Invitée de la rédaction : Fatouma Harber, je tweete, donc je suis !

Elle tweete avec passion. Elle dit ses états d’âmes sur son blog. Elle pleure aussi quand elle est meurtrie par les évènements politiques du Mali. Fatouma Harber, C’’est un mélange de sensibilité, d’intelligence, mais aussi de finesse mentale. Avril 2012 à  Tombouctou, au plus fort de l’occupation, une petite fille est fouettée par les djihadistes et pas loin, une vieille dame est incarcérée. Fatouma qui habitait pas loin de l’ancienne police islamique, ne tient pas en place : « J’ai réussi à  connecter mon téléphone chinois au réseau 3G d’Orange Mali… » Et pour cause, les djihadistes avaient détruit le réseau Malitel. « Ensuite, je me suis mise à  tweeter pour dénoncer ce qui se passe. Pendant l’occupation, il n’y avait plus de presse, plus personne raconter ce qui se passait au Nord du Mali ». l’un des tweets de Fatouma arrive ensuite jusqu’ au département d’Etat à  Washington. Repérée par l’ambassade des USA au Mali, elle est contactée pour assurer une formation de « Journalisme citoyen » au Tech Camp 2014, une initiative qui met avant la société civile malienne. Mais depuis les évènements, la jeune enseignante en psycho pédagogie, n’a pas pu ré-enseigner à  Tombouctou. Mobile désormais entre Bamako et Gao, elle s’est du coup impliquée dans le web-activisme. En 2013, elle participe à  la création de la Communauté des blogueurs du Mali », pour fédérer des blogueurs maliens actifs sur la toile. Grâce à  l’un de ses deux blogs dont l’un est hébergé par l’atelier Médias de RFI, Mondoblog, Fatouma a participé à  une formation à  Dakar. Lutter contre le racisme et le sous-développement Mais attention, Fatouma Harber sait bien qu’elle n’est pas journaliste : « Internet m’a permis d’être une citoyenne du monde. J’utilise le web pour faire connaà®tre la réalité, je suis apolitique, réactionnaire. Mon rôle consiste à  observer et à  dénoncer ce qui se passe ». Voilà  qui est clair dans l’esprit de celle qui se définit comme « une femme sans peur, qui a des idées, une femme qui se positionne à  travers Internet pour lutter contre le racisme et le sous développement ». D’ailleurs, lorsqu’elle n’a rien à  dire, elle se tait, comme sur les récents évènements de Kidal : « Ce n’était pas le moment d’y aller. Tout ce que nous étions entrain de reconstruire, a du coup été balayé », confie Fatouma, qui regrette l’utilisation faà®te des réseaux sociaux par les autorités. Il y a encore du chemin pour créer le débat entre nos gouvernants et les internautes. « Twitter ne consiste pas à  publier son agenda seul pour soi disant informer », ironise t-elle. Sur la question du Nord, la jeune femme est lucide : « On n’a pas le choix que d’écouter ces gens là  et la suite ne nous appartient plus. Elle appartient à  la communauté internationale ». Un constat terrible qui n’empêche la blogueuse de secouer les partenaires internationaux du Mali. Pas peu fière, elle estime, le 21 Mai dernier, avoir poussé la Minusma à  sortir de son silence sur les réseaux sociaux au moment o๠des combats meurtriers opposaient l’armée malienne aux groupes armés à  Kidal ». Grâce notamment au hastag #Grin 223. Afin de combler le vide de l’information : « Les autorités ne communiquent pas trop sur les réseaux sociaux… ils sont encore trop rigides sur la question… l’interactivité manque. Il n’y a pas de débat », déplore Miss Harber. «Barcampons!» Avec ses amis de la Communauté des blogueurs du Mali, Fatouma Harber prépare un « BARCAMP » pour initier toux ceux que ça intéresse, au monde des nouvelles technologies. « Beaucoup ne savant pas l’impact d’un tweet face à  un texte sur un blog ». On veut bien la croire quant on apprend qu’elle suit aussi Marine Le Pen sur Twitter. « Je la suis attentivement pour mieux lui répondre, pas parce que je l’aime hein ! », rectifie t’elle. Seule femme enseignante à  l’IFM de Tombouctou, Fatouma Harber a désormais posé ses valises à  Bamako pour accueillir un petit bébé. « Le bonus 2014 », rit-elle. «Bloggers for Peace », est un autre projet qui lui tient à  C’œur. Il s’agit d’un plaidoyer pour la Paix à  Kidal. Le Barcamp, espace d’échanges sur les nouvelles technologies sera d’autant plus pertinent avec des formateurs expérimentés, des discussions actives : « Au Mali, à  cause du niveau d’éducation, la plupart des Maliens n’ont pas la capacité d’analyser le champ politique. On attend toujours le dernier moment pour se rendre compte que la situation est grave ». N’empêche, le terrain est vierge, les perspectives infinies. D’ici là , Fatouma tweete, écrit, anime son petit monde virtuel, avec le sourire de la cité des 333 saints sur le visage. Elle était donc venue nous raconter tout ça à  la rédaction de Journaldumali.com ce 4 juin.

Forum de Tombouctou : un espace privilégié pour le dialogue inter-malien

Des participants venus des régions de Kidal, de Gao et d’autres localités du pays, une délégation des refugiés maliens, des officiels des Nations Unies, de la Francophonie et du Liptako Gourma, des hommes de cultures, le forum pour la paix et la réconciliation nationale se tiendra à  Tombouctou, la cité des 333 saints, du 30 mars au 04 avril 2014. Cette rencontre entre maliens, va dans le sens des efforts déployés par le département en charge de la réconciliation nationale, pour amener les populations à  reléguer aux oubliettes les fractures et les frustrations crées du fait de l’occupation des régions du Nord du pays par les « djihadistes ». Foras nationaux Des foras ont été tenus dans tous les cercles de la région avant cette rencontre baptisée « semaine de Tombouctou pour la paix et la réconciliation nationale ». Ils visaient à  recueillir les préoccupations des délégués locaux. Tout au long de ce forum, les échanges porteront sur la « contribution de la jeunesse à  la démarche de réconciliation nationale » , « Mille ans d’histoire pour féconder la paix et la réconciliation nationale » , « Manuscrits de Tombouctou : quels enseignements pour la construction d’une nation paisible et réconciliée avec elle-même ? » et « l’ islam, tolérance et réconciliation nationale. » A l’ouverture de la rencontre, le ministre de l’intérieur, M. Sada Samaké, qui la présidait, a déclaré : « Vous saurez vous parler les uns les autres, dire la vérité en face, et trouver les réponses adéquates aux préoccupations communes dans un esprit de solidarité, de cohésion et d’unité dans la diversité. ». De fait, il est digne que le Gouvernement se soit engagé à  faire face à  la crise grave qui a violemment secoué le Mali, jusque dans ses fondements, mettant en péril le vivre-ensemble surtout dans les trois régions libérées des terro-bandits. Après la libération, l’heure est désormais à  la recherche des solutions ou réponses adéquates aux aspirations des populations concernées, surtout les jeunes. Pour sa part, le maire de la commune urbaine de Tombouctou a affirmé que « Tombouctou retrouve ses repères d’antan après une longue période de turbulence et d’occupation par les envahisseurs obscurantistes». Ajoutons que seront abordées au cours de cette rencontre les questions relatives à  la sécurité, au développement accéléré des régions du Nord du Mali, la reprise de l’administration et la réinsertion socioéconomique des réfugiés rapatriés.

Ber: une patrouille mixte pour rassurer les populations

La patrouille a sillonné samedi 1er février, la ville avant de rendre une visite de courtoisie au chef coutumier de la commune de Ber, Mohamed Ag Mohamoud. Après avoir salué les forces de sécurité pour l’attention particulière accordée à  sa commune, il a sollicité la réouverture du poste de la gendarmerie dans les plus bref délais. Selon le chef coutumier, la réouverture du poste permettra un retour des familles déplacées ainsi que la reprise des activités socio-économiques. «On est très content de l’arrivée de la Minusma et de la gendarmerie nationale. Les populations de Ber sont satisfaites de la Minusma et veulent également le retour de toutes les forces de défense et de sécurité: gendarmerie, garde nationale et armée malienne» a indiqué le 1er adjoint au maire Habbou Ould Hammadi. Rassurer les populations de Ber Cette mission a pour objet de rassurer les populations de Ber de la disponibilité des forces de sécurité des Nations unies à  soutenir les forces de sécurité du Mali pour que celles-ci puissent jouer pleinement leur rôle, celui de sécuriser et de maintenir la cohésion sociale entre tous les maliens a déclaré en substance, le capitaine Ilboudou Eugène, chef de la patrouille. Le samedi étant un jour de foire à  Ber, la patrouille a fait une escale au marché pour rassurer les commerçants de la disponibilité des forces de la gendarmerie nationale avec l’accompagnement de la Minusma. Cette visite d’après les populations, marque le retour de la sécurité dans la zone et la reprise des activités.

A Tombouctou, un Maouloud fervent depuis le départ des djihadistes

Pour la première fois depuis le retrait des djihadistes, la communauté musulmane de la région de Tombouctou du Mali a célébré dans la nuit de lundi à  mardi l’anniversaire de la naissance du prophète Mohamed, a constaté la presse locale. Les djihadistes avait interdit l’année dernière la célébration de cet anniversaire et avaient détruit des mausolées érigés en l’honneur des chefs religieux de Tombouctou. Cette année, dans la sixième région administrative du Mali (Tombouctou), la célébration a été marquée par des prières pour le retour de la paix et de la concorde au Mali, a-t-on appris de source informée. Cette fête qui s’est déroulée dans une grande ferveur et sous une haute surveillance sécuritaire, a offert l’occasion à  plusieurs ressortissants de Tombouctou, établis à  l’étranger, de revenir dans leur région. L’un d’eux, Baba El Hadj Touré, résidant en Autriche, s’est déclaré persuadé, devant la presse, que cet événement aidera à  oublier les crimes odieux perpétrés « sous le règne des forces du mal » (djihadistes). Les trois mosquées de la ville, dont Djingareyber, ont connu une extraordinaire affluence dans la nuit du Maouloud. Selon une habitante de la ville, cette célébration de la naissance du Prophète, PSL, est d’autant plus forte, qu’elle s’est effectuée dans une grande ferveur après les tragiques évènements qui ont touché la cité des 333 saints.

