Quand l’inaction du gouvernement dans le nord inquiète(1/2)

Cependant, un mois et demi plus tard, le sentiment d’abandon voire de trahison se densifie chaque jour un peu plus chez nos compatriotes de cette partie du pays entre les mains d’envahisseurs, sans foi ni loi, qui contrôlent leur région, violent leurs filles et leurs femmes, profanent leurs lieux sacrés. C’’est que la gestion de cette tragédie dans ces trois aspects, ci-dessous, par l’actuel gouvernement, évoque étrangement celle d’Amadu Toumani Touré et de son équipe. La gestion politique. ATT n’a jamais esquissé un semblant de consultation nationale sur la crise du nord. Avec le recul, on peut reconnaà®tre qu’il n’y a rien de surprenant à  pareille attitude. La compréhension qu’il a de son invention, le consensus à  la malienne, l’a convaincu de l’inutilité d’une telle rencontre, d’autant plus que tous les grands partis politiques, ou presque, qui déjeunent, dà®nent et soupent autour de cette calebasse, ne l’ont jamais contredit pas plus qu’ils n’ont contesté une décision qu’il a prise. ATT a donc préféré débattre des problèmes du nord avec des interlocuteurs étrangers, notamment avec feu Mouammar Kadhafi, lors de leurs nombreux tête-à –tête privés, et avec les autorités algériennes lors des négociations ayant abouti au scandaleux accords d’Alger. Le Premier Ministre Cheikh Modibo Diarra semble suivre la même voie. Aucun parti politique n’est associé, de près ou de loin, à  l’analyse de la situation socio-sanitaire et culturelle catastrophique qui prévaut dans le nord, aux fins d’échange d’idées pouvant contribuer au soulagement des populations. Le cercle des interlocuteurs du Premier Ministre sur ce dossier brûlant se circonscrit singulièrement aux émissaires de la Cédéao, à  deux de ses chefs d’à‰tat, précisément Alassane Ouattara et Blaise Compaoré, ainsi qu’aux diplomates étrangers, pour l’essentiel européens. La question inévitable reste de savoir pourquoi le Premier Ministre croit-il les étrangers plus aptes à  trouver les solutions à  nos problèmes en lieu et place des filles et des fils du pays ? La question est d’autant plus incontournable que C’’est Blaise Compaoré qui s’est substitué au gouvernement pour inviter les envahisseurs à  se regrouper au sein d’une unique structure pour faciliter les négociations à  l’initiative et sous la conduite de la Cédéao. Le fait que le résultat de cette invitation inopportune du Président burkinabé ait été la création par les envahisseurs d’un Conseil Transitoire de l’à‰tat islamique de l’Azawad, qui rend le problème plus épineux, devrait inciter le Premier Ministre à  reprendre le dossier en mains et à  consulter ses propres compatriotes pour une sortie de crise conforme aux intérêts du pays. La gestion médiatique. Du début de l’agression armée contre le Mali, le 17 janvier 2012, au renversement d’ATT, le 22 mars 2012, l’Ortm n’a laissé filtrer aucune information sur la situation au nord du pays. Les faits d’armes des soldats maliens, ni les batailles qu’ils ont perdues, l’exode massif des populations en fuite ni les massacres Aguelhoc et d’ailleurs, les viols, ni les actes de vandalisme et la profanation de tombes et d’édifices publics, n’ont fait l’objet pas même d’un semblant de commentaire dans les journaux quotidiens présentés par la radiotélévision nationale. Quand la presse privée nationale essaie, tant bien que mal, de pallier le silence incompréhensible du gouvernement en diffusant les témoignes recueillis, souvent grâce au téléphone portable, auprès des acteurs présents ou en provenance des zones de conflit, les autorités, en tête desquelles les Ministres de la Défense, Sadio Gasama et de la Communication et Porte parole du Gouvernement, Sidiki N’fa Konaté, la convoquent pour l’accuser de relayer des rumeurs infondées et pour la menacer de sanctions. La dernière sortie médiatique, par voie de communiqué musclé lu à  l’antenne de l’Ortm, de l’actuel Ministre de la communication et Porte Parole du gouvernement, Hamadoun Touré, s’inscrit dans la même logique de censure déguisée. Dans ce communiqué, le Ministre développe une longue diatribe contre les médias nationaux accusés de semer la division et la haine à  un moment o๠le pays à  plus que jamais besoin d’unité. Le Ministre oublie que l’incompréhensible rétention, par l’Ortm, d’informations indispensables à  la compréhension de la situation du pays est justement la source malsaine o๠se nourrit la propagation de la division et de la haine qu’il reproche aux médias nationaux lesquels tentent de remédier à  ce déficit. Si le sentiment d’abandon voire de rejet ressenti pas nos compatriotes du nord se renforce jour après jour, C’’est bien parce que les seules images qu’ils voient et les seuls propos qu’ils entendent à  la télévision nationale leur décrivent un statut de mendiants qui doivent se satisfaire des dons humiliants annoncés à  longueur de journal télévisé. Refusant d’admettre la responsabilité de son gouvernement dans la frilosité de l’Ortm à  diffuser des informations objectives, à  organiser des débats contradictoires et des tables rondes o๠s’affrontent sainement les idées, pour aider le peuple à  comprendre les vrais enjeux du moment, le ministre, à  tort, menace de sanctions les auteurs de toute parole, de tout texte en contradiction avec la pensée unique de son équipe.Fort heureusement, cette tentative d’intimidation inopportune laisse indifférent tout(e) Malien(ne) conscient(e) du rôle qu’il (elle) doit tenir afin de contribuer à  l’information et à  l’éveil de son peuple. Blackout médiatique à€ ce jour, après six semaines de l’investiture du Premier Ministre des pleins pouvoirs, pas l’espace d’un seul instant l’Ortm, n’a diffusé une image ou une parole qui rassure les compatriotes asservis du nord sur d’éventuells démarches visant à  obtenir l’armement attendu par les militaires pour monter au front. Profitant de ce silence inapproprié, les agresseurs du pays en profitent pour désinformer l’opinion publique internationale afin de gagner sa sympathie agissante. Sur son site, créé à  cet effet, le Mnla diffuse régulièrement des communiqués, des commentaires et des photos sur la situation au nord, telle qu’il voudrait qu’elle soit. Ne disposant d’aucune autre source d’informations que celle du Mnla, et, par conséquent n’écoutant et n’entendant qu’une seule voix, l’opinion publique internationale, particulièrement européenne et arabe, s’accroche aux vieux mythes fondateurs de la race touareg : « les derniers hommes libres », « les hommes bleus », etc. et active la solidarité de race dont seule la race noire ignore l’importance. Et quand le Mnla et Ançar Dine se déploient sur le terrain de la guerre psychologique pour saper le moral des Maliens, en général, des ressortissants du nord, en particulier, le gouvernement dépose les armes arguant des prétextes fragiles. Ainsi, en réponse à  l’annonce de la création, de 27 mai 2012, par les deux organisations terroristes d’un Conseil Transitoire de l’à‰tat islamique de l’Azawad et à  la question du journaliste de l’Ortm sur les actions en cours ou envisagées par le gouvernement pour libérer le nord, le Ministre de l’information se contente de ranger, à  juste titre d’ailleurs, la déclaration dans le chapitre des non-événements, mais il laisse entendre qu’il ne peut faire aucune révélation qui risquerait de compromettre les démarches entreprises. Si tout le monde peut comprendre que les stratégies diplomatiques et militaires ni la nature des armes ne puissent pas être portées à  l’attention publique, il est difficile, en revanche, d’admettre que le gouvernement n’occupe pas, lui aussi, le terrain de la guerre psychologique afin de rassurer les compatriotes du nord par l’évocation, même superficielle, de quelques contacts pris avec les pays fournisseurs, de la livraison imminente d’armement et de la mise en alerte des soldats maliens. Il est tout aussi difficile d’admettre que le Ministre des Affaires à‰trangères et de la Coopération Internationale, Sadio Lamine Sow, n’ait même pas jugé utile de refaire le trajet du Mnla, qui a demandé et obtenu une audience auprès du Parlements européens à  Strasbourg, pour expliquer la position du gouvernement sur les événements et sur l’avenir des régions du nord. C’’est la diaspora malienne et deux députés maliens qui se sont chargés de faire ce travail d’information, à  sa place, le 22 mai 2012 en dénonçant les mensonges du Mnla lors d’une manifestation devant le siège du parlement européen.

Cheik Modibo Diarra à Ségou : derrière le discours, la crainte du vide

«Â Je n’aime pas la guerre. Mais la guerre qui me permet de mettre fin à  la guerre, je suis prêt à  la faire. Pas un centimètre carré de notre territoire ne sera cédé, et nous mettrons tout en œuvre pour restaurer l’intégrité du territoire ». En visite à  la garnison de Ségou le 1er juin, le Premier ministre Cheick Modibo Diarra, vêtu d’une chemise kaki, a tenu un discours va-t-en guerre devant les militaires. Une fermeté de rigueur face ce que tous les Maliens considèrent comme une nécessité : déclencher l’offensive contre les groupes armés qui contrôlent les trois régions du Nord. Le chef du gouvernement gouverne enfin ? Jusque là , le pouvoir central de Bamako avait eu de la peine à  s’affirmer face à  une classe politique divisée entre pro et anti-putschs. Mais depuis la sortie médiatique de Premier ministre à  Ségou, les plus optimistes s’efforcent de croire que les lignes vont bouger. Il faut agir vite, au moment o๠les groupes armés renforcent leur position au Nord et multiplient les tentatives de rapprochement, notamment celle entamée entre les rebelles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et Ançar-Dine. En dépit du volontarisme affiché du Premier ministre, son discours n’a pas soulevé l’enthousiasme partout. Dans certains milieux, on a du mal à  croire que sa visite à  Ségou marque un signal fort dans l’affirmation du gouvernement à  reprendre les villes du Nord. «Â Du déjà  entendu ! », s’exclament certains observateurs, qui se souviennent de certains discours du président déchu Amadou Toumani Touré. Le souvenir des paroles dans le vent d’ATT Comme celui du 23 mai 2006 à  Diéma (région de Kayes). Des proches d’ATT venaient de lui apprendre l’attaque de Ménaka par les groupes armés du rebelle défunt Ibrahim Ag Bahanga. «Â La riposte lourde » promise par l’ancien président n’a jamais eu lieu. l’attaque d’Abeibara en 2008, au cours de laquelle des dizaines de soldats maliens avaient été massacrés, reste également dans les esprits. Là  encore, «Â la vengeance de l’armée » annoncée par le président ATT ne fut qu’un grand coup de bluff. Le Nord est par la suite devenu un bourbier. Cheick Modibo serait-il donc sur les traces d’ATT ? Les actes qu’il posera dans les prochains jours permettront de le juger.

Dioncounda, héros malgré lui

Les Maliens dans leur majorité ont condamné avec la dernière énergie l’agression dont a été victime Dioncounda Traoré au palais présidentiel de Koulouba le 21 mai, en marge d’une manifestation réclamant son départ. Agé de 70 ans, Dioncounda Traoré, blessé à  la figure et au dos, s’est envolé pour la France. Révoltante pour certains, humiliante pour d’autres, cette agression semble se retourner contre les organisations qui avaient appelé à  manifester. Le respect des personnes âgées, pilier de la société « l’une de nos valeurs traditionnelles est la respect des personnes âgées, sans distinction de statut social. Ce qui est arrivé à  Dioncounda Traoré va à  l’encontre de cette valeur cultivée par les Maliens de génération en génération », explique un quadragénaire du quartier Hamdallaye. Même les Bamakois qui ne portaient pas l’ancien président de l’Assemblée nationale dans leur coeur se prennent désormais de sympathie pour lui. « Dioncounda Traoré n’a jamais été ma préférence parmi les candidats. Mais aujourd’hui, J’ai de l’estime pour lui car il s’est sacrifié pour la nation en acceptant de continuer à  présider la transition malgré son agression. Ceux qui l’ont agressé sont de véritables apatrides», estime Hawa Diarra, secrétaire à  la mairie de la commune II. Pour l’opinion publique, Dioncounda Traoré est passé en quelques jours du statut d’héritier d’Amadou Toumani Touré, à  ce titre complice de l’effondrement de l’Etat, à  celui de victime. L’union des pro-putsch se fissure Son agression n’a pas seulement modifié l’opinion de la population à  son égard. Elle a aussi fait bouger les lignes au sein du mouvement pro-putsch. Les organisations membres de la Coordination des organisations patriotiques du Mali (Copam) ne soufflent désormais plus dans la même trompette. Le rassemblement du 23 mai au stade Modibo Keita a été un échec. Le président de la Copam Amadou Amion Guindo, par ailleurs secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs du Mali, aurait même « appelé les gens à  rester chez eux via certaines radios », rapporte un responsable politique proche des putschistes. Autre figure de la Copam, Younouss Hameye Dicko a pris ses distances avec le mouvement suite à  l’agression de Dioncounda Traoré, rapporte le même interlocuteur.

