Keltoum célèbre la musique Touarègue

Keltoum Walet sort son premier album professionnel intitulé «Yana ». Ressortissante de la région de Kidal, elle célèbre la musique locale dans ces dix nouveaux titres dont la sortie est prévue en mars 2017.

https://www.youtube.com/watch?v=BSQLF_UR3hE

Assise confortablement sur une chaise artisanale, la tête recouverte de voile, Keltoum Maïga Sennhauser, alias Keltoum Walet, d’un mouvement désinvolte de la main gauche, chatouille une castagnette. D’une voix suave, elle prononce avec fidélité chaque note des dix titres qui composent son nouvel album intitulé « Yana », qui signifie «Ô ma mère » en tamasheq. Dans sa villa sise au cœur du quartier résidentiel de Badalabougou, Keltoum est en répétition avec son équipe, deux fois par semaine. Originaire de la région de Kidal, elle est une figure emblématique de la musique malienne. Peintre, poète et chanteuse, Keltoum est artiste depuis toujours. « Je chante depuis toute petite mais je voulais devenir peintre », explique celle qui estime que « ce sont deux choses complémentaires. La musique est une inspiration importante pour la peinture ».

Chanter pour résoudre En 1994, elle sort un album de six titres avec une amie. Elle l’intitule « Chatma » qui signifie « Mes sœurs ». Son objectif à l’époque était de calmer les ardeurs belliqueuses après le second conflit touareg. « Il fallait sensibiliser nos frères sur les méfaits de la guerre », dit-elle. Cet album qui ne sera pas vendu, est dédié à la population locale. Quelques années plus tard, Keltoum, qui poursuit sa route, se fait connaître du grand public comme la productrice du premier album du célèbre groupe touareg Tinariwen, mais aussi pour ses tableaux. Sa musique, quant à elle, dépasse les frontières de sa terre natale et séduit Boncana Maïga alias « Maestro ». Ce dernier convainc l’artiste d’entrer en studio, vingt-trois ans après le début de sa carrière. « C’est un nouveau départ pour moi et ma carrière musicale », se réjouit Keltoum, dont l’album est un pur produit solo : « je ne chante que quand il y a des problèmes. Tout le monde ne pense pas pareil, c’est pourquoi je chante généralement seule ». Le lancement de l’album « Yana », qui comprend dix titres chantés en français et en tamasheq, est prévu pour ce mois de mars 2017. Une tournée devrait suivre dans la foulée, au cours de laquelle on pourrait la retrouver sur scène avec Boncana Maïga pour une collaboration inédite.

 

Médiation malienne: Burkina, Algérie, Maroc?

L’information a fait le tour d’Internet dès la mi-journée de ce vendredi 31 janvier 2014. Le secrétaire général du MNLA, Bilal Ag Cherif, a été reçu par le souverain chérifien pour un entretien. Il était accompagné du porte-parole du mouvement, Moussa AG Attaher. Les deux hommes ont d’ailleurs effectué ensemble la prière du vendredi aux côtés du Roi Mohamed 6. Un communiqué du Cabinet Royal l’a confirmé et indiqué que, « cette audience s’inscrit dans le cadre des efforts soutenus et permanents de Sa Majesté le Roi, en vue d’instaurer durablement la paix et la stabilité dans ce pays frère et de contribuer à  un règlement de la crise malienne, et ce depuis son déclenchement, en janvier 2012 ». Lors de la rencontre, Mohamed 6 a réitéré « la nécessité de contribuer à  une solution et à  un compromis qui permettraient de lutter contre les mouvements intégristes et terroristes qui menacent aussi bien les pays du Maghreb que la région du Sahel et du Sahara, et de favoriser le développement et la dignité du peuple malien frère, dans la concorde entre l’ensemble de ses composantes ». Si l’implication du Maroc dans la résolution de cette crise afin d’y trouver des solutions pérennes est saluer, elle n’en jette pas moins de confusion sur la situation de la médiation dont on ne sait plus aujourd’hui quel pays la mène. Après les différentes réunions à  Ouagadougou en 2012 et 2013, le médiateur burkinabé avait soudain perdu la côte. Les accords de Ouaga n’étaient pas respectés et chacune des parties en rejetaient la faute sur celle d’en face. La médiation de Blaise Compaoré se retrouvant au point mort, un grand voisin ,silencieux depuis des mois revient soudain sur le devant de la scène. Il s’agit de l’Algérie qui apparemment a décidé de reprendre les choses en main. Voici donc Alger qui reçoit des représentants de certains groupes armés du Nord notamment le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) et la Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance (CMFPR) qui vont y signer une plateforme. Une copie de ce document sera remise quelques jours pus tard au président malien, Ibrahim Boubacar Kéita, qui y effectuait une visite d’amitié. Nouvel espoir pour sortir de la crise? Trop tôt pour le dire. Car le MNLA ne se sent guère concerné par la démarche algérienne qu’il voit même d’un mauvais œil. A défaut du Burkina Faso qui ne semble plus avoir la confiance d Bamako dans ce dossier, voici donc les leaders du MNLA qui se tournent vers le Maroc. Histoire de tirer leurs marrons du feu? On est tenté de le croire car à  l’allure o๠allaient les choses, ils risquaient bien de se retrouver hors du champ des débats. La multiplication des interlocuteurs, à  cause de la fragmentation des mouvements touareg et celle des médiateurs, n’est en tout cas pas pour clarifier ce dossier dont les tenants et les aboutissants échappent à  bien des Maliens. Le Burkina hors-jeu, le très influent voisin du nord contesté, et le Maroc qui rentre dans la danse, quel arbitre pour cette partie qui n’en finit pas de durer?

À la découverte du centre culturel TUMAST

Cette coopérative est une structure d’appui promotionnel et un tremplin pour l’épanouissement socio-économique et culturel de toutes les communautés particulièrement celles du nord Mali. Elle mène des actions telles que des spectacles et expositions promotionnels des jeunes artistes et artisans. Les spectacles sont l’occasion pour les artistes en herbe d’être découverts ou repérés par des producteurs ou des manager qui sont prêts à  les soutenir par la suite. « Quand un artiste en herbe vient au centre, nous essayons de faire sa promotion pour qu’il soit découvert afin qu’il puisse se perfectionner grâce au soutien des producteurs » explique Mohamed Ossade, président du Conseil d’administration. Ils sont nombreux, les groupes de musiciens ou artistes qui sont par Tumast. Il y a entre autres Tamikrist, Leila Gobby, Terakaft, Imarhane, Amanar, etc. « Tumast n’est pas un lieu de production de spectacle mais un lieu de promotion des artistes. Son but est de valoriser et de vulgariser la culture touareg dans la diversité en créant un brassage entre toutes les régions du Mali » poursuit le président du Conseil d’administration. Manque de moyens Malgré la volonté de promouvoir les artistes et artisans, les moyens font souvent défaut. « Quand une structure n’a pas les moyens ou de solides partenaires, elle a des problèmes pour mener à  bien ses activités. Ne disposant pas de nos propres instruments, nous sommes obligés de les louer pour que les jeunes apprennent à  jouer » indique M. Ossade. Les seules sources de revenus sont la cotisation des membres de la coopérative et les recettes tirées des soirées culturelles dont les 70% pour le soutien des artistes et les 30% répartis entre le centre et le personnel de soutien. La coopérative à  travers Tumast nourrit beaucoup d’ambitions. Elle prévoit la création d’un café culturel et littéraire, d’une médiathèque pour les étudiants et hommes de culture, d’un pôle de formation et d’orientation des artistes et artisans vers des créneaux porteurs, et la formation des femmes sans qualification et des jeunes filles déscolarisées à  un corps de métiers, etc.

