Réflexions maliennes autour du Forum Social Mondial de Tunis

C’’est ce mardi, 24 mars 2015, que débute le forum social mondial à  Tunis juste quelques jours après l’attentat meurtrier du musée du Bardo. Jusqu’au samedi, les altermondialistes venus de tous les coins du monde vont dénoncer les errements de la gouvernance mondiale tout en proposant des alternatives pour un autre monde. En prélude à  ce grand rendez-vous, le Forum pour un autre Mali du Mali et le centre Amadou Hampaté Ba ont organisé le week-end dernier une rencontre pour réfléchir aux alternatives économique, sociale, cultuelle écologique face à  l’échec du développement et à  la violence armée. Le spectre du djihadisme Pour le forum, les maux dont souffre l’humanité aujourd’hui, à  l’image des attentats des derniers jours dans différents pays, doivent être analysés sous le prisme de la crise du système. l’échec des politiques néolibérales imposées comme modèle de développement à  l’Afrique a conduit beaucoup d’Africains à  émigrer et à  embrasser le djihadisme, le narcotrafic et autres dérives. Il faut se rendre à  l’évidence pour poser les débats de fond sur le processus de démocratisation et de développement selon le forum. Sur la crise du nord Mali, Le facteur aggravant de l’attaque du 17 janvier 202, se distingue des autres soulèvements par l’environnement économique et géopolitique dans lequel elle s’inscrit. « Il est marqué par la destruction de l’économie réelle à  laquelle s’est substitué le trafic transfrontalier de la cocaà¯ne, des armes, des otages et des migrants et par-dessus tout, le jeu des dominants pour le contrôle de ressources stratégiques. l’apport des femmes Au vu du lourd tribut payé par les femmes à  la guerre économique et à  la militarisation des solutions, le Forum pour un autre Mali propose une alternative féminine, malienne et africaine culturellement pertinente face à  la violence actuelle du monde. Ce, à  travers la notion de mère solidaire. Ici on est convaincu des enseignements du grand maà®tre du mouvement N’Ko, Karamoko Bamba, selon lesquels il y a en chaque femme trois mères. Il s’agit d’abord de Woloba(la mère biologique), ensuite de lamoba (l’éducatrice) et ladonba(la protectrice). Selon la présidente du Forum, la mère sociale, sans être nécessairement la mère biologique, sait prend prendre soin de ses enfants en plus de ceux d’autrui. Une fonction qui, estime-t-elle, rend possible l’alternative « badenya », C’’est-à -dire la fraternité au-delà  de la solidarité intra-utérine…

Aminata Dramane Traoré : « l’alternance n’a pas été synonyme d’alternative économique »

Le Forum social mondial 2013 continue son petit bonhomme de chemin dans la capitale tunisienne. Comme il fallait s’y attendre, le conflit malien n’a pas échappé aux discussions du Forum. En effet, le 26 mars dernier au stade El Menzah de Tunis, l’ancienne ministre de la culture du Mali sous Alpha Oumar Konaré et non moins présidente du ‘’Forum pour un autre Mali », Aminata Dramane Traoré, n’a pas boudé son plaisir. Elle a estimé que la guerre au Mali répondait à  des enjeux géopolitiques et géostratégiques. Des enjeux, selon elle, que l’on occulte volontiers. Des piques à  peine voilées à  l’égard de la France qui mène, à  côté des militaires maliens et africains, la guerre de libération des régions septentrionales du Mali aux mains des islamistes et terroristes. «Â Ce n’est pas une guerre de libération mais une guerre de pillage des ressources », a-elle martelé. Commentant la situation politique du Mali qui commémorait ce 26 mars 2013, le 22ème anniversaire de l’avènement de la démocratie suite à  la chute du Gal Moussa Traoré après 23 ans de règne, l’altermondialiste a regretté que les femmes et les enfants du Mali aient été les victimes innocentes des normes inégalitaires mondiales et du commerce inéquitable. Ces couches sociales sont, selon elle, mal loties malgré la révolution de mars 1991. Aminata Dramane Traoré d’affirmer que «Â l’alternance n’a pas été synonyme d’alternative économique ». Avant d’ajouter que la guerre n’est une solution et qu’une démocratie sans alternative économique n’en est pas une. Comme toujours Aminata Dramane est sans concessions face à  l’Occident et ses ingérences en Afrique, mais face aux discours, l’action fait parfois force. On a souvent reproché à  Aminata Dramane de toujours brasser les mêmes arguments. Elle assume volontiers son rôle d’intellectuelle.