Tombouctou : la MINUSMA au secours des agriculteurs affectés par la crise

Cette aide se traduit principalement par une fourniture en carburant nécessaire au fonctionnement normal des stations de pompage qui irriguent les champs cultivés dans les trois plaines rizicoles d’Amadia, de Koroyommé et de Daye. Ces plaines sont gérées par des coopératives normalement approvisionnées en carburant de juillet à  septembre. Du fait des conséquences du conflit les exploitants des plaines se sont trouvés dans l’incapacité de se prendre en charge jusqu’à  la fin de cette récolte prévue en décembre.. Les coopératives d’Amadia, de Koroyommé et de Daye – fondées respectivement en 1997, 1993 et 1984 – sont des entités à  but non lucratif, comme le stipule la Loi No 01-076 du 18 juillet 2001 qui a présidé à  leur création. En permettant de sauver une récolte compromise, ce QIP participe à  la relance de l’agriculture et à  la reprise des activités économiques du cercle de Tombouctou. Le périmètre d’Amadia compte 4 moteurs, celui de Daye en utilise 3, tout comme le secteur de Koroyommé. La consommation journalière de chaque moteur est 400 litres de gaz-oil (pour 12 heures de fonctionnement). La riziculture est la principale activité agricole du Cercle de Tombouctou. La vente en détail du riz fait vivre beaucoup de femmes et de ménages de la région. De plus, le riz est l’aliment de base de la population et une pénurie ajouterait des difficultés à  une situation alimentaire déjà  précaire. Les résidus issus du traitement du riz sont également utilisés dans l’alimentation des animaux. La principale mission des coopératives agricoles d’Aamadia, Daye et Koroyonme est d’appuyer les cultivateurs du cercle de Tombouctou en leur fournissant des intrants agricoles pour améliorer la productivité et, ainsi, d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. Une autre mission de ce système coopératif est de favoriser l’entraide mutuelle entre cultivateurs. La surface agricole totale destinée à  la culture du riz, gérée par les coopératives, est de 1600 hectares (620 ha pour Amadia, 417 ha pour Daye et 563 ha pour Koroyommé). Les plaines rizicoles se trouvent à  proximité du fleuve Niger. Les membres des coopératives sont les exploitants du cercle de Tombouctou, qui sont au nombre total de 1808 (945 pour Amadia, 840 pour Daye et 823 pour Koroyommé. Ces agriculteurs impliqués représentent toutes les communautés : Songhaà¯, Touareg, Arabe et Tamashek. Il est important de signaler que la production agricole 2012-2013 a été lourdement affectée par l’occupation du nord du Mali, limitant ainsi la capacité des paysans du cercle de Tombouctou à  financer la campagne agricole en cours. Le succès de la campagne 2013-2014 permettra le redémarrage des activités agricoles et économiques. Les paysans seront ainsi en mesure de s’acquitter de la redevance eau de la campagne prochaine. Il convient de rappeler que depuis plus de vingt ans, la ville de Tombouctou ne consomme que le riz produit localement et par reflexe, ses habitants n’aiment pas le riz importé. D’ailleurs en temps normal, Tombouctou ravitaille en riz les marchés de Gao, Mopti et même le Burkina Faso. l’on peut donc s’attendre à  ce que ce projet financé par la MINUSMA améliore sensiblement les conditions de vie des agriculteurs concernés et favorise la réinsertion socioéconomique rapide dans la région.

Institut Ahmed Baba: la numérisation des archives s’impose

Pendant l’occupation du Nord par les djihadistes, de nombreux dégâts ont été causés et des manuscrits datant de plus d’un millénaire ont été détruits. Les priorités d’actions de l’Agence Universitaire Francophone (AUF) sont entre autres, d’aider à  la valorisation des savoirs, à  la diffusion des connaissances et à  l’accès à  l’information scientifique et technique (IST). C’est dans ce cadre, qu’un atelier de formation sur les techniques de numérisation des archives au profit des agents de l’Institut des hautes études et de recherches islamiques Ahmed Baba de Tombouctou s’est tenu au Campus numérique francophone de Bamako (CNFB) du 11 au 15 novembre 2013. « Cet atelier donc, au-delà  de répondre à  une requête spécifique de renforcement de capacités des archivistes de l’institut Ahmed Baba qui œuvrent pour la sauvegarde et la valorisation des manuscrits de Tombouctou, entre en droite ligne de la politique de l’AUF pour la valorisation de l’information et la production scientifique francophone » a indiqué Michel Namar. Formation des agents Quatorze agents ont, cinq jours durant, avec leurs formateurs Amadou Békaye Sidibé, conservateur à  la bibliothèque nationale du Mali assisté de Siriman Keita du CNFB, passé en revue les notions de base, les enjeux, les outils et standards techniques de numérisation sur des documents imprimés (copies de manuscrits) et des documents audiovisuels, etc. Visiblement satisfaits, les participants ont tenu, par leur porte- parole, à  remercier l’Agence universitaire de la Francophonie qui vient ainsi de leur permettre, à  travers cet atelier d’acquérir de nouvelles aptitudes sur le plan professionnel pour mieux faire face aux défis ; à  la fois, de conservation et de diffusion de leurs fonds d’archives respectifs. A signaler la présence à  cet atelier de quelques agents bibliothécaires-archivistes des familles détentrices de manuscrits à  Tombouctou qui œuvrent pour la sauvegarde et la valorisation des manuscrits. Les participants ont tous promis de mettre en pratique les acquis de cet atelier ce à  quoi le Directeur Général de l’Institut Ahmed Baba, le Pr Abdoulkadri Maà¯ga leur en incitera pour se perfectionner et surtout pour suivre l’évolution fulgurante de ces techniques adossées aux Technologies de l’information et de la communication (TIC). Mais auparavant, il a tenu de manière appuyée à  exprimer toute sa gratitude à  l’AUF pour avoir ainsi répondu favorablement à  la requête de l’institut Ahmed Baba en diligentant la mise en œuvre de cet atelier entièrement à  sa charge à  travers son Campus numérique francophone de Bamako. Nouer des partenariats Un partenariat se crée ainsi entre l’AUF et l’institut Ahmed Baba de Tombouctou. Les deux entités ne souhaitent pas en rester là  et souhaitent nouer des liens dans l’accomplissement d’autres actions à  venir. Concernant l’Institut Ahmed Baba, tout comme son Directeur général, le responsable du CNFB a souhaité voir ce partenariat se formaliser en insistant sur une offre particulière de service à  savoir l’expertise conseil au profit de l’Institut surtout dans les schémas d’actions en synergie avec d’autres partenaires. « En effet, cet atelier que nous venons de clôturer est moins la résultante d’un constat de la situation des fonds d’archives (au plan conservation et diffusion) de manière générale que la réponse à  une requête précise sur le fonds particulier des manuscrits de Tombouctou » a expliqué Michel Namar. Le CNF est une implantation de l’AUF en tant que plateforme technique voire technologique qui offre des services dont la formation sous forme de transfert de compétence et renforcement de capacités comme c’est le cas pour l’atelier qui vient de se terminer. Le CNFB était donc dans son rôle pour accompagner les initiatives et les actions des partenaires de manière générale conformément au plan d’action du Bureau régional de l’AUF.

Législatives : Madani Tall, candidat à Tombouctou

Journaldumali.com : Vous allez vous présenter à  Tombouctou, pourquoi s’engager dans la bataille des législatives? Madani Tall : La légitimité s’acquiert par le vote. Comme je n’ai pas pu être candidat à  l’élection présidentielle qui est le vote suprême, mais je suis déjà  conseiller municipal à  Déguembéré. C’a été ma première expérience du vote et aujourd’hui, je me porte candidat aux législatives à  Tombouctou pour acquérir une légitimité politique auprès du peuple. Pourquoi le peuple de Tombouctou, parce qu’aujourd’hui, le besoin se trouve à  Tombouctou et d’aucuns pensent que le coeur du Mali se trouve au sud, mais le coeur du Mali se trouve au Nord, et l’âme du Mali, c’est Tombouctou et aujourd’hui, cette âme du Mali est en danger et les Maliens doivent se porter à  son secours. Il faut faire en sorte de ne pas laisser le terrain vide et propice au terrorisme, à  l’inculture, au trafic et à  la désunion. Aujourd’hui, il est important que chacun sache, chaque malien sur chaque grain de sable, sache que l’ethnicisme doit cesser. Journaldumali.com : Tombouctou fait partie des régions du Nord touchées par l’occupation. Quels sont les besoins et comment équilibrer le développement global sachant que certaines zones du sud ont aussi un développement en souffrance ? Madani Tall : Le propre d’un pays en voie de développement est d’être en déséquilibre et de ne pas avoir les moyens de sa politique. Aujourd’hui, si il est évident que dans les régions de Kayes, beaucoup de gens souffrent, il est aussi évident que les conditions climatiques n’affectent pas les gens de la même manière et c’est à  l’Etat d’appeler au premier rang le mérite et de venir en aide au plus faible. L’état doit donc trouver ce juste équilibre et cet équilibre à  défaut des moyens financiers se fait par les moyens humains. Et c’est pour cela que des cadres qui doivent rester dans la capitale ont tout intérêt à  se transposer dans les régions. Car lorsque le capital financier manque, apporter le capital humain dans ces zones est tout aussi important. Journaldumali.Com: On a beaucoup parlé de transferts de compétences et de ressources lors des derniers Etats Généraux de la décentralisation, le Nord a eu beaucoup d’aides financières, pourquoi le développement de ces régions ne s’est-il pas véritablement amorcé ? Madani Tall : Oui, je suis au fait des nombreux programmes de développements qui ont été lancés pour le nord, mais ce qui prévaut pour le Nord prévaut également pour l’ensemble du Mali. C’est le mauvais emploi des ressources, le manque de compétences, de rigueur, le manque de volonté et le manque de vision également. Journaldumali.Com : C’est une élection locale, de quel soutien bénéficiez-vous à  Tombouctou ? Madani Tall : Vous savez que depuis 2010, je suis citoyen d’honneur de la ville de Ber, que je n’y suis pas étranger, que les dunes de sable de Kasei Kasei, me connaissent aussi, comme dirait mon aà®né, sans romantisme… !

Violence au Nord : le Mali doit s’imposer

A peine investi et alors qu’un pré-dialogue s’était engagé à  Bamako, il y a quelques jours entre le président IBK et les groupes armés du nord, la violence surgit de nouveau à  Tombouctou et Kidal, comme un message des rebelles, ils portent bien leurs noms, aux autorités maliennes. « Dialoguer oui, mais sous quelles conditions ? « On vous laisse croire qu’on veut dialoguer mais on contrôle la situation sur le terrain… » c’est un peu la stratégie à  répétition du MNLA, principal cheval de Troie de la rébellion au Nord. S’y ajoute les djihadistes de tous bords et l’infernal AQMI qui a revendiqué l’attentat de Tombouctou, samedi dernier. La question reste complexe. Le terrain demeure violent et inquiétant pour les populations de Gao, Kidal, Tombouctou et Tessalit… Alors qu’un bataillon de l’armée malienne monte au Nord pour prêter main forte, on est en droit de se demander si le dialogue va réellement aboutir ? Faut-il une solution forte ? Frapper un grand coup pour montrer à  ces assaillants ce qu’est l’Autorité de l’Etat, slogan de campagne du Président IBK. Prendre des initiatives à  l’instar des partenaires comme la France, pour montrer qui commande. Mener l’offensive. Avec ou sans Serval et en dépit de la Minusma… Des premières rébellions de 1963 à  nos jours, le dialogue, la négociation, les accords ont prévalu, mais à  chaque fois, les rebelles ont violé la trêve. Ce qui nous amène à  nous poser de nouvelles questions. Pour de nouvelles solutions. N’eut été l’état de déliquescence de notre armée, la riposte eût été forte, comme le chante un hymne en boucle sur les antennes de la télévision nationale… On voudrait y croire, en finir une bonne fois pour toutes avec ces sécessionnistes de toujours. Que veulent les groupes armés, que veut le MNLA, dont l’un des chefs Ibrahim Ag Assaleh, ne semble pas clair dans sa démarche. Avis aux autorités maliennes qui doivent opter pour la prudence, voire la méfiance même face aux groupes armés rebelles du nord, dont les vrais chefs de file, se cachent sous de bonnes intentions. L’enfer, c’est les autres…