Accord de Ouaga: reprise des discussions, 60 jours après la formation du gouvernement

La signature de l’accord préliminaire de Ouaga le 18 juin dernier a ouvert la voie à  la tenue des deux tours de l’élection présidentielle le 28 juillet et le 11 août sur l’ensemble du territoire malien. Le document comprenant 25 articles décrit le « processus post électoral » qui devra permettre, après la formation du nouveau gouvernement l’établissement d’une « paix globale et définitive ». L’accord prévoit la reprise des négociations 60 jours après la nomination d’un nouveau gouvernement. « La réconciliation nationale demeure la priorité la plus pressante. (…) Je veux réconcilier les C’œurs et les esprits, rétablir une vraie fraternité entre nous afin que chacun dans sa différence, puisse jouer harmonieusement sa partition dans la symphonie nationale. (… ) A cet effet, en tant que Président de la République, je m’attellerai sans relâche à  restaurer l’autorité de l’Etat. Nul ne sera au-dessus de la loi. » a déclaré le président IBK dans son discours d’investiture le 4 septembre dernier. Méfiance des mouvements touaregs Avant l’ouverture du dialogue, les mouvements du nord Mali se préparent, font monter les enchères et maintiennent la pression. Lors de l’investiture du Président IBK, le Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA) avait appelé la population du nord à  manifester. Pour Mossa Ag Attaher, chargé de communication du MNLA, il s’agissait d’interpeller le nouveau président dès son entrée en fonction. « C’’est pour dire au président qui vient d’être investi que derrière les mouvements de l’Azawad, il y a une population qui est en attente, une population qui n’est plus disposé à  partir avec une tête bricolée… Pour l’instant, IBK a été vague dans le discours même s’il a parlé de justice, de réconciliation, C’’est des choses très importantes. Cependant, il faut qu’il soit précis.» a-t-il déclaré sur une radio internationale. De son côté, Sidi Brahim Ould Sidatt, Secrétaire général adjoint du Mouvement Arabe de l’Azawad (MAA) et représentant du mouvement auprès de la commission de suivi et d’évaluation des accords de Ouagadougou affirme que « le Mali de lui-même ne va pas régler le problème ». « s’il n’y a pas une réelle force d’opinion internationale pour faire pression sur le Mali, il n’y aura pas de solution définitive pour ce problème. Nous attendons à  ce que le président fasse ses preuves. On a beaucoup fait confiance, on a finalement rien trouvé donc nous allons continuer notre mouvement armé, nos revendications jusqu’à  ce que les choses soient appliquées comme c’est écrit dans l’accord. » a-t-il poursuivi. Les débats s’annoncent compliqués et l’issue des discussions sera décisive. Les questions du désarmement des rebelles, de leur intégration ou réinsertion et du statut des régions du Nord doivent être tranchées. « Nous enclencherons les actions appropriées pour forger des solutions robustes en vue d’une paix durable afin que nous sortions définitivement de la répétition cyclique des crises dans le Nord du pays.. » a indiqué le président IBK lors de son discours.

Nord Mali : qui a tué Abdoulaye Ag Mohamed Ali ?

Le crime a eu lieu ce week-end, à  Léré près de la frontière mauritanienne, dimanche dernier, jour du second tour de la présidentielle au Mali. Abdoulaye Ag Mohamed Ali, un notable de la ville de Tombouctou a été battu à  mort par des hommes armés alors qu’il dormait, rapporte l’AFP. Ce crime odieux survient au moment o๠le Mali tente de sortir de la crise. Surtout, il fait resurgir le spectre de l’insécurité au nord o๠des groupes armés font encore la loi. Interrogé par Afrik.com, Moussa Ag Assarid, le porte parole du MNLA en France défend son mouvement de toute implication dans ce meurtre odieux : C’’est malheureux que le meurtre ait eu lieu le jour de l’élection présidentielle alors que lui et son compagnon était venu à  Léré dans le but d’aider le maire, qui les a sollicités pour organiser les élections, afin qu’elles se déroulent au mieux », « Suite à  cet assassinat qui pourrait être l’œuvre de l’armée malienne, nous réclamons immédiatement une enquête pour éclaircir les circonstances de la mort d’Abdoulaye Ag Mohamed Ali », a souligné le porte-parole de la rébellion. D’après lui, la mission de l’Onu au Mali est en train d’envoyer une équipe sur les lieux du crime pour débuter l’enquête. Du côté de l’armée malienne, on réfute ces informations. Une accalmie perdurait depuis le début des élections. Les derniers évènements remontant à  l’entrée d’une colonne de militaires maliens à  Kidal peu avant le premier tour de l’élection. Il y avait eu des affrontements entre populations noires favorables à  l’arrivée de l’armée malienne, et éléments du mouvement rebelle. Condamné par la famille du notable assassiné, ce geste dont ignore l’auteur, pourrait raviver les tensions dans la région et ce malgré la présence des soldats de la Minusma, censés sécuriser la zone et leurs populations.

Accord de Ouaga : la poire en deux

Après onze jours de négociations, l’accord tant attendu est signé par le gouvernement de Transition du Mali et les groupes armés du nord du pays hier à  Ouagadougou, dans la capitale burkinabé. Moussa Sinko Coulibaly, ministre malien de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de l’Aménagement du territoire pour le gouvernement, Bilal Ag Chérif du Mouvement national de libération de l’Azawad(MNLA)et Alghabas Ag Intalla pour le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) ont paraphé l’accord. Appelé « Accord préliminaire à  l’élection présidentielle et aux pourparlers inclusifs de paix au Mali », il vaut son pesant de 12 pages et de 25 articles. Comme le titre l’indique si bien, le chemin est désormais plus que jamais balisé pour la tenue de la présidentielle à  la date indiquée, c’est-à -dire le 28juillet prochain. Sans oublier le second round des négociations censé avoir lieu avec les autorités légitimement élues. La signature de l’accord ne suscite pas pour le moment de réactions particulières chez les Maliens qui suivaient de près le déroulé des événements. A priori on ne crache pas sur l’accord tout comme l’on ne crie pas au triomphalisme. Toutefois, il est supposé accorder la faveur au Mali. Difficile de dire le contraire quand on sait qu’il va permettre le déploiement de l’Administration, des militaires maliens et des services sociaux de base à  Kidal dans la perspective de l’organisation des élections. Autre point à  mettre à  l’actif des autorités de Transition, C’’est le désarmement des groupements armés dont la première étape demeure le cantonnement des éléments desdits groupes. Il importe de souligner que l’accord d’hier fait un black-out sur la suspension des poursuites judicaires lancées contre du Mnla. Voilà  des points sur lesquels le commun des Maliens tenait à  la prunelle et ne voulait point transiger. Des bémols cependant : la présence du Mnla dans la commission mixte chargé de l’élaboration du calendrier pour le retour de l’Administration et l’armée au nord, le désarmement qui ne sera pas immédiat ainsi que le maintien du nom Azawad. On peut bien dire que la bataille des négociations a tourné à  l’avantage des nôtres, donc au bénéfice des autorités de Transition qui ont su écouter la voix du peuple. Elles ont accepté le compromis pour le Mali et refuser la compromission pour sauvegarder l’honneur du pays de Soundjata . Certes. Mais la guerre est loin d’être gagnée. Elle sera menée par les nouvelles autorités issues des élections à  venir. Celles-ci doivent s’employer à  éclaircir davantage quelques points acceptés par le gouvernement au non d’un modus vivendi. Il s’agit entre autres des points contenus dans l’article 21 de l’accord, relatifs à  « l’organisation administrative et institutionnelle du Mali, en particulier des régions du nord du Mali désignées par certains sous le terme de l’Azawad » ou « la réorganisation des forces de défense et de sécurité ainsi que le programme de désarmement, de démobilisation et de réinsertion socioéconomique(D des groupes armés du nord du Mali »

De nouveaux combats dans le nord du Mali

De nouveaux combats étaient en cours, samedi 23 février, entre rebelles touareg alliés aux forces françaises et djihadistes, dans le nord du Mali, alors que se poursuit dans le massif des Ifoghas la traque des islamistes. Selon des sources sécuritaires régionale et malienne, les affrontements opposaient depuis samedi matin des combattants du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et ceux d’un groupe armé non encore identifié à  In-Khalil, localité proche de Tessalit et de la frontière avec l’Algérie. Aucun bilan n’était disponible d’aucune source. Samedi, le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) a revendiqué un attentat-suicide survenu vendredi dans cette même localité. Cette région abrite aussi l’Adrar des Ifoghas, zone montagneuse entre Tessalit et Kidal considérée par certains Touareg comme leur berceau et o๠se sont réfugiés de nombreux islamistes armés liés à  Al-Qaida. C’est dans cette région du massif des Ifoghas que de violents combats ont opposé l’armée tchadienne à  des djihadistes, vendredi, faisant soixante-cinq morts parmi les combattants islamistes et treize parmi les soldats tchadiens. Les affrontements ont éclaté avant la mi-journée dans cette région montagneuse située à  la frontière de l’Algérie et qui sert de refuge à  de nombreux islamistes armés liés à  Al-Qaida. SITUATION « PAS DU TOUT STABLE » Jeudi, un porte-parole de l’armée française a déclaré « se coordonner » effectivement avec « les groupes qui ont les mêmes objectifs » que Paris, en parlant du MNLA. Le MNLA, laà¯c, qui avait lancé une offensive en janvier 2012 dans le nord du Mali contre l’armée malienne avec les groupes islamistes armés, en avait très vite été évincé par eux des grandes villes de Gao, Tombouctou et Kidal. Il est réapparu à  Kidal et Tessalit à  la faveur de l’intervention française contre les islamistes liés à  Al-Qaida qui a débuté le 11 janvier. La situation au Mali n’est « pas du tout stable », a déclaré vendredi le chef de la délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) au Mali et au Niger, alors que l’ONU a dénoncé des « informations horrifiantes » en matière de droits de l’homme. Les Etats-Unis ont déployé plusieurs drones au Niger, en soutien aux forces françaises au Mali, pour effectuer des vols de surveillance au-dessus de la zone de conflit, a déclaré un responsable américain. Les appareils, des Predator de l’armée américaine, sont déployés sur une base de Niamey, o๠sont stationnés une centaine de membres du personnel de l’armée de l’air américaine, a précisé ce responsable sous couvert de l’anonymat.

