Biennale de Tombouctou : Entre enthousiasme et défis

À l’image de Tombouctou, la ville qui l’accueille, l’édition 2025 de la Biennale Artistique et Culturelle (BAC) se veut historique. Après Mopti en 2023, c’est la Cité des 333 saints qui recevra le Mali culturel du 18 au 28 décembre 2025. Malgré les multiples défis, cet événement, qui clôture l’année dédiée à la Culture, vise à ancrer des valeurs pour construire le Mali de demain.

C’est le 4 août 2024 que la région de Mopti, hôte de la Biennale 2023, a officiellement remis le flambeau à la ville de Tombouctou pour l’organisation de la Biennale artistique et culturelle (BAC) 2025. Placée sous le thème « La culture, pilier pour bâtir le Mali nouveau », l’édition 2025 s’inscrit dans la dynamique de l’année de la Culture.

« Tombouctou a déjà illuminé le monde et nous pensons qu’elle peut encore le faire. » C’est la conviction profonde du ministre de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie Hôtelière et du Tourisme, lors d’une visite de terrain dans la Cité des 333 saints le 1er décembre 2025. À l’issue de sa visite des différentes infrastructures devant accueillir l’événement, le ministre en charge de la Culture s’est dit « satisfait » des avancées, avant d’exhorter les équipes à peaufiner les derniers réglages pour une organisation réussie.

Enthousiasme

Le rendez-vous majeur doit, au-delà de la culture, être un facteur d’unité nationale et célébrer la paix, tant au Mali que dans le monde, espèrent les autorités. L’événement sera le point de départ d’une « renaissance culturelle » qui s’inscrit dans la dynamique de l’année de la Culture, censée redonner vitalité aux territoires culturels.

Dans le cadre de cette année, décrétée par le Président de la Transition, et des activités de la Biennale artistique et culturelle Tombouctou 2025, le ministère de l’Artisanat, de la Culture, de l’Industrie Hôtelière et du Tourisme organise les 19 et 20 décembre 2025 le premier Forum Mondial des Civilisations, sur le thème : « Dialogue, paix et prospérité partagée ».

Le Forum Mondial des Civilisations, une rencontre de haut niveau, sera un espace international de dialogue, d’échanges, de partage d’idées et de bonnes pratiques entre les différentes civilisations autour des valeurs de paix et de prospérité partagée. Il réunira des universitaires, des décideurs politiques, des acteurs culturels, des chercheurs, des artistes, des leaders communautaires et des organisations internationales venus d’Afrique et du monde.

De la salle Ali Farka, qui doit accueillir le Forum Mondial des Civilisations, au stade, en passant par l’Institut Ahmed Baba ou encore la Place de la Mascotte, le ministre s’est réjoui de l’avancée des travaux. Cependant, avec des défis encore importants, les acteurs restent partagés entre leur désir de voir la ville rayonner de nouveau et les contraintes réelles qui empêcheraient la tenue d’une biennale sereine.

Attentes non comblées

Sane Chirfi Alpha est historien et membre de la société civile. Face aux défis de l’organisation de la Biennale à Tombouctou, il a tenu à « tirer la sonnette d’alarme au vu de la tournure prise par les choses ». Lorsque Tombouctou a demandé et obtenu d’accueillir la Biennale de Mopti, le Président de la Transition a offert un stade de 7 000 places, rappelle-t-il. La Biennale, présentée comme un projet de développement, promettait aussi un nouveau pôle d’attraction, avec une cité Assimi de 40 villas, une cité Alfarouk de 40 villas, une mosquée, une église, un centre culturel, des goudrons, etc. Malheureusement, à ce jour, ces projets n’ont pas vu le jour. Le stade ne serait plus lié à la Biennale et ce n’est pas un projet de développement, déplore M. Chirfi Alpha.

L’organisation, entre Bamako et Tombouctou, manquerait de coordination, estime un autre acteur. « Ne me demandez pas d’être enthousiaste pour la tenue d’une Biennale qui n’aura aucune retombée », se désole M. Chirfi Alpha. « L’après Biennale sera comme l’avant Biennale et je ne me réjouis pas parce que la tenue d’une Biennale n’est pas une fin en soi. » Il déplore aussi le déplacement de la chorégraphie, qui se prépare à Bamako avec des chorégraphes sélectionnés dans la capitale. Probablement, quelques-uns de Tombouctou « prendront le train en marche ». Or, il est d’usage que ces derniers soient recrutés sur place, là où se déroule la Biennale.

Parce que la localité ne manque pas de talents et de « jeunes capables d’apprendre ». Dénonçant « une vaste scène où des acteurs viennent se produire », dans l’indifférence, il souhaite que cela ne soit plus le cas. Les exemples précédents, où les acteurs locaux se sentaient exclus, doivent servir de leçon et permettre que la ville profite de l’organisation de tels événements.

C’est pourtant le vœu des organisateurs, pour lesquels le choix de cette ville représente plusieurs symboles. Tombouctou est la première région du nord à abriter l’événement après sa relance. C’est une ville berceau de plusieurs monuments et sites historiques inscrits au Patrimoine mondial de l’Humanité. Le retour, en août 2024, des manuscrits restaurés, soustraits à la destruction lors de la crise, et la célébration des 700 ans de la mosquée de Djingareyber, sont autant d’illustrations de la grandeur et de la valeur de la ville. « Tombouctou est une référence spirituelle, intellectuelle et culturelle, elle doit le demeurer », plaide M. Chirfi Alpha.

Objectifs compromis ?

Monsieur Sane Chirfi n’est pas le seul à avoir des réticences concernant la tenue de la Biennale. Souleymane A. Cissé est également un ressortissant de la ville de Tombouctou. Il ne voit simplement pas d’intérêt à la tenue de la Biennale. « Je ne vois pas ce que la Biennale va servir. Pourquoi continue-t-on à harceler les gens pour organiser une Biennale que l’État n’a pas les moyens de financer ? », se plaint-il. L’impact de cette Biennale serait nul pour une ville qui a besoin de beaucoup de choses. « Je ne suis pas dans une logique de spectacle pour la ville de Tombouctou. »

Même sur le plan de la culture, il estime que l’annulation de certains numéros est regrettable, surtout dans le contexte d’une année de la Culture. Outre la salle promise, qui ne sera pas à l’ordre du jour, il estime que si les projets promis ne sont pas réalisés maintenant, ils ne le seront probablement jamais. Il y a beaucoup de priorités.