Nord du Mali: les rebelles touareg et les islamistes d’Ansar Dine fusionnent

Ce protocole d’accord transmis à  l’AFP, aboutissement de plusieurs semaines de discussions parfois difficiles entre deux mouvements longtemps séparés par leurs objectifs et leurs idéologies, marque un tournant dans l’immense Nord malien, qui a échappé au pouvoir central de Bamako depuis fin mars. Le mouvement Ansar Dine et le MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) proclament leur auto-dissolution dans l’Azawad (région nord du Mali, ndlr). Les deux mouvements créent le Conseil transitoire de l’Etat islamique de l’Azawad, indique l’accord. Nous sommes tous pour l’indépendance de l’Azawad, nous acceptons tous l’islam comme religion, le Coran et la Sunna (paroles et actions du prophète Mahomet rapportées par la tradition) sont la source du droit: tels sont les principaux points de ce document. A Gao, l’une des grandes villes du Nord malien, o๠des responsables des deux mouvements menaient leurs discussions, comme à  Tombouctou, la conclusion de cet accord a été accueillie par de nombreux coups de feu en l’air, ont rapporté à  l’AFP des habitants. Après les rébellions touareg des années 1990 et 2000, le MNLA, mouvement indépendantiste qui affichait une idéologie laà¯que, avait lancé mi-janvier l’offensive contre l’armée malienne, qui s’est amplifiée avec l’entrée en scène d’Ansar Dine (Défenseur de l’islam, en arabe), prônant de son côté l’imposition de la charia (loi islamique) dans tout le Mali. Ansar Dine, dirigé par l’ex-chef rebelle touareg Iyad Ag Ghaly, a été appuyé sur le terrain par les jihadistes d’Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi). A eux deux, Ansar Dine et Aqmi sont devenus dominants – aux dépens du MNLA – dans le Nord, tombé entièrement aux mains des groupes armés à  la faveur du putsch du 22 mars à  Bamako. Ibrahim Assaley, maire de la localité de Talataye (nord) et membre du MNLA, a jugé après cet accord qu’Ansar Dine se démarque du terrorisme mais refuse pour le moment de déclarer la guerre au terrorisme. Allah a gagné Aqmi opère depuis plusieurs années dans toute la bande sahélo-saharienne, y commettant des rapts, en particulier d’Occidentaux, et l’Afrique de l’Ouest comme le reste de la communauté internationale redoutent désormais une afghanisation du nord du Mali. Allah a gagné, a lancé le porte-parole d’Ansar Dine à  Tombouctou, Sanda ould Boumama, en commentant ce protocole d’accord. Sa conclusion intervient alors que les principaux responsables d’Ansar Dine et d’Aqmi sont réunis depuis jeudi à  Tombouctou pour évoquer leurs relations futures. Dans un message rendu public cette semaine, le chef d’Aqmi, Abdelmalek Droukdel, dit Abou Moussaab Abdelouadoud, a conseillé à  ses combattants du nord du Mali d’imposer graduellement la charia pour y réussir la création d’un Etat islamique. L’accord MNLA/Ansar Dine et l’incertitude autour de la place d’Aqmi dans l’Azawad créent une nouvelle donne pour les autorités de transition de Bamako et la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur de la Cédéao dans la crise malienne, a fait savoir récemment que des contacts avaient été établis avec notamment le MNLA et Ansar Dine. Les autorités maliennes de transition ne cessent de proclamer leur volonté de restaurer l’intégité territoriale du Mali. Mais elles semblent pour l’heure impuissantes, d’autant qu’elles ont peiné jusque-là  à  s’imposer à  Bamako même face à  l’ex-junte du capitaine Amadou Haya Sanogo, qui avait renversé le 22 mars le président Amadou Toumani Touré. Agressé et blessé le 21 mai par des manifestants, le président de transition, Dioncounda Traoré, chargé de conduire le pays pendant un an et qui est depuis jeudi à  Paris pour des examens médicaux, va bien et devrait rentrer la semaine prochaine dans son pays, a-t-on appris samedi auprès de son entourage.

Le Premier ministre malien rencontre à Abidjan le président ivoirien Ouattara

Arrivé dans la matinée, M. Diarra a été reçu au palais présidentiel par M. Ouattara, président en exercice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), au lendemain d’un entretien à  Ouagadougou avec le président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne pour la Cédéao. « La transition maintenant a commencé et avant de nous mettre au travail, je suis venu dire merci à  la Cédéao pour son accompagnement pendant la période de crise », a déclaré devant la presse le chef du gouvernement malien à  l’issue de l’entretien. « Je suis venu également donner l’assurance au président Ouattara qu’après l’agression dont a été victime » le président de transition Dioncounda Traoré le lundi 21 mai, la justice « travaille d’arrache-pied à  travers une enquête et que les auteurs seront retrouvés et punis conformément à  la loi ». Interrogé sur le déploiement d’une force militaire de la Cédéao au Mali, envisagé par l’organisation pour sécuriser la transition, M. Diarra s’est simplement référé aux dernières décisions de la Cédéao: « nous avons convenu que la force militaire de la Cédéao sera tenue prête pour une intervention immédiate dès que les autorités maliennes en feront la requête ». Le Premier ministre malien devait quitter la Côte d’Ivoire pour le Mali dans l’après-midi. Le président Dioncounda Traoré se trouve depuis jeudi en France pour des examens médicaux, après avoir été frappé et blessé par des manifestants hostiles à  son maintien au pouvoir en vertu d’un accord conclu entre l’ex-junte et la Cédéao le week-end dernier. Il conduit depuis mardi la transition pour une période d’un an. Le coup d’Etat militaire du 22 mars a par ailleurs précipité la chute de l’immense région nord du pays aux mains de rebelles touareg et surtout d’islamistes armés, coupant de fait le pays en deux.

Faut-il désigner un autre président de transition?

La raison médicale a été officiellement avancée pour justifier le voyage en France de Dioncounda Traoré, président malien de la transition. Cet argument est d’autant plus convainquant que l’ancien intérimaire a récemment été physiquement victime du courroux des manifestants pro-putschistes qui ne veulent point le sentir. Si ce justificatif d’ennui sanitaire vaut son pesant de logique, l’ex-président de l’Assemblée n’ayant plus la résistance physique d’un jeune homme de 25 ans, il ne manque cependant pas de susciter quelques commentaires. Ne serait-ce pas plutôt un alibi avancé par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et la médiation de la crise pour maquiller une vérité dont le vrai visage est peut-être difficile à  présenter? Dioncounda sur la sellette? Les partisans du dernier coup d’Etat au Mali n’ont jamais fait mystère de la haine viscérale qu’ils éprouvent à  l’endroit du régime du président Amadou Toumani Touré (ATT) et tous ses acolytes. Leur aversion pour tout ce qui leur rappelle le pouvoir d’ATT est si grande qu’après avoir salué le coup de force, ils ont toujours préféré aux ex-gouvernants qu’ils taxent de traà®tres, un pouvoir militaire anticonstitutionnel. La détermination des manifestants acquis à  la cause des bérets verts à  ne pas laisser Dioncounda Traoré diriger la transition après son intérim constitutionnel a sans doute contraint la Cédéao à  revoir sa méthode. Plutôt que de s’entêter à  imposer un président qui ne fait pas l’unanimité, qui est violemment contesté et qui risque de plus en plus sa vie, l’institution sous-régionale a peut-être trouvé la parade: écarter Dioncounda du processus avec subtilité. Car, après l’avoir échappé belle et convaincu que le capitaine Sanogo peut passer par d’autres moyens pour l’atteindre, le président de la transition va-t-il profiter de ce malheureux incident pour démissionner? Et même s’il revenait au Mali, ce ne serait peut-être pas pour y jouer un rôle de premier plan dans la résolution de la crise. Il semble en tout cas de plus en plus clair pour lui qu’il doit choisir entre la présidence de la transition avec le risque de voir sa vie constamment menacée et l’exil forcé pour lequel il semble avoir opté pour sauver sa peau. Qui pour être le troisième homme? Mais quel que soit le motif du départ de Dioncounda Traoré, que ce dernier revienne au Mali ou non, il est plus que jamais urgent de trouver à  ce pays un président consensuel pour diriger la transition. Au-delà  de Traoré et de Sanogo, il faudra dénicher au plus vite le troisième larron qui rencontrera l’assentiment de toutes les forces vives maliennes, y compris la société civile et les partis politiques. Jusque-là , l’accord-cadre et l’accord de principe ont été négociés entre les putschistes, la Cédéao, le président et le Premier ministre. Les organisations de la société civile, les partis et formations politiques ont pourtant, eux aussi, des partisans, et leur opinion doit compter. Autrement, à  force de les marginaliser, l’on court le risque, alors qu’on croira tout avoir réglé, de se voir obligé, quand ils commenceront à  donner de la voix ou à  bander les muscles, de repartir à  zéro. Pour éviter de tomber dans le cercle vicieux du perpétuel recommencement, il serait mieux indiqué de ne laisser personne sur la touche et d’associer tout le monde au choix d’un président accepté de tous. Pour aller peut-être plus vite, l’on peut avoir recours à  l’actuel Premier ministre à  qui le président de la transition a d’ailleurs confié certains de ses pouvoirs par un décret qu’il a signé avant de prendre l’avion pour Paris. Le premier ministre pourrait convenir Cheick Modibo Diarra a l’avantage d’être déjà  imprégné de la situation de crise et des tentatives de sa résolution. Il bénéficie en outre de préjugés favorables du fait qu’il n’a pas soupé à  la même table du régime renversé et encore contesté. Autant d’atouts qui lui permettront d’avoir les mains libres et les compétences nécessaires pour conduire le processus à  bon terme. La Cédéao pourrait ainsi jouer la carte de l’astrophysicien pour, en même temps, mettre la junte à  l’épreuve. l’on saura à  coup sûr si le capitaine Sanogo et sa bande ont rejeté Dioncounda Traoré pour pouvoir s’emparer à  nouveau du pouvoir ou s’ils l’ont fait dans le souci réel de préserver l’intérêt général des Maliens. Dans ce dernier cas, ils n’auraient plus d’argument contre la désignation de l’ancien fonctionnaire de la NASA comme président de transition. Sauf s’ils ont fait le coup d’Etat et toute cette résistance aux propositions de la Cédéao juste pour le fauteuil présidentiel.

Bamako, des manifestants s’en prennent à Dioncounda Traoré

Quelques heures après la signature d’un accord entre l’ex-junte et la CEDEAO censé sortir le pays de l’impasse institutionnelle dans laquelle il risquait de se trouver à  partir du 22 mai, des centaines voire des milliers de personnes ont battu le pavé dans la capitale malienne. La raison de leur colère, le maintien de Dioncounda Traoré, ex-président de l’Assemblée Nationale, président par intérim, au poste de président de la Transition. Selon l’«accord de principe» signé ce 20 mai, M. Traoré doit diriger le Mali pendant les 12 prochains mois avec pour mandats essentiels de gérer la crise du Nord et d’organiser des élections crédibles. Pour la convention nationale Mais pour les associations et mouvements proches de l’ex-junte, en l’occurrence, le COPAM, le MP22, l’Appel pour le Mali, il ne saurait en être question. Ce dernier a appelé ses membres à  tenir sit-in au Monument de l’Indépendance en plein centre-ville jusqu’au départ de Dioncounda Traoré. En attendant, ils se joints aux autres manifestants qui au départ réclamaient la tenue de la « convention nationale » annoncée la semaine dernière par le président du CNRDRE. « On ne veut pas de Dioncouda Traoré comme président de la transition, la CEDEAO doit nous respecter, capitaine Amadou Haya Sanogo est notre président » tels étaient en substance les propos des marcheurs. Ils ont tous simplement menacer de bloquer Bamako, ce qu’ils ont d’ailleurs réussi en coupant le pont Fahd et plusieurs grandes artères de la ville à  l’aide de barricades. « A bas Dioncounda et la CEDEAO » Mais cette manifestation s’est très vite transformée en une marche contre la CEDEAO et le président de la transition. Survoltés, les marcheurs ont quitté le Centre International de Conférences de Bamako pour se rendre à  la primature. Parmi eux, on pouvait voir Amion Guindo de la coordination des syndicats des travailleurs du Mali(CSTM), Pr Rokia Sanogo, la présidente du MP22. Ces derniers ont eu avec le Premier Ministre un entretien de 30 minutes. Après quoi, Cheick Modibo Diarra a appelé les marcheurs au calme. « Vos marches ont un impact négatif sur le Mali, et découragent les partenaires. Je sais, vous êtes en colère, prions pour que le Mali puisse sortir de l’impasse. Je transmettrai vos messages au président de la République» a-t-il déclaré. D’autres manifestants en colère, comme Mamadou Diakité, président cercle de réflexion des jeunes de Sikasso, menace littéralement Dioncounda : « nous ne voulons plus des corrompus à  la tête du pouvoir, il faut forcement un changement même s’il faut notre sang. Je suis spécialement venu de Sikasso pour prendre part à  cette marche de protestation. On ne comprend pas la décision de la CEDEAO qui nous impose ces loups à  crocs pointus » fulmine-t-il. «Je n’aime pas la tête de Dioncounda Traoré, il a cautionné la gestion calamiteuse d’ATT. Pire, ils ont forcé le capitaine à  se replier, à  accepter la décision de la CEDEAO » affirme une femme dans la foule. Dioncounda Traoré blessé Mais avant d’autres groupes sont partis à  Koulouba pour parler au président de la République. Là , ils auraient, selon une source proche de la Présidence, agressé Dioncounda Traoré qui est blessé. Toujours selon notre source, un manifestant a perdu la vie suite aux bousculades qui se sont déroulées sur les lieux. Aucune information officielle n’a été donnée suite aux événements de ce matin et à  Bamako, la tension est perceptible, plusieurs sociétés et commerces ont fermé.

Accord sur la Transition, le Mali sort de l’impasse

La fin tant redoutée de l’intérim de Dioncounda Traoré a finalement suscité plus de peur que de mal. Deux jours avant le terme officiel de l’intérim constitutionnel de l’ancien président de l’Assemblée nationale, la Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et les militaires du CNRDRE sont tombés d’accord. Dioncounda Traoré restera président pendant la durée de la transition, fixée à  un an. Le chef de la junte obtient le statut d’ancien chef de l’Etat Les auteurs du coup d’Etat « adhèrent aux décisions de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest […] Un accord de principe a été trouvé », avait annoncé le 19 mai à  l’ORTM le capitaine Amadou Aya Sanogo, après avoir reçu les médiateurs burkinabé Djibrill Bassolé et ivoirien Adama Bictogo. Les parties sont parvenues à  un compromis. En échange du maintien de Dioncounda Traoré, le meneur des putschistes bénéficiera du statut d’ancien chef d’Etat, avec tous les avantages liés. Il pourrait également diriger une mission consacrée au renforcement des capacités de l’armée. D’autres membres de la junte pourraient faire partie de missions internationales en faveur de la paix. La Cédéao maintient la pression Cet accord est l’aboutissement de deux mois de négociations houleuses. Le 26 avril à  Abidjan, les chefs d’Etat de la Cédéao avaient appelé les putschistes à  « retourner dans les casernes » et décidé de rendre à  Dioncounda Traoré les pouvoirs constitutionnels du président de la République pendant un an. Des décisions alors rejetées par la junte militaire, qui ne s’est jamais véritablement mise à  l’écart du pouvoir. Un ballet diplomatique et des discussions tendues à  Bamako et Abidjan s’en étaient suivies. Après la signature de cet accord de principe, la communauté internationale entend maintenir la pression. « La junte doit rester en dehors du processus politique », et des sanctions seraient « appliquées automatiquement » à  la moindre entorse, a rappelé samedi la Cédéao par la voix du ministre ivoirien des Affaires étrangères, Daniel Kablan Duncan. Interrogations La signature de cet accord permet aux Maliens de souffler et d’espérer des lendemains meilleurs, mêmes si des interrogations demeurent. Il s’agira notamment de définir les pouvoirs du président et du Premier Ministre puisque selon l’Accord cadre du 6 avril le Premier ministre dispose des pleins pouvoirs. Une feuille de route claire sera nécessaire afin d’éviter des blocages dans la gestion des questions primordiales du Nord et de l’organisation des élections. Une autre inquiétude concerne la réaction des organisations pro-CNRDRE. Déjà , ce lundi matin, à  l’annonce du nouvel accord, des manifestants ont envahi la cité administrative o๠sont rassemblés les ministères en scandant des slogans hostiles au désormais président de la transition. Ce mouvement d’humeur fait suite à  un appel du COPAM, du MP22 (proches de l’ex-junte) et d’associations de la société civile.