Les islamistes maliens ciblent les Touaregs

Voici venu le temps des kamikazes au nord du Mali. Un attentat suicide à  la voiture piégée remplace l’autre dans la province touareg de l’Azawad. à€ Gao, les corps de la plupart des djihadistes tués dans le raid de jeudi du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et retrouvés dans les décombres de l’hôtel de ville portaient à  la taille une ceinture d’explosifs. Vendredi à  l’aube, au lendemain d’une attaque menée par le chauffeur d’un véhicule bourré d’explosifs à  Kidal à  proximité d’un camp de militaires français et tchadiens, deux kamikazes ont visé des rebelles touaregs laà¯cs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et des civils à  Inhalil, près de Tessalit, à  la frontière algérienne. Les deux islamistes ont explosé à  l’intérieur d’une base du MNLA et trois Touaregs ont été tués sur le coup. L’attentat est attribué au Mujao. Dissidents d’al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi), les islamistes armés du Mujao qui contrôlaient la région de Gao ont toujours eu en grippe les membres du MNLA. Mais leur aversion s’est amplifiée depuis que les Touaregs laà¯cs se sont mis au service de l’armée française. «On voit bien que les groupes terroristes veulent faire payer aux Touaregs leur engagement aux côtés des forces spéciales françaises», commente Hama Ag Sidhamed, un porte-parole du MNLA, qui souhaite «pour aller plus loin dans cette lutte contre les fanatiques», «un soutien logistique» de la France plus conséquent. Dispersés dans le nord du Mali, les indicateurs du MNLA transmettent des informations sur les déplacements et les caches des islamistes armés. à€ Ménaka par exemple, près de la frontière du Niger, les notables régionaux liés au MNLA ont signé un texte réaffirmant leur «disponibilité pour lutter contre le terrorisme». L’expertise des «hommes bleus» est particulièrement utile dans le massif de l’Adrar des Iforas o๠se sont réfugiés les djihadistes. «Les gens du MNLA ont une connaissance parfaite de cette zone. Il ne faut pas oublier que ce sont d’anciens rebelles qui ont été “locataires” de ces contreforts durant leurs insurrections. Ils font du renseignement géographique pour les Français grâce à  leur connaissance des failles, des corridors et des doubles passages. La France se sert de leurs connaissances pour préparer ses interventions», explique Robert Dulas, un spécialiste des questions touaregs. «Les Touaregs fournissent également du renseignement humain car en dehors des membres fondateurs algériens d’Aqmi, un grand nombre de combattants de la mouvance d’al-Qaida sont issus de la région. Ils sont connus et rapidement repérés lorsqu’ils s’éloignent de leurs planques pour se ravitailler», poursuit-il. Cette collaboration serait à  l’origine de divergences au sein du MNLA. Le chef militaire Mohammed Ag Najim qui a longtemps servi le régime de Kadhafi et Bilal Ag Achérif, le chef politique, seraient en désaccord. Le différend porterait plus sur l’organisation du transfert de renseignements aux militaires français que sur son principe. Le MNLA doit aussi faire face à  l’arrivée dans ses rangs de déserteurs de l’organisation touareg islamiste Ansar Dine à  la fiabilité douteuse. Reste que les Touaregs ne sont qu’une des cibles des islamistes armés. La mouvance djihadiste, et en particulier le Mujao, qui est plus présent sur le terrain qu’Aqmi ou Ansar Dine, a donné un début de réponse à  l’offensive française. Celle-ci se résume à  des ripostes via des attaques de guérilla urbaine dont l’objectif est de se frotter aux forces maliennes et françaises, et à  des attentats commis par des kamikazes. Il est probable qu’Aqmi et Ansar Dine, qui ont subi de lourdes pertes lors du déclenchement de l’opération Serval, ne soient pas en mesure de s’engager sur une voie identique. Ces deux organisations n’ont pas communiqué depuis leur fuite des grandes villes du Nord.

« Nous, Touareg Maliens »

Excellence, Monsieur le Président de la République, Excellences, Mesdames et Messieurs les Ministres, membres du Gouvernement, Excellences, Mesdames et Messieurs Honorables Députés, Mesdames et Messieurs les Responsables des organisations et institutions internationales, Mesdames et Messieurs les Responsables de l’ONU, de l’Union Africaine, de la CEDEAO, de l’Union Européenne et du Parlement Européen, Pays frères et amis, Nous, Touareg maliens, vieux et jeunes, nomades et sédentaires, réfugiés et déplacés, souhaitons par la présente nous exprimer légalement, pacifiquement et démocratiquement afin de nous démarquer clairement du Mouvement National de Libération de l’Azawad qui agit et revendique injustement et sans aucun mandat au nom de tous les Touareg du Mali et ce depuis sa création. Nous, Touareg maliens, vieux et jeunes, nomades et sédentaires, réfugiés et déplacés, estimons que nous n’avons pas à  prouver notre patriotisme et notre attachement indéfectible à  notre pays, le Mali, à  ses institutions et à  ses valeurs, mais qu’il est de notre devoir de nous dissocier officiellement et publiquement d’un mouvement armé qui a utilisé et utilise encore des moyens violents pour s’exprimer en notre nom, en celui de notre peuple, sans jamais avoir consulté au préalable ses populations, ses leaders traditionnels, ses responsables politiques et religieux, et faisant ainsi fi de toutes les valeurs morales, traditionnelles, coutumières et ancestrales de la société Touareg. Nous, Touareg maliens, vieux et jeunes, nomades et sédentaires, réfugiés et déplacés, rappelons que les Touaregs à  l’intérieur du Mali, dans les camps des réfugiés et ceux de la Diaspora n’ont aucunement besoin de mouvements islamistes, ni de mouvement pour une libération de l’Azawad pour être représentés. Nous, Touareg maliens, vieux et jeunes, nomades et sédentaires, réfugiés et déplacés, rappelons que le MNLA: i) n’a jamais disposé d’un mandat légitime de la part des populations Touareg pour parler, agir et revendiquer en leur nom; ii) qu’il a déclaré contre toute logique et contre toute légalité et pratique internationale, l’indépendance d’un Etat que nous ne reconnaissons pas et qui n’a aucune chance d’être reconnu; iii) qu’il n’a jamais pu maà®triser même ses propres éléments qui ont commis en son nom des crimes et actes de vandalisme odieux; iv) qu’il a tissé à  un moment donné des relations ambigà¼es et malsaines avec les milieux extrémistes islamistes et terroristes. Compte tenu de tout cela, il s’est lui même disqualifié et doit se mettre au banc de la société. Nous, Touareg maliens, vieux et jeunes, nomades et sédentaires, réfugiés et déplacés, avons toujours eu et avons encore aujourd’hui des respectables et respectueux chefs coutumiers traditionnels, des leaders religieux modérés et pacifiques, des élus, des intellectuels, des universitaires, des artistes de renommée mondiale, ainsi que des associations de jeunes et de femmes qui ne sont affiliés à  aucun mouvement et qui sont largement représentatifs de la très grande majorité des Touareg du Mali. Nous, Touareg maliens, vieux et jeunes, nomades et sédentaires, réfugiés et déplacés, ne saurons donc accepter d’être représentés, ni aujourd’hui, ni demain, par des interlocuteurs usant de méthodes violentes, anti-démocratiques et illégales comme mode d’expression. Nous rejetons donc toute revendication d’indépendance et d’autonomie exprimée par quelque mouvement et quelque groupe que ce soit au nom des Touareg du Mali. On ne peut pas dénoncer l’arbitraire et la violence et y répondre par l’arbitraire et la violence! Nous, Touareg maliens, vieux et jeunes, nomades et sédentaires, réfugiés et déplacés, rappelons que nous sommes un peuple pacifique qui n’a qu’une seule aspiration: celle de la paix, de la cohésion sociale, du respect des religions et des libertés, et du développement économique et social dans les régions du nord du Mali et pour toutes les ethnies qui y vivent et y cohabitent pacifiquement et fraternellement depuis des millénaires. Nous avons été, nous sommes, et nous demeurerons des maliens à  part entière. Nous, Touareg maliens, vieux et jeunes, nomades et sédentaires, réfugiés et déplacés, souhaitons porter à  la connaissance de toutes et de tous que la quasi totalité des Touareg qui se sont réfugiés hors du Mali n’avaient et n’ont d’autres revendications que celles légitimes des autres maliens du nord C’’est à  dire avoir les mêmes chances dans l’accès à  la prise de décision et au développement. Ces populations réfugiées n’ont eu à  un moment donné d’autre choix que de se réfugier et mettre leur famille à  l’abri par simple et unique crainte pour leur sécurité et ils sont prêts à  revenir dès que celle ci leur sera garantie. Nous, Touareg maliens, vieux et jeunes, nomades et sédentaires, réfugiés et déplacés, lançons un appel à  tous les patriotes sincères, afin qu’ils s’impliquent pour sauver le Mali, la terre de nos ancêtres nomades et sédentaires. Nous, Touareg maliens, vieux et jeunes, nomades et sédentaires, réfugiés et déplacés, demandons aux partis politiques de mettre l’intérêt supérieur de la nation au dessus des querelles politiciennes et d’œuvrer à  l’édification d’un Mali pluriel, uni et solidaire. Nous, Touareg maliens, vieux et jeunes, nomades et sédentaires, réfugiés et déplacés, rappelons à  notre armée nationale qu’il est de son devoir de répondre à  l’esprit républicain en assurant la vie et les biens de toutes et de tous aussi bien au Nord qu’au Sud. Compte tenu de ces faits et par conséquent, nous souhaitons par la présente : • Demander au gouvernement, aux organisations et institutions internationales, aux pays amis et frères, de considérer que le MNLA ne représente pas les Touareg du Mali. • Rappeler que nous avons toujours cohabité pacifiquement et fraternellement avec l’ensemble des populations du nord ainsi que celles du sud du Mali et que nous avons toujours eu des systèmes propres de règlements de différends inhérents à  toute société. • Nous élever contre tout amalgame et tout acte de violence et de vandalisme contre les populations civiles innocentes et leur affirmer notre soutien et notre solidarité. • Rappeler que nous faisons confiance aux Institutions de la République pour mener toute action visant à  ramener la paix dans l’unité nationale. • Demander à  la justice de ce pays que toute la vérité soit faite et publiquement connue sur les actes de violence et de vandalisme commis contre les populations innocentes au Nord comme au Sud du Mali, afin d’ouvrir la voie à  une vraie réconciliation et au pardon. • Enfin, réitérer notre confiance en nos élus, nos dirigeants et à  tous les amis du Mali qui, nous l’espérons, sauront prendre d’urgence les mesures nécessaires face à  cette situation. Vive le Mali!