A Tombouctou, IBK rend hommage aux populations et salue l’armée malienne

Ibrahim Boubacar Keà¯ta (IBK), ancien Premier ministre, a entrepris à  partir de vendredi 21 juin 2013 une tournée dans le nord du Mali. l’objectif était pour lui de s’imprégner de la situation réelle après le drame de l’occupation, auprès des autorités locales, des notabilités traditionnelles, des leaders religieux et des populations. Il a précisé que ces rencontres ne sauraient entrer dans le cadre de la campagne électorale, qui n’est pas encore ouverte. Accompagné de personnalités de la société civile, et de membres de son parti, le Président du Rassemblement pour le Mali (RPM), a démarré cette tournée à  Tombouctou, o๠il a atterri dans la matinée, accueilli par les notables de la ville et de nombreux militants et sympathisants. Dès son arrivée, Ibrahim Boubacar a salué le patriotisme des populations qui ont résisté pendant l’occupation du territoire par les groupes islamistes armés, et les a encouragés à  rester unis pour réussir le défi de la reconstruction nationale. La délégation a rencontré les autorités administratives de la région, notamment le Gouverneur, le Colonel Manga, avec lequel l’ancien Premier ministre a eu un échange fécond sur le retour des réfugiés et de l’administration dans la ville de Tombouctou et le reste de la région. IBK et sa délégation ont ensuite été reçus par l’ensemble des notables et des imams de la ville de Tombouctou, chez l’Imam de la Grande Mosquée, le Cheikh Issaouti, derrière lequel IBK a fait la prière du vendredi. Tous les hôtes du Président du RPM se sont dits très sensibles à  la démarche et à  l’approche humaine, ainsi qu’à  la vision responsable de l’homme d’Etat. IBK, a aussi tenu à  rencontrer les forces armées et de sécurité au camp militaire de Tombouctou. l’ancien Premier ministre nationale a salué le sens du devoir et l’esprit de sacrifice des soldats maliens, et les a remerciés pour le travail accompli avec courage et abnégation aux cotés des forces africaines et françaises. La délégation s’est envolée pour Mopti en fin de journée, d’o๠elle devait ensuite rejoindre Gao le samedi 22 juin. Communication RPM

« L’Unesco aidera le Mali à reconstruire ses mausolées »

Après une visite de terrain au Mali, le constat du chef de l’unité Afrique au Centre du patrimoine mondial de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), Eloundou Assomo, est amer: « la destruction infligée au patrimoine de Tombouctou est encore plus alarmante que ce que nous pensions. » « Nous avons été atterrés par le nombre et l’ampleur des destructions qui dépassaient nos estimations, explique pour sa part Bandiougou Diawara, du Centre du patrimoine mondial de l’Unesco. Nous pensions que 11 biens avaient été touchés, ce sont en fait 14 mausolées qui ont été intégralement rasés. Nous avions prévu la destruction de 2 000 à  3 000 manuscrits, il en manque en réalité 4 200. Les trois musées ont été totalement pillés, nous ne nous y attendions pas, et la vieille ville a aussi souffert des combats. » Sur les 16 mausolées inscrits au patrimoine mondial, 9 ont été anéantis et les 2 qui se dressaient dans l’enceinte de la mosquée de Djingareyber, également classée, ont connu le même sort. La « ville aux 333 saints » compte des dizaines de ces tombeaux monumentaux, mais ceux qui ont subi les foudres salafistes étaient parmi les plus beaux et les plus prestigieux. Senghor voyait dans cette cité l’expression de « la civilisation africaine la plus riche, sinon la plus brillante, parce que la plus humaine ». Tombouctou a été meurtrie dans sa chair d’argile sèche. « L’Unesco reconstruira les mausolées du Mali » « L’Unesco a sauvé les temples d’à‰gypte et reconstruit le pont de Mostar. L’Unesco reconstruira les mausolées du Mali », a déclaré sa directrice générale, Irina Bokova. Un plan d’action évalué à  plus de 8 millions d’euros, budget exceptionnel auquel l’institution ne pourra contribuer que modestement. Sa situation financière est en effet critique depuis que les à‰tats-Unis ont interrompu le versement de leur cotisation à  la suite de l’admission de la Palestine comme à‰tat membre. L’Unesco en appelle donc à  la générosité des à‰tats et des institutions : l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), l’Union européenne, la France et la Norvège se sont déjà  engagées. Ainsi que le Qatar, qui avait été soupçonné de soutenir les jihadistes sahéliens. La nécessité de lever des fonds explique-t-elle l’alarmisme de l’organisation ? « Si nous devons sensibiliser l’opinion et mobiliser la solidarité internationale, le ton de notre communiqué reflète les préoccupations des experts, réplique Diawara. Et il y a des dommages qu’on ne répare pas avec des millions de dollars : le patrimoine immatériel a été atteint, la population a été traumatisée par ce vandalisme et il y a un vrai travail de reconstruction morale à  effectuer. » Le 2 avril 2012, les jihadistes d’Ansar Eddine et d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) s’étaient emparés de l’antique cité. Ces militants de l’islam le plus rigoriste ont décrété que la vénération des saints de Tombouctou était un grand sacrilège. à€ coups de pioche et de marteau, ils ont commencé à  abattre les mausolées o๠les sages du Sahara devaient reposer pour l’éternité. Cette ville a été libérée par les troupes françaises, le 28 janvier dernier.

Mali: ratissage à Tombouctou après des combats

Après une nuit calme à  Tombouctou (nord-ouest du Mali), l’armée ratissait lundi matin la zone oà¹, la veille, des soldats maliens appuyés par des militaires français ont affronté des jihadistes infiltrés dans la ville, selon une source militaire. « L’armée malienne ratisse (…) le camp militaire et vers la mosquée qui est à  côté du camp, pour vérifier qu’il n’y a plus de terroristes qui se cachent », a déclaré sous couvert d’anonymat cette source militaire. Le camp militaire, l’unique de Tombouctou, à  900 km de Bamako, est situé dans le centre-ville et en face de la mosquée historique de Djingareyber, construite au XIVe siècle. Un habitant, dont la maison jouxte la mosquée, a indiqué avoir entendu des coups de feu vers 09H30 (locales et GMT) », mais un proche de l’imam de la mosquée a affirmé que ces tirs avaient « beaucoup baissé en intensité » vers 10H00. Selon des témoins, les habitants qui s’étaient calfeutrés dimanche, ressortaient dans la rue lundi. Certains quartiers, dont celui du camp militaire, étaient toutefois interdits à  la circulation. Selon un bilan établi par l’AFP d’après des sources militaires, au moins sept personnes, dont un soldat malien et un civil nigérian, ont été tuées depuis la nuit de samedi à  Tombouctou. Le premier mort avait été enregistré dans un attentat suicide tard samedi soir à  une des entrées de la ville, les autres victimes avaient été enregistrées lors d’affrontements entre soldats maliens, français et jihadistes ainsi que lors d’une intervention de l’armée malienne contre un kamikaze qui avait pris en otage le civil nigérian. Dimanche, une source hospitalière a indiqué à  l’AFP avoir vu les corps de deux jihadistes, mais aucun détail supplémentaire n’était disponible dans l’immédiat.

Attentat à Tombouctou, sécurité renforcée

Un attentat suicide à  la voiture piégée a coûté la vie à  un soldat malien et fait six blessés dans la nuit de mercredi à  ce jeudi, près de l’aéroport de Tombouctou. l’annonce a été faite ce jeudi par un porte-parole de l’armée malienne. Il s’agit du premier attentat suicide commis dans cette ville du nord du Mali depuis que les troupes françaises en ont chassé la guérilla islamiste, il y a près de deux mois. «Il s’est produit à  un point de contrôle de l’armée malienne, juste avant le point de contrôle français (…) Nous quadrillons pour vérifier s’il y a d’autres assaillants dans le secteur», a déclaré le capitaine Samba Coulibaly, porte-parole des forces maliennes à  Tombouctou. Echanges de tirs encore ce matin Selon le colonel Thierry Burkhard, porte-parole de l’armée française, les troupes locales et le contingent français ont déjoué une tentative d’infiltration dans l’enceinte de l’aéroport. Dans la nuit de mercredi à  ce jeudi, des échanges de tirs ont également été entendus dans la ville de Tombouctou. Ce jeudi encore, des témoins avaient évoqué des tirs nourris durant plusieurs heures après une tentative d’infiltration d’hommes armés. Les tirs ont ensuite baissé d’intensité. « Une voiture avec des hommes armés a tenté de rentrer par force à  Tombouctou dans la nuit de mercredi à  jeudi. Et les militaires français et maliens ont riposté », a affirmé une source sécuritaire malienne sur place joint par l’AFP. Tombouctou a été libérée fin janvier tout comme les autres grandes villes du nord du Mali par des troupes maliennes et françaises de l’emprise des groupes islamistes armés qui contrôlaient la région depuis l’an dernier. Ils y commettaient exactions et destructions de mausolées au nom de la charia.

Hollande accueilli par la cité des 333 saints

Il en aura pour moins de 24h en terre malienne, le temps pour François Hollande de venir soutenir les troupes françaises et appeler les pairs africains à  se mobiliser davantage pour le Mali. Accueilli dans la matinée par son homologue Dioncounda Traoré sur la base militaire de Sévaré, le président français François Hollande a pu saluer les troupes françaises et maliennes massées sur le tarmac. Une visite qui intervient trois semaines jour pour jour après le début de l’opération Serval. S’i avait déclaré quelque temps après que la France n’avait pas vocation à  rester au Mali, son arrivée au Mali est symbolique et cristallise bien des attentes. Mener la mission française jusqu’au bout et permettre que la sécurité s’installe au Mali. Mais le président pourrait annoncer un retrait des troupes françaises, qui seraient relayées par les soldats de la Misma. Notons également que des otages français sont encore détenus par AQMI au nord du Mali. Visite à  Tombouctou Après Sévaré, François Hollande est arrivé à  Tombouctou, o๠il a été accueilli par des soldats français et maliens qui ont récemment repris cette ville emblématique du nord du Mali aux groupes islamistes armés qui l’occupaient, a constaté un journaliste de l’AFP. Le président français, accompagné du président malien par intérim Dioncounda Traoré, doit notamment visiter une mosquée historique, le centre de conservation de précieux manuscrits anciens, dont certains ont été incendiés par les islamistes, et rencontrer la foule. Sur la place principale de Tombouctou, entre deux et trois mille personnes sont déjà  rassemblées pour «dire merci» à  la France. Elles dansent au son des tam-tams, qui étaient interdits lors de l’occupation de la ville par les groupes islamistes. « François Hollande, nous, les femmes de Tombouctou, on le remercie très infiniment, il faut lui dire qu’il a abattu l’arbre, mais il reste à  le déraciner», a déclaré dans la foule Fanta Diarra Touré, 53 ans, ex-réceptionniste, vêtue d’un boubou blanc orné de broderies et portant le drapeau français comme un châle ». Après Tombouctou, retour à  Bamako aux environs de midi, suivront une visite de travail à  Koulouba et un dépôt de gerbe au monument de l’indépendance de Bamako et le départ vers la France. François Hollande est accompagné de trois de ses ministres, dont Jean Yves le Drian, à  la Défense et Laurent Fabius aux Affaires étrangères.

