Don de sang : les volontaires manquent

Créé le 20 septembre 2000 et ratifié par l’assemblée nationale du Mali le 1er juin 2001, le centre national de transfusion sanguine (CNTS) reçoit quotidiennement des donneurs de sang. Cependant, ce ne sont pas tous des volontaires ! La plupart donnent le sang pour leurs parents malades. Selon la directrice adjointe du CNTS, le Dr Guindo Yacine Gakou, les donneurs volontaires sont peu nombreux. Ils représentent à  peine 25%. Le Dr Guindo explique : « Ce sont ces dons volontaires qui nous permettent de faire un stock suffisant et de qualité pour la distribution. Ces donneurs viennent régulièrement tous les 3 mois. C’’est la période comprise entre les dons réguliers de sang. Sur une centaine de donneurs par jour, la majorité vient uniquement pour des cas d’urgence. » Signalons que cette campagne est intemporelle. Elle se fait 7 jours sur 7 et 24h/24, durant les 12 mois de l’année. C’’est une campagne continuelle. Les poches de sang sont ensuite distribuées aux structures sanitaires publiques et privées après examens. Sur la centaine de poches traitées, juste une vingtaine est saine et ne comporte pas de maladies. Les maladies détectées sont le VIH/SIDA, l’hépatite B, l’hépatite C, la siphylis. Ils font aussi des systèmes ABO/Rhésus, c’est-à -dire, le groupage des systèmes de groupes sanguins ABO et Rhésus. Le CNTS dispose d’antennes régionales étendues sur tout le territoire national. Chaque région a un centre de don de sang permanent. Toutefois, il arrive que certaine localités manquent de sang, surtout dans les cas d’urgence. Elles sont alors fournies par les CNTS. Le sang traité et soigné est ensuite distribué au niveau des centres secondaires d’état civil, des cliniques et hôpitaux de Bamako. Le Dr Guindo précise : « La campagne demande des moyens financiers et techniques importants. Il est vrai que nous bénéficions d’un budget de l’Etat et nous avons le soutien du ministère de la santé. Mais cela reste encore insuffisant malheureusement. Les gens ne sont pas assez informés. Beaucoup ont peur de se faire dépister. Le sang donné est dépisté et traité en une semaine. Le donneur vient ainsi prendre ses résultats la semaine d’après. C’’est justement ce résultat qui leur fait peur. Ils ont peur de connaà®tre la maladie dépistée, si maladie il y a bien entendu. Or, si tout le monde refuse de donner son sang, finalement nous n’aurons plus de stock et il sera très difficile de garder le cap ». Le don de sang se fait entre 18 et 60 ans. Il se fait aussi au niveau des CSCOM, cliniques et hôpitaux. Don de sang et carême Le carême approchant, les dons risquent de diminuer énormément. Selon le Dr Guindo, la majeure partie des musulmans refusent des donner leur sang durant le mois de ramadan. « Chaque année, nous sommes confrontés à  ce problème. Ils affirment que l’Islam interdit toute transfusion lorsqu’on est à  jeûn. C’’est pour cette raison que nous nous sommes associés à  un groupe de musulmans afin qu’ils expliquent aux fidèles, qu’il le Coran n’exclut pas du tout cela. Ils avaient même donné l’exemple en se proposant comme donneurs volontaires l’année dernière. Mais les gens avaient du mal à  les croire. Pensant que C’’était juste un prétexte pour les empêcher de jeûner. Ce qui est vraiment dommage. » Des campagnes de sensibilisation doivent être régulièrement menées. Il faut que chacun comprenne que chaque goutte de sang donnés est une vie sauvée. Il ne faut pas nécessairement attendre d’avoir un proche malade pour se décider à  donner son sang. C’’est un devoir moral et humanitaire qu’on doit accomplir. La vie est sacrée !

Modibo, 10 ans, orphelin du Sida…

Selon sa tante qui l’a recueilli après le décès de sa mère, Modibo a contracté la maladie à  sa naissance. C’’est à  la suite d’une transfusion sanguine effectuée sur sa mère et lui-même à  l’hôpital régional de Ségou, qu’ils ont tous deux contractés la maladie », explique sa tante. Sa mère est décédée en novembre 2002, alors qu’il n’avait que 3 ans. Son père quand à  lui, a été emporté par la maladie en février 2008. Depuis lors, Modibo vit avec sa tante maternelle à  Yirimadio. Selon cette dernière, personne ne pensait qu’il vivrait jusqu’à  cet âge. La maladie avait atteint un stade trop avancé en 2006, année à  laquelle il a commencé la tri-thérapie. Il avait des tâches partout sur le corps et les yeux presque détruits. Ses amis avaient peur de lui. Ils n’osaient pas l’approcher parce qu’ils avaient peur de lui. Mais au fil du temps, avec le traitement régulier que lui faisait suivre sa tante, il s’est petit à  petit rétabli. Grâce aux efforts de sa tante, Modibo vit normalement avec sa maladie. Il bénéficie toujours du traitement antirétroviral renouvelé tous les mois. Les tâches sur son corps ont disparu. Mais il a toujours des troubles de la vision. malgré sa faible vision, modibovient de passer en 6e année avec 8 de moyenne sur 10. Durant toute l’année scolaire, il faisait partie des trois premiers de la classe. Il fera le CEPE (certificat d’études primaires approfondies) à  la rentrée prochaine. Un enfant moins solitaire Les voisins qui, au départ refusaient de laisser leurs enfants jouer avec le petit Modibo, sont devenus moins rigides. Ils laissent leurs gamins s’amuser avec lui tout le temps. Il passe toute la journée à  jouer au foot ou à  cache-cache avec ses amis et à  rouler son vélo. Il voudrait devenir footballeur dans le futur comme son idole le brésilien Christiano Ronaldo. De 2006, à  aujourd’hui, Modibo s’est beaucoup épanoui. Il était très renfermé au départ et ne voulait parler avec personne. Il ignore jusqu’à  présent de quoi il souffre mais il ne pose pas de questions. Il prend de lui-même ses médicaments et de façon régulière. Sa tante n’a pas besoin de le lui indiquer. Les enfants atteints du VIH SIDA ont besoin du soutien moral de leurs proches. Le petit modibo a la chance d’avoir été recueilli par une famille qui s’occupe bien de lui. Sa tante a de grands enfants qui le considèrent tous comme le benjamin de la famille. Aucun de ces enfants n’est contaminé. Ils font régulièrement leurs tests de dépistage et évitent tout objet susceptible d’être sources de contamination. On peut vivre avec le VIH SIDA, grâce à  la trithérapie… Des milliers de personnes meurent chaque année du SIDA. Et cela est dû au refus par certains malades, d’utiliser le traitement antirétroviral. Depuis 2002, la trithérapie est devenue gratuite pour les enfants atteints du SIDA. Ce traitement permet de stabiliser l’état de la maladie et ralentir sa progression. Rares sont aujourd’hui les personnes ou les familles à  accepter d’héberger une personne infectée. Beaucoup semblent oublier que les malades ne sont responsables de ce qui leur arrive. Malgré les multiples campagnes de sensibilisations à  la télé, dans les journaux ou les radios, partout dans le pays, le SIDA reste encore tabou au Mali. La peur de se faire renier par les autres, mais aussi par ses proches reste vivace. Il faut pouvoir oser affirmer sa maladie, car on peut vivre longtemps, avec le VIH Sida ! Voilà  tout le défi du petit Modibo.