Transition : Dioncounda reste

BAMAKO — L’accord de principe entre l’Afrique de l’Ouest et les putschistes du 22 mars au Mali pour le maintien du président intérimaire Dioncounda Traoré à  la tête de la transition suscitait dimanche une joie mesurée dans les camps des opposants et partisans du putsch à  Bamako. « C’est plutôt une bonne nouvelle. Maintenant, il faut avoir une feuille de route très claire pour éviter des couacs », a déclaré à  l’AFP Soumaà¯la Diakité, responsable d’un des partis du Front uni pour la défense de la République et de la démocratie (FDR, opposé au putsch). Samedi soir, l’ex-junte militaire ayant renversé le régime du président Amadou Toumani Touré et des médiateurs dépêchés à  Bamako par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) ont annoncé avoir trouvé un accord de principe, selon lequel l’ex-junte accepte le maintien du président intérimaire Dioncounda Traoré à  la tête de la transition au Mali, en pleine crise depuis le putsch. Les deux parties ont indiqué qu’elles poursuivraient les discussions pour définir des « mesures d’accompagnement », sans plus de détails. « Il y a accord de principe sur le nom du président de transition, mais il y a tout le reste toujours en discussions », a affirmé à  l’AFP Mahamane Maà¯ga, responsable d’un des partis du Mouvement populaire du 22 mars (MP22, front favorable au putsch). « Le processus n’est pas terminé », il faut en attendre l’issue pour être fixé », a-t-il ajouté. Les médiateurs de la Cédéao poursuivaient dimanche leurs discussions sur la question. Samedi soir, l’un d’entre deux, le ministre burkinabè des Affaires étrangères Djibrill Bassolé, a indiqué qu’ils resteraient à  Bamako « le temps nécessaire ». Les auteurs du coup d’Etat du 22 mars sont restés jusque-là  incontournables, bien qu’ils aient officiellement rendu le pouvoir aux civils en vertu d’un accord-cadre conclu avec la Cédéao le 6 avril. Ils entendaient faire partir Dioncounda Traoré dès mardi prochain, au terme du délai constitutionnel de 40 jours pourtant déclaré intenable dans l’accord-cadre. La Cédéao avait au départ prévu une transition d’un an, mais aucune précision sur la durée du processus n’a été donnée samedi à  Bamako et à  Abidjan, o๠s’est tenu une réunion de ministres ouest-africains notamment sur la crise au Mali.

Transition : J – 4

Tous les inquiétudes sont concentrés sur le 22 mai, date butoire de la fin de l’intérim constitutionnel des 40 jours du président Dioncounda Traoré. l’échéance fatidique, deux mois jour pour jour après le coup d’Etat, fait peur. l’absence d’accord à  quatre jours du terminus constitutionnel de Dioncounda Traoré ne rassure pas. Le Mali pourrait connaà®tre une crise encore plus grave, redoute-t-on. «Â La succession de Dioncounda Traoré, un faux problème ? » La position des militaires putschistes est claire : Dioncounda Traoré doit partir. La Cédéao souhaite pour sa part que l’ancien président de l’Assemblée nationale demeure à  son poste pendant toute la durée de la transition, fixée à  un an par l’organisation ouest-africaine. Pour le moment, C’’est l’impasse. «Â Les querelles de leadership et les règlements de compte politiques doivent céder le pas à  l’intérêt supérieur d’un pays meurtri », recommande Mamadou Togola, chercheur en anthropologie. Le choix d’un successeur à  Dioncounda Traoré ne devrait selon lui pas poser de problème puisque le Premier Ministre est censé disposer des «Â pleins pouvoirs ». Reconduire Dioncounda Traoré pendant la transition ne devrait donc pas susciter de passions, estime-t-il. Le chercheur est désavoué par Seyba Traoré, réparateur de moto, pour qui «Â Dioncounda est égal à  ATT ». «Â Si le but de ce coup d’Etat était d’amener un changement, Dioncounda n’a aucune raison de rester », pense-t-il. «Â Je n’ai pas eu la chance d’aller à  l’école, mais d’après ce que J’entends sur les radios, son parti n’a jamais dit non à  ATT, même quand il en avait l’occasion. » Soumana Sako et Ibrahim Boubacar Keita sur la réserve Qui alors pour succéder à  Dioncounda Traoré en cas de départ ? Tous deux candidats à  l’élection présidentielle, les anciens Premier ministre Soumana Sako et Ibrahim Boubacar Keà¯ta (IBK), respectivement présidents de la Convention nationale pour une Afrique solidaire (CNAS) et du Rassemblement pour le Mali (RPM), alimentent les conversations. «Â Il est urgent que la crise soit réglée par des gens qui ont une carrure politique et, surtout, de rigueur dans la gestion. Si le capitaine Sanogo pense qu’il peut assurer la transition sans susciter de tollé dans la communauté internationale, et qu’il peut avoir l’appui nécessaire pour libérer le Nord, je ne vois pas d’inconvénient à  ce qu’il dirige. Mais je préfère que cette transition soit réglée par une personne comme IBK. C’’est un homme de parole. Il a la poigne et, surtout, il n’appartient ni à  la coalition pro-putsch, ni à  la coalition anti-putsch », témoigne la représentante d’une ONG malienne. Mais rien n’indique pour le moment qu’IBK ou Soumana Sako soient disposés à  devenir un président non élu et non légitimité par la Constitution. «Â Un religieux à  la tête de l’Etat ? » l’hypothèse d’un responsable religieux pour mener la transition a également été évoquée. Comme toutes les propositions, elle divise. Mahamoud Dicko, président du haut conseil islamique du Mali, et Monseigneur Jean Zerbo, archevêque de Bamako, sont les personnalités les plus souvent citées. «Pourquoi pas Monseigneur Jean Zerbo pour diriger la présidence de la transition ? », avait lancé le chef du CNRDRE. Il n’en a pas fallu plus pour que, quelques jours plus tard, un document circule en proposant le nom de Jean Zerbo pour mener la transition. «Â Il est l’homme dont le Mali et les Maliens ont besoin, car, estimé par tous, il est l’ultime espoir de réconciliation », lit-on dans cette «Â résolution définitive » non signée. Le 15 mai l’archevêque de Bamako a coupé court aux rumeurs en expliquant qu’il «Â ne s’inscrit dans aucune proposition ou démarche visant à  lui attribuer l’exercice d’une quelconque responsabilité politique ».  «Â Toutes mes contributions s’inscrivent dans le cadre de cette Alliance sacrée des leaders religieux visant aujourd’hui à  sauver notre pays et à  contribuer à  son épanouissement », a-t-il écrit. A quatre jours de la fin de l’intérim de Dioncounda Traoré le constat d’échec des négociations entre le CNRDRE et la CEDEAO inquiète les Maliens, qui prient tous pour que le consensus germe enfin entre les différentes parties pour sortir le pays de l’impasse.

Dioncounda Traoré à Abidjan, la CEDEAO va-t-elle reculer ?

C’’est une visite éclair qu’effectue ce 16 mai Dioncounda Traoré en Côte d’Ivoire. Il doit y rencontrer le chef de l`Etat ivoirien Alassane Ouattara, également président en exercice de l`organisation ouest-africaine. Plus la date du 22 mai, échéance de l’intérim au Mali, approche, plus la tension monte entres les différents acteurs de la crise politico-institutionnelle que traverse le pays depuis de coup d’Etat du 22 mars dernier. Depuis cette date, la junte dirigée par le Capitaine Amadou Haya Sanogo dirige de fait le Mali. Et ce, malgré la pression internationale qui l’avait obligé à  rendre le pouvoir aux civils suite à  un accord signé avec la CEDEAO, le 6 avril. Cet Accord-cadre stipulait une période intérimaire de 40 jours dirigée par le Président de l’Assemblée Nationale, puis une Transition. Qui doit diriger cette transition ? C’’est là  la question qui divise les maliens, du sommet à  la base, depuis maintenant plus d’un mois. Et à  6 jours de la date fatidique, aucun consensus ne semble se dégager. Ras-le-bol de Dioncounda Traoré Si le pays s’est doté depuis l’Accord-cadre d’un Président, d’un gouvernement dirigé par un Premier Ministre, la réalité du pouvoir semble toujours se trouver entre les mains du Capitaine Sanogo et de ses camarades, logés à  Kati, ville garnison, siège de CNRDRE. Après avoir tenté d’imposer Dioncounda Traoré comme Président d’une Transition qui durerait 12 mois, l’organisation sous-régionale a fait marche arrière face au refus du Capitaine qui n’entend pas être écarté même si, comme il l’a maintes fois répété, il n’a aucun objectif « pouvoiriste »(il n’entend pas s’accrocher au pouvoir, ndlr). La semaine dernière a été longue pour les deux médiateurs dépêchés par la CEDEAO à  Bamako. Ils ont tenté en vain d’aboutir à  un plan acceptable pour toutes les parties. En fin de semaine, C’’est donc bredouille qu’ils ont repris l’avion pour se rendre au Burkina Faso, faire le point avec le Président Blaise Compaoré. De sources proches de la présidence burkinabé, Dioncounda Traoré aurait appelé ce dernier pour lui faire part de son intention de jeter l’éponge, face au « refus de bouger » du CNRDRE. Une rencontre a eu lieu hier mardi entre M. Traoré, son Premier ministre Cheick Modibo Diarra, et le capitaine Amadou Haya Sanogo. Rien n`a filtré de cette rencontre. Alors, les choses ont-elles évolué ? Quid de l’initiative de la Convention Nationale prise par le Capitaine et qui doit débuter ce 17 mai et qu’une partie de la classe politique entend boycotter? Dioncounda va-t-il démissionner ? Un schéma à  la « malienne » ? Si Dioncounda Traoré démissionne avant la fin de la période d’intérim, ce sera de nouveau l’incertitude pour le peuple malien. La CEDEAO, qui s’est impliquée dès les premières heures de la crise malienne et qui a de nouveau menacé le pays de sanctions le lundi dernier, va-t-elle se retirer de la médiation et laisser les maliens trouver une « solution locale » ? C’’est du moins ce que soutiennent nos confrères de Koaci.com qui cite une source proche de la présidence burkinabé. « Faute de mieux, Blaise Compaoré, le médiateur de la Cedeao pour la crise malienne et Djibril Bassolé, son émissaire à  Bamako, auraient tranché pour la solution du chef de l’ex junte au Mali. Compte tenu du mauvais bilan du tandem Traoré-Diarra, initialement imposé par l’institution, cette dernière verrait en Sanogo finalement l’homme de la situation même si temporaire » peut-on lire sur le site. Pourtant, le Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (F, s’oppose à  cette option et demande le retour pur et simple du pouvoir effectif aux civils. Pas question pour eux que le Capitaine dirige le Mali dans une période difficile comme celle qu’il traverse actuellement. Dans la rue à  Bamako, nombreux sont ceux qui pensent cependant que «laisser Sanogo diriger est un moindre mal». «Si C’’est ce qui peut résoudre le problème, finalement pourquoi pas. Le pays souffre trop» déclare N. Sidibé, garagiste désabusé. « Aucun politique ni militaire ne songe aux populations. l’essentiel, C’’est le Nord, alors finissons les querelles et occupons nous de cela » conclut-il. Les regards sont donc tournés vers Abidjan ce soir et le Centre International de Conférences de Bamako à  partir de demain. Les Maliens retiennent leur souffle, espérant qu’au 22 mai, un jour nouveau se lève sur leur pays territorialement désintégré.

Transition : Et après les 40 jours ?

«Â  Dioncounda dirige la transition  pendant 12 mois » Pour cet élu de la commune de Gao, le maintien de Dioncounda Traoré à  la tête de l’Etat est souhaitable, «Â cela pour ne pas ramener le processus de transition déjà  enclenché en arrière ». Laisser le président intérimaire et le gouvernement continuer leur mission, pendant un an, conformément aux décisions du Sommet de la CEDEAO tenu à  Abidjan le 26 Avril, serait la voie souhaitable pour s‘attaquer aux problèmes urgents comme le nord. En outre, Dioncounda Traoré bénéficie de l’adhésion de la communauté internationale plutôt encline à  appuyer un pouvoir civil que militaire au Mali. Alors, comment les deux médiateurs de la CEDEAO qui ont quitté Bamako ce week-end, peuvent-ils convaincre le capitaine Sanogo d’accepter cette option ? Du reste, même si Dioncounda a déclaré qu’il démissionnerait au terme des 40 jours, tout plaide en faveur de son maintien à  la tête de la transition. Si les Etats-Unis sont montés au créneau pour demander que le CNRDRE démissionne, plusieurs programmes d’aide ont été suspendus au Mali entretemps, ce qui pourrait axphyxier l‘économie malienne. l’Union européenne a également exprimé sa volonté d’assister le Mali à  condition de rester dans l’ordre constitutionnel… La CEDEAO va-t-elle durcir le ton et imposer un nouvel embargo pour forcer son choix ? «Â La junte revient au pouvoir ?  » Deuxième éventualité, voir la junte, avec à  sa tête le Capitaine Amadou Haya Sanogo, diriger le processus de transition. De l’avis de la plupart des observateurs, «Â Sanogo a déjà  obtenu beaucoup depuis le 22 Mars, dont trois ministères clés dans le gouvernement de transition, quelle compétence a-t-il pour mener une transition aussi sensible. Son rôle n’est-il pas de réorganiser l’armée pour aller à  la reconquête du nord ? », signale cet enseignant. Loin de courber l’échine, le capitaine Sanogo vient d’appeler à  une Convention nationale avec les forces vives de la nation. Sanogo cherche t-il le soutien du Mali contre la CEDEAO ou à  gagner du temps, pour un imposer le choix d’un homme, qui conviendrait au CNRDRE ? Les parties politiques prendront-ils part à  cette concertation ayant déjà  été exclus des négociations entre la CEDEAO et la junte, relatifs à  la signature de l’Accord Cadre du 6 Avril ? Ce qui est sûr, C’’est que la junte aura son mot à  dire… «Â  Pleins pouvoirs au PM » Troisième éventualité, à  défaut d’un consensus entre le CNRDRE et la CEDEAO, le premier ministre Dr. Cheick Modibo Diarra pourrait conduire la transition au nom du consensus qui a prévalu pour sa nomination. Les deux parties signataires de l’Accord-cadre auraient alors une nouvelle convergence de vue sur l’Astrophysicien, qui prendrait la tête d’un Mali coupé en deux. Dans l’éventualité o๠ce dernier était nommé Président de la transition, une autre personnalité pourrait le remplacer au poste de Premier ministre. Les négotiations elles sont au point mort entre le CNRDRE et la CEDEAO qui vient de brandir la menace de nouvelles sanctions. Le bras de fer reprend le dessus dans la médiation. Une autre alternative serait de renforcer le grade du capitaine Sanogo, en le plaçant à  la tête comité de Programmation militaire pour calmer les ardeurs des hommes en treillis. l’objectif final reste d’aboutir à  un climat sociopolitique apaisé pour permettre aux autorités de transition de s’atteler à  la libération du nord et d’organiser des élections générales. Surtout, rassurer le peuple malien sur son avenir proche…