« N’gunu N’gunu kan » : Soussaba Cissé veut « qu’on nous dise la vérité » !

Chaleureuse et sympathique ! Ce sont les premiers mots qui viennent à  l’esprit quand on rencontre Soussaba Cissé. Fille du célèbre réalisateur malien Souleymane Cissé, Soussaba n’a pas pu échapper au virus familial. Pourtant, le cinéma n’a pas été son premier amour. « En fin de lycée j’ai commencé à  m’intéresser au stylisme car je dessinais déjà  mes habits et les mettais en œuvre moi-même » nous raconte-t-elle. Très vite cependant, elle commence à  changer d’idées, et pense rejoindre la « nouvelle génération de cinéastes » africains. « Je suis allée à  Paris pour faire des études de cinéma au CLCF (Conservatoire libre du cinéma français) o๠je suis restée 4 ans. Et pendant ces années j’ai réalisé mon premier film M’bah Muso et le second Tinye Su, un court métrage de fiction, suivie en fin d’étude par Seben Tan ». Apres avoir terminé son cycle universitaire en France, elle effectue des stages sur plusieurs plateaux en France et aux Etats-Unis. Depuis, Soussaba Cissé totalise 12 films qui traitent des maux de la société africaine mais aussi celle de la France. l’excision, le problème des sans- papiers, l’immigration, la dépigmentation, les enfants mendiants, sont entre autres ses sujets de prédilections. La promotion des valeurs traditionnelles et culturelles tient à  C’œur à  la jeune réalisatrice. s’accepter comme on est avec tout ce qu’on a de bon et travailler à  corrige rce qui ne va pas, C’’est le message qu’elle veut passer à  travers ses œuvres. Un phénomène qui la choque particulièrement, C’’est celui de la dépigmentation. « La dépigmentation me fait très mal. Aujourd’hui tu regardes à  Bamako, tu as l’impression d’être au milieu des métisses. Je n’ai pas trouvé une couleur plus meilleure que la peau naturelle. Noir ou blanc tu es né comme ça. Le problème est que la dépigmentation a une conséquence néfaste sur la santé » explique –t-elle. « Il faut que nos ainés nous disent la vérité sur la question des touaregs » Le dernier long métrage de Soussaba Cissé porte sur la question touareg de Soussaba Cissé. Celle-ci s’interroge sur la question devenue récurrente. « Je pense cette question doit être débattue vraiment, sans faux-semblants, sans tabou. Il faut que nos parents, ceux qui savent, nous disent les fondements de ce problème, parce que nous les jeunes nous ne comprenons pas ce qui se passe ». Soussaba est convaincue que ce sont les non-dits qui aggravent la situation. Et quand le secret entoure quelque chose, la place est faite à  la rumeur, d’o๠le titre de sa nouvelle œuvre, « N’gunu N’gunu kan » («rumeurs de guerre », ndlr) La réalisatrice appelle les maliens à  éviter la division pour avancer sur qu’on avait commencé à  bâtir ensemble. « Je pense que cette guerre va laisser des traces pour les générations futures. Le message fort que je voudrai lancer est que nos ainés nous disent la vérité sur ce qui s’est passé avant. Nous ne sommes plus des enfants. Que le problème touareg soit débattu et voyons comment renouer le dialogue. Et surtout avec le problème de territoire et de race que je ne comprends pas vraiment. Et nous qu’on arrête de poser des questions ou inventer des choses qui n’existent pas». Souleymane Touré, alias « Petit Boua », 26 ans est passionné par le slam et animateur dans une radio de Tombouctou. Il a été laissé pour mort il y a quelques mois par les terroristes occupant le nord du Mali pour avoir motiver les jeunes du nord à  leur résister. Un voyageur en route pour Bamako lui porte secours et le conduit à  l’Hôpital o๠il recevra des soins. Son histoire fait le tour du Mali, les médias internationaux en parlent et Petit Boua réalise qu’il peut se servir de cette mésaventure pour aider dans le sens de la sortie de crise, de la réconciliation. « N’gunu N’gunu kan » est son témoignage, enrichi de nombreux autres, pour que la vérité soit dite pour que le Mali ne connaisse plus jamais la crise qu’il traverse actuellement.

Représailles : la communauté arabe du Mali appelle à la vigilance

Lors d’un point de presse organisé ce dimanche 20 janvier à  Bamako, Mohamed Mohamoud El Oumrany président du bureau exécutif de l’Alliance de la Communauté Arabe du Mali (Al CARAMA) a tiré la sonnette d’alarme contre toute incitation à  la haine raciale après cette guerre contre les islamistes. Les « peaux blanches » sont pris pour cibles l’Alliance de la Communauté Arabe du Mali (Al CARAMA) est une organisation de la société civile au Mali qui a pour but de veiller à  la défense et à  la préservation, des droits et devoirs légitimes ainsi que des intérêts spécifiques et stratégiques de la communauté arabe du Mali dans un Mali laà¯c, Un et Indivisible. l’Alliance a aussi pour but de contribuer à  la restauration et à  la préservation de l’unité et de l’intégrité territoriale. Avec l’intervention française aux côtés de l’armée malienne, certaines villes sous l’occupation islamiste retrouvent leur liberté. Malheureusement, déplore Al Carama, les individus à  « peau blanche » demeurent stigmatisés. Les arabes se disent préoccupés de l’amalgame en train d’être fait par de nombreux maliens. Dans sa déclaration face à  la presse le président d’AL CARAMA condamne avec la dernière énergie le terrorisme et le narco-trafic ainsi que tout recours à  la violence comme forme de revendication. Il condamne également toute incitation à  la haine raciale, les pillages, les violations de domicile et autres atteintes graves aux libertés fondamentales et aux droits de l’homme perpétrés chez des membres de la communauté au motif de leur appartenance ethnique. Interrogé sur quelques cas des victimes des agressions, le conférencier se réserve de donner des détails, mais il rassure qu’il y a des bavures contre leur communauté, « les adversaires de notre pays sont connus. C’’est l’ennemi de l’unité nationale. Il y a eu des bavures contre certains parce qu’ils ont la peau blanche, raison pour laquelle nous sommes là  pour attirer l’attention de vous tous », déclare –t-il. Pour une commission Vérité et réconciliation l’Al CARAMA recommande à  cet effet la poursuite de l’amélioration de la communication et de la sensibilisation en direction des populations pour éviter la stigmatisation et faciliter la réconciliation nationale. Elle recommande l’implication effective des cadres civiles et militaires de toutes les communautés pour recouvrer l’unité nationale et l’intégrité territoriale. Aussi elle recommande l’implication effective des cadres civiles et militaires toutes les communautés pour recouvrer l’unité nationale et l’intégrité territoriale. Al CARAMA suggère modestement que les militaires restés loyalistes jusqu’au bout, issus des communautés Arabe et touareg qui malheureusement n’avaient pas bénéficié en son temps de l’appui et de l’organisation nécessaire, soient remobilisés dans le nouvel engagement militaire pour recouvrer l’intégrité territoriale. A ce niveau le secrétaire politique de l’alliance, Mohamed Fall explique que les officiers arabes marginalisés ou mis à  coté maitrisent parfaitement le désert. « Ils peuvent être utiles dans la reconquête du nord, car ils maitrisent le désert. On doit les impliquer dans la guerre » déclare Mohamed Fall. Al Carama recommande afin la création d’une commission inclusive de vérité et réconciliation. Une occasion pour la communauté arabe de saluer la détermination de la France, du Tchad, et l’ensemble des pays de la CEDEAO. Elle suggère que le Mali poursuive comme une exigence stratégique, les efforts diplomatiques pour s’assurer l’implication directe des pays du champ notamment le Niger, la Mauritanie et l’Algerie.