Malgré ce contexte d’incertitude, les troupes se préparent et celle de Dioïla, qui est à l’internat depuis un mois, n’entend pas rester en marge. Plutôt dans un bon état d’esprit avant le départ pour Tombouctou, la troupe de Dioïla ne vise pas moins que la première place pour faire mieux que sa troisième place lors de la précédente édition. Malgré les défis et les « difficultés inhérentes à ce genre de regroupement », le Directeur régional de la Culture de Dioïla espère pouvoir atteindre ses objectifs.

Impliqué dans l’organisation, Monsieur Traoré est assistant au ministère de la Culture. En personne-ressource, il reste extérieur mais donne son avis. Interrogé sur les délais, il estime que l’organisation se met en place doucement, « une organisation un peu cloisonnée, où les différentes commissions ne collaborent pas ». Or, il faut mettre ensemble les énergies. Pour sa part, il a donné des consignes pour attirer l’attention sur tout ce qui pourrait constituer un frein.

Albakaye Bolo est un acteur culturel et journaliste. Il estime que, pour sa part, les « préparatifs vont bon train, les quartiers s’apprêtent à accueillir les différentes délégations. » Les jeunes, à travers le Conseil régional de la Jeunesse, ainsi que la presse locale, se mobilisent également. Les travaux de réhabilitation se poursuivent. L’enthousiasme est réel, car après tout ce que Tombouctou a vécu elle veut renaître. C’est un honneur pour la ville. Mais il comprend les réticences, car Tombouctou est une ville sous couvre-feu depuis trois ans, ce qui suscite le doute chez certains. Les rédactions se mobilisent avec ferveur et la presse collabore afin de planifier et peaufiner la manière dont elle va couvrir cet événement.

De son côté, la société civile continue également de s’activer. Malgré « un blocage » à Bamako en raison de l’absence de vols, Fatouma Founé Adiawiakoye, assistante à l’organisation de « Vivre ensemble », coordonne le village artisanal, où environ 90 stands sur la centaine prévue ont déjà été réservés. Des produits agricoles transformés aux objets artisanaux, c’est une exposition de produits qui mettra en valeur les productions de Tombouctou et d’autres régions du Mali. « Nous attendons un moment fort de valorisation de nos cultures. Un espace de dialogue, de créativité et de rencontre qui contribuera à renforcer la paix et l’unité nationale. Cela permettra surtout une expression artistique et une opportunité de révéler les talents locaux ».

Mais, ce 10 décembre, le décès de l’Imam de la grande mosquée Djingareyber de Tombouctou a créé une nouvelle donne, dont on ignore encore les retombées sur la tenue de la Biennale.

 

Festival Nord du Mali : La 2ème édition révèle l’inestimable héritage septentrional

Après le succès de sa première édition, le Festival Nord du Mali revient pour la deuxième, transformant l’esplanade du Stade du 26 Mars à Bamako en un véritable carrefour culturel du 6 au 9 novembre 2025.

L’initiative, portée par Aboubacar Sako dit Plaisir, se positionne comme un événement d’envergure nationale entièrement dédié à la valorisation des cultures du Nord. Elle ambitionne de faire de Bamako le théâtre d’une richesse culturelle qui, comme le souligne son initiateur, « nous rassemble au-delà des différences ».

Le budget prévisionnel de cet événement, affiché à 50 806 850 francs CFA, est à la mesure de l’ambition affichée pour cette nouvelle édition, qui s’annonce « plus riche en rencontres, concerts, expositions, panels et moments de partage ».

La scène musicale accueillera une pléiade d’artistes emblématiques, symboles de la diversité et de la profondeur du répertoire du Nord. Le public aura l’occasion d’y retrouver de grands noms tels que Thialé Arby, Oumar Konaté, Kader Tarhanine, Afel Bocoum, ainsi que HB Ardo et Denis Almaloum. La présence du groupe Songhoï Blues et d’artistes comme Mc Flow et Abocar Madjou parachève cette affiche, promettant un panorama complet des sonorités qui font vibrer le Nord du Mali.

Au-delà de la musique, cette deuxième édition est marquée par des innovations majeures, ancrées dans la volonté d’honorer l’histoire et l’identité du Nord. L’une des plus marquantes est la reproduction en grande taille du monument Alfarouk de Tombouctou. Cette initiative représente un hommage concret aux racines et un puissant moyen d’affirmer la richesse du patrimoine de la région.

En prélude au festival, un Challenge Vidéo Officiel a été lancé autour de la chanson Festival Nord du Mali du groupe Bifenix. Le concours invite le public à publier sur les réseaux sociaux des vidéos créatives- danse, playback ou sketch- avec, à la clé jusqu’à 100 000 francs CFA et des tickets gratuits pour les concerts. Son objectif est de mobiliser la jeunesse et de populariser la musique du festival. Les participations sont ouvertes jusqu’au 1ᵉʳ novembre 2025.

La deuxième édition a été annoncée le 18 octobre 2025, au CICB, lors d’une conférence de presse. Les organisateurs ont reconnu que le principal défi cette année était la mobilisation du public, rendue difficile par la crise nationale du carburant. Malgré un contexte difficile qui complique la circulation et la logistique, les organisateurs affichent leur détermination à maintenir l’événement.

Pour M. Sako, le Festival Nord du Mali n’est pas qu’une manifestation culturelle, mais également un acte d’unité, de résistance et d’espoir, symbole de la foi, de la solidarité et de la créativité qui font vivre la culture malienne.

Massiré Diop

Deux ans après l’attaque du bateau Tombouctou, l’enquête piétine  

Ce dimanche 7 septembre 2025 marque le deuxième anniversaire de l’attaque contre le bateau Tombouctou de la Compagnie malienne de navigation fluviale. L’embarcation avait été frappée par des roquettes le 7 septembre 2023 sur le fleuve Niger, entre Abokoira et Zorghoi, provoquant un incendie à bord. Le même jour, le camp militaire de Bamba, dans la région de Gao, avait également été visé.

 

Le bilan avait été lourd. Les autorités avaient annoncé 64 morts, dont 49 civils et 15 militaires. D’autres sources avaient fait état d’un nombre bien plus élevé de victimes civiles. L’UNICEF avait confirmé la mort de 24 enfants et indiqué que neuf autres avaient été hospitalisés.

 

Le 8 septembre 2023, le procureur du Pôle judiciaire spécialisé de lutte contre le terrorisme avait annoncé l’ouverture d’une enquête pour identifier et poursuivre les auteurs. Deux ans plus tard, aucune avancée n’a été rendue publique. L’attaque n’a jamais été revendiquée. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, initialement soupçonné, avait nié toute implication, tout comme certains groupes rebelles évoqués parmi les premières pistes.