Déclaration de la CEDEAO à Abuja sur la situation au Mali

La Commission de la CEDEAO a observé avec une profonde préoccupation les déclarations et actions inquiétantes des membres du CNRDRE et de leurs associés civils au cours des derniers jours, qui tendent visiblement à  interrompre la transition politique et à  déstabiliser davantage la situation au Mali. Au moment o๠le Nord du pays est encore occupé par les rebelles, le refus persistant du Capitaine Amadou Sanogo et de la Junte de concentrer leurs efforts sur le rétablissement de l’intégrité territoriale de la nation et leur interférence continue dans la Transition, en particulier leur tentative de marginaliser le Gouvernement de transition sont extrêmementregrettables. La Commission de la CEDEAO condamne fermement ces actes qui vont à  l’encontre des dispositions de la Constitution du Mali, ainsi que de «l’Engagement Solennel » pris par le CNRDRE le 1er avril 2012, et de « l’Accord Cadre » du 6 avril 2012. Ils témoignent également du non respect des décisions prises par les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO sur le Mali depuis le coup d’état du 22 mars 2012. La Commission de la CEDEAO suit de très près la situation et ne permettra à  quiconque (individus ou groupes) de prendre la transition en otage. Elle prévient encore une fois que si le CNRDRE et ses alliés civils ne réaffirment pas clairement, au cours des prochains jours, leur engagement envers la transition et ne s’y abstiennent de toute ingérence future, ils s’exposeront au rétablissement immédiat des sanctions ciblées qui avaient été prises à  leur encontre par la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement le 2 avril 2012 mais levées après la signature de l’Accord Cadre du 6 avril 2012. A cette fin, la Commission de la CEDEAO collabore étroitement avec l’Union africaine. La Commission de la CEDEAO félicite le Médiateur, S.E. Blaise Compaoré, pour ses efforts continus dans l’appui au Gouvernement et au peuple du Mali à  trouver les solutions appropriées à  la double crise à  laquelle le pays est confronté. La CEDEAO réitère son engagement ferme pour le rétablissement rapide de l’unité et de l’intégrité territoriale du Mali. A cet égard, la Commission est prête, dès qu’une demande formelle sera faite par le Gouvernement, à  déployer la Force en Attente de la CEDEAO afin de protéger les couloirs humanitaires et d’apporter une assistance aux efforts de rétablissement de l’intégrité territoriale de la nation. S.E. Désiré Kadré OUEDRAOGO Président de la Commission de la CEDEAO Abuja, le 14 mai 2012

Transition au Mali : les médiateurs restent à Bamako pour éviter l’échec

Les deux médiateurs ouest-africains présents à  Bamako pour obtenir un accord sur la transition malienne ont accepté vendredi de continuer leur mission à  la demande des autorités, alors qu’ils s’apprêtaient à  partir sur un constat d’échec, a appris l’AFP de sources concordantes. Les deux médiateurs ouest-africains présents à  Bamako pour obtenir un accord sur la transition malienne ont accepté vendredi de continuer leur mission à  la demande des autorités, alors qu’ils s’apprêtaient à  partir sur un constat d’échec, a appris l’AFP de sources concordantes. « Nous avions effectué un constat d’échec, et alors que les médiateurs s’apprêtaient à  se rendre à  l’aéroport, les autorités maliennes ont demandé qu’ils restent sur place pour poursuivre le dialogue. Et ils ont accepté », a affirmé une source proche de la médiation. Les deux médiateurs dépêchés par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao), les ministres burkinabè des Affaires étrangères Djibril Bassolé et ivoirien de l’Intégration africaine Adama Bictogo, sont à  Bamako depuis mardi. Vendredi, le Premier ministre malien de transition, Cheikh Modibo Diarra, accompagné du porte-parole du gouvernement Hamadoun Touré, a dû se rendre dans l’après-midi à  l’hôtel o๠logent les médiateurs pour s’entretenir avec eux, après quoi les envoyés de la Cédéao ont accepté de rester, a constaté l’AFP. Le blocage se situe toujours au niveau de la désignation du chef de la transition. Rencontre avec les chefs religieux L’ex-junte militaire, qui a rendu le pouvoir aux civils après le coup d’Etat du 22 mars mais reste omniprésente, souhaite voir son leader, le capitaine Amadou Haya Sanago, diriger la transition, mais la Cédéao a déjà  quasiment désigné pour ce poste l’actuel président par intérim, Dioncounda Traoré. La médiation avait rencontré dans la journée successivement le président Traoré, le capitaine Sanogo, le Premier ministre Modibo Diarra ainsi que des diplomates occidentaux à  Bamako. Dans la soirée, ils rencontraient les chefs religieux. « Les lignes bougent, mais ne jurons de rien », a déclaré à  l’AFP une source proche de la médiation. Prévu pour durer 40 jours, l’interim du président Traoré, en poste depus le 12 avril, doit s’achever le 22 mai selon la Constitution. Le putsch a favorisé la chute du nord du pays tombé aux mains de rebelles touareg et surtout d’islamistes armés, notamment Al-Qaà¯da au Maghreb islamique (Aqmi), qui y occupe désomais une position dominante.

Transition : le premier Conseil des ministres aujourd’hui

« Jusqu’à  hier soir tout était mis en œuvre pour la tenue du Conseil des ministres. Et à  mon avis, tous les ministres sont à  Bamako, même ceux qui étaient en mission ces derniers jours. Tout report révèlerait d’une décision de dernière minute ». C’’est en ces termes qu’un Conseiller technique de la Primature nous a confirmé tôt ce matin la tenue du tout premier Conseil des ministres du gouvernement de transition formé le 28 avril dernier. Si notre interlocuteur se montre peu bavard sur les points de discussions inscrits à  l’ordre du jour, tout porte à  croire que cette première rencontre (dans le cadre d’un Conseil) entre Cheick Modibo et ses ministres devra être décisive. Cela, au regard du contexte particulier que traverse notre pays. Sécurité et éducation en vedette Actualité oblige, l’un des sujets qui s’invitera dans les débats sera sans doute celui de l’école. Car le présent Conseil intervient quelques jours après la décision du Premier ministre de fermer tous les ordres d’enseignements de Bamako jusqu’à  nouvel ordre après les évènements du 30 avril dernier. Comment remettre l’école et les étudiants sur les rails, après de nombreuses années de laxisme et de laisser-aller ? Le défi reste de taille pour les ministres de l’alphabétisation et de l’enseignement supérieur. Sans doute, la rencontre de l’exécutif devra consacrer des instructions fermes données aux deux ministres par le chef du gouvernement. Au cours de ce Conseil des ministres, le temps de parole réservé au ministre de la sécurité intérieure ne sera pas de trop, quand on sait que de manière urgente, il doit de son côté restaurer la sécurité dans une ville plongée dans l’incertitude depuis les fusillades du 30 avril entre les bérets rouges et verts. Le général Tièfing Konaté, qui est désormais face à  l’exigence de résultats dans une situation sécuritaire très fragile, aura des consignes fermes de la part du Premier ministre. Le Nord attend toujours Cheick Modibo Diarra et ses ministres se réunissent aussi dans un contexte de crise sécuritaire et alimentaire aigue au Nord. Aux mains des rebelles et des groupes islamistes armés depuis quelques semaines, les trois régions du Nord (Gao, Tombouctou et Kidal) doivent faire face à  une situation humanitaire des plus catastrophiques, avec des magasins pillés, le manque de médicaments dans les hôpitaux, etc. La création d’un département chargé des questions humanitaires (conformément à  l’Accord-cadre du 6 avril) témoigne de l’urgence. Et les premières décisions du gouvernement de procéder à  l’ouverture d’un couloir humanitaire depuis le coup d’Etat du 22 mars, devront en principe être prises aujourd’hui. D’autre part, le ministre de la défense devra rendre publiques ses premières propositions pour redynamiser les troupes en vue de l’offensive pour la reconquête du Nord. Le colonel-major Yamoussa Camara, qui hérite d’une armée en pleine débandade a du pain sur la planche. Le Conseil des ministres des ministres de ce mercredi 9 mai intervient 48 heures à  peine après la rencontre du nouveau ministre de l’administration territoriale, colonel Moussa Sinko Coulibaly, et les représentants des partis politiques. Une rencontre qui se voulait décisive au moment o๠le nouveau ministre a la lourde mission de conduire la transition vers des élections libres et transparentes. Le chef du gouvernement devrait avoir en principe aujourd’hui le compte rendu de cette rencontre. Les maliens attendront avec impatience les décisions de ce Conseil des Ministres N°1 de l’ère post ATT.

Sommet de la CEDEAO à Dakar : la transition malienne maintenue à 12 mois

Pour le président sénégalais Macky Sall, hôte du sommet extraordinaire de la Cédéao qui s’est tenu à  Dakar sur les crises malienne et bissau-guinéenne :  » La situation n’évolue de manière positive au Mali ». l’attitude de défiance des deux juntes militaires nous amène à  faire un pas supplémentaire vers la mise en œuvre des décisions de notre organisation ». «Â  Sanctions » La déclaration de Macky Sall a donné le ton de la conférence. En présence d’une dizaine de chefs d’Etat, dont l’ivoirien Alassane Dramane Ouattara, président en exercice de la CEDEAO, le burkinabè Blaise Compaoré, médiateur de la crise ou encore la libérienne Ellen Johnson Sireaf, la conférence a très clairement signifié son engagement à  maintenir les organes de la transition, dont le président en intérim Dioncounda Traoré. Sous peine de sanctions. «La prorogation à  douze mois de la durée de la transition est maintenue, les organes de la transition y compris le président de la République par intérim, restent en place durant la même période. Et toute personne qui tentera d’entraver le retour à  la normalité constitutionnelle, s’exposera à  des sanctions sévères. « Une force si le Mali en fait la demande « La conférence instruit la commission de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) de préparer la force en attente de la Cédéao en vue de son déploiement immédiat dès que le Mali en fera la demande ». Cette décision intervient après les récentes conclusions du Sommet d’Abidjan du 26 avril dernier, qui avaient stipulé l’envoi d’une force de 600 hommes pour sécuriser la transition à  Bamako. Ce qui n’avait pas été approuvée par la junte. Violation de l’Accord cadre, ingérence, pressions de la CEDEAO, avaient été les sentiments parmi la population malienne. Que va-t-il se passer le 17 mai à  l’issue des 40 jours du président intérimaire Dioncounda Traoré ? Ce dernier, dans son discours du 1er Mai, avait affirmé ne pas vouloir faire un jour au-delà  des 40 jours. Sa présence au sommet de Dakar démontre clairement que la décision finale ne lui appartient pas. Et en dépit des avertissements de l’ex junte. Faut-il craindre de nouvelles tensions à  Bamako à  l’issue du délai constitutionnel ? Les Maliens retiennent leurs souffles.

Cheick Modibo Diarra appelle la population au calme

Alors que Bamako était en proie aux manifestations, ce mercredi, le premier ministre de transition, Cheick Modibo Diarra, a fait une déclaration télévisée dans laquelle il appelle tous les Maliens au calme. En s’adressant aux étudiants et lycéens sortis massivement pour protester contre la fusillade qui a visé Hammadoun Traoré, Cheick Modibo Diarra a demandé aux étudiants de ne pas sortir et de rester chez eux jusqu’à  ce que la situation soit clarifiée. « Nous avons assisté à  une tentative de déstabilisation du pays ces dernières 48 heures, qui se sont soldées par une victoire, temporaire, pas complète encore, de notre armée et de nos forces de sécurité, constituées notamment des ex-putschistes », a déclaré le premier ministre. «Â Attaques et mercenaires en ville » Concernant la situation sécuritaire, le premier ministre a tenté de rassurer les Maliens, en évoquant les rumeurs de distribution d’armes et la présence de militaires dans la ville : « Il y a encore quelques éléments civils et armés [Bérets rouges, commandos parachutistes fidèles à  ATT, NDLR] dans la nature, ce qui justifie la présence massive de nos forces armées et de sécurité dans la ville de Bamako, afin de sécuriser la population, le business et les bureaux ». Et de rajouter que l’aéroport de Bamako Sénou qui avait été le siège de combats entre bérets rouges et bérets verts, est ouvert, contrairement à  ce qui se dit : «Â Les gens peuvent venir et prendre leurs avions » . Le premier ministre n’a pas manqué d’évoquer la situation au Nord en promettant l’acheminement de vivres et de médicaments aux habitants du nord. «Â  Nous ne vous oublions pas, vous êtes notre priorité ». Avec une pensée pour toutes les victimes des évènements du 30 avril 2012, Cheick Modibo Diarra a annoncé qu’il participerait à  une réunion de la Cédéao sur la situation…