Crise au Mali : jusqu’où ne pas aller…

Les sages disent qu’au Mali, il n’y a pas d’ethnies ni de races, il y a des parents et des alliés. Depuis des siècles, la société malienne s’est bâtie puis a prospéré et enfin s’est maintenue grâce aux liens qui unissent les familles, les clans, les groupes ethniques et raciaux. « Dans notre pays, tout le monde est parenté à  tout le monde, C’’est ce qui fait notre force » se réjouit B. Camara, jeune gérant de société. Délit de faciès Cette unité, cette cohésion a été définitivement mise à  mal par les événements des derniers mois et la grave crise que traverse le pays. Déjà , il y a presque un an, au lendemain des images atroces d’Aguelhok, ce sont les citoyens maliens touarèg qui ont fait les frais des agissements du MNLA et de ses alliés salafistes. Des centaines d’entre eux avaient fui dans la précipitation la capitale et plusieurs autres grandes villes, de peur de représailles. Certains ont même tout perdu comme l’ancienne ministre Zakiatou Wallett Halatine, qui a vu partir en fumée des années d’efforts après que des manifestants s’en soient pris à  ses biens à  Kati. Malheureusement, la liste ne s’arrête pas là . Depuis le début du conflit, on rapporte de nombreux cas e ce qu’il est convenu d’appeler délit de faciès. « Il suffit aujourd’hui de porter un nom à  consonance touareg ou même d’être simplement de teint clair pour que les gens te regardent de travers dans la rue. Moi, J’ai même été menacé par des jeunes dans la rue » raconte un jeune homme surnommé Ag par ses camarades de « grin ». l’un de ses amis se dit choqué par cette situation. « Quelque soit ton ethnie, si tu es malien, cette situation va te faire mal. Nos frères du nord souffrent plus que nous tous, leurs familles sont réfugiées et vivent dans des conditions difficiles. Ce n’est pas juste de s’en prendre à  eux». Il faut préparer l’avenir « ensemble » Mais bien au-delà  de l’inconfort de nos frères du nord, en ces heures difficiles, C’’est l’avenir même de notre Nation qui se joue. Quand sera fini le conflit armé, quand le Mali territoire sera redevenu un, C’’est le Mali peuple qu’il faudra soigner. Il est normal que les cicatrices soient visibles après un conflit provoqué par des fils d’un pays contre leur propre Etat. Mais, nous pouvons et devons limiter les dégâts. Moulaye Haidara est un jeune originaire de Gao. Selon lui, nombreux sont ses proches qui étaient impliqués dans l’aventure du MNLA. Après avoir condamné leur action, il a très vite attiré l’attention sur les risques. « En tant que jeune, tu dois aussi tout faire pour que jamais un arabe, un touareg, un sonrhai ou un peul à  présent ne soit « tué » ou « lynché » car si nous en tant qu’individus ici sommes « insignifiants l’impact de tels actes sera « terribles » pour notre pays et l’avenir « ensemble » » déclare-t-il à  qui veut l’entendre. « Cela ne fera que nous préparer à  une autre guerre, et cela, je suis sur qu’aucun malien ne le souhaite », conclut-il. Pendant que la guerre au terrorisme bat son plein, il est déjà  temps de lancer la guerre à  l’intolérance et à  la division. Réfléchir à  un mécanisme pour la réconciliation nationale et la justice pour ceux qui auront été victimes, cela aussi doit être une priorité d’aujourd’hui…

Mali : la France en pointe contre Aqmi

Le principe d’une intervention militaire contre Aqmi (al-Qaida au Maghreb islamique) est désormais acquis. Les capitales des pays concernés travaillent activement à  l’élaboration d’un scénario politico-militaire destiné à  débarrasser la région de la menace terroriste. Parce qu’elle est ciblée par Aqmi, la France est à  l’avant-garde de la future opération, dont l’ossature sera composée des forces de la Cédéao, la Communauté économique des à‰tats de l’Afrique de l’Ouest. Enlisées en Afghanistan depuis plus de dix ans, victimes de coups de rabot budgétaires qui grèvent leurs effectifs, les armées françaises ont prévenu que leur participation aux opérations extérieures se limiterait dorénavant à  un cadre multilatéral. Le passé colonial de la France et la menace qui pèserait sur la vie des otages si Paris était en première ligne dans le Sahel plaident également pour la modération. «Nous voulons seulement avoir un rôle de facilitateur. Pas question d’envoyer des troupes au sol», explique un diplomate français. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a promis une «aide logistique» pour aider à  résoudre la crise. Des Forces spéciales françaises dans la région Mais la France s’impatiente. Une centaine de membres des Forces spéciales françaises ont déjà  été déployés dans la région. Ils devraient être prochainement renforcés, notamment par les commandos de la Marine nationale. L’aide française comprend également des avions de patrouille maritimes, qui récoltent du renseignement, et un système de surveillance basé au Niger. Selon les hypothèses envisagées, notamment à  Paris, il s’agirait de former une force d’action de quelques centaines d’hommes pour reconquérir le nord du Mali, occupé depuis plusieurs mois par les groupes armés islamistes. Un noyau dur de 40 hommes, un premier cercle de 200 à  400 hommes et une piétaille de 3000 à  4000 hommes forment cette nébuleuse islamiste. «Ce n’est pas la campagne de Russie», commente un bon connaisseur du dossier. «Ils sont finalement assez peu nombreux. Un millier d’hommes occupe une partie d’un à‰tat qui n’existait plus», poursuit-il. L’opération ne doit cependant pas se limiter à  «donner un coup de pied dans la fourmilière puis s’en aller, prévient un spécialiste du dossier. Il faut inscrire l’action dans la durée, sinon le problème resurgira six mois plus tard». Selon le quotidien el-Khabar, un journal algérien bien informé sur les questions sécuritaires, les forces spéciales françaises entraà®neraient des militaires africains en Libye. «Ce n’est pas une information qui m’étonne. Les Français ont des intérêts dans la région, en Libye comme au Niger. Mais une intervention demande de la prudence et du doigté en raison de l’enchevêtrement d’acteurs aux alliances incertaines et de l’influence de puissances étrangères qui ont leur propre agenda», estime Liess Boukra, l’ex-directeur du CAERT, un centre d’étude du terrorisme basé à  Alger. L’Algérie, qui tient à  maintenir la pression terroriste hors de ses frontières – et si possible à  la repousser vers les pays d’Afrique subsaharienne -, refuse toute ingérence dans le Sahel. Cette position ne l’empêche pas d’entretenir des liens ambigus avec certains protagonistes de la crise, comme les islamistes touaregs d’Ansar Dine qui contrôlent Kidal, l’une des grandes villes du nord du Mali. «Il y a un côté trouble dans l’attitude d’Alger», déplore un diplomate français. Les Tchadiens en embuscade Le dispositif français pourrait être renforcé pour combler les lacunes de la Force africaine d’intervention. Le Niger a annoncé son intention de fournir des troupes et le Burkina Faso ainsi que le Sénégal pourraient le suivre. Des renforts venus du Tchad, un pays o๠la France dispose de bases militaires, pourraient participer activement à  l’opération. Mais les combattants tchadiens, aguerris au combat dans le désert, font peur à  leurs voisins en raison de leur réputation de soldats incontrôlables. De leur côté, les Maliens sont divisés et leur armée détruite. Or tout le monde sait que la Cédéao ne pourra guère jouer davantage qu’un «rôle tampon» dans cette affaire, selon les mots d’un diplomate. «Ses capacités militaires sont limitées. La Cédéao ne pourra jamais être en mesure de former le noyau dur de l’intervention.» Pour épauler les Africains, la Grande-Bretagne s’est rangée aux côtés de la France. Entre les deux pays, «la coopération est excellente», confie un officier. Les Allemands et les Polonais ont promis un soutien en matière de renseignement. Les Italiens et les Espagnols, leur concours politique. Les Russes ont assuré qu’ils ne bloqueraient pas le Conseil de sécurité de l’ONU pour une opération destinée à  lutter contre le terrorisme international. Les Chinois semblent partager ce point de vue. Quant aux Américains, ils ont offert leur soutien, en matière de renseignement notamment, tout en refusant le premier rôle. Plusieurs étapes, difficiles à  négocier, doivent encore être franchies avant le déclenchement de l’opération. Le président par intérim Dioncounda Traoré a demandé à  la Cédéao d’aider le Mali à  restaurer son intégrité territoriale. Il pourrait adresser la même demande à  New York le 26 septembre, à  l’occasion d’une conférence internationale qui se tiendra en marge de l’Assemblée générale annuelle de l’ONU. Si les Maliens refusent tout déploiement de forces étrangères au Sud, Bamako a donné un discret feu vert à  la reconquête du Nord. Un émissaire spécial pour le Sahel va être nommé. Le nom du diplomate gabonais Jean Ping est évoqué. Son rôle serait d’associer l’Union africaine (UA) au dossier.

