Mali – Crise politique: après la stupeur, les réactions des acteurs politiques

La confusion a longtemps persisté durant les heures qui ont suivies l’arrestation le 24 mai du Président de la transition Bah N’daw  et de son Premier ministre Moctar Ouane, après l’annonce d’un nouveau gouvernement. Mais la déclaration le lendemain du Vice-président de la Transition, le  colonel Assimi Goïta, a clarifié la situation. Les deux désormais ex-dirigeants de la transition ont été mis « hors  de leurs prérogatives » par l’homme fort de l’ex-junte. Un coup d’Etat de plus que la classe politique dans sa quasi-totalité a condamné.

II a été le premier à avoir pris position face à ce qui était encore désigné dans les premières heures de l’arrestation comme une « tentative de coup de force ». L’ancien Premier ministre Moussa Mara a condamné « sans équivoque » toute prise de pouvoir par les armes, avant d’appeler à la libération des détenus et au dialogue.

« Je demande la libération sans condition des responsables et la poursuite normale de la Transition. Seul le dialogue peut nous permettre de dépasser les incompréhensions et d’avancer ensemble vers le retour à un ordre constitutionnel normal », a insisté celui qui a également appelé à « mettre notre pays au-dessus de nos intérêts personnels ».

Le jour suivant, le 25 mai, son parti, Yelema, a dans un communiqué signé du Président Youssouf Diawara rappelé aux uns et aux autres que « l’extrême profondeur de la crise multidimensionnelle que traverse notre pays exige de chacun de nous d’agir avec responsabilité et exemplarité ».

De son côté, Housseyni Amion Guindo, Président de la Codem et de la plateforme Jiguiya Koura, s’est également dressé contre « les évènements en cours dans notre pays » et a exigé « la libération immédiate et sans conditions » du Président de la transition Bah N’Daw et du Premier ministre Moctar Ouane.

Même son de cloche à l’URD qui, en plus,  a exigé l’instauration d’un dialogue inclusif dans le but de « parvenir rapidement au retour à une situation normale susceptible de conduire le processus de transition à terme dans les délais impartis ».

Manque de concertations

L’Action républicaine pour le progrès (ARP), coalition de partis politiques  portée par l’UDD de Tiéman Hubert Coulibaly est allée plus loin.  Elle a invité à la concertation de l’ensemble des forces vives de la nation en vue de « sauver la République » et a demandé la recomposition du CNT conformément à la charte de la Transition.

Pour le Dr. Abdoulaye Amadou Sy, Président de la Coalition des forces patriotiques (COFOP), un regroupement issu de l’ancienne majorité présidentielle, à partir du moment où le pays est dans une situation anormale, où ceux qui gèrent le pouvoir sont des personnalités nommées, la gestion demande « beaucoup plus de concertations avant la prise de grandes décisions ».

 « L’armée n’a pas été concertée, or c’est elle qui dirige. C’est elle qui a fait son coup d’État et ce sont les militaires qui ont le pouvoir. Le CNSP n’existe plus du point de vue légal, mais dans les faits c’est tout le contraire », a-t-il réagi.

Retour à l’ordre constitutionnel ?

La plateforme An ko Mali Dron, membre du M5-RFP et présidée par Mme Sy Kadiatou Sow, a pour sa part, dans une déclaration, insisté sur « le respect des fondements, des valeurs et des principes de la République » qui « s’impose à toutes les composantes de la Nation et particulièrement aux forces de défense et de sécurité ».

Ce regroupement, dont font partie les Fare An Ka Wuli de l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé, a aussi exigé la « libération immédiate du Président, du Premier ministre et de toutes les personnes arrêtées ».

L’Alliance pour le Mali (EPM) a, pour sa part  après avoir condamné « toute prise de pouvoir par la force »,  réaffirmé sa volonté de soutenir le processus de transition civile en cours dans notre pays conformément à la charte et reste « intransigeant au respect du délai de la transition qui est de 18 mois ».