Tombouctou libérée des djihadistes

En trois semaines d’une offensive éclair, la France est en passe d’avoir chassé les différents groupes islamistes armés des villes du nord du Mali. Après avoir enlevé Gao samedi, les forces franco-maliennes ont repris Tombouctou entre dimanche et lundi, les Touaregs «laà¯ques» du MNLA affirmant de leur côté contrôler Kidal. Alors que les soutiens internationaux manquent toujours, plusieurs centaines de soldats français et du matériel ont été débarqués à  Dakar en renfort, le défi à  venir étant la sécurisation et le contrôle du terrain reconquis. «Nous sommes en train de gagner cette bataille», a résumé le président François Hollande, avant aussitôt d’ajouter qu’une fois l’intégrité du Mali restaurée, les forces françaises ont vocation à  rejoindre leur base. Tombouctou, tombée l’an dernier aux mains des islamistes, a été encerclée dans la nuit de dimanche à  lundi. Un millier de militaires français et 200 Maliens ont participé à  l’opération. Le colonel Burkhard, porte-parole des armées françaises, a parlé d’«une action combinée avec appui aérien et moyens de renseignement – un Atlantique II et un drone». Des milliers de manuscrits incendiés? Alors que les soldats français et maliens prenaient le contrôle de la ville classée au patrimoine mondial de l’Unesco sans rencontrer de résistance et sous les applaudissements, l’inquiétude grandissait sur les exactions et dégâts commis par les combattants islamistes. Avant de fuir, ils auraient incendié une bibliothèque contenant des milliers de manuscrits inestimables. «Les rebelles ont mis le feu à  l’institut Ahmed-Baba créé récemment par les Sud-Africains, cela s’est produit il y a quatre jours», a déclaré lundi à  l’agence Reuters Haà¯lé Ousmane, le maire de Tombouctou. Le représentant en Europe du MNLA (Mouvement national pour la libération de l’Azawad), Moussa ag Assarid, a affirmé lundi matin au Figaro que son mouvement venait de reprendre la ville et la région de Kidal, au nord-est du Mali. «Nous contrôlons la ville de Kidal, ainsi que les villes voisines comme Tessalit et In Khalil. Notre mouvement s’inscrit désormais dans la lutte contre les terroristes», a-t-il précisé. L’information a été confirmée à  Kidal, par des rebelles touaregs du MNLA rejoints par des dissidents d’un groupe islamiste armé. Les combattants islamistes les plus déterminés d’Aqmi et d’Ansar Dine, qui auraient fui Gao et Tombouctou pour Kidal, pourraient désormais se cacher dans les montagnes avoisinantes. Comment apporter aide et renfort aux militaires français et africains qui risquent bientôt d’être harcelés par les islamistes? Lundi, l’Union africaine a estimé à  460 millions de dollars le budget du déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma). Une nouvelle réunion est programmée aujourd’hui dans la capitale éthiopienne en présence de responsables européens, américains et japonais.

Serval aux portes de Tombouctou

Frappes aériennes suivies d’opérations au sol. Le modus operandi est le même pour la libération des deux grandes villes du nord du Mali, occupées depuis dix mois maintenant par des islamistes armés. l’offensive terrestre et aérienne a été menée dans la nuit du dimanche au lundi et a permis de prendre le contrôle de l’aéroport et de tous les accès à  la Cité des 333 saints. Selon des sources militaires maliennes et françaises, C’’est désormais la totalité de la « Boucle du Niger » entre les deux bastions islamistes de Tombouctou (900 km au nord-est de Bamako) et Gao (1.200 km au nord-est de la capitale malienne) qui est sous contrôle. l’artillerie lourde La manœuvre conjointe des forces françaises de l’opération Serval et des forces maliennes s’est déroulée avec un appui de patrouilles d’avions de chasse français, a précisé le colonel Burkhard. L’armée française a mis les moyens lourds à  contribution, avions-bombardiers, hélicoptères, blindés, forces spéciales … Le groupement tactique interarmes (GTIA) 21, venant de l’axe Diabali, Néré, Goundam a saisi l’aéroport de Tombouctou. Dans le même temps, un largage de parachutistes avait pour objet de bloquer les « exfiltrations ennemies » tandis qu’un groupement aéromobile (hélicoptères) était engagé en appui de ces deux forces. Aucune résistance A Tombouctou comme à  Gao il y a quelques heures, il n’y a pas eu de réel affrontement entre les forces alliées et les islamistes armés dont la plupart avait fui ces localités avant l’arrivée des militaires. Le porte-parole de l’état-major des armées (EMA) à  Paris, le colonel Thierry Burkhard a affirmé à  l’AFP que ce contrôle a été réalisé en 48 heures, sans « aucune résistance » des islamistes. «Nous contrôlons l’aéroport de Tombouctou. Nous n’avons rencontré aucune résistance. Il n’y a aucun problème de sécurité en ville », a ajouté une source malienne. Avant de partir, les islamistes se sont cependant livrés à  des exactions, selon plusieurs témoignages d’habitants. Ils auraient également incendié une bibliothèque de Tombouctou contenant des manuscrits. Investir les villes reconquises La sécurisation complète de Tombouctou devrait encore prendre quelques heures voire quelques jours, la configuration de la ville compliquant l’avancée des troupes alliées. Tombouctou est une superposition de ruelles étroites abritant de nombreux monuments anciens et de mosquées. L’absence d’opposition des islamistes ne veut pas dire qu’ils se sont résignés à  abandonner la ville et on peut craindre, selon des sources militaires, des attaques isolées de groupuscules restés sur place. A présent, les appels se multiplient pour accélérer le déploiement des troupes africaines. Le besoin va effectivement aller croissant en matière de troupes pour occuper le terrain reconquis. Les militaires de la force interafricaine ont commencé depuis la semaine dernière à  se déployer. Des problèmes de leadership sont d’ores et déjà  à  noter au sein de la MISMA dont certains éléments refuseraient de se rendre sur les lieux d’affectation, en particulier des localités proches du front.

Les forces françaises et maliennes entrent à l’aéroport de Tombouctou

C’est un tournant dans la guerre au Mali. Deux semaines après le déclenchement de l’opération «Serval», les forces françaises et maliennes contrôlent l’aéroport de Tombouctou et les accès routiers à  la ville, au terme d’une opération terrestre et aérienne menée dans la nuit de dimanche à  lundi. Les forces armées n’auraient rencontré aucune résistance de la part des islamistes. Après avoir pris Gao, samedi, les militaires français et maliens ont foncé vers le nord-ouest et se sont arrêtés devant cette ville historique, classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Le double mouvement militaire vers Gao et Tombouctou a été précédé d’une trentaine de sorties aériennes, selon le ministère français de la Défense. Avec la prise des accès à  Tombouctou, la coalition contrôle désormais la «Boucle du Niger», entre la cité du désert et Gao. La conquête de la ville n’est cependant pas acquise. «Tombouctou, c’est délicat. On n’y entre pas comme ça», souligne un militaire malien. Les soldats devront pénétrer dans un dédale de ruelles de pisé parsemées de mosquées et de monuments anciens. Toute la question est de savoir si les combattants islamistes ont l’intention de s’y retrancher afin d’y mener une guérilla urbaine, ou s’ils abandonneront la ville afin de se replier dans des lieux plus sûrs. Gao, à  1200 km au nord-est de Bamako, était tombée samedi au cours d’une opération spectaculaire: des membres des forces spéciales françaises appuyés par l’aviation s’étaient d’abord emparés de l’aéroport et d’un pont stratégique. Puis des soldats tchadiens et nigériens étaient venus par avion du Niger voisin, marquant ainsi l’entrée des troupes de la force africaine sur le théâtre des opérations malien. La prise de Tombouctou risque de se révéler plus difficile. Gao était tenue par le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) qui semble avoir voulu au dernier moment parlementer avec la France. Un porte-parole avait affirmé samedi vouloir «négocier la libération» d’un otage français, Gilberto Rodriguez Leal, enlevé en novembre 2012 dans l’ouest du Mali. Le premier ministre français, Jean-Marc Ayrault, a répondu en refusant «les logiques de chantage». Un chef d’Aqmi réfugié à  Kidal Tombouctou, en revanche, est aux mains des combattants en majorité arabes d’Aqmi, (al-Qaida au Maghreb islamique) plus aguerris et déterminés. Une troisième ville reste à  prendre: Kidal, plus au nord-est. C’est là  que se seraient retirés l’Algérien Abou Zeid, l’un des principaux émirs d’Aqmi, et Iyad ag Ghali, le chef d’Ansar Dine, le mouvement islamiste armé touareg. La maison que possède ce dernier à  Kidal a d’ailleurs été bombardée par l’aviation française, ainsi qu’un camp militaire, selon une source de sécurité malienne citée par l’Agence France-presse. Les islamistes se seraient abrités dans les montagnes de la région. Avec ce repli, pourrait commencer une nouvelle phase du conflit. Après les offensives éclair des blindés légers sur roues traçant dans les grands espaces, une guerre de guérilla et de coups de main pourrait commencer. Immergés dans la population, o๠ils ont noué de nombreuses alliances, les djihadistes pourraient décider de mener un combat de guérilla, voire d’attentats terroristes sur les arrières. Ils devraient se retrouver progressivement face aux troupes africaines. Les chefs d’état-major de la région ont porté samedi à  7700 hommes les effectifs promis dans le cadre de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma) soit 2000 de plus que prévu. Le cavalier seul du Tchad Liberia, Guinée-Bissau, Burundi, Guinée et Ouganda doivent y être associés, mais on ignore si les problèmes de financement, de transport et d’équipement ont été résolus. Pour l’heure, seuls 1900 soldats africains sont arrivés au Mali. Le chef de l’à‰tat béninois, Boni Yayi, président sortant de l’Union africaine (UA), a déploré dimanche la lenteur de la réaction du continent. «Comment se fait-il que, face à  un danger qui menace ses propres fondations, l’Afrique, bien qu’elle ait les moyens de se défendre, continue à  attendre?» a-t-il demandé lors d’un sommet de l’UA à  Addis-Abeba, avant de remettre la présidence à  l’à‰thiopie. Le Tchad, seul pays africain à  être intervenu sans délai, ne fait pas partie de la Misma. Après les soldats envoyés par avions sécuriser Gao, une longue colonne de véhicules blindés et de plusieurs centaines de militaires tchadiens, bien équipés et rompus à  la guerre du désert, a quitté Niamey samedi en direction du Mali. La montée en puissance sur le terrain de ce pays au régime controversé risque de poser à  terme un problème politique à  la France. Les islamistes ­touaregs, eux, retrouveront de vieilles connaissances. Des éléments de la garde présidentielle s’étaient retrouvés à  leurs côtés pour défendre Kadhafi. Cette fois, ils seront ennemis.

