Tresses traditionnelles : Pas seulement esthétiques

En nattes ou en chignons, attachées à l’aide de fils ou avec d’autres accessoires, il existe différents types de tresses traditionnelles maliennes. Destinées à « arranger les cheveux à des fins esthétiques, de protection ou de marque identitaire », ces coiffures ont toutes leur signification et leur histoire, souvent peu connues.

Portée par les jeunes filles khassonké, la célèbre « Diakité méré » est l’une des coiffures les plus connues au Mali. « Généralement constituée de quatre tresses nattées avec des fibres de sisal teintes en noir et alignées du front à la nuque, avec sur les tempes d’autres plus fines, elle est décorée chez la jeune mariée », explique Kléssigué Sanogo, expert en culture et consultant en action culturelle et patrimoine.

Marque identitaire et surtout manière d’arranger les cheveux, pour en « faire une parure ingénieuse », il existe différents types de ces coiffures, comme les tresses Tizi ou Tizi Mizi chez les femmes songhoy ou encore les tresses des femmes peules, en crête, médianes ou fines, et bien ornées.

A ces tresses « identitaires », s’ajoutent celles liées à des « mythes fondateurs » ou celles destinées à transmettre des messages dans des circonstances précises. Ainsi le « Denbakun », porté par la mère de la mariée et ses parentes et amies, est destinée à identifier celle-ci.

Parmi les plus chargées de mythes, le « filiyakun », porté par la veuve, et le « jobatokun » de la jeune maman. Une coiffure volontairement relâchée, de moins en moins portée. Pourtant, « elle permet d’être tranquille durant les 40 premiers jours de l’enfant, en ne portant pas de coiffures serrées, et de donner tranquillement le sein à son enfant », confie Assétou Sylla, maman de deux enfants qui apprécie cette tradition.

Dans plusieurs communautés maliennes, cette coiffure est faite pour « éloigner les regards ». « La parturiente devait se tenir loin du mari pendant trois ou quatre mois, selon que l’enfant soit de sexe masculin ou féminin.(…) Comme mère de nouveau-né, la femme secrète une substance appelée prolactine, principale hormone de la production de lait pour nourrir l’enfant de manière sûre, au moins pendant les premiers mois », explique M. Sanogo.

Même si elle n’en sait pas tout, Mariam Sidibé estime que « ces coiffures font partie de notre culture et doivent être sauvegardées ». Un défi à relever, car elles pourraient disparaître. « À moins de les documenter, (…) pour les transmettre aux générations futures. Les créateurs de tresses et de coiffures modernes pourraient aussi s’en inspirer », conclut M. Sanogo.