Les femmes au cœur du 12e Forum social mondial

Le Forum social mondial (FSM) est une réunion annuelle d’alter-mondialistes. l’édition 2013 se tient à  Tunis de mardi à  samedi pour se pencher sur les problèmes sociaux-économiques à  l’origine des révolutions arabes, mais aussi sur la contestation en Occident face à  la crise et l’austérité. Entre 30 et 50 000 personnes sont attendues pendant la semaine à  Tunis. Venus d’Allemagne, des Etats-Unis, du Canada, du Japon, de France, d’Egypte, du Maroc, d’Algérie… les participants aux mille visages du FSM ont commencé à  défiler aux cris «Â A bas la dictature, A bas le Capital », «Â A bas le sionisme », «Â Liberté pour la Palestine », «Â Solidarité avec les femmes du monde entier ». Des dizaines d’ateliers dédiés aux femmes Deux ans après le début du Printemps arabe qui a vu des islamistes conservateurs arriver au pouvoir dans plusieurs pays, le rôle des femmes sera au coeur de dizaines d’ateliers du FSM. Les débats toucheront non seulement aux questions économiques et politiques mais aussi à  des thèmes très sensibles dans le monde musulman comme la sexualité. Les féministes tunisiennes ont en particulier vivement critiqué les islamistes du parti Ennahda, qui dirigent le gouvernement, les accusant de vouloir revenir sur leurs acquis, uniques dans le monde arabe, au lieu de consacrer l’égalité des sexes. Les milieux associatifs tunisiens ont maintes fois accusé Ennahda de vouloir limiter les droits des femmes, bien que le parti islamiste ait renoncé à  inscrire la loi islamique dans le Constitution, rapporte le site internet Jeuneafrique.com « Mais une tentative avortée en 2012 d’introduire la notion de « complémentarité » des sexes au lieu d’égalité dans la future loi fondamentale a, pour de nombreuses organisations, mis en évidence les réelles intentions d’Ennahda. Les jours suivants quelque 1.000 ateliers sont prévus sur une multitude de thèmes. « Les processus révolutionnaires, révoltes, soulèvements, guerres civiles et contestations » seront néanmoins le thème central, selon les organisateurs ».

Ben Ali a quitté la Tunisie, le premier ministre le remplace

L’annonce de nouvelles élections législatives n’aura pas suffi à  calmer les manifestants. Face aux troubles persistants, le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali a quitté la Tunisie vendredi après-midi. Selon la chaà®ne de télévision Al-Jazira, il serait en route vers Paris, mais l’Elysée a affirmé vendredi n’avoir «pas d’information» à  ce sujet. Le premier ministre Mohammed Ghannouchi a annoncé dans la soirée à  la télévision qu’il assurait l’intérim de la présidence car Ben Ali «n’est temporairement pas en mesure d’exercer ses responsabilités». Mohammed Ghannouchi a lancé à  cette occasion un appel à  l’unité des Tunisiens, toutes sensibilités confondues, et promis qu’il respecterait la Constitution. Quelques heures plus tôt, le chef de l’Etat avait tenté de détendre la situation en lâchant du lest. Ben Ali, qui avait tenu un discours d’apaisement jeudi soir à  la télévision, a annoncé la dissolution de son gouvernement et l’organisation d’élections législatives anticipées d’ici six mois. La dissolution a été annoncée par Mohamed Ghannouchi à  l’issue d’un entretien avec le président. Mohamed Ghannouchi a ajouté avoir été chargé de constituer une nouvelle équipe gouvernementale avant la tenue des élections. L’opposition veut des élections libres Les principaux partis d’opposition, légaux comme interdits, ont demandé de leur côté «l’instauration d’un gouvernement provisoire chargé dans les six mois d’organiser des élections libres», dans une déclaration publiée à  Paris. Le brusque départ de ben Ali vient clôre une journée marquée par un important rassemblement pour obtenir le départ du chef de l’Etat, dans le centre de Tunis. Déployées en nombre, les forces de l’ordre ont dispersé les manifestants en tirant des gaz lacrymogènes, déclenchant un mouvement de panique dans les rues. Jeudi soir, dans son intervention télévisée, Zine El Abidine Ben Ali a promis de libéraliser le système politique et de renoncer à  se présenter à  la présidentielle de 2014. Celui qui dirige la Tunisie depuis 1987 a aussi promis de libéraliser l’information et l’accès à  internet, qui était censuré, et d’arrêter les tirs contre les manifestants.