 

La Compagnie malienne de navigation fluviale n’a pas repris ses activités à plein régime. Ses employés ont dénoncé des arriérés de salaires et l’arrêt du trafic a entraîné de lourdes pertes économiques.

 

Deux ans après les faits, les auteurs de l’attaque n’ont toujours pas été formellement identifiés et les résultats de l’enquête judiciaire n’ont pas été rendus publics.

 

 

Biennale artistique et culturelle 2025 : la répétition avant l’heure

Le compte à rebours des activités de la biennale artistique et culturelle, a été lancé au Centre International de  Conférence de Bamako (CICB), ce  19 août 2025.C’est la  cité des 333 saints qui accueillera du 18 au 28 décembre, l’édition 2025. Musique,  défilé de mode, visite de stands décorés à la couleur tombouctienne, ont rythmé la cérémonie.  

La biennale artistique et culturelle, édition 2025 qui se tiendra à Tombouctou se prépare activement. L’évènement majeur qui doit clôturer la célébration de l’année de la culture promet d’être un moment « unique », propice au rassemblement et à l’unité nationale, espère le ministre de la culture.

Le choix de Tombouctou est une volonté affichée des autorités pour incarner la refondation culturelle du Mali. La rencontre qui a regroupé plusieurs ministres, autorités administratives et ressortissants de la ville a été l’occasion de passer en revue les potentialités culturelles et artistiques de la cité historique, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Avant-goût

La projection du film documentaire sur l’historique de la fondation, à l’occupation française de la ville millénaire, a permis de découvrir davantage la ville et ses valeurs dont l’hospitalité, la gastronomie ou encore le style vestimentaire.

La prestation des jeunes griots avec les sonorités locales de la région, ainsi qu’un défilé proposant les différents styles vestimentaires de la région dont les treize cercles ont été présentés, ont donné un avant-goût du spectacle.

Sans occulter les défis sécuritaires et logistiques qui demeurent pour l’organisation, les autorités ont sollicité la mobilisation de toutes les couches sociales pour la réussite de l’évènement.

Depuis sa création en 1970, la biennale artistique et culturelle est une tribune de démonstration des talents des artistes locaux, de compétition, d’intégration, d’échange, et d’expression des diversités artistiques et culturelles du Mali. Son objectif est de contribuer à la paix, l’unité nationale et le vivre ensemble, tout en renforçant le dialogue intercommunautaire.

Ali Sankaré

 

Mali Ko : La jeunesse au rythme de la mémoire musicale

De juin à décembre 2025, le projet culturel Mali Ko… sillonnera onze villes du pays pour faire revivre dix-neuf chansons emblématiques à travers les voix de jeunes artistes. Une initiative portée par Africa Scène et Blonba et soutenue par l’État malien.

Du Mali des années 60 à celui des plateformes numériques, la mémoire musicale nationale prend un nouveau souffle. Le projet Mali Ko… (Le Mali dit…), lancé dans le cadre de l’Année de la Culture, s’inscrit dans une volonté de transmission intergénérationnelle à travers la musique, l’image et le débat citoyen. Chaque ville sera élevée au rang de capitale culturelle éphémère, devenant à la fois une scène de spectacle, un lieu de mémoire et un laboratoire d’expression. Le choix de villes parfois éloignées du circuit culturel habituel est pleinement assumé.

Porté par Africa Scène et l’Espace Culturel Blonba, le projet revisite dix-neuf titres majeurs du patrimoine malien. On y retrouve des classiques comme Mali ba de Bazoumana Sissoko, Tassidoni du Super Biton, Nyama Toutou de Nahawa Doumbia, Chérie d’Ali Farka Touré, Mamaya d’Ami Koïta, Dimanche à Bamako d’Amadou et Mariam, Mali Twist de Boubacar Traoré Kar Kar, Bi furu de Oumou Sangaré, Mali Sadio de Mangala Camara, Can 2002 de Neba Solo. Ces chansons seront interprétées par six artistes contemporains : Malakey, Young BG, Dr Keb, Black AD, Mamou Fané et Maimouna Soumounou.

Avec un budget prévisionnel de 150 millions de francs CFA, soutenu par le ministère de la Culture et la GIZ à travers le programme Donko ni Maaya, la tournée traversera onze villes : Tombouctou, Mopti, Ségou, San, Koutiala, Sikasso, Bougouni, Koulikoro, Kita, Kayes et Bamako.

Chaque étape donnera lieu à un spectacle-concert de 2h30, conçu comme une mise en scène vivante du répertoire, sous la direction d’Alioune Ifra Ndiaye. Les jeunes artistes réécriront parfois les morceaux ou les adapteront sans les trahir, pour les faire résonner avec les réalités actuelles.

En parallèle, un album musical rassemblera les versions revisitées. Le projet investira également les écrans avec une série documentaire de 40 épisodes centrée sur les coulisses de la tournée et les villes visitées. Dix talk-shows de 90 minutes donneront la parole aux artistes, au public et aux figures locales.

L’objectif est d’atteindre 150 000 spectateurs en présentiel, 3 millions de téléspectateurs et 1 million de vues numériques. Mais, au-delà des chiffres, il s’agit surtout de réconcilier une génération avec son histoire par l’art.

À travers Mali Ko…, la jeunesse malienne devient actrice d’un récit national qui se chante, se partage et s’invente au présent.

Biennale artistique et culturelle : Tombouctou célèbre l’Année de la Culture 2025

Lors de sa session ordinaire du 17 janvier 2025, le Conseil des Ministres a adopté un projet de décret visant à institutionnaliser la Biennale artistique et culturelle, activité emblématique née en 1970. Cet événement s’inscrit dans le cadre de l’Année de la Culture, proclamée par le Président de la Transition, le Général Assimi Goïta, lors de son discours à la nation du 31 décembre 2024.