Guerre au Mali : après l’offensive éclair sur Gao, objectif Tombouctou

L’aviation française a aussi bombardé des positions islamistes dans leur fief de Kidal, à  1.500 km de Bamako, alors que des sources font état depuis plusieurs jours d’un repli des combattants islamistes dans les montagnes de cette région, dans l’extrême nord-est malien. Soldats français et maliens progressaient parallèlement par voie terrestre sur un autre front, en direction de Tombouctou, ville-phare de l’islam en Afrique, à  900 km au nord-est de Bamako. Les « troupes françaises et maliennes » seront « bientôt près de Tombouctou », a assuré samedi le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault. Une perspective qui enchante des réfugiés de la ville rencontrés samedi à  Mopti (centre), dont certains évoquent déjà  une volonté de vengeance à  l’égard des islamistes, qui ont notamment détruits des mausolées de saints musulmans et imposé une conception rigoriste de la charia (loi islamique). « Ils nous chicotaient quand on fumait, quand on écoutait de la musique. On va leur faire payer ce qu’ils nous ont fait. Les chicoter aussi », promet ainsi Amadou, un jeune étudiant de Tombouctou, réfugié à  Mopti (centre). Le bastion islamiste de Gao, à  1.200 km au nord-est de Bamako, est tombée samedi au cours d’une opération spectaculaire de l’armée française: des membres des forces spéciales benéficiant d’un appui aérien se sont d’abord emparés de l’aéroport et d’un pont stratégique. Puis, des soldats tchadiens et nigériens sont venus par avion du Niger voisin jusqu’à  Gao, marquant de manière frappante l’entrée des troupes de la force africaine sur le théâtre des opérations malien. « La prise de contrôle de Gao, qui compte 50.000 à  60.000 habitants, par les soldats maliens, tchadiens et nigériens est en cours », a indiqué dimanche le porte-parole de l’armée française, le colonel Thierry Burkhard. Plus de 6.000 soldats ouest-africains et tchadiens doivent à  terme être déployés au Mali pour prendre le relais de l’armée française, mais ils n’arrivent qu’au compte-goutte et leur déploiement est ralenti par de sérieux problèmes de financement et de logistique. Seuls 2.000 d’entre eux sont aujoud’hui stationnés au Mali et au Niger. L’UA salue l’action de la France Les premiers témoignages faisaient état d’une liesse populaire mais aussi de premiers actes de pillage à  Gao. Les communications téléphoniques fixes et portables sont coupées, et la zone n’est pas accessible à  des observateurs indépendants. L’armée française affirmait samedi qu’il n’y avait pas de combat à  Gao, mais « des opérations de harcèlement », avec des francs-tireurs. Gao était un bastion des islamistes du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), qui y ont commis de nombreuses exactions, dont des amputations de personnes accusées de vol. Ce groupe avait affirmé samedi à  l’AFP vouloir « négocier la libération » d’un otage français, Gilberto Rodriguez Leal, enlevé en novembre 2012 dans l’ouest du Mali. Le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault a répondu en refusant « les logiques de chantage ». D’après une source de sécurité malienne, les principaux responsables des groupes islamistes armés, Iyad Ag Ghaly le chef d’Ansar Dine (Défenseurs de l’islam) et l’Algérien Abou Zeid, l’un des émirs d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) se sont réfugiés dans les montagnes de Kidal. Des positions des islamistes à  Kidal et sa région ont été bombardées samedi par des avions français, selon des sources maliennes. « Ces frappes ont notamment touché la maison de Iyad Ag Ghaly à  Kidal et un camp militaire », a déclaré à  l’AFP une source de sécurité. La maison du chef d’Ansar Dine, ex-militaire et ex-figure des rébellions touareg des années 1990 au Mali, a été détruite, ont ajouté des habitants. Kidal avait été la première ville conquise par les rebelles touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), alors alliés aux groupes islamistes en mars 2012. Ils avaient ensuite été évincés de la région par leurs anciens alliés. A Addis-Abeba, le chef d’Etat béninois Thomas Boni Yayi, président sortant de l’Union Africaine (UA), a déploré devant ses pairs réunis en sommet la lenteur de l’organisation à  agir pour « défendre » le Mali et « salué » l’intervention française. Pour un habitant de Mopti, la France, engagée depuis le 11 janvier au côté de ce qui reste de l’armée malienne, contre les islamistes armés, afin d’empêcher leur progression vers le sud et Bamako puis en reconquérant le nord du pays, paie ainsi une « dette » contractée par l’ancienne puissance coloniale envers le Mali.

Nord Mali : les jihadistes se replient

Les combattants jihadistes, soumis à  des frappes aériennes françaises, ont évacué les grandes villes du nord du Mali qu’ils occupaient, ont constaté des témoins sur place, un porte-parole des islamistes évoquant un « repli tactique ». Mais, dans le même temps, les islamistes sont repassés à  l’offensive dans l’ouest du Mali en s’emparant lundi de la localité de Diabali, à  400 km au nord de Bamako, après des combats contre l’armée malienne. Gao, une des principales villes du nord malien, tombée sous la coupe des jihadistes il y a plus de neuf mois, a fait l’objet d’intenses bombardements par des avions Rafale dimanche, qui ont tué plus d’une soixantaine de combattants, selon des estimations des habitants et d’une source de sécurité régionale. « Nous sommes libres. On n’a pas vu aujourd’hui un seul moujahidine ici. Ils ont quitté la ville et les chefs sont cachés », a assuré un habitant joint par téléphone depuis Bamako. A Tombouctou, o๠aucune frappe aérienne n’a pour le moment été recensée, le constat était le même: « les moujahidine sont partis, ils ont vraiment peur », a constaté un résident de cette ville-phare de la culture musulmane en Afrique, inscrite au patrimoine mondial de l’humanité, o๠les jihadistes avaient détruit de nombreux mausolées. Même les combattants qui s’étaient emparés jeudi de la localité de Konna (centre) avant d’en être repoussés vendredi et qui s’étaient repliés sur Douentza ont abandonné cette dernière ville qu’ils contrôlaient depuis septembre, à  800 km au nord de Bamako. « Ils ont peur des avions. Le dernier 4×4 des moujahidine a quitté la ville vers 16 heures » (locales et GMT), selon un témoin. Pour le porte-parole du groupe islamiste Ansar Dine (Défenseurs de l’islam), Senda Ould Boumama, il ne s’agit que d’un « retrait tactique », l’exécution d’un « plan de redéploiement », selon des propos publiés sur le site d’informations mauritanien Alakhbar (proche des islamistes mauritaniens). « Les combattants de notre mouvement se sont retirés des villes et des positions qu’ils occupaient (…) dans le but de limiter les dégâts parmi les populations civiles désarmées », a-t-il assuré. La France – « en guerre contre le terrorisme » au Mali selon le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian – avait bloqué vendredi la progression des groupes armés islamistes vers le centre du pays, avant de bombarder dimanche et lundi les positions qu’ils contrôlent dans le nord.

Des islamistes détruisent les derniers mausolées de Tombouctou

Annoncé à  l’AFP par un chef islamiste de la villle, l’information a été confirmée par des habitants. « Il ne va pas rester un seul mausolée à  Tombouctou, Allah n’aime pas ça, nous sommes en train de casser tous les mausolées cachés dans les quartiers », a déclaré Abou Dardar, un responsable d’Ansar Eddine (Défenseurs de l’islam), groupe islamiste armé qui occupe Tombouctou avec Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (AQMI). Mohamed Alfoul, qui se présente comme un membre d’AQMI à  Tombouctou, a de son côté justifié ces destructions en affirmant que tout ce qui ne relève pas de l’islam, « ce n’est pas bien, l’homme doit vénérer seulement Allah ». « Actuellement, les islamistes sont en train de briser tous les mausolées des quartiers avec des pioches », a confirmé un habitant de cette ville historique, surnommée « la ville aux 333 saints ». « J’ai vu les islamistes descendre d’une voiture près de la grande mosquée de Tombouctou. Derrière une maison, ils ont cassé un mausolée en criant Allah est grand, Allah est grand », a affirmé un autre témoin. L’ONU VEUT Dà‰PLOYER D’UNE FORCE INTERNATIONALE Outre les cimetières et les mosquées, plusieurs ruelles et des habitations privées de la ville abritent également des mausolées, vénérés par la population. En juillet et en octobre, les islamistes d’Ansar Eddine et d’AQMI, qui considèrent la vénération des saints comme « de l’idolâtrie », avaient suscité un tollé général en détruisant des mausolées en terre dans l’enceinte de la plus grande mosquée de la ville, classée patrimoine mondial en péril. Ils avaient récidivé en détruisant d’autres mausolées en octobre, à  la veille d’une réunion internationale à  Bamako sur l’envoi d’une force armée au Mali pour les chasser du nord du pays. Voilà  six mois qu’ils occupent totalement cette zone, avec un autre groupe islamiste, le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Cette fois-ci, les destructions ont été commises trois jours après l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution autorisant le déploiement, par étapes et sous condition, d’une force internationale pour reconquérir le nord du Mali, au mieux à  partir de septembre 2013. Vendredi, les islamistes du Mujao qui occupent Gao, au Nord-Est, y ont amputé la main de deux voleurs présumés, promettant « bientôt » de nouvelles amputations.

“As far as Timbuktu”…

“Bonjour, je viens du Mali!” Grand sourire et un soupçon d’incertitude sur le visage…”Le Mali, C’’est oà¹?” Les plus courageux se jettent à  l’eau et me demandent dans quelle partie de l’Afrique se situe mon pays. A cote du Kenya ? Parce que le Kenya, depuis quatre ans, tout le monde connait! Non, en Afrique de l’Ouest. “Vous avez la mer alors ?” me demande un confrère americain. Eh non! Nous sommes à  l’interieur…Ma patience commence à  être mise a rude épreuve! Pourtant à  en croire les médias européens qui couvrent l’actualité au Mali, le monde entier est au courant de ce que vit le peuple malien depuis le mois de janvier dernier et le déclenchement de la crise au nord du pays. Que non ! La Lybie, oui, parce que des citoyens américains y ont récemment trouvé la mort à  Benghazi. Mais en ce qui concerne le Mali, seuls quelques journalistes qui suivent l’actualité étrangère et des chercheurs semblent être plus ou moins au courant. l’epouvantail Al Qaeda La première question posée concerne évidemment la présence de membres de la nébuleuse terroriste sur le sol malien. Les plaies des attaques du 11 septembre 2001 sont toujours vives ici et C’’est une empathie immédiate qui se manifeste pour le peuple malien qui en est a son tour victime. “Je suis triste pour le Mali, C’’est triste ce que vous vivez” déclare Valery, journaliste dans une radio de Floride qui avoue être allée chercher sur la carte o๠se situe le Mali. Elle ne connaissait pas auparavant le pays dans lequel se situait Tombouctou (”as far asTimbuktu” est une locution utilisée pour designer quelque chose ou un endroit très très éloigné, ndlr). John, un autre journaliste a lui fait quelques recherches et lu des articles sur le Mali. Il sait donc qu’une intervention militaire se prépare et me demande si les maliens n’ont pas peur que leur pays devienne comme la Somalie ou l’Afghanistan. Que lui répondre?… De Washington, Fort Myers en Floride ou ailleurs aux Etats Unis, l’actualité politique des pays étrangers, quand elle ne touche pas directement à  la vie des américains comme en Irak par exemple, n’est pas très suivie. Avec une crise économique qui laisse des milliers de familles sur le pavé, ce sont plutot les questions économiques qui sont la priorité. La situation au Mali a certes été évoquée lors du troisième débat entre les deux candidats à  la présidentielle. Mais, comme le souligne le politologue Léo Vilallon de l’Université de Floride, parler du Mali “C’’etait juste en passant, surtout pour attaquer le candidat Obama”. Le cas du Mali avait été cité par Mitt Romney, le candidat républicain, en parlant de la question sécuritaire. “C’’était juste un exemple comme un autre”… Celia d’Almeida, envoyée speciale