Des rebelles touareg de plus en plus divisés (2/3)

Slate Afrique: Si la force est dans le camp des islamistes d’Ansar Dine, pourquoi ont-ils été disposés à  négocier avec leurs alliés d’hier du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad)? Mathieu Guidère : En réalité C’’est parce que le MNLA s’est retrouvé très isolé, mais l’intérêt se situe des deux côtés: Lorsque le MNLA a proclamé l’Etat indépendant de l’Azawad de façon unilatérale, il n’a reçu aucun soutien des pays voisins et puissances occidentales. D’un point de vue militaire, il n’était pas en position de créer cet Etat. Il avait donc tout intérêt à  s’allier à  ceux qui disposaient du territoire et de la force militaire, c’est-à -dire les islamistes touareg d’Ansar Dine. De l’autre côté, les islamistes touareg avaient intérêt à  rechercher l’alliance avec le MNLA. Parce que, dans le cas contraire, cela obligeait Iyad Ag Ghali à  devoir tuer d’autres Touaregs, ce qu’il ne voulait pas faire pour des raisons idéologiques et politiques. Il ne souhaitait pas apparaà®tre comme celui qui tue d’autres Touaregs. Par ailleurs, seul, il lui était difficile de déclarer son Etat islamique au risque de provoquer une levée de boucliers dans la région et à  l’intérieur du pays ayant parmi ses alliés al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi). MNLA et Ansar Dine vont donc se réunir et discuter des termes d’une alliance en faisant chacun des concessions. Le MNLA va céder sur l’appellation de l’Etat qui ne devait plus s’appeler «Etat de l’Azawad», mais «Etat islamique de l’Azawad». De son côté, Ansar Dine va accepter que ses forces se mettent à  la disposition du nouvel Etat Azawad et qu’elles le protègent contre toute incursion. Il va donc accepter le principe d’une autonomie de cette région. Alors que, auparavant, il se situait plutôt dans un objectif panislamique de Califat. Ansar Dine souhaitait que l’islamisme s’étende d’avantage et ne s’arrête pas au nord du Mali. Son optique n’était pas du tout indépendantiste, localiste. Chacun a mis un peu d’eau dans son vin et ils sont parvenus à  cet accord. «Il y avait un intérêt réciproque à  négocier» Sauf que, quelques jours plus tard, l’accord a donné lieu à  des interprétations diverses à  l’intérieur d’Ansar Dine et du MNLA. Chez Ansar Dine, certains se sont dit que si l’Etat devenait officiellement islamique il était donc possible d’appliquer la charia. Ils ont aussitôt commencé à  mettre en place un système juridique de «cadis» (juges islamiques) dans les villes en vue d’appliquer la charia. De l’autre côté, le MNLA a estimé que, si désormais, il s’agit d’un Etat islamique, par conséquent on ne se trouvait plus dans un Etat laà¯que. Cela a été rejeté par une faction du MNLA qui a dénoncé l’accord refusant catégoriquement de participer à  une coalition avec des islamistes prônant la charia. A noter que cette scission post-accord provient, du côté d’ansar Dine, d’une faction interne de Touaregs ayant un ancrage local qui voulaient absolument appliquer la charia pour mettre de l’ordre dans les villes, alors que du côté du MNLA, la faction qui a contesté l’accord est ce que l’on appelle «le MNLA de l’étranger». Mais le MNLA, composé de militants de terrain, partageant l’espace avec les islamistes n’était pas farouchement hostile à  l’idée d’appliquer la charia. Ils se disait de toute façon, celle-ci se ferait «à  la malienne». Mais la branche étrangère du MNLA, en particulier celle qui se trouve en France, a fait pression pour dénoncer l’accord qui n’a pas pu aller jusqu’au bout. Il y a donc une compétition entre les Touaregs de l’intérieur et les Touaregs de l’extérieur dans le règlement de la situation au nord du Mali. Il y a donc des divisions profondes chez les Touaregs? Absolument! Chacune de ces factions a des prolongements dans les pays voisins, ce qui constitue une troisième complication. Ces fractures sont de trois ordres: D’abord, la fracture interne touareg entre Touaregs islamistes et Touaregs laà¯cs qui a abouti à  l’échec de l’accord cité plus tôt. Ensuite, la fracture entre les Touaregs de l’intérieur et Touaregs de l’extérieur qui sont globalement en France. La plupart sont des Maliens installés en France. La troisième fracture se situe au niveau du prolongement de chacun de ces camps: islamistes et laà¯cs dans les pays voisins de la région. Si l’on considère la faction islamiste d’Iyad Ag Ghali, on constate qu’elle est soutenue par des Algériens et en sous-main par des Mauritaniens. Si l’on s’intéresse aux rebelles laà¯cs, on s’aperçoit qu’ils sont soutenus par des Touaregs nigériens et par un certain nombre de personnes au Burkina Faso, en particulier, le président Blaise Compaoré. Cela fait donc deux pays qui interfèrent en plus avec l’Algérie et la Mauritanie. Si l’on considère les Touaregs de l’extérieur, ceux-là  ont leurs entrées à  la fois chez les Français, auprès du ministère des Affaires Etrangères français et sa diplomatie. Ils ont également leurs entrées chez les Américains. Tout ce petit monde s’est retrouvé sur le seul acteur qui pouvait donner de la voix, C’’est-à -dire la Cédéao, (la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Et à  l’intérieur de la Cédéao on retrouve également les mêmes rapports de force et d’influence Comment expliquer la désignation du président burkinabè, Blaise Compaoré comme médiateur de la Cédéao? Il semble qu’il a ses entrées dans les milieux rebelles. Quels sont ces interlocuteurs? M.G – Si Compaoré s’est mis en avant, C’’est parce que personne ne voulait ou ne pouvait le faire sur ce dossier. La médiation Compaoré s’est imposée par défaut. Personne ne dit ou ne pense que Compaoré est l’homme de la situation. Bien au contraire, tout le monde pense que ce n’est probablement pas la bonne solution que Compaoré soit le médiateur attitré. C’’est une solution par défaut qui bénéficie à  une des factions en particulier, celle des Touaregs laà¯cs. Elle estime qu’en phagocytant le processus en cours au nord du Mali, elle pourrait éventuellement négocier par la suite avec Compaoré une sorte de ralliement des Touaregs qui sont au Niger et au Burkina dans le cadre d’un Etat qui ne serait pas dans les frontières (du Nord Mali), mais dans les frontières historiques des Touaregs «pan-national». De son côté Compaoré dispose là  d’une occasion rêvée d’occuper son armée. Cela fait des décennies qu’il est au pouvoir et à  présent le climat social gronde. Il est contesté alors qu’il vient d’être réélu dans des conditions contestables. Pour lui C’’est l’occasion de se donner un rôle et d’occuper son armée. En l’absence de bonnes volontés, il y a un vide politique et diplomatique dans lequel Compaoré s’est engouffré pour se forger une stature de médiateur. Absence de volontés occidentales aussi. Puisque, en France, on était dans un contexte de campagne présidentielle, jusqu’il y a peu. Aux Etats-Unis, il y a une campagne présidentielle en cours. Ces interlocuteurs ne sont pas très motivés pour intervenir d’autant plus qu’au sud, à  Bamako, il n’y a toujours pas de pouvoir stable. Il n’y a pas de solution durable de résolution de la situation politique à  Bamako. Les émissaires du MNLA et d’Ansar Dine ont été aperçus successivement à  Ouagadougou pour négocier avec le médiateur de la Cédéao. Qu’est-ce que Ansar Dine peut bien vouloir négocier? M.G – La première chose à  négocier C’’est l’intervention militaire. l’agitation politique et diplomatique n’affecte absolument pas les Touaregs au nord du Mali. La situation y est globalement sous le contrôle essentiel d’Ansar Dine. C’’est une région totalement autonome aujourd’hui. Elle est sous administration juridictionnelle et policière des Touaregs qu’ils soient islamistes ou du MNLA. Leur seule peur est celle d’une intervention militaire. Menace que tout le monde brandit puisque la Cédéao s’est exprimée dans ce sens. Elle a même donné le chiffre du nombre d’hommes qu’elle enverrait sur place. Il s’agit donc pour les rebelles de connaà®tre les raisons, les objectifs et les modalités éventuelles d’une intervention militaire. La négociation se fait actuellement sur ce dernier point. Si Compaoré est décidé à  envoyer des soldats, les siens o๠ceux de la Cédéao, C’’est-à -dire, d’autres pays africains, il faut savoir dans quel objectif cela se fera. Devront-ils être considérés comme des ennemis ou non? s’agit-il d’une force de stabilisation? s’agit-il d’une force d’aide à  la gestion? Est-ce que C’’est une force ennemie qui va arriver sur le territoire, C’’est tout cela qui se négocie. O๠vont-ils s’installer? Viennent-ils véritablement pour faire la guerre aux Touaregs? C’’est tout ceci est encore en discussion. De son issue dépendra la position que vont prendre les touaregs au nord du Mali et surtout Iyad Ag Ghali. Parce que, bien évidemment, s’il y a «invasion» des troupes de la Cédéao au nord malien pour chasser ou anéantir les Touaregs, il est évident qu’il se produira une alliance sacrée des Touaregs maliens du nord contre toute intervention étrangère. Propos recueillis par Pierre Cherruau et Abdel Pitroipa

