Halatou Dème : les céréales sous toutes ses formes

Les céréales de Tatam se portent bien, malgré deux dernières années difficiles. Deux années de crise que les transformateurs, à l’image d’Halatou Dème, espèrent oublier très vite. En tout cas, la production est en train de reprendre, avec les nouvelles récoles. Et, avec sa farine infantile qui sera bientôt sur le marché, la directrice des « Céréales de Tatam », qu’elle dirige depuis 2010, veut consolider ses acquis et approfondir les innovations pour la pérennisation de son unité.

Après les crises successives et la faible production de l’année dernière, les entreprises de transformation amorcent la reprise. « On est en train de reprendre avec les nouvelles productions. Actuellement les prix sont en train de baisser, mais pas autant qu’on le souhaiterait », note Halatou Dème, qui espère que les prix vont revenir au niveau d’avant, c’est-à-dire à moins de 500 francs CFA le kilogramme de fonio.

Parce que les coûts exorbitants de cette céréale, très prisée, avaient obligé l’unité à suspendre sa production. Mais la bonne saison pluviométrique de cette année constitue un nouvel espoir pour le secteur et les Céréales de Tatam, qui entame la production de sa farine infantile fortifiée, qui sera sur le marché à partir de janvier, grâce à un partenariat avec le PAM. La trentenaire, diplômée d’une maîtrise en Finances, attend de bonnes perspectives, en raison d’une meilleure saison des pluies et de ce nouveau produit. 

Produit qui sera vendu sur tout le territoire, parce que la crise a montré la nécessité de se recentrer, compte tenu des difficultés à exporter. Pour une meilleure structuration de la filière, une Interprofession a été mise en place fin août. Sdésormais Vice-présidente, Présidente de la Fédération des transformatrices de fonio de Bamako, souhaite que tous ceux qui travaillent dans le fonio échangent autour des difficultés afin de mener des plaidoyers auprès du gouvernement et des bailleurs pour appuyer la filière.

Forum international sur le coton : Transformation impérative

La deuxième édition du Forum international sur le coton se tiendra du 7 au 9 mars 2019 à Bamako. Cette rencontre « scientifique et professionnelle » veut contribuer à une prise en compte efficiente des problèmes du secteur coton et surtout à une meilleure valorisation de l’or blanc.

« Atteindre 800 000 tonnes de coton et 15% de transformation à l’horizon 2020 », c’est le thème et l’ambitieux objectif que visent les organisateurs du Forum international sur le coton. Premier producteur africain, avec 725 000 tonnes de coton graines la campagne passée, le Mali est un « grand leader dans le domaine, mais malheureusement il ne transforme que 2% de sa production », explique M. Abdel Rahmane Sy, initiateur du forum et président de l’Association des jeunes pour la valorisation du coton (AJVC).

Si les initiatives existent pour rehausser ce niveau de production et atteindre les objectifs de transformation pour une meilleure plus value, elles manquent de coordination. Il faut donc que tous les acteurs et décideurs publics, le secteur privé et les experts du domaine discutent des problématiques et proposent des solutions pertinentes et capables d’impulser le changement. C’est justement cette synergie que le forum veut créer autour du coton.

En effet, 15% de transformation, c’est pourtant un objectif réalisable, et même un engagement du Mali, qui a signé des conventions en ce sens au plan sous-régional. Cette transformation, qui concerne essentiellement le coton graine, est l’œuvre d’environ 92 unités de production, dont 80 regroupées au sein de la Fédération nationale des producteurs d’huile et d’aliment bétail (FENAPHAB).

Pour fabriquer leurs produits, ces unités locales acquièrent la production de la Compagnie malienne de développement textile (CMDT), pour un montant annuel de 37 milliards, selon M. Boubacar Sidiki Diabaté, secrétaire général de la FENAPHAB. Cependant cela est insuffisant pour couvrir leurs besoins et elles importent aussi de la sous-région. Outre les coûts de transport et de l’énergie, cela contribue à augmenter le prix de revient de l’aliment bétail. Mais le parent pauvre de la transformation est la fibre,  où il y a peu d’unités.

L’une des pistes est donc une véritable « volonté politique de promouvoir le textile », insiste M. Sy. Si ce secteur peut être porté par l’artisanat, « l’absence de données claires » à ce niveau constitue un obstacle. Il faut donc un changement de stratégie pour que le soutien à la production soit au niveau de celui à la transformation, espèrent les professionnels.