Mali : arrivée dans le Nord de « centaines » de djihadistes soudanais et sahraouis

Des « centaines » de djihadistes venus du Soudan et du Sahara occidental, sont arrivés ce week-end dans le nord du Mali occupé par des islamistes armés pour se battre à  leur côté dans la perspective de l’envoi dans la région d’une force armée étrangère, a appris l’AFP auprès de témoins. « Dans la région de Tombouctou (nord-ouest) et de Gao (nord-est), des centaines de djihadistes, essentiellement de nationalité soudanaise et d’origine sahraouie, sont venus en renfort pour faire face à  une attaque des forces maliennes et ses alliés », a confirmé une source sécuritaire malienne. Un habitant de Tombouctou a affirmé que « plus de 150 islamistes soudanais sont arrivés en 48 heures » dans la ville. « Ils sont armés et ont expliqué qu’ils sont venus pour aider leurs frères musulmans contre les mécréants ». Une autre source proche d’une ONG, a confirmé l’arrivée à  Tombouctou et sa région de Soudanais, mais aussi d’islamistes « d’autres nationalités ». Tombouctou est contrôlée par le groupe islamiste armé Ansar Dine (Défenseurs de l’islam) et Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). « ILS VEULENT LA GUERRE ? ON VA FAIRE LA GUERRE » A Gao, « depuis vendredi, il y a de nouveaux islamistes qui viennent et se rendent à  la police islamique » du Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) qui contrôle la ville, a déclaré un témoin. Il a affirmé avoir vu dix véhicules pick-up remplis d’hommes armés venir à  la police islamique. Habib Ould Issouf, l’un des dirigeants du Mujao à  Gao, originaire du Niger, a confirmé l’arrivée de ces islamistes étrangers. « Ils veulent la guerre ? On va faire la guerre. C’est pourquoi nos frères viennent de partout. Ils viennent des camps de Tindouf en Algérie, du Sénégal, de la Côte d’Ivoire, de partout », a-t-il affirmé. L’arrivée de renforts aux islamistes dans le Nord, intervient deux jours après une réunion internationale de haut niveau à  Bamako qui a exprimé sa « solidarité » avec le Mali, lui demandant de redoubler d’efforts pour faciliter l’envoi d’une force armée ouest-africaine soutenue par l’ONU pour reconquérir cette région occupée depuis près de sept mois par des groupes armés emmenés par AQMI.

Mali: le SOS d’un couple de députés de Tombouctou et de Bourem

Faites vite, il y a urgence! » Telle est la teneur du message martelé à  Paris par un couple de parlementaires du Nord-Mali, vaste territoire asservi par les miliciens salafistes d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), du Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et d’Ansar-Eddin. Supplique adressée notamment à  Elisabeth Guigou, présidente de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale et à  Claude Bartolone, titulaire du Perchoir du Palais-Bourbon. Lui, El Hadj Baba Haà¯dara, est député de Tombouctou et anime le Collectif des élus du Nord-Mali; pour l’anecdote, le père de cet ingénieur en Génie civil fut à  l’ère coloniale sénateur du « Soudan français », avant de diriger les travaux de la première Assemblée du jeune Mali souverain. Son épouse, Aà¯chata Cissé Haà¯dara, députée de Bourem -non loin de Gao-, préside le Réseau Femme, Développement et Protection de l’enfance. Et tous deux disent d’une seule voix ceci: « Notre crainte, depuis des mois, c’est de voir nos régions franchir le point de non-retour. Que ce soit par la peur, par l’argent ou par la force, les djihadistes disposent de tous les moyens requis pour convaincre les populations de se ranger à  leurs côtés. Notre hantise? Entendre nos électeurs nous dire bientôt qu’au fond, ils sont mieux avec eux. » Une réunion internationale sur le Mali se tient à  Bamako ce vendredi, soit une semaine après l’adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies de la résolution 2071. Laquelle invite les autorités maliennes à  engager un dialogue politique avec les « groupes rebelles non-terroristes », mais esquisse aussi le scénario d’une intervention militaire africaine. Hier jeudi à  la mi-journée, le duo d’émissaires nordistes a rencontré quelques journalistes français dans les locaux de l’ambassade du Mali à  Paris. Verbatim thème par thème de cet échange. Aqmi et les autres Pour Baba Haà¯dara, l’émanation des GSPC algériens constitue « le groupe le plus dangereux ». « Il a besoin du Nord-Mali pour que prospèrent le trafic de drogue et les kidnappings. Dotés de relais en Algérie, au Soudan, en Libye, en Mauritanie ou au Cap-Vert, ses leaders pilotent et financent les autres factions islamistes. La communauté internationale ne doit pas laisser un nouvel Afghanistan germer au Sahel. A Tombouctou et ailleurs, on parle désormais l’afghan, le pakistanais, le somali, le tchadien, voire le bambara [langue pratiquée au Sud-Mali]. Il faut sans tarder mettre un terme au commerce des otages, sous peine d’alimenter un cauchemar sans fin. Quand les caisses sont vides, on en lâche trois pour 30 millions d’euros. Ce qui permet d’acheter de l’armement, de financer le recrutement et la formation d’enfants-soldats. » En revanche, Aà¯chata incrimine au premier chef les indépendantistes touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). « Ils ont tout déclenché, allant chercher les trafiquants islamistes dans leurs grottes de l’extrême-nord. A Gao, on leur doit les viols, le saccage des mausolées ou des dispensaires. Nos compatriotes du Nord, très fâchés contre eux, n’accepteront jamais la remise en selle de ces hommes, d’ailleurs mis en déroute par leurs ‘alliés’ d’hier. »  » Personne ne veut plus du MNLA, renchérit Baba. Ceux qui, en France ou à  New York, misent sur lui se trompent. Il représente à  peine 5% des 1,5 million de Maliens du Nord et a infiniment moins de légitimité que nous à  parler en leur nom. En clair, jamais il ne s’est agi d’une rébellion touarègue. Dès novembre 2011, la cellule de crise que je présidais au sein de l’Assemblée a dépêché une quinzaine de députés afin de dissuader ce mouvement d’entraà®ner le pays dans une aventure fatale. Mais en vain. Ensuite, la médiation conduite par [le chef de l’Etat du Burkina Faso] Blaise Compaoré au nom de la Cédéao -Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest- a commis, entre autres, l’erreur de privilégier ce même MNLA. Voir son prétendu ministre des Affaires étrangères sur le perron de la présidence burkinabé fut perçu chez nous comme une insulte.  » Le piège mortel du temps qui passe  » En invoquant les préceptes religieux, en faisant régner leur ordre, les islamistes rallient des civils livrés à  eux-mêmes. L’électricité coûte zéro franc. Du jamais vu. Au point que certains croient y trouver leur compte.  » Qui commande à  Bamako ?  » Le coup d’Etat du 22 mars a plongé le Mali dans un grand désordre institutionnel. Et la junte du capitaine Amadou Sanogo demeure une menace pour les organes civils. Le président intérimaire [Dioncounda Traoré] a été investi au nom d’une constitution contestée. Le Premier ministre [Cheik Modibo Diarra] s’est cru doté des pleins pouvoirs, quitte à  parler le langage des putschistes qui l’avaient adoubé. Bref, ce trio, dont chacun des membres croyait détenir les commandes de l’exécutif, n’a jamais fonctionné. Facteur aggravant, la classe politique s’est déchirée entre partisans et adversaires de la junte. Et tout cela a abouti à  l’immixtion du religieux dans le champ politique, phénomène qu’incarne Mahmoud Dicko, chef de file du Haut conseil islamique, qui a un temps rêvé de présider la transition et a aussi contribué à  imposer Diarra à  la primature. Moi qui suis musulman, je préconise que le ministère des Cultes soit confié à  un chrétien, afin de prévenir toute confusion des genres. Les exactions  » Contrairement à  ce que l’on croit chez vous, insiste Aà¯chata, il n’y a aucune accalmie sur le front des violences sexuelles. Disons que le viol est désormais organisé, institutionnalisé. Quand un combattant islamiste épouse une locale, celle-ci risque de trouver bientôt trois ou quatre ‘maris’ dans son lit. Les nouveaux maà®tres de Tombouctou prétendent avoir ouvert une prison pour femmes dans une ancienne villa de Kadhafi . En fait, les viols y sont là  aussi monnaie courante. On ne peut même plus aller vendre des condiments au marché. Il faut rester à  la maison ou se couvrir de la tête aux pieds, et même enfiler des gants. Il y a beaucoup de détresse, mais aussi de la colère. A Tombouctou, nos soeurs, excédées, ont protesté, bravant les coups et les tirs de sommation. A Kidal, ou la charia ne prend pas, elles ont défilé en pantalon et en T-Shirt, cigarette à  la main.  » Le verbe ou les armes ?  » Négocier, soit. Mais négocier quoi ? Et avec qui ? Comment discuter avec un adversaire qui se sait plus fort que moi ? Il faut montrer sa force d’abord ; après, on verra. Certains croient pouvoir détacher les Maliens d’Ansar-Eddin de la nébuleuse djihadiste. Les exfiltrer en quelque sorte. Mais qui parmi eux se sent prêt à  renoncer à  ce que lui vaut aujourd’hui son engagement ? Tout conflit finit par une médiation et un dialogue. Là -dessus, pas de tabou. Personne ne veut la guerre. Encore faut-il savoir avec qui on parle, et de quoi. Bien sûr, il est nécessaire de ménager l’orgueil national, la souveraineté malienne. Le moment venu, plaçons en première ligne des soldats maliens Mais si l’on veut aller vite et être efficace, il faudra bien sûr compter sur l’apport étranger. Cette intervention extérieure, nous l’acceptons, nous la souhaitons, nous la désirons.  » Le jeu de l’Algérie  » Sa position est très ambiguà«. Voire incompréhensible à  nos yeux. Si Alger avait coopéré d’emblée, on n’aurait même pas eu besoin d’envisager une reconquête militaire. L’approvisionnement des djihadistes venant de son territoire, il lui suffisait de verrouiller sa frontière pour leur couper les vivres. Par son attitude, l’Algérie entretient cette guerre. Et la ligne du Qatar n’est guère plus claire.  » La doctrine américaine  » Partisans jusqu’alors de la tenue d’élections avant toute opération armée, les Etats-Unis invoquent leur constitution pour soutenir qu’ils ne peuvent voler au secours d’un régime né d’un putsch. Nous invoquons la nôtre pour juger impossible d’organiser un scrutin digne de ce nom dans un pays aux deux-tiers occupé.  » La posture française  » François Hollande est aujourd’hui plus populaire au Mali qu’à  Paris. En plaidant pour la fermeté, il campe sur une ligne d’autant plus courageuse qu’il lui faut dans le même temps gérer le délicat dossier des otages. Et qu’environ 4800 Français vivent sur notre territoire. « 