Mais il semble évident qu’avec la nouvelle donne sociopolitique, le chronogramme électoral des futures élections générales, publié le 15 avril dernier et fixant le premier tour de l’élection présidentielle au 27 février 2022, sera difficile à tenir.

Mohamed KENOUVI

 Cet article a été publié dans Journal du Mali l’Hebdo n°320 du 27 mai au 02 juin 2021 

Grand parti politique : Un mirage ?

Lors du 2ème congrès de l’ASMA – CFP, le 29 décembre, le Président du parti,  Soumeylou Boubeye Maiga, a annoncé sa volonté de fusionner d’ici la fin du second mandat du Président IBK, le RPM, l’URD, l’ASMA – CFP, l’ADEMA et l’UDD pour créer un mouvement politique d’envergure. Des forces politiques toutes  nées de l’ADEMA Pasj, à l’exception de l’Union pour la Démocratie et le Développement (UDD). Mais ce passé commun pour l’avènement de la démocratie suffira-t-il pour que l’aspiration devienne réalité ?

« Puisque nous avons décidé de travailler pour l’ouverture et le rassemblement, nous allons accentuer les actions que nous avons déjà commencées avec d’autres partis pour accélérer la fusion de nos formations. Je n’ai aucun complexe à dire que nous allons tout faire pour qu’avant la fin de ce  mandat (celui du Président Ibrahim Boubacar Keita) l’ADEMA, l’URD, le RPM, l’ASMA – CFP et l’UDD puissent constituer  un seul mouvement politique », a clamé le Premier ministre lors de la cérémonie d’ouverture du deuxième congrès de son parti, le 29 décembre à Bamako.

La déclaration intervient à un moment où le chef de gouvernement sollicite un dialogue avec l’opposition. Un challenge en passe d’être gagné, puisque des responsables de plusieurs partis, de l’opposition comme de la majorité, étaient présents à la clôture de l’évènement. Mais, en même temps, le Président de l’ASMA caresse l’idée  de redessiner la scène politique nationale en fusionnant les partis à l’origine de l’avènement de la démocratie. Des formations dont les plus grandes s’opposent pour le pouvoir.

Le projet séduit pourtant, en attendant qu’il soit développé. « Pour le moment, nous n’avons pas  encore réfléchit à cela  au sein de notre parti. C’est à lui, l’initiateur, de développer la proposition. C’est à partir de là que ceux qu’il a cités pourront donner leur opinion », indique Me Baber Gano, Secrétaire général du Rassemblement pour le Mali (RPM).

Mêmes attentes à l’Union pour la République et la Démocratie (URD), principal parti de l’opposition. « C’est certainement une idée que le Président de l’ASMA nourrit depuis un certain temps. Pour moi, c’est une proposition qui émane de lui et qui n’a pas été encore partagée avec nous. Il peut y avoir d’autres formats.  Je pense qu’il aura l’occasion, peut-être, d’en parler et de mieux la préciser », espère Ibrahima N’Diaye,  Chef du cabinet du Chef de file de l’opposition.

Passé en commun pour l’avenir ?

Les partis cités par Soumeylou Boubeye Maiga, l’UDD mise à part, sont tous issus de l’ADEMA. La plupart des personnalités qui les dirigent ont milité au sein de l’Adema association, dès 1990, contre la dictature du général Moussa Traoré. Érigée en parti politique après sa chute, l’ADEMA porte Alpha Oumar Konaré au pouvoir. Mais, très tôt, des guerres de succession ont fragmenté la grande formation. Presque trois décennies après, les camarades d’hier chérissent toujours leur lutte pour la démocratie, avec le sentiment d’avoir un passé glorieux en commun.

Présent au congrès de l’ASMA, Ibrahima N’Diaye, l’un des acteurs de l’époque le rappelle. « J’ai souligné que nous avons des divergences profondes, mais n’oublions pas quand même qu’à un moment nous avons été ensemble, parce que nous avons écrit l’une des plus belles pages de la démocratie, son instauration et son enracinement. Cela veut dire qu’au-delà des divergences il existera toujours quelque chose à sauvegarder  pour  s’entendre  sur l’essentiel », se souvient-il. Selon lui, « la plupart des gens qui ont participé à l’Adema « originelle » ont toujours gardé en eux le secret désir de reconstituer la grande famille ».