Qui sont les nouveaux ministres de la transition 2/2

Hamadoun Touré, ministre de la Communication, de la Poste et des Nouvelles technologies, porte-parole du gouvernement. Hammadoun Touré est connu des Maliens. Il était jusqu’à  sa nomination dans le gouvernement secrétaire général de l’Union Internationale des télécommunications de 2007. Dans sa nouvelle fonction l’homme alliera ses talents d’orateur à  son engagement pour la promotion des nouvelles technologies. M. Touré est titulaire d’une maà®trise d’ingénierie électrique de l’Institut technique de l’électronique et des télécommunications de Leningrad (Russie) et d’un doctorat de l’Université d’électronique, de télécommunication et d’informatique de Moscou (Russie). Marié, quatre enfants, il parle couramment l’anglais, le français, l’espagnol et le russe. Alpha Bocar Nafo, ministre de l’Energie, de l’Eau et de l’Environnement Précédemment directeur général de la BRS-SA du Mali qu’il dirigeait depuis sa création en 2004, ses qualités de gestionnaire rigoureux reconnues à  la BMCD o๠il fut chef de service, puis au sein de la BRS, lui serviront pour diriger ce super ministère. Les acteurs du monde de l’environnement se disent satisfaits du choix de cet homme qui devra gérer deux éléments essentiels de la vie des Maliens : l’eau et l’électricité. Moussa Léo Sidibé, ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche l’ancien secrétaire général du ministère de l’Agriculture a contribué à  la mise en œuvre de plusieurs réformes dans le domaine agricole telle que la loi d’orientation agricole. Jusqu’à  sa nomination, il occupait le poste de secrétaire général du ministère qu’il dirige désormais. Bruno Maà¯ga, ministre délégué auprès du ministre de la Jeunesse, du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle Bruno Maà¯ga fut l’un des accompagnateurs du président déchu. Homme de culture (metteur en scène) et auteur de plusieurs pièces de théâtres, il était sous Amadou Toumani Touré le chef du bureau des courriers à  la Présidence. Alwata Ichata Sahi, ministre de la Famille, de la Promotion de la Femme et de l’Enfant Née le 27 mars 1961 à  Gao, Alwata Ichata Sahi est l’une des rares membres du gouvernement originaire du nord du Mali. Enseignante de formation, titulaire d’un baccalauréat en philosophie obtenu au lycée régional de Gao en 1980 et d’une maà®trise d’anglais obtenue à  l’Ecole Normale Supérieur de Bamako (ENSUP), elle était auparavant chef de cabinet du ministère du Logement, des Affaires foncières et de l’Urbanisme. De 2008 à  2009 elle fut membre de la commission nationale d’organisation du cinquantenaire de l’indépendance du Mali. Ahmadou Touré, ministre du Commerce, des Mines et de l’Industrie Notaire spécialisé dans le droit des affaires, son cabinet est l’un des plus en vue du Mali. Celui qui devra aider à  relancer l’activité économique du pays n’est donc pas en terrain inconnu.

Pour le RPM, il faut s’unir derrière le nouveau gouvernement

Le Bureau politique du Rassemblement Pour le Mali (RPM) prend acte de la nomination le 24 avril 2012 du Gouvernement de transition. Le RPM apprécie la formation de l’équipe gouvernementale une semaine après la nomination d’un Premier ministre, en ce sens qu’elle constitue une nouvelle étape vers la normalisation de la vie institutionnelle de notre pays. Toutefois, le RPM regrette que la nomination d’un gouvernement dit « d’union nationale » soit intervenue sans que les principales forces politiques et les forces vives n’aient été consultées. De plus, la diversité ethnique et culturelle du Mali aurait gagné à  être mieux prise en compte au sein d’un tel gouvernement. Pour autant, dans un esprit de sursaut national et face à  l’urgence du moment, le RPM invite tous les patriotes maliens à  dépasser leurs différences pour accompagner le Gouvernement de transition dans la résolution de la grave crise que vit le Nord Mali. A cet égard, le RPM exhorte le Gouvernement de transition à  définir et à  adopter en urgence : • Une politique humanitaire pour venir en aide à  nos compatriotes déplacés et à  ceux vivant sous le joug des bandits armés, • Une stratégie de libération des régions occupées et une politique diplomatique permettant d’obtenir l’appui des pays amis, dans le respect de la souveraineté du Mali, • Une loi de programmation et d’orientation militaire afin d’adapter notre armée nationale aux nouveaux enjeux, • Une évaluation du processus électoral à  travers l’audit du fichier électoral. Ces différentes actions devront s’inscrire dans le cadre d’un plan d’action pour la transition, assorti d’un chronogramme d’exécution raisonnable et consensuel. Bamako, le 26 avril 2012 Le Bureau politique national Le Secrétaire à  la communication Boubacar Touré

Sommet de la CEDEAO à Abidjan : le communiqué final

SOMMET EXTRAORDINAIRE DES CHEFS D’ETATET DE GOUVERNEMENT DE LA CEDEAO — Abidjan Côte d’Ivoire, 26 avril 2012 COMMUNIQUE FINAL 1. à€ l’invitation de S.E.M Alassane OUATTARA, Président de la République de Côte d’Ivoire et Président en exercice de la CEDEAO, les Chefs d’Etat et de Gouvernement de la Communauté Economique des à‰tats l’Afrique de l’Ouest, ont tenu une Session extraordinaire le 26 Avril 2012 à  Abidjan, République de Côte d’Ivoire. 2. Cette session a été convoquée à  l’effet d’examiner la situation politique, sécuritaire et humanitaire au Mali et en Guinée Bissau. 3. Etaient présents les Chefs d’Etat et de Gouvernement suivants ou leurs représentants dûment accrédités : • Son Excellence Thomas Boni YAYI Président de la République du Bénin • Son Excellence Blaise COMPAORE Président du Burkina Faso • Son Excellence, Jorge Carlos FONSECA Président de la République du Cap Vert • Son Excellence Alassane OUATTARA Président de la République de Côte d’Ivoire • Son Excellence Sheikh Prof. Alh. Yahya AJJ JAMMEH Président de la République de Gambie • Son Excellence Alpha CONDE Président de la République de Guinée • Son Excellence Dioncounda TRAORE Président par Intérim de la République du Mali • Son Excellence Goodluck Ebele JONATHAN Président de la République Fédérale du Nigeria • Son Excellence Macky SALL Président de la République du Sénégal • Son Excellence Faure Essozimna GNASSINGBE Président de la République Togolaise • Son Excellence Brigi RAFINI Premier Ministre de la République du Niger • Son Excellence Alhaji Mohamed MUMUNI Ministre des Affaires Etrangères de la République du Ghana • Son Excellence Augustine Kpehe NGAFUAN Ministre des Affaires Etrangères de la République du Libéria • Son Excellence Joseph B. DAUDA Ministre des Affaires Etrangères de la République de Sierra Leone 4. Les représentants des Etats et des organisations suivants ont également pris part à  cette session en qualité d’observateurs: • S.E.M. Mohamed Ould Abdel Aziz, Président de la République Islamique de Mauritanie ; • l’Algérie ; • La France ; • Les Etats Unis d’Amérique. • Union Africaine ; • l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) : • l’Organisation des Nations Unies ; • l’Union Européenne ; 5. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont pris note des rapports du Président de la Commission de la CEDEAO sur l’évolution récente de la situation politique et sécuritaire au Mali et en Guinée Bissau ainsi que du Président du Comité des Chefs d’Etats Major sur l’état des préparatifs de la Force en Attente de la CEDEAO. Ils ont également pris note des comptes rendu de S.E.M Blaise Compaoré, Président du Faso, Médiateur de la CEDEAO au Mali et de S.E.M Alpha Condé, Président de la République de Guinée, Médiateur de la CEDEAO en Guinée- Bissau. 6. La Conférence a rappelé la déclaration du 6 avril 2012 du Président en exercice de la CEDEAO sur la signature de l’Accord cadre par les parties prenantes de la crise constitutionnelle au Mali ainsi que les déclarations du 12 et 19 avril 2012 du Président de la Commission portant respectivement sur le coup d’état en Guinée Bissau et la mise en place d’un « soit disant » Conseil National de Transition par le Commandement Militaire. 7. Après avoir longuement délibéré sur la situation au Mali et en Guinée Bissau, la Conférence a pris les décisions suivantes: Sur la restauration de l’ordre constitutionnel au Mali. 8. La Conférence prend note de «l’engagement solennel» pris le 1er Avril 2012 par le Comité National de Redressement pour la Démocratie et la Restauration de l’Etat (CNRDRE), de restaurer rapidement la légalité constitutionnelle au Mali. 9. Le Sommet se félicite de la signature, le 6 avril 2012, de « l’Accord Cadre de la mise en oeuvre de l’engagement solennel » par les parties prenantes de la crise constitutionnelle sous l’égide du Médiateur, S.E.M Blaise Compaoré, Président du Faso et le félicite chaleureusement pour cette avancée significative. 10. La Conférence prend acte de la mise en place des organes de transition conformément à  l’Accord cadre, en particulier de l’installation du Président par Intérim, de la nomination du Premier Ministre et du gouvernement. Elle se félicite de l’esprit de sacrifice et de dépassement dont ont fait preuve les populations maliennes et leurs dirigeants, dans l’intérêt de l’unité et de l’intégrité de la Nation. 11. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement décident de porter la transition au Mali sur une période de 12 mois, au cours desquels les élections présidentielles doivent être organisées pour choisir un nouveau Président. Le Sommet décide également d’étendre le mandat des organes de transition, notamment le Président par Intérim, le Premier Ministre et le Gouvernement sur cette période de 12 mois pour assurer, dans la limite des pouvoirs qui leurs sont conférés par la Constitution, la continuité de la gouvernance du pays. 12. La Conférence exhorte toutes les parties prenantes concernées à  s’engager résolument dans la mise en oeuvre de la feuille de route jusqu’à  la tenue des élections présidentielles et la restauration de l’unité et de l’intégrité territoriale du Mali. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement demandent que les autorités de transition garantissent non seulement le droit de retour au Mali de l’ex Président, M. Amadou Toumani Touré et de toutes autres personnalités forcées de quitter le pays mais aussi leur sécurité une fois au pays. 13. Le Sommet exhorte les autorités de transition de prendre toutes les mesures pour déployer, durant la période de transition, les services centraux de l’administration dans tout le pays en particulier dans le Nord. 14. Le Sommet salue la libération des personnalités détenues par les Militaires le 17 avril 2012 et demande au CNRDRE d’honorer scrupuleusement son engagement pris dans le cadre de l’Accord en respectant l’ordre constitutionnel et en se soumettant aux autorités civiles de la transition. A cet égard la Conférence demande aux membres du CNRDRE de retourner dans les casernes et de se consacrer à  leur mission régalienne de défense du territoire. 15. La Conférence met en garde le CNRDRE que ses membres qui commettraient désormais toutes actions arbitraires et unilatérales seront passibles de sanctions individuelles ciblées. 16. Le Sommet exprime sa gratitude aux six (6) Chefs d’Etat désignés par la CEDEAO pour le suivi du dossier Malien, aux pays du Champ (Algérie, Mauritanie), à  l’Union Africaine, aux Nations Unies, et aux Partenaires au Développement, pour leur coopération dans le processus de retour à  l’ordre constitutionnel au Mali. Sur la Rébellion au Nord du Mali: 17. En dépit de la prétendue déclaration unilatérale de cessez-le-feu par le MNLA le 5 avril 2012, le Sommet constate, avec préoccupation, la poursuite des atrocités au nord du Mali perpétrées par les rebelles, les groupes terroristes et les autres réseaux de criminalité transnationale organisés transformant ainsi le territoire occupé en une grande zone de banditisme et d’insécurité aigue avec des conséquences humanitaires graves. 18. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement dénoncent l’occupation continue des régions de Kidal, de Gao et de Tombouctou par les rebelles. Ils réaffirment leur attachement à  l’unité et l’intégrité territoriale du Mali et réitèrent leur détermination à  assister le gouvernement du Mali dans la restauration de sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire, conformément aux dispositions pertinentes des Protocoles de la CEDEAO. 19. La Conférence réaffirme la proposition de médiation de la CEDEAO en vue d’un règlement négocié de la crise au nord du Mali. A cet égard, la Conférence renouvelle sa confiance au Médiateur, S.E.M Blaise Compaoré et l’encourage à  persévérer dans ses efforts de médiation en concertation avec les pays du champ (l’Algérie et la Mauritanie) jusqu’à  la restauration de l’unité et de l’intégrité territoriale du Mali. 20. La Conférence salue et entérine le souhait exprimé par S.E.M Goodluck Ebele Jonathan, Président de la République Fédérale du Nigeria de se joindre aux efforts du Médiateur S.E.M Blaise Compaoré dans la résolution pacifique de la crise au Mali. 21. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement décident de prendre toutes les mesures nécessaires visant à  assister le Mali dans le rétablissement de son unité et de son intégrité territoriale. A cet égard, les Chefs d’Etat et de Gouvernement instruisent la Commission de commencer, avec effet immédiat, le déploiement de la Force en Attente de la CEDEAO conformément au mandat approuvé. 22. La Conférence réaffirme son engagement à  aider le Mali et les pays membres limitrophes à  faire face aux conséquences humanitaires de la rébellion. En conséquence, elle instruit la Commission de prendre toutes les mesures nécessaires pour mobiliser les ressources, assister les populations affectées, protéger les corridors, ainsi que les acteurs et les biens humanitaires en consultation et en collaboration avec les pays du champ et les partenaires. La Conférence instruit la Commission de mettre à  disposition une dotation dont le montant sera déterminé au titre de fonds de roulement initial conformément au rapport du Comité des Chefs d’Etat-major. 23. Le Sommet exprime sa gratitude aux partenaires au développement qui ont promis d’accompagner les efforts humanitaires et de médiation de la CEDEAO à  travers leur soutien technique, financier et logistique. Elle lance un appel à  toutes les agences humanitaires et à  la Communauté internationale d’intensifier leur assistance à  cet égard. 24. La Conférence lance un appel à  tous les pays, notamment ceux du champ non membres de la CEDEAO, et à  tous les partenaires désireux d’accompagner la CEDEAO dans ses efforts de restauration de l’ordre constitutionnel et l’intégrité territoriale du Mali. A cet égard, le Sommet instruit la Commission de prendre les mesures nécessaires pour mettre en place un mécanisme de concertation et de coordination avec ses partenaires pour la mobilisation des appuis à  ces efforts. Sur la Situation Politique et Sécuritaire en Guinée Bissau 25. Le Conférence réaffirme le principe fondamental de « tolérance zéro » pour la prise ou le maintien du pouvoir par des moyens non constitutionnels ainsi que le rôle apolitique des militaires dans une démocratie tels que consacrés par le Protocole Additionnel sur la Démocratie et la Bonne Gouvernance. 26. Le Sommet condamne fermement le coup d’état du 12 avril 2012 perpétré par le Commandement militaire et ses associés et dénonce l’interruption du processus de l’élection présidentielle ainsi que la détention du premier Ministre et du Président par Intérim par la junte. 27. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement réitèrent la dénonciation de l’accord du 17 avril 2012 établissant un soit disant Conseil National de Transition et réaffirment que la CEDEAO ne reconnaà®tra aucune transition anti-constitutionnelle. 28. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement demandent la libération immédiate et sans condition du Premier Ministre M. Carlos Gomes Junior, du Président par Intérim M. Raimundo Pereira ainsi que de toutes personnes illégalement détenues par la Junte, et leur remise à  la disposition de la CEDEAO, l’Union Africaine ou de l’ONU. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement demandent également la restauration immédiate de l’ordre constitutionnel. 29. La Conférence exhorte toutes les parties prenantes à  s’en remettre à  la médiation de la CEDEAO visant à  s’accorder sur les modalités d’une transition consensuelle vers la tenue d’élections dans un délai de douze (12) mois en tenant compte de l’engagement écrit pris par le commandement militaire le 16 avril 2012 d’accepter le retour à  l’ordre constitutionnel selon les modalités à  définir avec l’assistance de la CEDEAO. 30. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement instruisent la Commission de déployer, avec effet immédiat, un contingent de la Force en Attente de la CEDEAO (FAC) en Guinée Bissau pour entre autres, faciliter le retrait de la Mission d’Assistance Technique et Militaire de l’Angola en Guinée Bissau (MISSANG), d’assister à  la sécurisation du processus de transition et d’anticiper sur la mise en oeuvre effective de la feuille de route du programme de réforme du secteur de défense et de sécurité. Dans cette perspective, la Conférence a approuvé le mandat de la FAC en Guinée Bissau. 31. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement mettent en garde le Commandement militaire que s’il n’accepte pas toutes les demandes de la Conférence dans les prochains 72 heures, la CEDEAO imposera, avec effet immédiat, des sanctions ciblées sur les membres du Commandement Militaires et leurs associés ainsi que des sanctions diplomatique, économique et financière sur la Guinée Bissau sans exclure des poursuites de la Cour Pénale Internationale (CPI). La Conférence décide, en addition de ces sanctions, de prendre toutes autres mesures nécessaires pour l’atteinte de ces objectifs. 32. La Conférence décide de la mise en place d’un groupe régional de contact placé sous la responsabilité du Nigeria et aussi constitué du Bénin, du Cap-Vert, de la Gambie, de la Guinée, du Sénégal et du Togo, dont la mission sera de coordonner le suivi de la mise en oeuvre des décisions du Sommet sur la Guinée Bissau. 33. La Conférence réaffirme son engagement pour une collaboration étroite entre la CEDEAO, l’Union Africaine, les Nations Unies et les autres partenaires dans les efforts collectifs de maintien de la paix et de la sécurité en Afrique de l’Ouest. Elle en appelle à  un renforcement de cette coopération basée sur le principe cardinal de subsidiarité. 34. Le Sommet exhorte la Commission de la CEDEAO à  diligenter la mise en oeuvre du Plan Opérationnel de Lutte contre la Drogue de la CEDEAO, en particulier en Guinée Bissau par la recherche de financement au niveau interne et auprès des partenaires. 35. Les Chefs d’Etats et de Gouvernement félicitent S.E.M Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire Président en Exercice pour son leadership dans la région et pour ses efforts infatigables dans la consolidation de l’Etat de droit, de la paix et de la sécurité en Afrique de l’Ouest. 36. La Conférence accueille chaleureusement en son sein S.E.M Macky Sall, Président nouvellement élu de la République du Sénégal et l’assure de son engagement à  travailler étroitement avec lui dans l’intérêt de l’intégration régionale, la paix et la sécurité en Afrique de l’Ouest. 37. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement félicitent S.E.M. Dioncounda Traoré, Président par Intérim de la République du Mali, pour sa nomination et l’assurent de leur soutien dans l’accomplissement de sa mission. 38. La Conférence reste saisie des situations au Mali et en Guinée Bissau et prendra toutes autres mesures additionnelles nécessaires pour y faire face. Fait à  Abidjan, le 26 Avril 2012 LA CONFERENCE