Mali : nouvelle destruction de mausolées par les islamistes à Tombouctou

Les islamistes armés qui contrôlent le nord du Mali détruisaient jeudi 18 octobre de nouveaux mausolées à  Tombouctou, ville historique o๠ils avaient déjà  procédé à  de telles destructions en juillet, ont rapporté des témoins à  l’AFP. « Actuellement, les islamistes sont en train de détruire les mausolées de Karaba », un quartier du sud de Tombouctou, a affirmé un de ces témoins, propos confirmés par un autre habitant de la ville qui a précisé que les islamistes étaient arrivés à  bord « de trois véhicules, certains armés ». Des islamistes armés ont déjà  détruit avec des haches, samedi 29 septembre, le mausolée d’un saint musulman à  Goundam, une localité du nord du Mali, près de trois mois après avoir causé des dégâts similaires à  Tombouctou. D’après un habitant qui s’est exprimé sous couvert de l’anonymat, « ils ont cassé le mausolée [d’Alfa Mobo] jusqu’au niveau de la tombe, ils étaient 11 et quelqu’un filmait ». « LES ISLAMISTES SE SONT RAPPROCHà‰S DE LA POPULATION » Par ailleurs, le président du Collectif des élus du Nord-Mali Elhadj Baba Haà¯dara a appelé jeudi à  une intervention militaire internationale « urgente » contre les groupes islamistes armés qui occupent la région, avant qu’il ne soit « trop tard ». « Nous crions : ça s’enlise, faites vite ! Ils ont tous les moyens pour endoctriner la population : par peur, par conviction, par la force ou par l’argent », a déclaré le député de Tombouctou, en mission à  Paris à  la veille de la tenue à  Bamako d’une réunion internationale pour préparer la reconquête du nord du Mali. « Il faut une intervention urgente des forces occidentales. Nous l’espérons, nous le souhaitons, nous le désirons », a insisté M. Haà¯dara au cours d’un entretien à  Paris. « La communauté internationale a la responsabilité de faire très vite car les gens se rallient aux terroristes », a renchéri Haà¯ssata Cissé-Haà¯dara, députée de Bourem (à  45 km de Gao), également membre de la délégation parlementaire malienne. « A Gao, les islamistes se sont rapprochés de la population. Ils ont distribué de l’argent pendant le carême pour payer le sucre, ils ont donné de l’argent pour que l’électricité soit distribuée gratuitement », a-t-elle souligné.

Manifestation de femmes contre la charia à Tombouctou

Une centaine de femmes ont manifesté samedi contre l’imposition de la charia (loi coranique) à  Tombouctou, dans le nord du Mali avant de se disperser lorsque des islamistes ont tiré des coups de feu en l’air, a-t-on appris auprès de témoins. Les femmes, au nombre de 100 à  130 selon les estimations, s’étaient rassemblées sur la place principale de « la cité au 333 saints » en fin de matinée afin de marcher sur le centre-ville. Elles en ont été empêchées par les tirs des islamistes. « La vie est devenue de plus en plus difficile avec ces gens », a déclaré Cissé Touré, une des manifestantes, par téléphone à  Reuters. « Nous sommes fatiguées. Ils nous imposent le voile et nous pourchassent comme des bandits si nous n’obtempérons pas ». Sanda Ould Bounama, un porte-parole des islamistes a confirmé qu’une manifestation avait eu lieu sans plus de précisions. Les islamistes d’Ansar Dine, qui contrôlent officiellement la ville depuis avril, entretiennent des liens étroits avec Al Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) depuis que ces derniers ont, avec l’aide de rebelles touareg, mis en déroute les garnisons locales de l’armée et se sont emparés du contrôle de la moitié nord du pays il y a six mois. Ils ont depuis écarté les Touareg, pris le contrôle total de la région et progressivement imposé leur interprétation rigoriste de la « charia », notamment en interdisant la musique et en obligeant les femmes à  porter le voile. Les populations du nord du Mali pratiquent traditionnellement un islam modéré et tolérant. Admana Diarra et Tiémoko Diallo; Agathe Machecourt pour le service français, édité par Jean-Loup Fiévet

Tombouctou : les islamistes exécutent un homme accusé de meurtre

« l’exécution s’est déroulée entre deux hôtels de la ville de Tombouctou » vers 17H30 locales et GMT, « J’ai vu l’homme tomber après les coups de feu », a déclaré à  l’AFP un premier témoin. l’exécution a été confirmée à  l’AFP par un conseiller municipal de Tombouctou, qui en a également été témoin. Selon lui, une centaine de personnes ont assisté à  la fusillade. l’homme exécuté est un membre de la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) « qui avait tué par balle un pêcheur à  30 km de Tombouctou », a affirmé de son côté un troisième témoin, qui s’est identifié comme Bamoussa. Ville mythique, Tombouctou est contrôlée depuis début avril par Ansar Dine (Défenseurs de l’islam) et Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), deux des groupes islamistes armés qui se partagent le vaste nord malien avec le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Ces groupes jihadistes en ont évincé leurs ex-alliés du MNLA et ont commis depuis plusieurs exactions et violences au nom de leur interprétation rigoriste de la charia (loi islamique) dont ils prônent l’application dans tout le Mali. Mardi également, selon des témoins, quatre habitants de Douentza, ville de la région de Mopti (centre) située à  la limite du Nord, ont reçu chacun 40 coups de fouets par un responsable du Mujao, qui contrôle Douentza. La flagellation s’est déroulée devant « des centaines d’habitants », d’après un des témoins. Un élu de la région, autre témoin, a précisé que les quatre hommes avaient été arrêtés la semaine dernière dans un débit clandestin de boissons. Le propriétaire, un chrétien, a fui la ville et était recherché par les islamistes, a-t-il indiqué. Dans un rapport intitulé « Mali: Les groupes armés islamistes sèment la peur dans le Nord » publié fin septembre, l’organisation Human Rights Watch (HRW) a dénoncé les « graves abus à  l’encontre des populations » commis dans ces régions par les salafistes. « Les lapidations, les amputations et les flagellations sont devenues courantes dans une tentative évidente de forcer la population locale à  adopter leur vision du monde. Pour imposer leur interprétation de la charia, ils ont également organisé une parodie de justice tragiquement cruelle et ont recruté et armé des enfants dont certains n’avaient que 12 ans », affirme HRW. Le 10 septembre, cinq hommes accusés de vol ont été amputés, chacun d’une main et d’un pied, par le Mujao à  Gao (nord-est). Le 29 juillet, des membres d’Ansar Dine avaient lapidé à  mort, en public, à  Aguelhok (nord-est) un homme et une femme auxquels ils reprochaient d’avoir eu des enfants sans être mariés. D’autres couples jugés « illégitimes », des hommes accusés d’avoir bu de l’alcool, de fumer, ou encore d’être des voleurs ou des violeurs ont aussi été fouettés en public par les islamistes dans plusieurs villes, notamment à  Tombouctou o๠ils ont aussi détruit des tombeaux de saints musulmans vénérés par la population.

La loi salafiste menace le Sahel

Il y a eu d’abord l’interdiction de l’alcool, la fermeture des bars, l’obligation signifiée aux femmes de se voiler. Le stade suivant a été le pillage des maisons des chrétiens et la destruction de mausolées et de lieux saints historiques de l’islam à  Tombouctou. Puis des réfugiés ont fait état de châtiments physiques pour violation de la loi islamique. Dimanche 29 juillet, à  l’aube, les salafistes qui règnent sur le nord du Mali depuis avril ont franchi un palier particulièrement révoltant dans l’application forcenée de la charia : un couple a été lapidé pour avoir eu des enfants hors mariage. L’homme et la femme, parents d’un bébé de 6 mois, ont été amenés dans un lieu à  20 km de la petite ville d’Aguelhok. Enterrés jusqu’au cou, ils sont morts rapidement sous les jets de pierres, après avoir poussé quelques cris, selon les témoins qui ont fait le récit de l’exécution publique par téléphone à  l’AFP et au New York Times. Cette zone désertique du nord du Mali, plus grande que la France, est fermée aux journalistes depuis que les groupes armés salafistes, le groupe malien Ansar Eddine et Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), ont pris Tombouctou et Gao. Une situation extrêmement dangereuse est en train de s’installer dans le nord du Mali. Ce drame dépasse la tragédie des populations de la région, poussées à  l’exode par la brutalité des nouveaux maà®tres des lieux. Il déstabilise les pays du Sahel, dont des diplomates évoquent déjà  un « Afghanistan de l’Afrique de l’Ouest » ; selon le président du Niger, le groupe radical Boko Haram, du Nigeria, est désormais présent aussi dans le nord du Mali. Les intérêts occidentaux dans la région sont également menacés. Six Français, enlevés au Niger et au Mali, sont détenus en otage par AQMI et le nord du Mali risque de se transformer en base arrière pour des opérations terroristes contre les pays européens. Le Mali, qui se relève avec peine d’un coup d’Etat militaire mené en mars à  la suite, précisément, des poussées sécessionnistes du nord du pays, ne peut faire face seul à  cette situation. Une solution envisagée par les diplomates pour l’aider à  recouvrer l’intégrité de son territoire implique la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Celle-ci attend une demande formelle de Bamako pour, à  son tour, saisir le Conseil de sécurité de l’ONU d’une demande d’assistance au gouvernement malien, dont la souveraineté est défiée. Dans ce cas de figure, les pays de la Cedeao ne seraient sans doute pas en mesure de mettre sur pied, seuls, une force susceptible de reconquérir le nord du Mali. D’autres pays occidentaux, mais aussi l’Algérie voisine, doivent alors être prêts à  leur fournir une assistance matérielle, logistique, aérienne ou dans le domaine du renseignement, le tout dans le cadre d’un mandat de l’ONU. Le retour du président par intérim Dioncounda Traoré à  Bamako, fin juillet, ouvre la voie à  un tel scénario. Il y a urgence. Sur le terrain, la situation se dégrade rapidement, beaucoup plus rapidement que n’évolue la politique, à  Bamako, Alger ou New York.

Jacques Chirac appelle à ne « pas abandonner le Mali »

« C’est un crime contre l’Afrique »! Jacques Chirac et Abdou Diouf, respectivement ancien président français et sénégalais aujourd’hui secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie ont lancé ce venderdi 13 juillet 2012 un cri d’alarme face à a la situation qui prévaut actuellement au Mali. « L’avenir de l’Afrique sahélienne se joue » « Au moment o๠des groupes extrémistes ont entrepris de détruire les mausolées et mosquées de Tombouctou, et menacent les manuscrits conservés dans cette ville, patrimoine irremplaçable de l’islam et du monde, c’est l’avenir de l’Afrique sahélienne qui se joue », mettent en garde les deux hommes alors que le nord du Mali est entièrement tombé fin mars aux mains des rebelles touareg et de groupes islamistes. Depuis début juillet, ils ont détruit les deux mausolées de la plus grande mosquée de Tombouctou, Djingareyber, classée patrimoine mondial en péril ainsi que sept autres mausolées de saints musulmans de la ville. « Il y a urgence à  agir », estiment les deux anciens chefs d’Etat dans cette tribune titrée « Sauver Tombouctou pour sauver la paix ». Avant de juger qu' »il faut aller plus loin » que la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU adoptée la semaine dernière qui exprime son soutien aux efforts de médiation déployés par l’Afrique de l’Ouest et l’Union africaine en vue du rétablissement de l’ordre constitutionnel. « Le Mali ne doit pas être abandonné à  son sort », lancent-t-ils. Un « Plan Marshall » pour le Sahel Jacques Chirac et Abdou Diouf appellent à  « d’abord mettre en oeuvre toutes les voies légales pour faire échec aux visées mortifères des extrémistes. Il faut ensuite lancer un véritable plan Marshall pour le Sahel ». Car, déplorent-ils, « la crise sécuritaire fait hélas passer au second rang la dramatique crise alimentaire qui touche l’ensemble de la région, depuis maintenant trois ans ». « Nous en appelons à  la responsabilité et à  l’unité de la communauté internationale face à  cette crise », écrivent-ils. « L’échec ou la victoire de l’Afrique sera notre échec ou notre victoire à  tous », concluent-ils.

