Traite des personnes au Mali : Un phénomène qui prend de l’ampleur

 

Elles ne sont pas moins de cinq Maliennes à avoir été rapatriées du Koweït et de l’Arabie Saoudite entre juillet et septembre 2017, grâce à l’intervention de compatriotes installés dans ces pays. Des jeunes femmes parties dans l’espoir d’une vie meilleure qui se sont retrouvées piégées dans des situations assimilables à de l’esclavage.

Ces cas sont loin d’être isolés, selon M. Dramera, Vice-président du Conseil Supérieur de la Diaspora malienne (CSDM). Le dernier cas en date est celui d’une jeune malienne qui se trouverait aujourd’hui au Sénégal, selon M. Dramera. Partie au Koweït, grâce à des intermédiaires, pour être femme de ménage, elle a été contrainte de travailler pendant dix mois sans salaire. Informé de la situation, le représentant du CSDM sur place et M. Dramera obligeront l’intermédiaire ayant organisé le départ de la jeune femme à payer son billet de retour. Elle rejoindra donc le Mali saine et sauve, mais sans un sou après dix mois de travail. Trois autres jeunes femmes, grâce à l’intervention des mêmes personnes, rejoindront le Mali après des mois de calvaire au Koweït et en Arabie Saoudite.

Le représentant du CSDM en Arabie Saoudite, qui tient à préciser que cette pratique ne peut être généralisée à toute la société, affirme qu’elle est le fait de « quelques individus qui agissent en complicité avec des intermédiaires ». Ces derniers font miroiter le paradis à ces jeunes femmes et abusent de leur naïveté. Elles travaillent ainsi sous « un semblant de contrat », selon le représentant du CSDM, pour rembourser la somme déboursée par l’employeur et versée à l’intermédiaire, avant de toucher un salaire.

Phénomène complexe touchant le Mali, la traite des personnes se manifeste sous plusieurs formes, selon le Docteur Ali Abdourahamane Maiga, Président de la sous-commission promotion à la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH). « Il existe la traite à l’interne, concernant des Maliennes qui quittent un endroit du pays pour un autre, mais aussi de plus en plus de personnes, surtout des femmes, qui quittent d’autres pays de la sous-région pour le Mali ».

Dans l’espoir d’une vie meilleure, elles sont déplacées avec ou sans le consentement de leurs parents et sur la base d’une tromperie. Dr Maiga cite le cas de 9 jeunes femmes venues de Diéma. « Elles ont passé quatre jours entre les mains de certains bandits à la gare de Sogoniko avant que l’une d’elle ne s’échappe. Ayant constaté sa disparition, ils libèreront les autres, qui ont été prises en charge dans un centre d’accueil ». Des femmes qui se retrouvent sans travail, sans argent et dans un environnement qu’elles ne connaissent pas, deviennent vite des proies. Elles peuvent alors subir toutes sortes d’exploitations, « y compris les pires », selon Dr Maiga.