Cependant, tout en saluant la proposition du Premier ministre, il regrette que d’autres partis « réellement démocratiques », comme le PARENA et le CNID-FYT, ne figurent pas parmi ceux qu’il a cités.

Pour Ballan Diakité, analyste politique et chercheur au Centre de recherche d’analyses politiques, économiques et sociales(CRAPES), « un tel rassemblement serait la négation même de ces partis. Les partis politiques sont fondés sur des valeurs et des projets de société, et à partir du moment  où ces personnes ont claqué la porte, il n’y pas lieu de revenir. Mais, s’ils ont des éléments en commun, ceux-ci  peuvent leur servir pour former un ensemble de coalition ou de rassemblement. Mais pas pour une fusion, parce qu’il y a toujours des divergences, politiques ou d’intérêts », précise-t-il.

Pour Ibrahima N’Diaye, entamer le dialogue ne remettra pas en cause ce qu’il a défendu jusqu’alors. Et si le projet se réalisait ? Une nouvelle configuration politique naitrait, en même temps qu’une nouvelle opposition politique. « L’URD est le seul parti capable de tenir tête à la majorité présidentielle. De 2012 à aujourd’hui, elle est dans une tendance de consolidation d’une opposition démocratique », souligne Ballan Diakité.

Pour le moment, même si tout est à envisager, Ibrahima N’Diaye est convaincu «qu’il faudra toujours qu’il y ait une opposition réelle, vigoureuse et forte. Sinon, il n’y a pas de démocratie ».

Étienne Poudiougou : « C’est une manœuvre pour m’évincer de la mairie de Koporo-Na »

Étienne Poudiougou, maire de Koporo-Na (cercle de Koro) a été suspendu le 14 avril dernier de ses fonctions pour avoir rédigé une lettre intimant à la communauté peule de quitter sa commune. L’élu, traité de « raciste » par certains, qui vit aujourd’hui caché, a expliqué à Journal du Mali les tenants et aboutissants d’une affaire qui a secoué le pays tout entier.

Dans quelles circonstances avez-vous été amené à rédiger cette lettre ?

Je tiens d’abord à dire qu’il n’y avait pas de confrontation entre Peuls et Dogons dans mon village, pas de situation conflictuelle. Le samedi 7 avril, il y a eu une réunion sur la paix et la réconciliation à Pel Maoudé. À l’issue de la rencontre, les participants étaient convaincus que ces histoires de conflits entre Peuls et Dogons allaient prendre fin et étaient satisfaits. Parallèlement se tenait à Koro une autre réunion, rassemblant les chasseurs de Koro et de Koporo-Na. Peu de temps après, des soi-disant chasseurs de Koporo-Na sont revenus avec un papier, qu’ils ont distribué aux chefs de village, leur intimant de chasser les Peuls de leurs localités.

Il y avait donc déjà eu un appel à chasser les Peuls ?

Oui, et j’en ai été le premier surpris quand j’ai été saisi de la diffusion de cette propagande. J’ajoute que le dimanche j’avais reçu des appels disant que, pendant notre réunion, j’avais demandé à ce que l’on chasse les Peuls de la commune. Dès le lundi 9 avril, j’ai convoqué d’urgence tous les chefs de village. Je leur ai dit que cette situation était inacceptable, car nous vivons avec les Peuls depuis toujours et que les chasser était impensable. Ils étaient d’accord et nous avons décidé d’envoyer une mission à Koro pour avertir de ce qu’il se passait. Nous avons contacté les chasseurs pour qu’ils préviennent leur coordination à Koro. Il y avait 7 personnes dans la délégation, dont moi-même. Le 10 avril, tout le monde était présent, sauf les chasseurs. Nous sommes repartis. Durant notre trajet, nous les avons appelés plusieurs fois, mais ceux que nous avons contacté ont refusé de décrocher leur téléphone.

Vous pensez que les chasseurs sont derrière cette propagande ?