Depuis sa création en 1970, la Biennale artistique et culturelle est un espace d’expression des diversités artistiques et culturelles du Mali. Elle contribue à promouvoir le vivre-ensemble, tout en mettant en lumière les savoir-faire locaux et en renforçant le dialogue intercommunautaire. Pour cette édition, Tombouctou accueillera artistes, artisans, écrivains et chercheurs, offrant une vitrine exceptionnelle à la richesse culturelle de cette région mythique.
Des préparatifs en cours dans la cité des 333 saints
Rappelons Tombouctou sera l’hôte de l’édition 2025 après Mopti l’année passée. En effet, Tombouctou, ville historique classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, sera l’épicentre de cette grande célébration nationale.
La Cité des 333 Saint se prépare activement à accueillir l’événement. Depuis la passation officielle du flambeau à la région, les autorités locales, soutenues par les populations et la diaspora, ont mobilisé plus de 30 millions de francs CFA pour garantir le succès de la Biennale. Ces fonds serviront à financer la réhabilitation des infrastructures, notamment les lieux de spectacles et les espaces d’exposition, ainsi que l’organisation des nombreuses activités prévues.
Les spectacles artistiques incluront des danses traditionnelles, des ballets régionaux, des performances théâtrales et des concerts de musique moderne et traditionnelle. Des expositions d’artisanat et d’arts visuels permettront de valoriser les talents locaux, tandis que des conférences et ateliers porteront sur la préservation et la modernisation du patrimoine culturel.
Un levier économique et culturel pour la région
Outre son impact culturel, la Biennale aura des retombées économiques significatives pour Tombouctou et ses environs. En attirant des milliers de visiteurs nationaux et internationaux, l’événement stimulera le secteur touristique, redynamisera les industries créatives et favorisera la création d’emplois locaux. Les artisans et artistes auront également l’opportunité d’accéder à de nouveaux marchés et de renforcer leur visibilité.
Dans un contexte marqué par des défis sécuritaires et socio-économiques, cette Biennale représente un symbole de résilience et d’espoir pour la région. L’Année de la Culture proclamée pour 2025 reflète une volonté politique visant à renforcer la cohésion sociale et promouvoir la culture comme pilier de développement durable. Le Président Goïta a affirmé que cet événement national constitue une étape importante dans la refondation culturelle et sociale du Mali.
Des perspectives internationales
Comme mentionné dans les analyses publiées par Africa Income, la Biennale 2025 contribuera à positionner le Mali sur la scène internationale en tant que leader culturel en Afrique de l’Ouest. En plus de favoriser la coopération culturelle, elle renforcera l’image de Tombouctou comme carrefour de civilisations et lieu emblématique de dialogue entre les cultures.
Les bénéfices attendus ne se limitent pas au seul Mali. L’événement aura une portée régionale et mondiale, attirant des partenaires, des mécènes et des acteurs culturels désireux de participer à cette célébration unique. Ce rendez-vous marquera une nouvelle étape dans la valorisation du patrimoine malien, tout en réaffirmant l’importance de la culture comme vecteur de paix et de stabilité.
Tombouctou 2025 ne sera pas seulement un festival, mais un message fort de résilience, de diversité et de créativité, porté par une nation fière de son histoire et résolument tournée vers l’avenir.

Inondations et pollution : La crainte d’une crise environnementale majeure en 2025

Le Mali fait face à deux crises environnementales majeures : des inondations historiques qui continuent de dévaster des régions entières malgré la fin de l’hivernage et une pollution atmosphérique croissante, à Bamako notamment. Ces phénomènes, aggravés par les pratiques humaines et le manque d’application des politiques environnementales, posent des défis colossaux pour l’avenir.

Depuis juillet 2024, des inondations d’une ampleur exceptionnelle ravagent le pays, causant des dégâts considérables. Près de 259 795 personnes ont été touchées, avec un bilan d’une centaine de décès et 148 blessés. Les régions de Ségou, Gao et Tombouctou sont parmi les plus durement affectées. À Gao, plus de 1 990 maisons se sont effondrées sous l’effet de précipitations intenses. Malgré la fin de l’hivernage en octobre 2024, les niveaux d’eau restent critiques, détruisant des infrastructures et exposant les populations à des déplacements et risques sanitaires tels que le choléra et le paludisme.

Parallèlement, la capitale, Bamako, est confrontée à une pollution atmosphérique alarmante. Selon l’Indice de Qualité de l’Air (IQA), les concentrations de particules fines dépassent largement les normes recommandées par l’OMS, classant l’air de la ville comme « nocif ». Le Pr Yacouba Toloba, pneumologue, a alerté sur l’augmentation des maladies respiratoires et cardiovasculaires. En 2024, 83 décès liés aux maladies respiratoires, dont une part significative attribuable à la mauvaise qualité de l’air, ont été dénombrés. La même étude a également indiqué que plus de 260 000 personnes fréquentent les hôpitaux chaque année pour bénéficier de soins contre les pathologies respiratoires.

La Pr Fatoumata Maïga, spécialiste des questions environnementales, attribue cette pollution à plusieurs facteurs : les véhicules de seconde main, souvent mal entretenus, les activités industrielles et artisanales, ainsi que les pratiques agricoles et minières. Des pratiques qui libèrent des fumées toxiques et des particules de poussière dans l’atmosphère. Même l’élevage intensif contribue à ce problème par le dégagement de gaz issus des mélanges de bouses et d’urines.

Pour réduire cette crise, elle recommande de restreindre l’importation de véhicules trop âgés, de diminuer l’utilisation de moteurs diesel et de réguler strictement les activités industrielles. Cependant, elle souligne que l’application des politiques publiques reste un défi majeur, malgré l’existence de textes. Une situation qu’elle attribue à des pratiques sociales néfastes, comme le favoritisme et l’impunité.

Ainsi, l’année 2025 s’annonce déterminante pour le pays, où des actions concrètes et une sensibilisation accrue sont nécessaires pour faire face à des crises environnementales aux conséquences imprévisibles.

Fixation de peine : La CPI annonce son verdict pour Al Hassan le 20 novembre prochainrendra sa décision le 20 novembre 2024

La Cour pénale internationale (CPI) se prépare à prononcer la peine d’Al Hassan Ag Abdoul Aziz Ag Mohamed Ag Mahmoud, le 20 novembre 2024, à l’issue d’un long procès débuté en juillet 2020. Cet homme est jugé pour des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité perpétrés à Tombouctou, entre avril 2012 et janvier 2013, durant la période où la ville était sous le contrôle des groupes armés.

Le 26 juin 2024, la CPI a rendu un verdict qui a reconnu Al Hassan coupable de plusieurs chefs d’accusation, tels que la torture, les traitements inhumains et la persécution. Toutefois, il a été acquitté des accusations relatives aux crimes sexuels, dont le viol et l’esclavage sexuel. Compte tenu de la gravité des faits retenus contre lui, Al Hassan risque une peine maximale de 30 ans de prison, voire la réclusion à perpétuité si les juges estiment que la nature des crimes le justifie.

D’ailleurs, une audience s’est tenue le 4 septembre 2024 afin de permettre à la Défense, au Bureau du Procureur et aux représentants des victimes de présenter leurs observations finales. Le verdict sera annoncé par un panel de juges composé de Kimberly Prost (présidente), Tomoko Akane et Keebong Paek, en présence de l’accusé, de son équipe de défense, des représentants des victimes et des membres du Bureau du Procureur.

