. Le manque de toilettes tue 1,5 million d’enfants chaque année Selon les chiffres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les maladies diarrhéiques sont la deuxième cause de mortalité infantile chez les enfants de moins de 5 ans. Comme le note l’OMS, ce sont des infections dont les causes sont connues et les traitements efficaces, mais qui tue chaque année 1,5 million d’enfants dans le monde.Vendredi 16 novembre, l’ONU, par la voix de la rapporteure spéciale chargée de l’eau potable et de l’accès sanitaire, Catarina de Albuquerque, s’est associée à  l’initiative, assurant que l’élimination des inégalités peut commencer à  « l’endroit o๠l’on s’y attend le moins, les toilettes ». « L’accès à  des toilettes illustre mieux que toute autre chose le fossé entre ceux qui en bénéficient et les autres, a ajouté Mme de Albuquerque. Chaque jour, 7 500 personnes dont 5 000 enfants de moins de 5 ans meurent des suites d’absence de sanitaires. Chaque année, 272 millions de jours de classe sont manqués du fait de maladies dues à  des manques de sanitaires. » Elle a enfin relevé que plus d’une personne sur trois n’a pas accès à  des sanitaires. « L’accès à  des services sanitaires est l’un des principaux objectifs du Millénaire pour le développement » de l’ONU, et « il ne sera visiblement pas atteint en 2015 », selon l’experte, qui estime à  1 milliard le nombre de personnes qui font tous les jours leurs besoins en plein air. « Essayez de vous imaginer sans toilettes, ni au travail, ni chez vous, imaginez que vous devez vous soulager dans les rues de votre ville, imaginez de devoir trouver chaque jour un endroit sûr, imaginez l’insécurité et l’indignité d’une telle situation, spécialement si vous êtes une femme », a exhorté Mme de Albuquerque.