Filière tomate : Améliorer le rendement, un impératif

On la consomme presque tous les jours et elle est incontournable dans nos différents plats. Fruit et légume aux multiples vertus, la tomate est indispensable à la cuisine malienne. Longtemps considéré comme une activité de second plan, sa filière dans notre pays se trouve aujourd’hui face à plusieurs enjeux.

L’existence de zones potentielles pour la production un peu partout sur le territoire national, où la tomate est ou peut être cultivée, constitue un atout pour les différentes coopératives. Et l’État met des moyens pour obtenir le maximum de rentabilité. « Avec les recherches, nous avons mis au point beaucoup de variétés adaptées aux différentes zones de production pour accroitre les rendements », affirme Oumar Fofana, chef de la division promotion et valorisation des cultures et des produits végétaux à la Direction nationale de l’agriculture. Ce qui, selon lui, permet une production étalée sur toute l’année.

Une filière mal organisée

Il est fréquent de voir les productions de différentes coopératives de maraichers arriver sur les marchés au même moment. Chose qui, naturellement, fait chuter les prix et les revenus. « La filière est mal organisée. Si les producteurs maitrisent l’eau, ce n’est pas le cas avec l’échelonnement des ventes sur les marchés », déplore Oumar Fofana. Même si, de son côté, Moloboly Konaté, membre d’une coopérative à Baguineda, dénonce un non accompagnement criard de l’État aux producteurs, cet « ancien » de la filière semble corroborer les propos de l’agent de la DNA. « Je possède mon champ et je travaille pour moi-même. C’est ainsi pour tous les autres producteurs », reconnaît celui qui indique produire 100 corbeilles de tomates à l’hectare.

Le défi de la transformation

La tomate étant un produit très périssable, il est essentiel de pouvoir assurer sa transformation pour limiter les « gâchis ». « Malgré la relative faible productivité au Mali, il y a une forte proportion qui est détruite, généralement par manque de professionnalisme », constate Abdoulaye Bamba, Directeur des services techniques de l’Union nationale des coopératives de planteurs et maraichers (UNCPM). Pour faire face aux défis, l’Union, assure notre interlocuteur, « a commencé à mettre en place un projet d’unités de transformation ».

En attendant, les revendeuses continuent de subir le « phénomène ». « C’est vraiment grave pour nous, car nos tomates pourrissent très vite. Non seulement nous subissons des pertes, mais nous n’engrangeons pas non plus de bénéfices », se lamente Bintou, interrogée au Marché de Lafiabougou.

FESICO 2018 – Adelrahmane Sy : « Notre ambition, c’est 15% du coton malien transformé localement »

La première édition du Festival International de la Cotonnade (FESICO), l’ex FEPAC, s’achève le 31 mars prochain à Kita. Le Président de l’Association des jeunes pour la valorisation du coton (AVJC), Abdelrahmane Sy, principal initiateur du festival a bien voulu répondre à quelques questions.

Quelle est la particularité de cette édition ? Du FEPAC au FESICO, qu’est-ce qui a changé ?

Tout d’abord, c’est la dimension internationale que nous sommes en train de viser. Comme vous le savez, l’enjeu du coton n’est pas seulement en Afrique, mais à travers le monde entier. Notre ambition est de participer également aux programmes de transformation des produits locaux, afin qu’ils soient compétitifs sur le marché international. Nous aimerions que cet espace soit celui de la vulgarisation des messages en vue de la promotion des acteurs locaux transformateurs de coton. Nous souhaitons que le festival soit un espace de rencontres, où l’ensemble des acteurs du coton de différents continents se retrouve au Mali pour discuter des problématiques en rapport avec la production et la transformation du coton.

Quelles sont les objectifs économiques du FESICO ?

Notre ambition, c’est d’arriver à impacter le secteur afin d’assurer une transformation locale du coton produit, jusqu’à 15%. Imaginez qu’avec uniquement 2% nous avons plus de 6 millions d’acteurs qui interviennent dans le secteur. Si nous arrivons à atteindre l’objectif de 15%, cela aura un grand impact économique, avec la réduction du chômage des jeunes, le développement et la stabilité. D’autre part, nous avons également avec la FENAPHAB (Fédération nationale des producteurs d’huile et d’aliment bétail) plus de 82 usines de transformation dans le pays, avec un chiffre d’affaires de 20 milliards par an. Nous souhaitons que les initiatives qui aident à fédérer les usines se multiplient. Les deux usines de transformation du coton, Batexci et la Comatex traversent des moments difficiles. Nous voulons faire en sorte d’encourager au moins 8 millions de Maliens à s’intéresser aux produits locaux en s’habillant en cotonnade.