Cette affaire s’inscrit dans le cadre des multiples enquêtes de la CPI liées aux événements au Mali depuis 2012, année où les autorités ont officiellement saisi la Cour. Signalons qu’Al Hassan est le deuxième Malien à être jugé par la CPI après Ahmad Al Faqi Al Mahdi, condamné en 2016 pour des crimes de guerre, dont la destruction volontaire de monuments religieux et historiques à Tombouctou, commis en juin et juillet 2012.

Affaire Al Mahdi : Des réparations collectives remises à la communauté par le Fonds au profit des victimes de la CPI

Le Mémorial Modibo Kéïta de Bamako a abrité, le jeudi 9 octobre, une conférence de presse, animée par les responsables du Fonds au profit des victimes de la Cour pénale internationale (CPI). Une occasion mise à profit par ces derniers  pour faire le point sur l’état d’avancement des réparations collectives destinées à la communauté de Tombouctou.

Cette rencontre faisait suite à une mission conjointe menée à Tombouctou avec les autorités maliennes dans le cadre de la mise en œuvre des mesures de réparation initiées après les actes de destruction perpétrés par Ahmad Al Faqi Al Mahdi.

Au cœur de ces initiatives se trouve l’inauguration d’un monument mémoriel nommé Louha, symbolisant la résilience de la communauté de Tombouctou face aux crimes commis en 2012. Mme Aude Le Goff, responsable du Fonds a souligné lors de la conférence que « ce mémorial représente à la fois un lieu de mémoire et un hommage à l’érudition et à l’ouverture de la ville sur le monde ». Le monument a été érigé sur la place publique Diamane Hana sous l’égide du gouverneur de la région, Bakoun Kanté.

La conférence a également permis de détailler les efforts déployés pour la restauration du patrimoine détruit, incluant la reconstruction du mausolée du Cadi Cheick Mohamed Mahamoud Ben Cheick Al Arawani, restitué à ses descendants et la réhabilitation des murs de clôture des cimetières historiques, grâce à l’appui de l’UNESCO. M. Modibo Bagayoko, représentant de l’UNESCO, a déclaré que « ces mesures visent à renforcer la préservation du patrimoine culturel de Tombouctou et à prévenir de futures atteintes à ce riche héritage. »

En réponse aux préjudices subis par la communauté, le Fonds au profit des victimes et ses partenaires ont également mis en place des projets socio-économiques pour atténuer l’impact économique des crimes de 2012. Parmi les initiatives figure l’accompagnement de 42 projets locaux par la Fondation CIDEAL, avec un financement total de 273 millions de FCFA (environ 417 000 euros), visant à renforcer la cohésion sociale, protéger l’environnement et soutenir les activités économiques locales.

La présidente du conseil de direction du Fonds, Minou Tavárez Mirabal a précisé que « cette phase finale de réparation se concentrera sur des mesures d’appui à l’activité économique jusqu’en décembre 2025, pour permettre à la communauté de reprendre pleinement sa dynamique de développement ».

Tidji fô damé : Le conte, facteur de transmission culturelle

À Tombouctou a débuté le 15 mars la 4ème édition de la traditionnelle Tidji fô damé (La nuit du conte). Une initiative de la troupe théâtrale locale Sababou Bangou qui vise à « perpétuer la culture tombouctienne » à travers des contes, des chants traditionnels, du slam…

Dans la Cité des 333 Saints, Ramadan rime avec jeûne et prière, mais aussi avec activités culturelles. Chaque année, durant tout le mois sacré des Musulmans, est organisé l’événement Tidji fô damé.

Il est une création de Sababou Bangou, une association locale à vocation culturelle qui se donne comme objectif le vivre ensemble, à travers la mise en œuvre d’activités théâtrales et de sensibilisation sur des thématiques de cohésion sociale et de développement. « Spécifiquement, l’association veut être un cadre idéal permettant aux jeunes de la région de s’informer, de se former et de sensibiliser pour un changement de comportement positif et un développement humain durable », explique Ibrahim Dicko, Secrétaire général de Sababou Bangou.

C’est dans cet élan que la troupe a lancé le 15 mars dernier la 4ème édition de l’activité, sur le thème « Conte, un mode de transmission de nos valeurs culturelles ». Le lancement officiel a eu lieu dans le quartier de Badjindé, avec un programme riche et varié mêlant contes, poésies, danses et chants traditionnels liés au Ramadan. Il se poursuivra jusqu’au 7 avril, avec au menu des activités dans tous les autres quartiers de Tombouctou.

« Tidji fo damé, ce sont des séances populaires de contes et légendes dans les quartiers de la ville de Tombouctou à l’intention d’un public jeune. Nous faisons appel à des personnes ressources (conteurs) désignées dans le quartier même pour animer ces séances. Avec leur aide, la troupe organise des activités durant toutes les nuits du Ramadan dans les 8 quartiers de Tombouctou, à raison de 2 quartiers par semaine) », fait savoir Hameye Mahamane Touré, Président de l’Association culturelle Sababou Bangou.

Selon lui, Tjidi fo damé vise à consolider les valeurs et principes moraux de la société tombouctienne, à contribuer au renforcement de la cohésion sociale entre les populations de la ville et à exhorter les jeunes « à adopter des comportements favorisant le vivre ensemble ».

En outre, Tjidi fo damé est aussi devenu un moyen pour les populations de la ville de Tombouctou « de se procurer de la joie et de resserrer leurs liens ». Oubliant ainsi, le temps d’une soirée, les affres du terrorisme auxquelles elles font face depuis 2012.

Gao et Tombouctou : comment s’adapter au couvre-feu ?

Les couvre-feux instaurés à Gao et Tombouctou par les différents gouverneurs ont été prorogés le 9 octobre. Comment s’adaptent les populations et comment accueillent-elles cette prorogation ?