Littérature : Sidi Alamine Ag Doho livre son « Chagrin nomade »

Directeur de l’école fondamentale de Tarkint au nord de la région de Gao, cercle de Bourem, Sidi Alamine Ag Doho est opérateur de saisie à  la maison d’édition «Â La Sahélienne » au début des années 1990. l’instituteur profite de ce court répit dans sa vie (comme l’affirme-t-il) pour écrire le récit de ses années d’errance. Le pari est gagné et traduit dans un livre intitulé «Â Touareg, 1973-1997 : Vingt-cinq ans d’errance  et de déchirement » paru en 2010 aux éditions «Â La Sahélienne » dans la collection «Â Dune verte ». Au C’œur de la richesse touareg l’auteur revient dans les librairies avec son nouveau livre «Â Chagrin nomade », édité par la même édition en collaboration avec «Â l’Harmattan » dans la collection «Â Dune verte ». Dans ce livre de 120 pages, Sidi Alamine Ag Doho met en lumière les composantes et les valeurs du monde touareg. «Â Voici venue l’heure du «Â tendé » et de son rituel de séduction o๠l’esprit comme le corps sont mis à  l’épreuve. l’enjeu, nous explique-t-il, est de gagner le C’œur d’une femme sans troubler la bonne entente entre les campements. Erachante relève le défi ». A travers trois histoires, de jeunes touaregs affleurent les usages d’une communauté célébrant autant la culture que la bravoure, la beauté que l’esprit. Pourtant, ces mêmes traditions qui subliment l’amour ne sont pas toujours tendres envers les amoureux et gare à  qui voudrait nager à  contre-courant. Le contexte de la rédaction de ce livre, nous confie l’auteur, remonte aux années 1994, marquées par la mouvance de la grande sécheresse qui a frappé notre pays, et la mouvance de la démocratie. l’œuvre, qui rappelle le bien-vivre touareg, est une histoire de culture, de bravoure, mais également d’amour. Bref, dans «Â Chagrin nomade », l’auteur dépeint de manière saisissante une société de l’apparat, dont il dévoile les contradictions avec son écriture intimiste. Dans cette œuvre, Sidi Alamine démontre, sans doute, sa nostalgie de ce qu’était la société touareg, dans la splendeur de ses richesses, o๠les communautés vivaient en harmonie, et o๠la richesse des cultures offrait aux populations l’aisance de vivre. Aujourd’hui, tout a disparu, regrette-t-il. Précisant en revanche que le livre n’est pas une interpellation. «Â Je n’aime pas ce terme lorsqu’il s’agit du rôle d’un écrivain », nous répond-il. Expliquant que l’objectif de cette œuvre est de faire savoir que le monde évolue bien avec peu de choses. «Â Je pose le problème du changement de nos habitudes et de la perte de certains de nos repères…Car l’homme est devenu trop individualiste », remarque Sidi Alamine. Qui annonce prochainement son troisième livre, dont il ne dévoile pas encore la teneur. Issa Fakaba SISSOKO

Mali: mort d’Ibrahim ag Bahanga, le plus radical des rebelles touareg

Le plus radical des chefs rebelles touareg du Mali, Ibrahim ag Bahanga, qui n’a jamais totalement accepté de déposer les armes, est mort vendredi dans un accident dans le nord-est du pays o๠il a été inhumé le même jour, a-t-on appris de sources concordantes. Ibrahim ag Bahanga est mort ce vendredi dans un accident dans le nord-est du Mali. Son enterrement a déjà  eu lieu dans la même région, a déclaré à  l’AFP Baye ag Alhassane, un membre de la famille de ag Bahanga. La nature et les circonstances de l’accident n’ont pas été précisées. Plusieurs élus de Kidal, une région du nord-est du Mali, ont confirmé l’information. Il a été récemment soupçonné par plusieurs chancelleries d’avoir récupéré des armes en Libye à  la faveur de la rébellion armée déclenchée dans ce pays il y a six mois contre le régime de Mouammar Kadhafi. Selon des observateurs, Ibrahim ag Bahanga n’a jamais totalement rejoint le processus né des accords d’Alger, signés en 2006 entre le gouvernement et les rebelles touareg maliens, pour le retour de la paix dans le nord du Mali, un pays qui a connu plusieurs rébellions touareg. Il s’était exilé en Libye pendant près de deux ans, à  partir de février 2009, après avoir refusé de participer à  ce processus de paix, avant de revenir au Mali en janvier dernier pour le réintégrer. En 2006, un groupe de touareg, dont Ibrahim Ag Bahanga, avaient repris les armes, pillé des dépôts de munitions de l’armée dans le nord, avant de se retirer dans des collines situées non loin de la frontière algérienne. Après une médiation algérienne, rebelles touareg et gouvernement malien avaient signé des accords de paix à  Alger. Ces accords stipulaient notamment que le gouvernement malien accélérait le développement des trois régions du nord du mali, alors que de leur côté, les ex-rebelles touareg abandonnaient l’idée d’obtenir une autonomie de leur région. Mais deux ans après la signature de ces accords, en 2008, Ibrahim Ag Bahanga les avait rejetés, avant de reprendre les armes. Il avait alors fait enlever des dizaines de militaires. Le président malien Amadou Toumani Touré avait finalement ordonné aux militaires maliens, soutenus par une milice arabe, d’éliminer l’enfant terrible du nord du Mali. Début 2009, l’armée malienne avait déclenché dans le nord-est du pays une opération destinée à  anéantir le groupe d’Ag Bahanga. Le ministère de la Défense avait ensuite annoncé que toutes ses bases avaient été prises et qu’il était en fuite. Ibrahim Ag Bahanga, abandonné par ses troupes, avait laissé les deniers otages maliens qu’il détenait avant de partir vers la Libye o๠il avait été admis en février 2009, à  condition de rester tranquille.

Discret retour au pays pour Ag Bahanga

L’enfant terrible du nord du Mali Ibrahim Ag Bahanga est de retour dans son village, après un exil de deux ans en Libye. Quel rôle va-t-il désormais jouer ? L’exil en Libye est terminé pour Ibrahim Ag Bahanga. Après un séjour de près de deux ans chez le riche voisin du Nord, l’ancien chef rebelle touareg malien de l’Adrar des Ifoghas est enfin de retour au Mali. Mais cette fois pas pour faire la guerre. Du moins pour l’instant. « Ibrahim Ag Bahanga a accepté de revenir dans le processus de paix. Il est revenu de son exil en Libye, et actuellement, il est dans son village dans le nord-est du Mali », a déclaré le lieutenant de l’armée malienne Sayfoulaye Koné. Il indique que l’ancien rebelle se trouve « un peu consigné jusqu’à  la suite des évènements ». « La Libye a joué un rôle de facilitateur et Ibrahim a accepté de réintégrer l’accord d’Alger », a confirmé un membre du comité de suivi des accords d’Alger de 2006, composé de représentants du gouvernement malien et de l’ex-rébellion touarègue. Volonté d’autonomie Ag Bahanga est surtout connu pour ses faits d’armes. En 2006, un groupe de touaregs dont Ibrahim Ag Bahanga, avaient repris les armes, pillé des dépôts de munitions de l’armée dans le Nord, et s’étaient retirés dans des zones montagneuses situées non loin de la frontière algérienne. Après une médiation algérienne, rebelles touaregs et gouvernement malien avaient alors signé des accords de paix à  Alger, qui stipulaient notamment que le gouvernement malien accélérait le développement des trois régions du nord du mali. Les ex-rebelles touaregs abandonnaient quant à  eux l’idée d’obtenir une autonomie de leur région – qui pourrait avoir été inspirée, ou tout au moins encouragée, par Mouammar Kaddafi lui-même. Mais à  peine deux ans après la signature de ces accords, en 2008, Ibrahim Ag Bahanga de nouveau rentré en rébellion avait fait enlever des dizaines de militaires. Le président malien Amadou Toumani Touré avait finalement ordonné aux militaires maliens soutenus par une milice arabe de défaire l’enfant terrible du nord du Mali. Début 2009, l’armée malienne avait déclenché dans le nord-est du pays une opération destinée à  « anéantir » le groupe d’Ag Bahanga. Le ministère de la Défense avait ensuite annoncé que toutes ses bases avaient été prises et qu’il était « en fuite ». Abandonné par ses troupes, Ibrahim Ag Bahanga avait laissé les deniers otages maliens qu’il détenait avant de partir vers la Libye o๠il avait été admis en février 2009, « à  condition de rester tranquille ». Pourrait-il désormais se rendre utile à  son pays, en remplissant par exemple un rôle dans la lutte contre Aqmi ? (Avec AFP)