Le Mali est actuellement le 1er pays africain producteur de coton. Quel impact sur l’économie nationale ?

Cela va avoir un impact important sur l’économie du Mali, tant sur le plan du transport, parce que ce sont les compagnies de chargeurs qui vont en bénéficier, que pour les producteurs. Les banques, les acteurs du dédouanement, toute la chaine de valeur en profitera.

Le SIAGRI pour faire décoller l’agro-industrie au Mali

Mis sur pied en 2009, le SIAGRI dont la 4ème édition a ouvert ses portes samedi dernier au Palais de la culture Amadou Hampaté Bah, est devenu, au fil des ses éditions, le rendez-vous des acteurs de l’Agriculture. Diversification La rencontre met l’accent sur la chaine des valeurs, toute la filière agricole, de la production à  la transformation et la commercialisation. l’élevage, la pêche, la filière bétail viande, la pisciculture et toutes les activités ayant trait, de l’état de matière première à  la consommation trouvent une place de choix dans la tenue du SIAGRI à  travers une amélioration substantielle de leurs revenus. A cela, il faut ajouter les dispositions pertinentes de l’organisation de la production agricole à  travers la loi d’orientation agricole (Loa) qui prend en compte la valorisation des produits locaux et l’amélioration des revenus des producteurs. Transformation des produits agricoles Une semaine durant tous les acteurs de la chaine, leurs représentants ainsi que les décideurs échangeront sur l’état et les perspectives d’un domaine dont dépend le développement d’une nation. Plusieurs thèmes dont ‘’la transformation des produits agricoles : contraintes, défis et perspectives » ; ‘’2012 l’énergie durable pour tous » ; seront débattus. Il sera également question de la ‘’volatilité de prix des produits agricoles : impacts sur la communication » ; ‘’la régulation, un outil de promotion du commerce agricole régional » ; la ‘’situation des échanges transfrontaliers de produits agricoles en Afrique de l’Ouest et du Centre  et le développement de chaà®ne de valeur pour la promotion des filières agricoles ». Pour le président de l’Assemblée permanente des chambres d’agriculture du Mali (APCAM), Bakary Togola, le SIAGRI est par excellence, l’occasion pour chaque filière agricole du Mali et du monde entier de se rassembler ainsi que de rencontrer un public varié et ciblé, dans une ambiance conviviale. «Â Si l’une des vocations du SIAGRI est de favoriser une rencontre des professionnels de l’agriculture afin de trouver des réponses sur la diversité des races bovine, ovine, caprine, équine, son but est surtout de trouver une réponse aux attentes des visiteurs ». Besoin de financements Pourtant, M. Togola n’a pu s’empêcher de faire part de l’insuffisance de financements de la part de l’Etat Malien pour l’organisation de cette fête universelle de l’agriculture. A effet, dit-il, sur un besoin de financement de 250 millions de FCFA, «l’Etat Malien n’a déboursé que 98 millions de FCFA ». Lui qui pense que le Salon International de l’Agriculture de Bamako importe à  plus d’un titre puisque s’organisant au tour de neuf grands pôles dont notamment, la production agricole, l’élevage, les fruits et légumes, l’agro-industrie… La présente édition enregistre une amélioration perceptible dans son organisation. Mieux, elle voit la participation de toutes les régions du Mali et des pays de la sous-région.  Les stands sont majoritairement composés par des unités de transformations des produits agricoles. Les participants pourront voir bien des merveilles lors de cette édition. Entre autres, un bœuf pesant une tonne et que le propriétaire veut vendre à  3 millions de Fcfa, un bélier de 200 kg que son propriétaire veut vendre à  un million de Fcfa. Il faut aussi signaler la présence d’une variété de pomme de terre dont la production peut atteindre 50 tonnes par ha. Selon Boubacar Bâ, maire de la commune 5, le Siagri participe au développement local, régional et national, à  travers une filière agricole qui occupe 80 % de la population du Mali. Il a encouragé les efforts de l’Etat à  travers l’aménagement des espaces. Quant au ministre de l’Agriculture, Agatham Ag Alhassane, lui s’est surtout réjoui du développement progressif de la transformation de nos produits agricoles et de leur commercialisation, «Â gage d’un véritable décollage de l’agro-industrie ».