Le chef des chasseurs de Koporo-Na, ainsi que l’adjoint de la coordination des chasseurs, que nous avons rencontrés, nous ont fait savoir que leur confrérie n’était pas au courant et n’avait rien à voir avec cela. Je doute que ceux qui ont décidé ça soient vraiment des Dozos. Toujours est-il que je suis revenu à Koporo-Na pour y passer la nuit. J’ai été appelé par un proche qui m’a dit que deux personnes étaient venues le voir et lui avaient dit que je devais faire un communiqué demandant aux Peuls de quitter le territoire de la commune. Si je refusais, je serais tué, ainsi que ma famille et tous les Peuls. J’ai eu peur et j’ai écrit la lettre, pour me protéger, protéger ma famille et protéger les Peuls de ma commune.

Pourquoi ne pas en avoir d’abord parlé aux autorités ?

J’ai agi sous la menace et parce que je n’avais aucune protection. Je suis d’ailleurs toujours menacé. Je me désengage de cette lettre. C’est parce que j’ai refusé que le message de propagande soit diffusé partout dans ma commune que j’ai été considéré comme un ennemi. Les Peuls de Koporo-Na peuvent témoigner que ce n’est pas mon genre de tenir de tels propos. Je n’ai aucun sentiment xénophobe envers eux, nous avons toujours vécu en harmonie.

L’avis manuscrit rédigé le 12 avril dernier par Etienne Poudiougou, maire de Koporo-Na.

Selon vous, qui se cache derrière ces menaces et dans quel intérêt ?

Je suis visé par des personnes mal intentionnées. Pour que leur propagande soit crédible, elles m’ont forcé à écrire cette lettre en tant que maire. C’est une manœuvre politicienne pour m’évincer de la mairie, en faisant peser sur moi de graves accusations. Les deux personnes qui ont proféré ces menaces de mort sont connues, ce sont des émissaires de mes concurrents politiques. Je fais partie de l’UDD (Union pour la Démocratie et le Développement), le Président de la section de Koro, à laquelle j’appartiens, est Maître Hassan Barry. Comment peut-on me considérer comme raciste alors que le Président de la section locale de mon parti est un Peul ?

Qui sont ces concurrents politiques ?

Je ne peux pas les citer. Cela a commencé lorsque le maire élu est décédé. J’ai été désigné pour être le nouveau maire, ce qui a créé des contestations et des jalousies. Certains ont refusé ma nomination. L’affaire est allée jusqu’à la Cour suprême, mais leur requête n’a pas abouti. L’UDD a conservé la mairie. Les perdants n’ont jamais accepté cela malgré la décision de la Cour suprême.

La communauté peule a-t-elle commencé à quitter le commune ?

les Peuls sont toujours là , aucun chasseur n’est venu leur dire de partir. Aucun peul n’est venu me visiter à ce sujet.

Craignez-vous toujours qu’on attente à votre vie et comment voyez-vous l’avenir ?

J’ai quitté Koporo-Na pour me protéger. J’ai quitté ma maison et je suis parti loin. Je ne peux pas vous dire où je me trouve. Je reviendrai, mais actuellement la situation ne le permet pas. Je suis victime d’une conspiration et je ne sais pas ce que l’avenir me réserve.