Après l’attaque du bateau de la COMANAV en provenance de Gao le 7 septembre dernier, avec 49 morts civils et 15 militaires maliens, et l’attaque le lendemain du camp de Gao par des groupes armés terroristes, un couvre-feu nocturne a été instauré dans la ville de Gao jusqu’au 9 octobre, reconductible. Presque dans la foulée, à Tombouctou, alors que la ville est soumise à un blocus et cible de tirs d’obus de la part du JNIM, le gouverneur de la région, le Commissaire divisionnaire Bakoun Kanté, a instauré également un couvre-feu allant du 11 septembre au 10 octobre 2023, de 20h à 6h du matin. Ces mesures ont été prorogées alors que les populations essayent encore de s’adapter. À Tombouctou, elles ont été un peu allégées, passant de 20h à 21h. Même si elle est contraignante, la majorité des habitants de Tombouctou approuvent la décision, selon des sources sur place. « La ville a besoin de sécurité, il faut moins de personne dans les rues, surtout la nuit, pour que les forces de l’ordre puissent faire leurs opérations de sécurisation à travers la ville », assure Tandina El Hadj Beyt’allah, blogueur de la Cité des 333 Saints. Il ajoute qu’il n’y a pas eu de grand changement dans les habitudes des Tomboctiens, « les gens s’habituent au couvre-feu, ils rentrent le soir à la maison avec des provisions ». À Gao, où le couvre-feu dure de 22h à 6h du matin, avec un allègement de 2 heures par rapport au mois dernier, les commerçants soufflent un peu mais réclament plus. Souley Ibrahim, un résident de Gao, affirme que depuis l’instauration du premier couvre-feu « la sécurité de la ville s’est nettement améliorée. Il n’y a pratiquement plus d’enlèvements et les habitants se sentent plus en sécurité ». Abdoul Karim Samba, Président d’une association locale de la société civile, affirme qu’un seul cas de braquage a été recensé durant la période du premier couvre-feu. Si la mesure est appréciée sur ce point, elle n’enchante pas une partie de la population, surtout les commerçants et les boutiquiers, qui sont obligés de fermer leurs structures dès 21h ou 22h. Une situation intenable, qui joue sur l’économie de la ville, selon la même source, car il y a plusieurs petits commerçants qui ne gagnent réellement que pendant la nuit. Avec le couvre-feu, il est difficile pour eux d’obtenir de quoi subvenir à leurs besoins.

La population des deux régions se dit résiliente, tout en espérant que cette situation ramène la sécurité et la paix sur leurs territoires.

Tombouctou : insécurité grandissante dans la région

Voilà bientôt un mois que l’insécurité croît dans la 6ème région administrative du Mali. Des attaques à répétition et un blocus visant les populations font vivre à Tombouctou des heures difficiles.

S’il fallait un énième incident sécuritaire sur les voies menant à Tombouctou pour prendre au sérieux la volonté des terroristes d’isoler la ville, il a eu lieu. Dans la nuit du 1er au 2 septembre dernier, le Fihroun Ag Alinsar, l’un des bateaux express de transport de passagers de la Compagnie malienne de navigation fluviale (COMANAF), a été victime d’une attaque dans le cercle de Youwarou alors qu’il venait de Mopti pour rejoindre la ville de Kabara, près de Tombouctou. L’attaque, perpétrée à l’arme lourde, a causé la mort d’un enfant de 12 ans et fait plusieurs blessés et des dégâts matériels.

La Cité des 333 Saints est depuis quelques semaines soumise à une pression de la part des Groupes armées terroristes (GAT), notamment le JNIM, qui, selon des sources locales, imposent un blocus à la ville depuis trois semaines.

« Tombouctou est bien sous blocus depuis mi-août. Les denrées de première nécessité n’entrent plus depuis maintenant deux semaines », assène Mohamed Ag Alher Dida, journaliste-blogueur local. « Ça a commencé d’abord par des menaces, à travers des messages vocaux, qui n’ont pas été prises au sérieux au début. Mais nous qui avons vécu la crise ici savons que les terroristes mettent généralement leurs menaces à exécution. Aujourd’hui, Tombouctou est prise en étau, de telle sorte que la ville ne se ravitaille plus via les zones frontalières vers l’Algérie et la Mauritanie. Les voies sont carrément bloquées », ajoute-t-il.

Les camions en provenance des pays frontaliers, mais aussi des voies routières passant par Bambara Maoudé ou Soumpi, qui ravitaillent la ville sont bloqués en pleine brousse ou même incendiés. Le 27 août dernier, l’un d’eux a été calciné en plein jour par des hommes armés à quelques dizaines de kilomètres du quartier d’Albaradjou. Depuis, ils sont nombreux à stationner dans les rues de Tombouctou, comme en attestent des images authentifiées qui ont largement circulé sur les réseaux sociaux le 2 septembre dernier. Sous blocus, la Ville mystérieuse est également prise pour cible. Le JNIM a revendiqué le 30 août dernier des tirs d’obus visant la zone aéroportuaire de la localité. Quelques jours après, le samedi 2 septembre, c’est le cœur de Tombouctou qui a subi les affres du terrorisme. Des obus lancés en pleine ville par les GAT ont fait un mort. « Certains disent qu’il n’y a pas de blocus sur Tombouctou, mais nous, qui vivons dans la ville, savons quelle réalité nous vivons. Les GAT trompent souvent la vigilance des gens. Pendant une à deux semaines ils ne font rien, mais après ils reprennent leurs attaques », explique une source locale, selon laquelle la situation s’est fortement dégradée suite à l’entrée récente des FAMa à Ber.

Face à la situation « dangereuse », les ressortissants de la région se mobilisent. Outre les dénonciations sur les réseaux sociaux, des rencontres « pour trouver une solution » sont en cours sur place et également à Bamako.

Le lundi 9 septembre 2023, l’Association des ressortissants pour le développement du cercle de Tombouctou (ARDCT) et l’ensemble des Présidents des associations de ressortissants des cercles de Diré, Goundam, Niafunké et Gourma-Rharous, avec plusieurs leaders communautaires, ont rencontré le Premier Ministre, Choguel Kokalla Maïga autour de la situation de Tombouctou. Les organisations locales réclament, entre autres, « la pleine implication des structures et des acteurs locaux dans la recherche de toutes les solutions idoines à la situation actuelle que vit la région, le ravitaillement normal des populations en denrées alimentaires et en produits pharmaceutiques, le plein soutien à la COMANAF et à SKY-Mali, en vue de leur permettre d’assurer le transport des personnes et des biens en toute sécurité, et la sécurisation des axes routiers en renforçant le dispositif sécuritaire en place ».

Mali – transition: 64 morts dont 49 civils et 15 militaires dans deux attaques distinctes

Le bateau « Tombouctou » de la COMANAF et un camp de l’armée malienne à Bamba dans la région de Gao ont été visés hier jeudi par des attaques terroristes. Dans un communiqué, le gouvernement a fourni un bilan provisoire de 64 morts dont 49 civils et 15 militaires lors des deux attaques. Un deuil national de trois jours à été décrété à compter de ce vendredi. Dans le communiqué, le gouvernement a annoncé que la riposte des FAMa a permis de neutraliser une cinquantaine de terroristes. Les nombreux blessés ont selon des sources locales été acheminés vers les centres de santé de la région de Gao. Le bateau de la COMANAF en provenance de Gao a été la cible d’une attaque terroriste  aux environs de 11 h 00, entre Abakoira et Zorghoi dans le cercle de Rharous. C’est la deuxième fois en moins d’une semaine que les bateaux de la COMANAF sont attaqués. Le 1er septembre dernier, la compagnie a informé d’une attaque à l’arme lourde ayant entrainé la mort d’un enfant de 12 ans.