Edito : C’est reparti !

Les partis politiques exclus ! Le front des pro putschistes laissé de côté, pour tous ceux qui espéraient entrer dans ce nouveau gouvernement, l’affaire est faite : Cheick Modibo Diarra est un homme que l’on dit ouvert mais ferme et surtout allergique à  l’ère du «Â griotisme » qui prévalait sous l’ancien régime. Restent les critiques et les interrogations. Elles sont légitimes. Un gouvernement resserré? Oui. Des technocrates compétents? Attendons de voir. Des anciens cadres du régime déchu pour continuer à  faire tourner la machine administrative malienne? Quelques uns. Des proches de Moussa Traoré? Oui, certainement. Des militaires pour surveiller tout cela, c’est flagrant. Pour les scribouillards la République que nous sommes, nous servirons de veille, bien plus que les hauts gradés de l’armée. Bien plus que les membres du CNRDRE. Notre rôle sera de questionner ce gouvernement dit de mission! Union Nationale ? l’ouverture est plutôt réduite dans ce gouvernement qui exclut totalement ou presque les partis politiques. Quant aux communautés touarègues et arabes, elles se voient quasiment exclues d’un gouvernement o๠leurs voix eussent été utiles, o๠leurs sentiments et leurs revendications eussent pu éclairer l’action gouvernementale. On se consolera donc avec ce nouveau département de l’Action Humanitaire qui prendra en charge les questions cruciales des populations réfugiés et déplacées du nord. La tâche s’annonce rude, mais donnons une chance aux hommes et aux trois seules femmes du nouveau gouvernement pour conduire cette transition déterminante pour l’avenir de notre Mali. Surtout, restons vigilants. Car en dernier lieu, la voix du peuple comptera. Il aura le dernier mot, dans la rue ou ailleurs… Espérons dans les urnes.

Qui sont les nouveaux ministres de la transition ? 1/2

Sadio Lamine Sow : Ministre d’Etat, des Affaires Etrangères et de la Coopération internationale Sadio Lamine Sow, seul ministre d’Etat, chargé des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, a la particularité d’être proche du président burkinabé Blaise Compaoré dont il était jusqu’ici un des conseillers spéciaux. Il vivait à  Ouagadougou depuis plusieurs années. Arrivé au Burkina Faso à  la faveur de la Révolution Sankariste, Sadio Lamine Sow rencontrera le président Compaoré et, depuis les premières heures de la prise du pouvoir par ce dernier à  Ouagadougou, il s’occupa de sa communication et de ses relations publiques, avant d’être l’homme de missions beaucoup plus spéciales. A Ouagadougou, des indiscrétions sont convaincues que C’’est grâce aux bons offices de cet homme que les relations avec feu, le colonel libyen se sont rapidement améliorées après l’assassinat du capitaine Thomas Sankara… C’’est ce conseiller de Blaise Compaoré qui est aujourd’hui le ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale du Mali. Une telle présence laisse supposer que C’’est par son entremise que la question du nord du Mali sera gérée par le médiateur, à  preuve la libération de l’otage suisse s’est faite par son canal et ce sont ses hélicoptères qu’on a vu au dessus de Tessalit et Tombouctou. M Sow aura à  prouver qu’il est plus Malien que Burkinabé. Gal Tiéfing Konaté nommé à  la Sécurité intérieure et à  la Protection civile Le Général Téfing Konaté a longtemps occupé le fauteuil de Directeur de la Gendarmerie nationale avant de se retrouver à  la tête de la sécurité intérieure et la protection civile. Homme du sérail, le nouveau directeur de la gendarmerie est un chef militaire aux qualités techniques et sociales avérées. Né le 30 septembre 1954 à  Bamako, Tiéfing Konaté est diplômé de l’à‰cole militaire interarmes de Kati (promotion 1974-77). Sous-lieutenant puis lieutenant deux années plus tard, Tiéfing Konaté entame alors une riche carrière de gendarme. Il gravit les échelons de la hiérarchie comme il cumule les diplômes supérieurs militaires et universitaires. Détenteur des parchemins du cours supérieur de l’à‰cole des officiers de la gendarmerie nationale de Melun en France, puis de l’à‰cole militaire supérieure de Moscou en URSS et enfin de l’à‰cole d’à‰tat-major de la gendarmerie au Centre supérieur à  Alfort en France, le nouveau patron de la gendarmerie peut aussi se prévaloir d’un certificat de sciences criminologiques de l’Université de droit, d’économie et des sciences sociales de Paris II. Il a, en sus, effectué plus d’une centaine de séminaires et stages de formation à  travers le monde dans le domaine de la sécurité et du renseignement. Tiéfing Konaté a occupé de multiples fonctions dans la sphère de commandement au niveau de la gendarmerie, mais aussi au sein de l’administration. Il a été chargé de mission à  la présidence de la République, puis chef d’à‰tat-major adjoint de la gendarmerie en 1994, avant d’être nommé conseiller technique au ministère de la Sécurité intérieure et de la Protection civile. Le nouveau directeur de la gendarmerie nationale est décoré de la médaille commémorative de campagne, de la médaille de l’Organisation internationale de la protection civile et de celle de chevalier de l’Ordre national du Mali en septembre 1996. C’est donc à  cet officier supérieur et grand commis de l’à‰tat que les plus hautes autorités de la République, ont confié les destinées de la sécurité intérieure. Bien que «Â bourreau du travail et homme de défi », les plus averti lui reconnaissent d’avoir marché avec le régime déchu jusqu’à  son éviction en 2010 de ce poste. Mamadou Sidibé : Ministre de l’Action Humanitaire, de la Solidarité et des Personnes âgées Celui qui aura désormais la charge de conduire le département de l’Action humanitaire, de la Solidarité et des Personnes âgées n’est pas étranger à  ces domaines pour avoir longtemps travaillé au ministère de la Santé. Il est né le 6 mars 1950 à  Akjoujt en Mauritanie. Mais C’’est au pays, précisément à  Kayes, qu’il entreprend ses études primaires à  l’Ecole fondamentale de Kayes-Khasso. Puis, C’’est le Lycée de Badalabougou à  Bamako pour un baccalauréat en série sciences biologiques en 1970. Deux ans plus tard, Mamadou Sidibé s’inscrit à  l’Ecole nationale de médecine et de pharmacie du Point G. Il y effectue des études supérieures sanctionnées par un doctorat en médecine générale en 1980. Toujours animé de la soif d’apprendre, Mamadou Sidibé s’envole alors pour la France. Dans l’Hexagone, il s’inscrit à  l’Université de Rouen o๠il obtient un diplôme universitaire d’Ultrasonologie (spécialité échographie générale) en 1984. La même année, il décroche un certificat d’économie de la santé, de démographie et de sécurité sociale (spécialité de la santé, sécurité sociale). Le docteur Mamadou Sidibé est aussi détenteur d’un diplôme universitaire d’épidémiologie appliquée de l’Institut national de santé publique de Maurice de l’Université Victor Segalen et d’un DESS en système d’information et informatique médicale, analyse médico-économique. Au plan professionnel, le nouveau ministre de la Santé a derrière lui plus de 30 ans d’expérience en santé et en consultation, assistance technique, coordination de projet et collaboration avec les bailleurs de fonds. Il a été chargé de la gestion des ressources humaines au compte du ministère de la Santé. Entre 2008 et 2010, il travaille également pour la coopération belge comme assistant technique national dans le cadre de la mise en œuvre, du suivi et de coordination du Programme d’appui au développement sanitaire et social (PADSS) dans la Région de Mopti. Auparavant, entre 2006 et 2007, il avait été consultant international pour divers bureaux d’études dans le domaine de la santé et auprès du ministère de la Santé au titre de chargé des hôpitaux. Jusqu’à  sa nomination, le docteur Mamadou Sidibé était directeur des ressources humaines du ministère de la Santé. Il est marié et parle français et anglais. Mme Diallo Fadima Touré, ministre de l’Artisanat, de la Culture et du Tourisme Depuis plus de quinze ans, Mme Diallo Fadima Touré s’est établie au Canada. Arrivée au Québec en 1996, les mains vides et la tête pleine de projets, la Malienne de 59 ans est aujourd’hui la vice-présidente Afrique de SNC-Lavalin, multinationale leader en matière de services d’ingénierie et de construction d’infrastructures, jusqu’à  sa nomination dans le gouvernement de transition. Il y’a une vingtaine d’années, elle a été la Directrice des Domaines des années Moussa Traoré avant de s’établir au Canada. Aujourd’hui, chargée de l’Artisanat, de la Culture et du Tourisme, elle aura fort à  faire pour ramener les touristes dans le nord malien occupé par les rebelles et les islamistes. Son département devra travailler de pair avec celui de l’Action Humanitaire. Mamadou Coulibaly : Ministre de l’équipement et des transports, du logement et de l’urbanisme. Mamadou Coulibaly était le secrétaire général du ministère du logement, des affaires foncières et de l’urbanisme. Administrateur civil, Mamadou Coulibaly est un homme avec un sens de l’écoute extraordinaire et d’une grande rigueur morale. Connaisseur des dossiers fonciers, il a été nommé ministre de l’équipement et des transport, du logement et de l’urbanisme, quatre départements désormais regroupés. Il lui faudra faire preuvre de rigueur dans la gestion du foncier, principale source de litiges administratifs. Col Moussa Sinko Coulibaly : Ministre de l’Administration territoriale, de la décentralisation et l’Aménagement du territoire Il est l’un des hommes forts qui ont renversé le 22 mars dernier le régime du président Amadou Toumani Touré. Il faisait donc office de chef de cabinet du Chef du Capitaine Amadou Haya Sanogo à  Kati. Ayant représenté la junte dans toutes les assises dans le cadre du retour à  la vie constitutionnelle, l’entrée du bras droit du chef de la junte n’a pas surpris, même si on l’annonçait plutôt à  la Défense. l’on se rappelle que C’’est lui qui a conduit la délégation de l’ancienne junte lors des pourparlers de Ouagadougou le 15 Avril dernier. Ainsi, le chef de cabinet de l’ex junte se retrouve bardé par les portefeuilles, à  savoir celui de la décentralisation et de l’aménagement du territoire. Il occupe un portefeuille aussi précieux que stratégique en charge notamment de l’organisation des prochaines élections générales au Mali. Malick Coulibaly, Ministre de la justice Nommé ministre de la justice dans le nouveau gouvernement de transition, Malick Coulibaly jeune magistrat était substitut du Procureur de la République en exercice à  Kati en 2010. Refusant de se plier à  la décision d’un supérieur hiérarchique, il démissionne en dénonçant le comportement corrompu des magistrats et du système judiciaire malien. L‘affaire avait défrayé la chronique : « Je ne peux accepter que la justice de mon pays soit instrumentalisée », déclarait Malick Coulibaly à  l‘époque. Son éthique, son éducation et ses convictions religieuses ont donc poussé l’homme à  rompre avec le système. Réputé droit, honnête et incorruptible, Malick Coulibaly est le nouveau Garde des Sceaux du Mali.