L’ASMA de SBM soutient IBK

La salle de spectacles du Palais de la Culture a refusé du monde hier dimanche 21 juillet. l’Alliance pour la Solidarité au Mali-Convergence des Forces Patriotiques (ASMA-CFP) y a réuni ses militants pour annoncer son ralliement aux côtés du candidat à  la présidentielle Ibrahim Boubacar Kéita. « Nous sommes réunis pour dire à  tous les Maliens que nous sommes avec IBK, que nous sommes avec lui, car convaincus qu’il est le meilleur choix pour le Mali de nos rêves » a déclaré le président de l’ASMA, Soumeylou Boubeye Maà¯ga, dans son adresse aux militants. Autorité de l’à‰tat et reconstruction du tissu social A ses côtés, un autre chef de parti, Tiéman Hubert Coulibaly de l’Union pour la Démocratie et le Développement (UDD), également soutien d’IBK pour la présidentielle, par ailleurs, ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale. Ce dernier, dans son adresse, a rappelé qu’IBK a été depuis 2006, l’un des premiers a tiré la sonnette d’alarme quant à  la dégradation de la situation dans le nord du Mali. Il a appelé les militants de son parti à  rejoindre ceux du RPM, de l’ASMA et de la trentaine d’autres partis politiques qui ont décidé d’apporter leur force électorale au candidat IBK, qui est celui qui peut, selon lui, réunifier les Maliens. « Plus personne ne manquera de respect au Mali », a déclaré ce dernier. Ibrahim Boubacar Kéita a remercié ses sympathisants qui se sont déplacés nombreux et les a appeler à  exercer leur devoir citoyen en votant massivement le dimanche 28 juillet. « Ce qui s’est passé ne se passera plus jamais », a-t-il martelé, en ajoutant que son « principal défi sera de restaurer l’honneur du Mali ». Le meeting était animé par les artistes Fantani Touré, le groupe touareg Chet Aguena , Kamaldine de la Guinée et Baco Dagnon.

Présidentielle : L’UDD roule pour Dioncounda

C’’est en tout cas l’ambition des deux formations politiques qui ont scellé une alliance ce samedi 25 février à  Koutiala. Le parti de la colombe tenait sa huitième conférence nationale et a choisi cette occasion pour inviter et investir l’homme qui selon le président de l’UDD, Tiéman Coulibaly, grâce à  ses qualités, « la générosité, la responsabilité », est le candidat idéal pour le Mali. C’’est dans un stade omnisports de Koutiala plein à  craquer que s’est déroulé le meeting d’accueil du candidat de l’UDD pour la présidentielle, le Professeur Dioncounda Traoré. Le fait est assez particulier pour être signalé, car C’’est la première fois qu’un parti politique malien investit le candidat d’une autre formation pour une élection présidentielle. Un acte «n’est pas fortuit » selon le président de l’UDD qui a assuré que son parti et l’ADEMA travailleront ensemble pour « une victoire éclatante de Dioncounda en 2012 ». Des valeurs communes Le président de l’ADEMA, a saisi l’occasion pour présenter un pan de son projet de société. Devant ceux qu’il a appelé « le peuple » de l’UDD, il a annoncé qu’il allait « prendre à  bras le corps les problèmes de Koutiala, notamment la Cmdt, et de la nation ». Il a également évoqué la situation de conflit au Nord du Mali en émettant le vœu qu’avec l’aide de Dieu, la paix soit bientôt de retour. Annoncée depuis le 26 janvier 2012, lors de la signature par une vingtaine de partis politiques, de la plate forme d’« Alliance pour le Renouveau Politique (ARP) » autour du candidat de l’Adema, Dioncounda Traoré, l’adhésion de l’UDD a été décidé à  l’issue de la conférence nationale du parti qui a réuni les délégués de toutes les sections dans la salle de conférence du conseil de cercle de Koutiala. C’’est la première fois qu’une conférence nationale du parti se tient en dehors de Bamako. A propos de son investiture, le candidat à  la magistrature suprême a déclaré « J’en suis honoré, et je m’en souviendrai ». Les relations entre les deux formations ont toujours été excellentes, car, a- t-il déclaré « elles partagent les mêmes valeurs ». Plus d’une quinzaine de formations politiques se sont déjà  alliées à  l’ADEMA dans sa conquête du pouvoir et dans la ruche, on promet que c’est loin d’être fini.