Table ronde des bailleurs de fonds du projet sucrier de Markala

La délégation malienne à  cette rencontre était conduite par Monsieur Sanoussi TOURE, Ministre de l’Economie et des Finances et comprenait outre, Monsieur Amadou Abdoulaye DIALLO, Ministre des Investissements, de l’Industrie et du Commerce ; les représentants du Ministère de l’Energie et de l’Eau, du SEDIZON, de la Direction Générale de la Dette Publique, de l’Office du Niger et de l’Energie du Mali et du partenaire technique ILLOVO, Schaffer et SOSUMAR. La Table ronde a vu la participation des bailleurs de fonds à  savoir : la DEG, la KFW, la Banque islamique de développement, le Fond de l’OPEP, le Fonds Saoudien de Développement, la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD), la Banque d’Investissement et de Développement de la CEDEAO (BIDC), la Société financière internationale (SFI), la Banque Africaine de Développement (BAD), Exim Bank Corée, le Fonds Koweitien et la BADEA. Markhala, ville sucrière Le projet est localisé dans la zone de Markala, ville située dans la région de Ségou, à  275 km de Bamako. Il comprend deux volets : le volet agricole ou volet public du projet, financé sur ressources concessionnelles, concerne l’aménagement d’une zone irriguée de 14.132 ha pour la création des plantations et la production annuelle de 1,48 millions de tonnes de canne à  sucre. le volet industriel, cofinancé par les guichets privés, concerne la création d’une sucrerie d’une capacité de transformation de 7.680 tonnes de canne par jour, ainsi que la production annuelle de 190.000 tonnes de sucre, de 15 millions de litres d’éthanol et la cogénération d’énergie avec une puissance de 30 MW d’électricité, grâce à  la valorisation de 60.000 t de mélasse et de 460.000 t de bagasse. Ce Projet est l’un des principaux projets de partenariat public privé que les bailleurs de fonds envisagent de soutenir au Mali. Bouclage du financement La Table ronde a eu pour objectif de passer en revue les questions techniques, financières, environnementales et sociales liées au projet et le bouclage du financement. Les participants ont traité tous les points inscrits à  l’ordre du jour qui avaient trait aux : discussions sur la présentation du Projet; concertation entre les Bailleurs de Fonds; annonces et présentations du plan de financement. Au terme des discussions, les bailleurs de fonds ont confirmé leur intérêt pour le projet et annoncé leur intention de contribution au montage financier. C’’est ainsi qu’au terme de la table ronde, les annonces des bailleurs représentées se sont élevées à  240,5 millions de dollars soit près de 120 milliards FCFA pour le volet agricole et près de 290 millions de dollars soit environ 145 milliards pour le volet industriel. Au total des annonces des partenaires techniques et financiers du Mali pour le financement de ce projet se sont élevées à  530,5 millions de dollars soit près de 265 milliards de FCFA. A l’issue de la rencontre, il a été convenu d’organiser une mission conjointe d’évaluation du projet au cours de la deuxième quinzaine du mois de septembre 2010. La participation de la BAD au financement de cet important projet public-privé s’élèvera à  près de 42 milliards de FCFA et portera, depuis le début de ses interventions au Mali à  34 opérations dans le secteur du développement rural pour un montant cumulé de 330 millions d’UC soit environ 265 milliards FCFA.