Gouvernement de transition : les jeux sont faits, rien ne va plus!

Les Maliens attendaient un gouvernement de combat resserré autour de 15-20 membres maximum. C’’est finalement une équipe de 24 ministres, contre 29 dans l’équipe sortante, qui a été annoncée. La nomination une semaine plus tôt de Cheikh Modibo Diarra à  la Primature avait déjà  suscité quelques émois, non pas à  cause de son profil, mais plutôt du procédé. Aucune concertation de la classe politique ni de la société civile n’avait eu lieu au préalable, donnant l’impression d’un choix imposé par la junte et la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). La classe politique, grande perdante Une semaine plus tard, les forces vives de la nation ont une nouvelle fois été mises devant le fait accompli. C’’est un gouvernement de technocrates qui a été nommé, au grand dam d’une classe politique qui n’y compte aucun représentant. Sans aller jusqu’à  intégrer des politiciens dans le nouveau gouvernement, le Premier ministre aurait été mieux inspiré de consulter toutes les forces vives, dont il aura forcément besoin pour relayer sa politique auprès des populations. Des découpages discutables Alors que le président renversé, Amadou Toumani Touré (ATT), avait découpé certains grands ministères uniquement pour satisfaire ses amis politiques, le nouveau gouvernement retrouve une architecture plus traditionnelle à  travers le regroupement de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, mais aussi de la communication et des nouvelles technologies, du tourisme et de la culture. Il est néanmoins regrettable que le grand ministère de l’Education nationale reste divisé, de même que celui des Affaires étrangères, toujours indépendant de celui des Maliens de l’extérieur. Plus surprenant encore, le ministère de la Jeunesse et des sports a été éclaté. En ces temps de guerre, de crise alimentaire et de ralentissement économique, le Mali peut-il se payer ce luxe ? Avantage à  Blaise Compaoré et au CNRDRE Depuis l’éclatement de la crise politico-militaire le 22 mars dernier, beaucoup craignaient que le Mali ne soit mis sous la tutelle du Burkina Faso. C’’est aujourd’hui chose faite. Après l’humiliation de la rencontre de Ouagadougou, les 14 et 15 avril, o๠quasiment toute la classe politique malienne s’était déportée pour une réunion qui n’a servi à  rien, le président Blaise Compaoré a obtenu la nomination de son conseiller spécial Sadio Lamine Sow au poste stratégique de ministre des Affaires étrangères du Mali. Ce dernier saura t’il s’émanciper de son ancien maà®tre qu’il a servi pendant plus de 20 ans? Difficile à  croire quand on sait que le médiateur désigné par la CEDEAO n’est autre que le président burkinabé… Les militaires à  la tête de ministères clés Un mois après son coup d’Etat du 22 mars, le Comité national de redressement de la démocratie et de restauration de l’Etat (CNRDRE) reste au centre du jeu. Bien que la junte ait concédé un semblant de retour à  l’ordre constitutionnel à  travers la désignation de Dioncounda Traoré comme président par intérim, elle garde la main sur les principaux leviers du pouvoir, comme l’atteste la présence de trois de ses membres à  la tête de ministères clés. Le colonel major Yamoussa Camara, qui connaà®t bien le Nord Mali, le Général Tiéfing Konaté, et le Colonel Moussa Sinko Coulibaly obtiennent respectivement la défense, la sécurité, et l’administration territoriale. Ce dernier, diplômé de la prestigieuse école militaire française St Cyr, est le directeur de cabinet du chef de la junte, le capitaine Amadou Haya Sanogo. Le message est donc clair : les anciens putschistes vont contrôler le processus électoral. Mais au profit de qui ? Le Général Moussa Traoré est de retour l’autre grand gagnant de ce casting gouvernemental est l’ancien président, le général Moussa Traoré, victime d’un putsch le 26 mars 1991 à  l’instigation d’un certain ATT. La nomination de son gendre à  la Primature était déjà  un premier signal, qu’est venu renforcer la désignation de certains de ses proches, tels que son ancien ministre Tienan Coulibaly, jusqu’ici PDG de la Compagnie malienne de développement des textiles (CMDT), ou encore Léo Sidibé nommé à  l’agriculture. Un gouvernement d’union nationale ? Si le Premier ministre avait voulu donner un signal fort en direction des populations du Nord qui sont dans leur grande majorité hostiles à  la partition du Mali, il aurait nommé des ministres issus des communautés blanches, arabes et touarègues. Or, il n’en est rien. La nomination de Madame Alwata Ichata Sahi, une touarègue noire, est un cache misère qui ne fait que verser de l’eau au moulin du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Ce dernier qui occupe avec ses alliés tout le Nord Mali a proclamé l’indépendance du «Â territoire de l’Azawad », le 6 avril 2012, prétextant leur exclusion par le pouvoir de Bamako. Dans le contexte actuel, Cheick Modibo Diarra et ses parrains ont donc commis une faute morale et une faute politique. Au lieu d’annoncer un véritable gouvernement d’union nationale qui réunisse toutes les composantes de l’ensemble national, ils ont choisi de prendre acte de la partition effective du grand Mali.

Nouveau gouvernement : ce qu’il faut retenir

Vingt-quatre membres. Le nombre de ministres du nouveau gouvernement est une grosse surprise pour certains, qui s’étonnent d’un tel nombre de portefeuilles pour un gouvernement de transition. Surtout quand on sait le régime sortant d’Amadou Toumani Touré (ATT), était critiqué pour la pléthore de ministres (32). Sans surprise les militaires héritent de trois ministères clefs. Le colonel Moussa Sinko Coulibaly est nommé à  la tête du ministère de l’Administration territoriale. Il aura pour mission de conduire les prochaines élections générales, tout en mettant en place un fichier électoral fiable réclamé par les partis politiques. Précédemment directeur de cabinet du capitaine Amadou Haya Sanogo, le colonel Coulibaly avait été annoncé par plusieurs observateurs aux Affaires étrangères. Finalement ce dernier revient à  Sadio Lamine Sow,ancien conseiller de Blaise Compaoré, médiateur de la crise malienne. « Des anciens cadre du régime d’ATT » On retrouve dans le gouvernement de Cheick Modibo Diarra, d’anciens cadres du régime déchu. C’’est le cas du colonel – major Yamoussa Camara, désormais ministre de la Défense et des anciens combattants. Réputé proche de la junte, il était jusqu’au coup d’Etat du 22 mars secrétaire général du même ministère. Il aura la lourde tâche de réorganiser l’armée et de conduire les opérations de défense pour la reconquête du territoire en cas d’échec d’éventuelles négociations. Comme M.Camara, le général Tièfing Konaté est un homme issu du système ATT. Il a été directeur général de la gendarmerie nationale pendant plusieurs années, avant de devenir le chef de cabinet du général Sadio Gassama, ancien ministre de la Sécurité intérieure et de la Protection Civile. Il prend aujourd’hui la tête de ce ministère.  » Les retour des anciens du régime de Moussa Traoré  » On retient également de ce gouvernement que la junte a composé avec d’anciens dignitaires du régime de Moussa Traoré. C’’est le cas de Tiéna Coulibaly. Nommé ministre de l’Economie et des finances, il occupait le même poste sous Moussa Traoré. Il était jusqu’à  sa nomination PDG de la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT), dont il a finalisé le processus de privatisation. Ses proches le présente un «Â cadre intègre et méthodique ». Autre revenant du régime de Moussa Traoré, Moussa Léo Sidibé. PDG de l’Office du Niger sous l’ancien président, le nouveau ministre de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche est «Â un cadre bosseur mais souvent impulsif », selon ses collaborateurs. Il est en terrain connu pour avoir été jusqu’en janvier dernier secrétaire général de son ministère. En cette période d’insécurité alimentaire, le nouveau ministre aura pour mission le booster le développement rural dans notre pays et d’assurer l’autosuffisance alimentaire. « Promotion des secrétaires généraux » Sont également récompensés dans ce gouvernement Hameye Founè Mahalmadane et Malick Coulibaly, tous deux magistrats. Le premier, ministre des Sports, était le secrétaire général du Syndicat libre de magistrature (SYLMA) et surtout un militant actif du collectif «Â Touche pas à  ma Constitution », contre les réformes constitutionnelles initiées par ATT. Le second, ministre de la Justice, a la réputation d’être le Monsieur Incorruptible du nouveau gouvernement. On se rappelle qu’en 2010, le substitut du procureur qu’il était avait démissionné de la magistrature pour, disait-il alors, dénoncer le comportement des magistrats et de la justice malienne. l’affaire en son temps avait défrayé la chronique. Ses camarades de promotion de l’Ecole nationale d’administration (ENA de Bamako) et ses collaborateurs reconnaissent en lui «Â un homme de principe, honnête, rigoureux dans le travail ». Enfin, parmi les anciens secrétaires généraux devenus ministres, on retient Mme Traoré Rokia Guikiné, désormais ministre des Maliens de l’extérieur et de l’intégration africaine. Diplomate de carrière, elle a été ambassadrice du Mali au Gabon, conseillère technique, puis secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et directrice de la coopération internationale. Le chef du gouvernement de la transition a fait un black-out sur les partis politiques. Cheick Modibo et ses hommes n’auront pas de répit car ils héritent d’un pays presque à  genou dans tous les domaines. Au travail, Mesdames et messieurs les ministres !

Liste du Gouvernement

LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, Vu la Constitution ; Vu le Décret N°2012-193/P-RM du 17 avril 2012 portant nomination du Premier ministre; Sur proposition du Premier ministre, DECRETE : ARTICLE 1ER : Sont nommés membres du Gouvernement en qualité de : 1- Ministre d’Etat, Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale Sadio Lamine SOW 2- Ministre de l’Economie, des Finances et du Budget : Tiéna COULIBALY 3- Ministre de la Défense et des Anciens Combattants : Colonel –Major Yamoussa CAMARA 4- Ministre de la Sécurité Intérieure et de la Protection Civile : Général Tiéfing KONATE 5- Ministre de la Fonction Publique, de la Gouvernance et des Réformes Administratives et Politiques, Chargé des Relations avec les Institutions : Mamadou Namory TRAORE 6- Ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et de l’Aménagement du Territoire : Colonel Moussa Sinko COULIBALY 7- Ministre du Commerce, des Mines et de l’Industrie : Ahmadou TOURE 8- Ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche : Moussa Léo SIDIBE 9- Ministre de la Jeunesse, du Travail, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle : Mamadou DIAKITE 10- Ministre de la Santé : Soumana MAKADJI 11- Ministre de l’Education, de l’Alphabétisation et de la Promotion des Langues Nationales : Adama OUANE 12- Ministre de la Justice, Garde des Sceaux : Malick COULIBALY 13- Ministre des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration Africaine : Madame TRAORE Rokia GUIKINE 14- Ministre de l’Action Humanitaire, de la Solidarité et des Personnes Agées : Docteur Mamadou SIDIBE 15- Ministre de la Famille, de la Promotion de la Femme et de l’Enfant : Madame ALWATA Ichata SAHI 16- Ministre de l’Energie, de l’Eau et de l’Environnement : Alfa Bocar NAFO 17- Ministre de l’Artisanat, de la Culture et du Tourisme : Madame DIALLO Fadima TOURE 18- Ministre de la Communication, de la Poste et des Nouvelles Technologies, Porte- Parole du Gouvernement : Hamadoun TOURE 19- Ministre de l’Equipement, des Transports, du Logement et de l’Urbanisme : Mamadou COULIBALY 20- Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique : Harouna KANTE 21- Ministre des Sports : Hameye Founé MAHALMADANE 22- Ministre Délégué auprès du Ministre de l’Economie, des Finances et du Budget, Chargé du Budget Marimpa SAMOURA 23- Ministre Délégué auprès du Ministre de la Fonction Publique, Chargé des Réformes Politiques et des Relations avec les Institutions : Yacouba DIALLO 24- Ministre Délégué auprès du Ministre de la Jeunesse, du Travail et de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, Chargé de la Jeunesse et de la Formation professionnelle : Bruno MAàGA ARTICLE 2 : Le présent décret sera enregistré et publié au Journal officiel. Bamako, le 24 avril 2012 Le Président de la République par intérim, Pr Dioncounda TRAORE Le Premier ministre, Cheick Mohamed Abdoulaye Souad dit Modibo DIARRA

Transition: Cheick Modibo Diarra est-il le bon choix?