 

Tombouctou : le blocus sur la ville entraine une augmentation du prix de l’essence

Depuis plusieurs jours, des terroristes ont imposé un blocus sur la région de Tombouctou. Selon des sources dans la région, des hommes armés ont bloqué la route reliant Mopti à Tombouctou, par conséquent aucun camion en provenance d’Algérie, de Mauritanie mais également des villes de Bambara Maoudé, Mopti ou Goundam, n’a pu entrer dans la ville. Le commandant local du Jnim Talha Abou Hind a promis une guerre totale à l’Etat. Ce blocus a entrainé une augmentation du prix de l’essence qui est passé de 700 FCFA le litre et 1000 FCFA. Hier dimanche, un camion transportant du gasoil qui devait ravitailler la ville a été calciné par les terroristes. Depuis que les FAMa ont pris possession du camp de Ber le 13 août à 15 km de la ville, elle est soumise à une pression. L’armée a annoncé samedi 26 août que les terroristes ont visé Tombouctou par un tir d’obus tombé à proximité du marché. Le bilan est de 4 blessés civils évacués à l’hôpital. Selon des sources, une fille a succombé à ses blessures.

Ber : les FAMa prennent possession du camp après plusieurs incidents

Dans le cadre du processus de rétrocession des emprises de la MINUSMA, les FAMa ont annoncé hier dimanche avoir pris possession du camp de BER. Le mouvement des unités a été émaillé de plusieurs incidents précise le communiqué.

En effet, Sur le chemin menant à Ber pour récupérer le camp, les Fama ont indiqué avoir riposté à une tentative d’incursion dans leur dispositif et à des tirs de harcèlement le vendredi 11 août 2023 par les groupes armés terroristes. Samedi le bilan de cet affrontement faisait état de 6 morts et 4 blessés côté Fama, et les GAT ont abandonné 24 corps, 18 AK-47 et 12 motos d’après des chiffres avancés dans le communiqué.

Toujours selon le communiqué de l’Etat Major général des armées, des tirs sporadiques ont visé dimanche encore les soldats qui progressaient vers Ber avec la destruction par le Famas de 4 Engins explosifs improvisés.

Ber est une localité de la région de Tombouctou. Dimanche la MINUSMA avait annoncé sur son compte X anciennement Twitter, avoir anticipé son retrait du camp de Ber en raison de la dégradation de la sécurité dans la zone et des risques élevés que cela fait peser sur nos Casques Bleus.  Dans un autre post, la Mission a indiqué que son convoi qui s’est retiré de Ber a été attaquée à 2 reprises, blessant 3 casques bleus qui ont été évacués vers Tombouctou.  Le camp de Ber était occupé par des Casques bleus burkinabè. Il est source de tension entre les FAMa et la coordination des mouvements de l’Azawad, groupe armé signataire de l’accord pour la paix. Ses différents responsables ont multiplié les publications le week-end sur leur compte officiel. Le porte-parole de la CMA Almou Ag Mohamed a assuré le 12 août qu’occuper les emprises de la MINUSMA situées dans les zones sous contrôle de la CMA est une violation des arrangements sécuritaires et du cessez-le-feu du 23 mai 2014. La CMA n’a pas encore fait de déclaration après que les FAMa ont pris possession du camp. L’armée quant à elle n’a pas fait mention d’incidents avec la CMA dans ses différents communiqués.

Eaux minérales : attention aux non certifiées

À partir de 100 francs CFA la petite bouteille, l’eau minérale est de plus en plus accessible et l’offre est diversifiée. Mais, en cette période de fortes chaleurs et de grande consommation, toutes n’ont pas une Autorisation de mise sur le marché (AMM). C’est-à-dire la caution officielle de garantie de leur qualité. Pourtant, la procédure est simple et indispensable pour certifier l’eau.

La marque, la date de péremption, voici quelques-uns des détails auxquels s’intéresse la majorité des consommateurs. Pour le reste, elle fait confiance au nom du produit ou à la société productrice. Pour les consommateurs, peu de doutes sur la qualité des eaux « en bouteille ». Pourtant, ce n’est pas ni gage de sécurité, ni une assurance.

Pour garantir la qualité sanitaire des aliments, y compris les eaux, seule l’Agence nationale de sécurité sanitaire des aliments (ANSSA) est la référence. À travers un certain nombre de critères, elle délivre l’Autorisation de mise sur le marché (AMM), donnant aux produits non seulement la permission d’être sur le marché, mais aussi la garantie qu’ils répondent aux normes sanitaires requises.

Précautions nécessaires

Mais, compte tenu du principe de « liberté du commerce », plusieurs types d’eaux minérales se retrouvent sur le marché sans ce préalable. Les consommateurs ne sont donc pas à l’abri d’éventuels risques. Pour s’assurer de la qualité de l’eau qu’ils boivent, ils doivent être attentifs au « petit » logo jaune de l’Agence de sécurité sanitaire des aliments sur l’emballage des bouteilles. Il est accompagné de la mention « autorisé par le ministère de la Santé » et du numéro de délivrance de l’AMM.

Donc, en principe, ceux qui s’apprêtent à mettre sur le marché un produit de consommation, en l’occurrence de l’eau minérale, doivent d’abord se munir de cette autorisation. Pour l’obtenir, un certain nombre de conditions doivent être remplies par les demandeurs. Outre une demande manuscrite, un dossier technique, comprenant la description du produit (dénomination, composition, date de fabrication et de péremption, etc.), son origine, la copie conforme de l’AMM du pays d’origine ou son équivalent sont nécessaires pour les produits importés.

Quant aux produits locaux, en plus des documents précités, il faut un rapport d’évaluation de la qualité sanitaire fait par un organisme agréé et une analyse du produit par le Laboratoire national des Eaux.

Les dossiers sont examinés au cours des sessions de l’ANSSA, qui se tiennent en principe tous les trois mois. Les autorisations ainsi délivrées ont une validité de cinq ans, mais des contrôles inopinés peuvent le cas échéant permettre de les retirer lorsqu’elles ne respectent plus le cahier des charges.

Mines : au nord, la ruée vers l’or

Au Mali, une quinzaine de sites miniers exploitent l’or, en plus des multiples zones d’orpaillage. L’activité est fortement concentrée sur les régions du Sud. Mais depuis 2020 les chercheurs de métal jaune se ruent aussi vers la partie septentrionale du pays, où plusieurs gisements ont été découverts ces dernières années.