20 bougies pour l’UDD

Le parti de la colombe blanche est en fête ce 25 avril. C’est une occasion en or, à  quelques mois des prochaines élections, de sonner le rassemblement et de se mettre en ordre de bataille pour 2012. Déja, depuis plusieurs semaines, l’Union pour la Démocratie et le Développement (UDD) s’était fait entendre sur les grands sujets de l’heure et en particulier, sur l’organisation des prochains scrutins. Le parti a appelé le gouvernement à  tout mettre en œuvre pour garantir la transparence des opérations, à  commencer par le fichier électoral, objet de toutes les inquiétudes au sein de la classe politique et de la société civile. Les cadres du parti ont entrepris depuis des mois d’aller au contact des Maliens de l’intérieur comme ceux de l’extérieur pour leur proposer des alternatives crédibles et réfléchir aux grands problèmes de la nation tout en s’informant sur l’environnement des uns et des autres. Le président Tiéman Hubert Coulibaly avait annoncé la couleur, le parti entend jouer sa partition dans la course vers Koulouba. Il annonce en effet un candidat issu des rangs de sa formation,qui peut compter sur ses 3 députés à  l’Assemblée nationale et ses quelques 200 conseillers communaux. Ils ne seront pas de trop pour mobiliser et sensibiliser les militants et sympathisants tant au Mali que parmi la diaspora, sur les ambitions de l’UDD pour le Mali. «l’occasion sera belle pour nous de poser les jalons de notre conférence nationale qui va se tenir avant la fin de cette année 2011 et qui va définir notre stratégie politique pour la présidentielle de 2012. l’UDD sera dans la course pour succéder au président ATT avec soit ma modeste personne ou quelqu’un d’autre comme candidat du parti», a déclaré son Président, T.H. Coulibaly, lors des célébrations qui se sont tenus au CICB ainsi qu’à  l’hôtel Radisson en ce week-end de Paques.

Présidence de l’UDD : Tieman Coulibaly sur orbite pour 2012 ?