Attendue depuis quelques jours, la nomination du Premier ministre de transition a eu lieu ce 17 avril. Celui qui va diriger la transition se nomme Cheick Modibo Diarra(CMD), astrophysicien, chef de parti et précédemment candidat à  l’élection présidentielle du 29 avril. Ce choix a été accueilli avec satisfaction par plusieurs acteurs de la crise depuis le coup d’Etat du 22 mars dernier. Satisfaction des « forces vives » Au Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de l’Etat (F, on trouve qu’il s’agit d’ « un bon choix ». Si son vice-président regrette que le Front n’ait pas été consulté, il reconnait « le patriotisme et la capacité technique » de l’homme à  diriger cette transition. Iba N’Diaye d’ajouter qu’il ne doute pas que les défis auquel fait face le pays seront relevés avec la participation de chacun. Quant à  la Coordination des organisations patriotiques du Mali, COPAM, (pro junte), elle pense que cette nomination est un signal fort vers une sortie de crise. Son président, Hamadoun Amion Guindo, salue les nombreuses initiatives de développement entreprises par Cheick Modibo depuis son retour au Mali. Et estime qu’il est le Premier ministre de la situation. Il ajoute que la COPAM reste disponible à  l’accompagner pour réussir le pari. Tous sont donc unanimes sur le choix de CMD, « son parcours, son attachement aux valeurs de société constituent des atouts pour lui ». Autre son de cloche Mais tout le monde n’est pas de cet avis. De nombreux observateurs se veulent en effet plus prudents et craignent, à  travers cette nomination, une « répétition des erreurs du passé », comme dans les années 1990 o๠en pleine crise, on a eu trop confiance aux technocrates. C’’est du moins l’avis du Pr. Balla Konaré, chargé de cours à  la Faculté des sciences juridiques et politiques (FSJP) de l’Université de Bamako. « J’ignore les vraies motivations de ce choix. Mais J’ai compris qu’elles peuvent être d’ordre stratégique. Si tel est le cas, son choix est une erreur. Car les Etats unis ne sont étrangers à  la situation que nous vivons. Ils sont responsables à  part entière de l’invasion de la Libye qui nous a causé une nébuleuse rébellion », analyse l’universitaire. Qui s’interroge sur la légitimité de Cheick Modibo à  occuper ce poste. Le Pr. Balla Konaré, qui craint dans les jours à  venir une crise politique, pense que le nouveau Premier ministre de la transition a d’ « énormes insuffisances sur le plan social qu’il doit corriger ». « Il faut avoir le courage de le dire. Le choix de sa personne n’est pas bon. Car Cheick Modibo a une nationalité américaine. Pis, il n’a aucune base sociale. C’’est un homme de sciences, cela est vrai. Malheureusement qui ne sait rien des vraies réalités du Mali », affirme le Pr. Konaré. La « réhabilitation » de Moussa Traoré ? D’autres observateurs se veulent plus sévères, et pensent que la nomination de Cheick Modibo revêt de facto la réhabilitation de l’ancien dictateur malien, Moussa Traoré, dont il est le gendre. « Techniquement, il est bon. Mais M. Diarra n’a jamais pardonné à  Modibo Keà¯ta (ancien président du Mali) et à  ses camardes d’avoir emprisonné son père. Pendant ces nombreuses années, il n’a d’ailleurs pas caché son mépris pour l’US-RDA. Je crains alors en lui un esprit de revanche sur les tombeurs de Moussa Traoré et certains dignitaires du régime US-RDA », commente pour sa part cet observateur politique sous le couvert de l’anonymat.

Cheick Modibo Diarra, de la NASA à la Primature du Mali

De Nioro du Sahel o๠il vit le jour en 1952, aux Etats Unis o๠il s’est distingué par ses travaux, Cheick Modibo Diarra a eu un parcours exceptionnel. Son baccalauréat en poche en 1972, il part étudier les mathématiques et la physique à  l’Université Pierre et Marie Curie à  Paris, puis l’Ingénierie Aérospatiale aux à‰tats-Unis à  Washington, o๠il obtiendra la nationalité américaine. C’’est à  la Howard University qu’il atterrit, grâce à  une bourse d’études. En 1989, l’année o๠le monde basculait avec la chute du mur de Berlin, une rencontre bouleverse le destin de Cheick Modibo Diarra. Alors qu’il se destinait à  une carrière d’enseignant, il rencontre deux chercheurs de la NASA qui lui proposent d’intégrer le laboratoire de propulsion des fusées, le fameux Jet Propulsion Laboratory. Quelques années plus tard, l’enfant de Ségou deviendra navigateur interplanétaire. Il travaille d’abord sur le projet d’envoi de la sonde Magellan dans l’espace, un univers qui l’a toujours fasciné. En juillet 1997, son heure de gloire est arrivée. Il conçoit et envoie une sonde qui atterrit sur Mars avec à  son bord un robot capable de se mouvoir, de réaliser des analyses scientifiques et de prendre des photographies de la planète rouge. La mission Pathfinder est un succès, et C’’est désormais une notoriété interplanétaire qu’acquiert Cheikh Modibo Diarra, devenu l’icône de tout un continent. Ses compatriotes maliens, notamment les jeunes, en sont fiers, même s’ils ne comprennent pas très bien ce qu’est un navigateur interplanétaire… Engagement social…et politique Après ses années au service de la NASA et des Etats-Unis, Cheikh Modibo Diarra se retourne vers son continent. Il y crée, en 1999, l’association Pathfinder Foundation pour l’Education et le développement, afin de susciter l’intérêt des jeunes, en particulier les filles, pour la science. A Bamako, il initie un laboratoire de recherche solaire. Cheikh Modibo s’envolera en 2006 vers Johannesburg pour y présider le département Afrique de Microsoft. Même s’il n’a qu’un rôle protocolaire et de représentation, il continue son combat pour réduire la fracture numérique et faire profiter le continent de toutes les avancées technologiques en promouvant de nombreuses initiatives sur le continent. Il est également Ambassadeur de bonne volonté de l’Organisation des Nations Unies pour la Science, l’Education et la Culture (UNESCO) depuis 1998. En 2011, ce père de trois enfants, marié à  la fille de l’ex-président Moussa Traoré se lance en politique. Le 6 mars, avec la bénédiction de son beau-père, il porte sur les fonds baptismaux un nouveau parti, le Rassemblement pour le développement du Mali, (RPDM), dont il devient le président. Le RPDM ambitionne alors de construire un projet de société basé sur l’égalité des chances pour tous les citoyens. Ses dirigeants présentent leur nouvelle formation comme « un parti qui défend les intérêts du peuple, l’égalité des chances, l’ équité, la souveraineté de l’Etat et respectueux des droits de l’Homme ». Cheick Modibo Diarra annonce dans la foulée qu’il sera très probablement candidat à  la présidentielle de 2012. «J’ai toujours fait de la politique. Au sens étymologique du mot, politique veut dire résoudre les problèmes de la Cité. Elle ne signifie pas aller faire des discours, courir de gauche à  droite. Je pense que J’ai toujours participé à  la résolution des problèmes de la Cité et continuerai à  résoudre autant de problèmes que je peux », déclarait-il ce jour là . La revanche du Général Moussa Traoré ? Comme le stipule l’Accord Cadre du 6 Avril signé entre la junte et CEDEAO, CMD devra pourtant renoncer à  son ambition présidentielle. Si l’on en croit les intentions de vote en sa faveur, il a sans doute fait le bon choix. Mais sera t’il à  la hauteur de l’enjeu ? La tâche ne sera sans doute pas facile pour ce Premier ministre « de consensus », pourtant nommé par le CNRDRE et le médiateur, sans que la classe politique et la société civile n’aient été consultées. Saura t’il s’imposer ? Aura t’il les coudées franches face aux militaires et au vieux renard politique qu’est Dioncounda Traoré ? Originaire de Ségou comme le capitaine Sanogo, chef de la junte, Cheick Modibo Diarra pourra aussi jouer de son lien de parenté avec Moussa Traoré, respecté par tous les militaires. Vingt ans après le coup d’état contre le Général dictateur, le capitaine Sanogo aura fait fuir son tombeur ATT, pour ensuite installer son gendre à  la Primature. Certains appellent cela la revanche de l’histoire. Quant à  l’attitude du peuple malien, elle dépendra sûrement de la capacité de l’homme de la Nasa, surtout connu dans les milieux informés, à  poser des actes justes dès les premiers jours. Selon ses proches, il a toutes les qualités pour être « l’homme de la situation ». Son charisme, sa stature internationale et surtout sa connaissance des réseaux financiers internationaux, ainsi que « l’estime » dont il jouit auprès des Partenaires techniques et financiers devraient lui servir pour l’immense tâche qui l’attend. A commencer par celle de former un gouvernement d’union nationale.

Après l’investiture, quel Premier ministre de transition ?

Qui va diriger le gouvernement de transition après l’investiture de Dioncounda ce jeudi ? l’Accord Cadre signé entre la CEDEAO et la junte au pouvoir prévoit la nomination d’un Premier ministre de transition disposant des pleins pouvoirs et ayant pour mission de gérer la crise dans le nord du Mali et d’organiser les élections. Le président intérimaire étant investi, la nomination du premier ministre est la question qui intéresse. Une personnalité avec un profil international, mentionne les uns. Des anciens premiers ministres qui ont servi le pays avec exemplarité, des patriotes comme Ousmane Issoufi Maiga ou Modibo Keita sont cités. Il y a aussi le navigateur interplanétaire, le Dr. Cheick Modibo Diarra, président du RpDM et gendre de l’ancien président Moussa Traoré, et qui, selon la presse locale, pourrait disposer s’il était choisi d’un renfort militaire des Etats-Unis o๠il a ses relations. D’un autre côté, les qualités de gestion et de rigueur de l’ancien Premier ministre Soumana Sako dit « Monsieur Salaire », président de la CNAS-Faso hèrè, pourraient être utiles au profil du futur premier ministre, attendu pour régler la question du nord en premier lieu . Un autre profil revient dans les discussion. Celui du Secrétaire exécutif de l’ONUSIDA, Michel Sidibé, spécialiste en santé et qui a une connaissance pointue du terrain malien et un carnet d’adresses qui pourrait s’avérer utile pour obtenir l’aide de la communauté internationale dans la gestion de la crise du Nord.   Par ailleurs, on mentionne le spécialiste des élections, le Général Chiaka Sangaré, directeur de la Délégation aux élections (DGE), qui a été médiateur de la crise guinéenne, au temps du capitaine Dadis et chargé de superviser l’ordre électoral en Guinée. Un homme aussi bien à  l’aise dans les questions électorales que militaires et qu’un contexte de guerre n’effraie pas. Du côté du CNRDRE, la junte, signataire de l’Accord Cadre, aura certainement son mot à  dire dans le choix du Premier Ministre de transition. Si l’on soufflait le nom d’Oumar Mariko du parti SADI, aux débuts de la crise, Diala Konaté, un mathématicien résidant aux à‰tats-Unis d’Amérique mais qui a élu domicile au Mali depuis le renversement d’Amadou Toumani Touré, serait une option pour le CNRDRE. Les négociations se poursuivent en tout concernant le choix de ce Premier Ministre de transition et qui ne devrait pas être connu avant la semaine prochaine. La CEDEAO elle a presque terminé sa mission et ses membres devraient avoir rejoint Abidjan, o๠se tient une autre concertation, celle d’une intervention militaire de la CEDEAO au nord Mali. Par ailleurs, la classe politique malienne est invitée à  Ouagadougou ce week-end, par le Médiateur Blaise Compaoré pour discuter des modalités de la transition.

La classe politique juge l’Accord Cadre

Enfin un compromis ! C’’est ainsi que se sont exclamés plusieurs Maliens à  l’annonce de l’Accord-cadre de sortie de crise entre la junte militaire au pouvoir depuis le 22 mars dernier et la CEDEAO. La classe politique, dans majorité, se veut optimiste, et pense qu’il s’agit d’un grand pas. A l’URD, on se réjouit de l’application de l’article 36 de la Constitution du 25 février 1992. «Â C’’est cela que nous avons demandé : sortir du problème par la meilleure façon », a commenté Adama Coulibaly, 2ème vice-président du bureau national de la jeunesse URD. « Le Mali vit sa plus grave crise constitutionnelle, estime Tiébilé Dramé du PARENA, qui estime qu’il y a deux choses positives dans l’Accord Cadre, le retour à  l’article 36, qui entrera en vigueur dès l’investiture du président intérimaire. Et le retour dans les casernes des militaires, même si cela n’est pas encore effectif » Pour le parti SADI, l’Accord semble ouvrir de nouvelles perspectives pour le règlement de la crise politique et institutionnelle que traverse notre pays. «Â Au jour d’aujourd’hui, ce document répond aux aspirations du peuple malien puisqu’il ne fait pas l’objet de contestations », apprécie le Dr Etienne Oumar Sissoko. Cependant, prévient ce responsable de la jeunesse SADI, «Â les termes de l’accord risquent d’être compromis si on ne respecte pas les textes, en essayant d’imposer Dioncounda Traoré après le délai de 40 jours prévu par la Constitution ». Pour lui, «Â la tenue donc d’une Convention Nationale à  laquelle prendront part les forces vives de la nation, permettra de dégager les orientations et les aspirations du Peuple malien ainsi que les exigences pour une démocratie débarrassées de ses fossoyeurs ». Tels sont, commente Etienne Oumar Sissoko, les souhaits du peuple malien. « Des bases très floues » A l’Alliance des démocrates patriotiques pour la sortie de crise l’ADPS (regroupant laCNAS de Soumana Sacko, le parti YELEMA de Moussa Mara, etc.), on estime que le présent accord représente un premier pas dans le sens de la Transition préconisée. Cependant, regrette le regroupement politique, il est impossible d’appliquer de manière stricte, sur le plan juridique, politique et matérielle, l’article 36 auquel il est fait référence. l’ADPS, par la voix de Soumana Tangara de la CNAS, regrette ainsi que « l’élaboration et la conclusion dudit Accord-cadre aient été menées en l’absence de la participation formelle d’importantes parties prenantes nationales, dont la classe politique et la société civile, alors même que celles-ci ont un rôle majeur et incontournable dans sa mise en œuvre et dans la réussite de toute stratégie efficace et durable de sortie de crise ». Aussi, M. Tangara constate que l’Accord du 06 avril « laisse subsister des zones d’ombre et soulèvent d’importantes questions qu’il convient de clarifier dès le départ afin d’éviter d’éventuelles complications susceptibles d’entrainer des blocages pouvant être préjudiciables à  une bonne conduite du processus de sortie de crise ». Violation de la Constitution l’Accord du 6 avril a suscité également des commentaires à  la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM). Son président Hamadoun Amion Guindo, qui préside la Coordination organisations patriotiques du Mali (COPAM), prend acte de la convention ainsi signée. Pour lui, ceci a de notoire qu’il lève l’embargo de la CEDEAO contre le Mali d’une part, et d’autre part l’embargo des tenants de l’ancien régime sur notre transition ». « Nous avons aujourd’hui un adversaire de taille qui est la rébellion au Nord du pays, dont la gestion par le régime sortant a été catastrophique. Nous demandons alors au peuple malien un sursaut d’orgueil pour ne pas tomber dans les mêmes erreurs », nous a confié Hamadoun Amion Guindo. Au Mouvement populaire du 22 mars, si l’on se réjouit de l’Accord, le temps est à  la mobilisation et à  la vigilance de la part des Maliens. Aussi, estime son représentant Mohamed Tabouré, l’accord revêt des insuffisances comme l’absence de la tenue d’une Convention nationale conformément à  la déclaration, le 1er avril dernier, du capitaine Amadou Haya Sanogo. Cette Convention, explique le militant du MP 22, devait définir la feuille de route de la transition et la mise en place des organes de gestion. Aussi, le MP 22 (membre de la COPAM), pense que la prolongation du mandat des députés prévue dans le présent accord, est anticonstitutionnelle. « A partir du 9 août, les députés seront non pas sou le mandat du peuple malien, mais celui de la CEDEAO », a dénoncé pour sa part Mohamed Tabouré.