Tombouctou perd ses saints

Si à  Gao, les jeunes de la ville se sont mobilisés pour empêcher la destruction du Tombeau des Askias, l’un des édifices religieux les plus connus d’Afrique, à  Tombouctou, les populations sont impuissantes face aux islamistes d’Ançar Dine qui ont décidé de casser tous les mausolées. Pour eux, C’’est « haram » (interdit, blasphème) de vénérer des saints dans l’islam. De plus, selon les théoriciens et les miliciens de l’islam le plus rigoriste, en vertu du principe de la soumission des croyants devant Dieu il existe une ‘injonction du « nivellement des tombes » qui se doivent d’être anonymes et discrètes. Ce sont ces arguments qui sont avancés pour justifier la disparition d’un patrimoine mondial qui attire chaque année des milliers de fidèles et de touristes. Le tollé est général et à  présent ce sont des appels à  l’action qui fusent du monde entier. l’apparente apathie du gouvernement du Mali face à  la destruction de biens culturels séculaires suscite l’incompréhension et l’indignation, surtout au niveau national. l’Unesco, saisie, il y a quelques jours par les autorités maliennes ne peut pas grand-chose et ce ne sont pas les menaces du n°1 de la CPI qui vont arrêter les salafistes. Les destructions de mausolées, des actes de guerre La destruction de sites vénérés par les musulmans n’est pas l’apanage d’Ançar Dine qui contrôle la ville de Tombouctou. En Libye, à  la faveur de la guerre civile qui a conduit à  la chute de Kadhafi, des miliciens salafistes ont détruit à  la roquette plusieurs mausolées de saints musulmans, nous rappelle le journal Le Monde. Au Yémen, en 1994, le mausolée d’al-Aydarus, considéré comme le saint patron d’Aden, était détruit à  la grenade et au bulldozer. Mais, toujours selon le journal, cette pratique remonte à  encore plus loin. En 1805-1806, lors de la prise de La Mecque et de Médine, les villes saintes de l’islam, par les hommes de Saoud, troisième souverain de la dynastie du même nom qui règne aujourd’hui sur l’Arabie saoudite, ces derniers entreprirent de détruire les dômes érigés au dessus des tombes de Khadija, la première épouse du Prophète, et de Hassan et Hussayn, ses petits-fils ; le mausolée du Prophète lui-même fut épargné, mais pas le trésor accumulé depuis des siècles par les dons des fidèles dans sa Chambre funéraire (la Hujra), qui fut entièrement pillé. Les salafistes d’Ansar Eddine s’inscrivent ainsi dans un courant doctrinal dont les représentants les plus actifs sont les Wahhabites d’Arabie saoudite (qui pour certains réclament toujours le démantèlement de la Hujra à  Médine), et dont les maà®tres à  penser sont aussi anciens qu’Ibn Taymiyya (1263-1328) et Ibn Hanbal (780-855), concluent nos confrères. C’’est un pan de l’histoire de l’islam et de l’humanité en général qui est ainsi en train de disparaitre sous nos yeux. Monuments en banco, les mosquées et leurs mausolées sont également une richesse culturelle, architecturale. Même s’il existe la possibilité de les reconstruire un jour, C’’est aussi l’impact moral de ces destructions qui préoccupe les observateurs de la crise malienne. Les populations en plein désarroi sont en train de subir un véritable lavage de cerveau idéologique et les villes sous contrôle des islamistes risquent de glisser vers un islam pur et dur, terreau de tous les extrémismes. Tombouctou est tout simplement en train de perdre son âme…

Nord Mali : pourquoi Bamako tarde à intervenir ?

En perte de vitesse, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) a cédé la place à  des islamises déterminés à  élargir leur influence au nord du Mali. Les approches récentes avec la médiation burkinabè montrent qu’Ansar Dine veut rester le seul interlocuteur légitime du Mali dans la sortie de crise. Crise qui s’aggrave de jour en jour puisque les hommes d’Iyad Ag Ghaly ont profané les symboles qui font la grandeur et la mystique de la cité des 333 Saints. En face, l’inaction d’un gouvernement malien, hésitant entre négociation et guerre, exaspère les ressortissants du nord qui multiplient les actions de soutien ou se révoltent contre les groupes armés. En dépit des alertes de l’Unesco, Ansar Dine mène désormais une guerre médiatique et politique. l’assassinat d’un élu à  Gao suivi d’affrontements entre le Mujao et le MNLA, la destruction des 7 mausolées saints à  Tombouctou exacerbe le sentiment d’injustice des populations du nord. La crainte d’une chariaisation progressive ont été illustrés avec les images de la punition en pubic d’un couple sur les écrans du monde. Prudence à  Bamako A Bamako, la prudence règne. Aux Nations Unies, on invite à  préciser les contours d’une intervention de la Cédéao dans le nord du Mali. Face à  une armée en reconstruction et coupée de ses tête de commandement, la remobilisation des troupes et leur équipement reste la priorité. A cela devront s’ajouter des appuis logistiques de la France et des Etats-Unis en matière de renseignements. l’une des bases américaines, établie à  Ouagadougou, agirait dans ce sens en survolant régulièrement la zone avec de petits appareils discrets à  l’œil nu dans le ciel subsaharien. Malgré tout, les hésitations du gouvernement de Cheick Modibo Diarra font monter la psychose dans la capitale malienne : « Si les islamistes ont détruit les mausolées, qu’est-ce qui peut les empêcher de perpétrer des attaques au sud ? », déplore Ibrahim un jeune étudiant.   Qui veut la paix, prépare la guerre Deux schémas se dessinent désormais pour la sortie de crise. Une double médiation menée par la CEDEAO avec d’un côté les islamistes, qui ont pris contact avec Blaise Compaoré pour réaffirmer leur position. l’islam radical ou rien ! De l’autre, la stabilisation de la transition et un gouvernement plus inclusif pour mener une opération conjointe CEDEAO-ONU-Mali. l’intégrité territoriale du Mali n’étant pas négociable au risque de créer une poudrière dans la région, les diplomates de CEDEAO s’accordent sur cette voie sans réussir à  mettre une quelconque pression sur le gouvernement de Cheick Modibo Diarra. Pour que l’institution sous régionale puisse actionner ses 3 300 hommes au nord Mali, une simple demande du Mali ne suffit plus : «Â Tout dépend de Bamako qui doit préciser les contours de cette intervention. Cheick Modibo Diarra avait plaidé pour la négociation, mais sur quelle base, pour négocier, il faut être en position de force ? », analyse Tiégoum Boubèye Maiga, directeur de la Nouvelle République. Le ballet diplomatique du Premier ministre (Alger, Paris, Nouakchott, Niamey et dernièrement Yamoussoukro) pour harmoniser les positions de sortie de crise, ravive les critiques dans la presse malienne. «Â On a parfois l’impression que CMD (surnom du Premier ministre) est plus occupé à  faire des nominations à  chaque Conseil des ministres qu’à  gérer la crise du nord », témoigne Aminata, journaliste. Sanogo définitivement hors-jeu ?   Quant à  Sanogo qui a toujours rejeté une intervention de la CEDEAO à  Bamako, est-il définitivement hors jeu ? Cheick Modibo Diarra a une nouvelle fois salué le vote par l’Assemblée nationale de la loi d’amnistie des putschistes et la transformation du CNRDRE en Comité militaire chargé du suivi de la réforme des forces de défense et de sécurité ( CMSRDFS) : «Â Sanogo est le maà®tre de l‘armée, tous lui obéissent, les hommes, les ministres qu‘il a fait nommer et si demain le Mali était prêt à  intervenir au nord, son veto pourrait bloquer le processus », précise un spécialiste de la crise. Le vrai problème, C’’est l’armée malienne. Elle n’est tout simplement pas prête pour reconquérir le nord ». Les pleins pouvoirs de Cheick Modibo Diarra ne suffisent pas. La convalescence prolongée de Dioncounda Traoré, le Président de transition nommé par la Cédéao pour douze mois, n’accélèrera pas non plus le processus. s’il est des secrets militaires qu’on ne doit pas révéler, le gouvernement de Cheick Modibo Diarra fait sien cette maxime célèbre et prépare la guerre pour avoir la paix ! Comme à  l’accoutumée, Bamako bruisse de rumeurs qui font du bien à  la population, car pendant que le MNLA et Ansar Dine s’étripent, l’armée malienne encerclerait lentement mais surement le nord. La libération est-elle proche ?

Fatou Bensouda :  » La CPI peut poursuivre les auteurs des crimes de Tombouctou »

«Â Fatou Bensouda, vous êtes le nouveau procureur de la Cour pénale internationale, pourquoi avoir choisi de visiter le Sénégal ? Fatou Bensouda : Je voulais rendre hommage au Sénégal, qui est le premier pays à  avoir ratifié le statut de Rome. Ma visite coincide avec les 10 ans de la CPI et C’’est symbolique de venir au Sénégal rencontrer les autorités sénégalaises et évoquer la coopération exemplaire du Sénégal avec la Cour pénale internationale depuis le début, une coopération qui doit être renforcée davantage, pour aider la CPI à  faire son travail. Le président Macky SALL a demandé à  ce que Hissène Habré qui est poursuivi par la Belgique soit jugée en Afrique et il a affirmé que le Sénégal prendrait ses responsabilités, quelle appréciation en avez-vous ? Fatou Bensouda : Sur l’affaire Hissène Habrè, la CPI n’a pas compétence à  juger ce cas, puisque les crimes reprochés à  Hissène Habré ont été commis avant 2002, date d’installation de la CPI. La cour n’a donc pas compétence à  juger ce cas. Je pense que Macky Sall a eu raison de faire cette déclaration et surtout, il a lancé un message lié à  l’impunité. Personne n’est au dessus de la loi ! Sur le Nord Mali et la situation à  Tombouctou, quelle est la position de la CPI ? Fatou Bensouda : J’ai fait une déclaration dans ce sens. Il est impensable de laisser commettre la destruction de ces mausolées et ces édifices historiques et religieux. J’ai demandé à  ce que cela cesse, sinon le CPI entreprendra la collecte d’informations contre les personnes auteurs de ces crimes, qui sont d’ailleurs des crimes de guerre. La CPI peut donc poursuivre les auteurs de ces destructions ? Fatou Bensouda : Tout à  fait, le Mali est un état parti du Traité de Rome et si le Mali n’engage pas de poursuites contre les auteurs de ces crimes, la CPI a vocation à  le faire.