Un parcours militant exemplaire « Je me présente aujourd’hui devant vous avec les pouvoirs de présider le Conseil exécutif de notre parti et J’en suis heureux. Heureux de la confiance placée en moi et heureux que J’ai pu me faire entendre et comprendre par mes camarades ». Ces mots viennent du tout nouveau président de l’UDD, Tieman Coulibaly, prononcés à  l’occasion de son discours d’investiture le dimanche 14 mars au Centre International de conférence de Bamako. Il succède ainsi à  Maà®tre Hassan Barry, ambassadeur du Mali en Guinée, qui occupait le poste depuis 6 ans, et dont la gestion était de plus en plus décriée par les militants. Fils de Moussa Balla Coulibaly, fondateur du parti et actuel président du Conseil national du patronat malien (CNPM), Tieman n’a pas manqué d’essuyer les critiques sur une succession dynastique à  la tête du parti. Pourtant, militant depuis 1994, C’’est un à  un que ce dernier a gravi tous les échelons de sa formation politique, avant d’en prendre la tête à  42 ans. Après avoir animé les comités, les sous sections à  Badalabougou o๠il a fait toute sa jeunesse, puis la section de la Commune V du district de Bamako, il fut directeur de campagne de Feu Dieudonné Zallé, qu’il réussit à  porter à  la tête de la Mairie en 1999. A partir de là , ce père de trois enfants fera une entrée remarquée au sein du bureau exécutif de l’UDD en qualité de secrétaire à  la communication, puis secrétaire général adjoint en 2003. Mais ce n’est qu’en 2006 que Tieman Coulibaly fera le coup qui lui a donnera une visibilité sur la scène politique nationale. Ami de longue date de l’ancien ministre Soumeylou Boubeye Maiga, il lui apporte un soutien marqué en novembre lors d’un meeting devant aboutir à  la candidature de Boubeye à  la présidentielle de 2007, alors même que l’UDD avait choisi de soutenir ATT. Son discours éloquent et très musclé contre le pouvoir en place vaut à  Tieman de se faire remarquer et cataloguer comme opposant notoire. Plutôt risqué lorsque l’on est un chef d’entreprises présent dans de nombreux secteurs de l’économie. Pourtant, ceux qui connaissent l’homme savent que sa prudence de sioux le préserve de décisions à  l’emporte pièce. Sa loyauté envers son ami Boubeye en valait sans doute la peine, même si le coup d’éclat est quelque peu atténué par le faible score obtenu par ce dernier, pas plus de 1,5% ! Qu’à  cela ne tienne, Tieman Coulibaly a marqué un point. Il est désormais craint et courtisé à  la fois. Au point que son parti le nomme secrétaire général en janvier 2007. Se sentant pousser des ailes, C’’est en toute légitimité qu’il est investi dans la circonscription de Diema (région de Kayes), o๠il milite depuis 2005. Mais à  la suite d’une campagne discrète, et d’un ancrage encore trop faible, Tieman n’arrive que 3ème aux législatives de juillet 2007. Il a néanmoins pris date. Les réseaux créés et l’expérience accumulée aidant, son nom circule régulièrement comme probable entrant dans le gouvernement du Mali. Business ou politique ? C’’est à  un homme iconoclaste que l’UDD a confié son destin. Mélomane avéré et nostalgique des gloires de la pop-soul américaine des années 70, Tiéman est aussi gratteur de guitare à  ses heures perdues. Une réminiscence des années 1980, o๠il formait avec un groupe d’ami un « band » musical très connu des usagers du métro parisien, et qui leur permettait d’obtenir un argent de poche bien nécessaire. Homme cultivé mais discret, il avale les essais politiques, économiques, et mémoires des grandes figures historiques ou hommes d’Etat, au point de se constituer de nombreuses références internationales et un corpus idéologique sur les grandes problématiques du développement africain. Car celui qui mène en parallèle à  la politique une activité de chef d’entreprises n’a jamais caché ses ambitions. Formé à  l’Ecole supérieure de commerce de Saint Etienne, Tieman Coulibaly a été militant au sein d’associations d’étudiants africains en France. Rentré au pays dès la fin de ses études au début des années 1990 pour rejoindre le holding familial IK SA, il a depuis développé le groupe de communication Stellis (anciennement Panafcom), aujourd’hui présent à  Conakry, en Guinée Bissau, et au Burkina Faso. Les ressources humaines (Antares), le ciment (CMM), la gestion aéroportuaire (ASAM), et bientôt le transport, font aussi partie des multiples activités qui font de lui l’un des patrons les plus en vue de sa génération. Trop dispersé selon certains, il délègue néanmoins, aux collaborateurs de toutes nationalités qui l’entourent. Son avenir est-il dans le business ou la politique ? Tieman Coulibaly a décidé de ne pas choisir. Piqué par le virus dès son plus jeune âge, il est convaincu de son destin politique, et bâti sans doute à  travers ses affaires les moyens de son ambition. Un homme de consensus pour la réunification de la famille UDPM ? Convaincu que rien ne se fera sans un projet de société, C’’est donc logiquement que Tieman Coulibaly a esquissé son programme politique lors du Congrès, « la puissance économique naà®tra d’un grand marché, avec un système éducatif de qualité, la mise en valeur des atouts de chaque espace, et un système financier et bancaire innovateur et moins spéculatif ». Il a ainsi assuré ses militants qu’il s’emploierait à  bâtir un grand parti, véritable machine électorale pouvant conduire vers le succès. Et selon de nombreux cadres du parti, cela passe par « l’instauration d’un débat fraternel ouvert et franc avec le Rassemblement pour la démocratie et la solidarité (RDS) du Professeur Dicko et le Mouvement patriotique pour le renouveau (MPR) de Choguel », eux aussi issus de l’ancien parti unique l’UDPM, dans le but d’aller progressivement vers l’unité originelle. Tieman Coulibaly saura t’il prendre la tête de la famille réunifiée pour la mener aux présidentielles de 2012 ? En tout cas, rodé aux négociations syndicales dans le cadre de ses fonctions d’administrateur général d’ASAM, ses talents de négociateur et son sens du consensus ne seront pas de trop. S’il réussit, un tel regroupement porté par une figure jeune et emblématique pourrait en effet bousculer les partis bien installés : Adema, URD et RPM. Il a ainsi plaidé pour une mobilisation des énergies afin de préparer cette échéance, qui selon lui « passe nécessairement par la volonté et l’audace ». Ce sont les maà®tre mots de celui qui se veut le porte flambeau d’une jeunesse en mal de leaders.