Hama Ag Sid’Ahmed du Mouvement Touareg-Mali : « la présence d’Aqmi profite aux barons de la drogue, à certains officiers et politiques »

Corruption, trafic de drogue, banditisme, terrorisme… La région du Nord Mali est en proie à  l’insécurité. Quelles y sont les responsabilités des Touareg ? Si les autorités maliennes les ont fréquemment pointés du doigt, ces derniers refusent d’endosser le rôle de boucs-émissaires. Pour Hama Ag Sid’Ahmed, le porte-parole et chargé des Relations extérieures du Mouvement touareg-Mali, Bamako a de lourdes responsabilités dans cette situation et l’expansion, en particulier, d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi) sur le territoire national. Le ras-le-bol des anciens rebelles maliens est perceptible. Beaucoup se plaignent de plus en plus de l’inertie des autorités du pays face à  l’Aqmi. Afin de pacifier la région du Sahel, les anciens combattants et les cadres politiques du Mouvement touareg du Nord du Mali ont décidé de mener une grande campagne de sensibilisation. Leur but : récupérer les jeunes touareg déviants et lutter contre la présence des terroristes et des trafiquants qui sévissent dans le Nord o๠les médias du monde entier ont focalisé leur attention après l’enlèvement de plusieurs occidentaux. Hama Ag Sid’Ahmed, le porte-parole et chargé des Relations extérieures du Mouvement touareg-Mali, dirigé par le leader de la rébellion Ibrahim Ag Bahanga, revient pour Afrik.com sur les enjeux politiques de l’implantation d’Aqmi dans la région. Afrik.com : Pourquoi l’Aqmi a-t-il choisi le Sahel pour s’implanter ? Hama Ag Sid’Ahmed : Il faut revenir en arrière pour mieux comprendre comment l’Aqmi s’est implanté dans la région du Sahel. En 2003, les barons de la drogue qui gravitaient autour des autorités de Bamako prennent contact avec ce groupe terroriste lors de la prise d’otage d’Européens dans le sud algérien, à  Illizi. Ils les invitent à  s’installer au Mali et à  négocier la libération des otages contre de fortes sommes d’argent. Après la libération des Européens, un deal est passé entre les terroristes et les officiels maliens : l’Aqmi peut circuler discrètement en territoire malien ou le quitter à  condition qu’il ne s’en prenne pas aux intérêts du Mali. Le groupe djihadiste conduit par Ben Moctar s’installe à  Tombouctou et crée des liens familiaux. Les barons de la drogue les aident à  blanchir les sommes versées contre la libération des otages, sous l’œil bienveillant des autorités maliennes. En 2005, la rébellion touarègue éclate dans l’Adrar des Iforas et, en 2006, un accord de paix est signé à  Alger. Les rebelles demandent notamment la mise en place d’unités spéciales pour assurer la sécurité dans les zones nomades. Finalement, tout est rejeté en bloc et les terroristes prennent racine. Afrik.com : Pourquoi l’accord de paix n’a-t-il pas normalisé la situation ? Hama Ag Sid’Ahmed :Il s’agit juste d’un marché de dupes. Les Touareg qui souhaitent une paix définitive dans la région ont fini par se replier sur eux-mêmes. Désormais la stratégie de Bamako se précise : contrer les revendications touarègues par la présence des terroristes, et réussir ainsi à  remettre en cause l’accord de paix. Pendant ce temps là , l’Aqmi a le champ libre et peut créer des antennes locales de recrutement, de renseignement et blanchiment d’argent, provenant des rançons. La cohabitation entre l’Aqmi avec les casernes maliennes est ordinaire. Certains officiels politiques et militaires maliens y trouvent leur compte. Des patrouilles militaires sortent pour des missions bidons afin de vendre uniquement des munitions à  l’Aqmi. Les politiques se transforment en négociateur lors de la libération des otages pour acquérir la reconnaissance de l’Etat malien, celle des ravisseurs, mais surtout bénéficier de certaines largesses financières de l’Aqmi. Ce groupe terroriste est devenu en une année très important et puissamment armé. Cette « ascension » n’aurait pas été possible dans le sud algérien. l’armée n’aurait pas permis à  l’Aqmi de faire de la promotion. Pour ce groupe terroriste, le Sahel est la terre promise, le territoire le plus fertile car les Etats sont fragiles, la corruption est extrême. Afrik.com : Quelle est la position des Touareg face à  ce groupe terroriste ? Hama Ag Sid’Ahmed : La position des Touareg est claire par rapport à  l’Aqmi. Ils avaient demandé la mise en place d’unités spéciales dans l’esprit de l’accord, une insertion des Touareg dans la vie civile et politique. Bamako n’a pas réagi. En janvier 2010, l’ensemble des sensibilités du Mouvement touareg se sont réunies à  Alger. Elles avaient demandé aux autorités maliennes de revenir sur les engagements. Bamako a tout simplement ignoré cet appel. Plus récemment encore, du 31 au 1er novembre 2010, les membres d’une douzaine d’associations touarègues dont les membres fondateurs sont tous des jeunes cadres touarègues ont tenu une grande rencontre dans la ville de Tombouctou. Ils avaient dénoncé le chaos créé par Bamako et la responsabilité historique et l’Etat malien dans les régions Nord du Mali. Malheureusement, cette rencontre s’est terminée par une conclusion alarmante : l’arrestation des deux jeunes cadres touarègues à  Tombouctou, emprisonnés à  la prison de Bamako. Pour le moment, les Touareg font le constat de la situation. Ils tentent de se faire entendre de la communauté internationale pour prendre en charge le devenir de ce territoire qui n’est plus vivable dans la situation présente. Afrik.com : Existe-t-il des liens entre l’Aqmi et les Touareg ? Hama Ag Sid’Ahmed : Je ne dis pas qu’il n’y a pas un lien entre des Touareg et le groupe djihadiste. Certains sont tentés par les facilités offertes par l’Aqmi, la seule entreprise au nord qui fonctionne et gagne tous les marchés sans faire de l’investissement. Mais cela reste très infime. Nous savons que les autorités maliennes ont fait en sorte que les jeunes soient tentés par toutes ces activités illicites. Les jeunes, abandonnés par l’Etat et aussi souvent par leurs responsables politiques et militaires touareg, ne savent plus vers qui se tourner. Alors, certains ne se posent plus la question. Ils constatent que certains responsables politiques et militaires, y compris les autorités centrales maliennes, rencontrent l’Aqmi et font des affaires avec ce groupe. Si des solutions ne sont pas trouvées, la situation pourrait s’aggraver. l’exemple doit d’abord venir des responsables politiques et militaires maliens. Récemment, le Mouvement Touareg sur le terrain a mené une grande sensibilisation auprès des jeunes pour les récupérer. Il a bien avancé. On pourrait encore aller plus loin si les Touareg avaient les moyens nécessaires Il suffit de s’y mettre, de leur en offrir l’opportunité et qu’ils profitent aussi de cette opportunité. On ne peut pas se passer des Touareg si on veut réellement mener une lutte efficace contre les groupes terroristes dans la région sahélo-saharienne. Afrik.com : Pourquoi les autorités maliennes sont-elles réticentes à  une aide des Touaregs pour lutter contre le terrorisme ? Hama Ag Sid’Ahmed : Les autorités maliennes ne donneront pas les moyens nécessaires aux Touareg pour lutter contre les groupes armés de l’Aqmi. Pour Bamako, les Touareg bien équipés pourraient retourner leurs armes contre l’armée malienne. Les autorités militaires et politiques maliennes ont trop peur de les équiper ou de leur donner des moyens militaires nécessaires pour chasser les terroristes de la région. N’oublions pas aussi que la présence de l’Aqmi profite aux barons de la drogue, à  certains officiers et politiques. Par ailleurs, il y a cette culture de la méfiance que cultive Bamako depuis l’indépendance à  l’égard des communautés du Nord malien. Une méfiance permanente. Un rejet de l’autre qui est d’ailleurs à  l’origine de tous les conflits armés et politiques entre les Touareg et le pouvoir en place.