Almaghmor. Le nom de ce village situé à 140 km de Tombouctou revient en boucle sur les réseaux sociaux depuis fin mars. Selon plusieurs sources, des autochtones y ont découvert une mine d’or à ciel ouvert. Sur le site en plein désert que l’on peut apercevoir sur des images relayées sur Internet, des personnes s’affairent à exploiter le métal jaune. « Ils sont plusieurs chercheurs d’or à se rendre dans le village avec du matériel depuis une semaine, malgré les conditions climatiques difficiles et l’insécurité qui règne dans la zone », explique un ressortissant de la localité, qui confirme l’information de la découverte du site.

Tout comme à Almaghmor, de l’or a récemment été découvert dans plusieurs localités du septentrion malien. Notamment à Igouzar, à 50 km de Kidal. Dans la région, à 40 km au sud de Tessalit, des sites aurifères ont également été découverts en 2020.

Autre région, autre découverte. À 90 km de Gao, dans les localités de Marsi, N’Tillit nord et sud et Tinaïkorene, du métal jaune a été aussi trouvé en 2020. « L’État est au courant de ces sites d’orpaillage, mais, avec l’insécurité qui règne dans la zone, il n’arrive pas à les contrôler pour le moment. Ce qui fait que nous ne disposons pas de données spécifiques sur ces lieux d’exploitation minière. Par exemple, sur la quantité d’or qu’on y exploite », explique un agent de la Cellule de planification et de statistique du secteur Mines et énergie (CPS/SME), un service du ministère des Mines qui publie chaque année des données statistiques sur ces deux secteurs économiques. En absence de contrôle de l’État, les sites, selon de nombreuses sources, sont assujettis aux groupes armés, dont la CMA (Coordination des mouvements de l’Azawad) et la Plateforme.

« Les groupes armés font partie des principaux acteurs de cette mini-industrie. Sur la route entre Gao et In-Tillit, les check-points anarchiques sont légion. Il n’est pas rare de voir des groupes d’hommes, qui souvent ne sont même pas armés, demander aux voyageurs de payer entre 2 000 et 2 500 francs CFA », explique le journaliste Mohamed Touré, auteur de l’article « In-tillit dans la région de Gao : l’irrésistible attraction de l’or », publié en 2021.

GSIM – MSA : ce qui se joue derrière « l’alliance» de circonstance

Un peu plus de deux ans après sa dernière apparition, le chef du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) affilié à Al-Qaïda, Iyad Ag Ghaly, s’est montré dans une vidéo le 22 janvier dans la région de Ménaka. Selon plusieurs sources, il y était pour accepter l’allégeance de notables issus de tribus de la zone et membres du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA). Ce ralliement, qui conforte un peu plus l’ancrage Al-Qaïda dans la zone, pourrait affaiblir le MSA et présager de nouveaux combats contre le groupe État islamique.

Selon nos informations, ces nouveaux membres du GSIM sont des notables de la communauté Daoussahak de la région de Ménaka. Une communauté issue de la tribu Tamasheq géographiquement présente dans une grande partie de la région de Ménaka et une partie du cercle d’Ansongo.

L’État islamique au Grand Sahara Sahel (EIGS) mène une offensive dans la région de Ménaka depuis mars 2022. Cette offensive, qui a conduit à des affrontements armés avec le GSIM, a occasionné des attaques non seulement contre les civils daoussahaks mais aussi contre les groupes armés, dont le MSA.

Systématiquement ciblés par l’État islamique depuis mars dernier (plusieurs tués) ceux-ci auraient préféré s’allier à « l’ennemi de leur ennemi », le GSIM, pour se défendre contre ces attaques.

L’analyste sécuritaire Ibrahim Maiga expliquait dans nos colonnes en avril dernier que les divergences entre les Daoussahaks, qui constituent le fer de lance du MSA, et la communauté peul Tolebe, fortement représentée au sein de l’EIGS, alimentaient le conflit entre le MSA et l’EIGS, au-delà des querelles d’ordre idéologique entre les deux camps.

« Ces derniers mois, ils (la communauté Daoussahak, ndlr) ont été meurtris par les attaques des groupes djihadistes, en l’occurrence l’État islamique. Pour sauver leur tête ils ont adhéré au GSIM. Iyad Ag Ghaly serait dans la zone depuis un moment et ils ont profité de cette présence pour lui prêter allégeance », explique Abdoul Nassir Idrissa, journaliste de la région. Il précise que ce n’est pas l’aile politique du MSA, mais plutôt « des notables, des chefs de tribus et fractions qui se sentent chaque jour persécutés ».

Le MSA impacté ?

Cette allégeance d’anciens membres du MSA au chef du GSIM n’a que peu surpris. Mais elle aura plusieurs implications dans l’évolution de la dynamique des forces en présence sur le terrain dans cette zone en proie à des combats pour son contrôle depuis des mois.

« Iyad Ag Ghaly marque sa présence à Ménaka. On sait tous qu’Al-Qaïda y était présent, mais d’une manière très timide, et c’est à la faveur de la guerre avec l’État islamique que le groupe s’est impliqué de plus en plus là-bas, à cause des échecs des autres factions face à l’État islamique. C’est sa façon à lui de montrer qu’il est soutenu dans la guerre contre l’État islamique », analyse une source spécialiste des mouvements djihadistes.

Si le chef terroriste y gagne dans l’ancrage d’Al-Qaïda dans la région de Ménaka, le MSA en revanche risque de s’affaiblir et de voir son influence réduite sur le terrain. Selon Abdoul Nassir Idrissa, la jeunesse daoussahak, qui constitue la branche armée du MSA, pourrait le déserter au profit du GSIM et le MSA pourrait devenir une coquille vide.

« Ces notables vont donner la majorité des jeunes daoussahak du MSA au GSIM et donc à Iyad Ag Ghaly », craint-il, soulignant aussi que le ralliement aux groupes terroristes de certains membres des groupes armés pro-gouvernement va créer « d’autres situations plus compliquées » sur le terrain.

Combats en vue

En relative accalmie depuis quelques semaines, les combats entre le GSIM et l’EIGS dans les régions du Nord pourraient reprendre très prochainement. Ce qui justifierait le renforcement des rangs du GSIM, qui, tout comme le groupe rival, a perdu beaucoup de combattants.

Dans une lettre attribuée à l’émir du GSIM de la région de Tombouctou en date du 16 janvier, ce dernier demande aux habitants de la localité d’Acharane (10 km de Tombouctou) de quitter les lieux pour ne pas être des victimes collatérales lors d’éventuels futurs affrontements.