Djinè, le nouveau label des arts urbains au Mali

Journal du mali l’Hebdo : Pourquoi ce mouvement ? Alioune Ifra Ndiaye: Le « Djinè » est un collectif en construction d’acteurs de la culture urbaine du Mali. Nous sommes une cinquantaine issus du théâtre, du cinéma, de la télévision, de la danse, du multimédia, de la musique, de l’humour, de la photo, du design, de la mode, du mannequinat, de la recherche universitaire, de l’ingénierie culturelle, du décor, du son, de la lumière, de l’événementiel, de l’animation, du management de la culture et de l’art. Pour notre première rencontre, nous avons axé le débat sur l’histoire de la culture dans la construction de la paix. D’o๠l’idée d’un collectif pour agir. Agir oui, mais comment ? A quoi renvoie le mot « Djinè » ? A.I.F : Un artiste est avant tout un créateur. Un génie. Nous savons trouver les mots, les images, les sons, les textes, les gestuelles pour toucher et ou remuer les émotions les plus complexes de l’humain. Nous savons déceler dans les laideurs les plus immondes des beautés insoupçonnées. Quoi de mieux que le mot « Djinè » pour illustrer ce « génie » que nous souhaiterions mettre au service de la construction d’une société malienne harmonieuse. Qu’allez-vous apporter de nouveau ? A.I.F : « Djinè » sera une sorte de compagnie de théâtre ou un groupe musical. Sous le label « Djinè », nous allons mutualiser nos moyens et savoir-faire sans que chacun n’y perde son identité artistique. Nous serons un lieu structurant o๠le public viendra régulièrement nous découvrir. Notre ambition est de générer une économie de la culture au Mali avec l’accompagnement des sponsors, de nos autorités et des partenaires maliens au développement.

Edito : Quand Mara rencontre la communauté des Arts Urbains

Il est certain que Moussa Mara, notre nouveau PM, a pris le train en marche. Adepte des réseaux sociaux, son agenda quotidien est régulièrement publié sur facebook et les rencontres se multiplient pour celui qui a compris, qu’il est important de maintenir le lien avec la population. Surtout les jeunes, en manque de repères et sans perspectives d’emploi. Samedi soir donc, face au fleuve à  la primature, le PM Moussa Mara, a reçu les représentants de la communauté urbaine du Mali. Entendez là , les rappeurs, y compris ceux qui passent leur temps à  se clasher, les artistes, les vidéastes, les designers de mode comme Mariah Bocum, les mannequins, tous, en compagnie des nouveaux ministres de la culture et de la jeunesse. Faire place aux jeunes donc, C’’était l’objet de ce cocktail animé par l’indétrônable maà®tre de cérémonie Sangho, turban sur la tête : « Monsieur le Premier nous vous remercions pour cette manifestation d’intérêt à  notre égard. En plus d’être des prescripteurs de la culture, notre mouvement s’engage pour la bonne gouvernance, et nous espérons que c’est là  le début d’une articulation de l’action publique avec les acteurs de ce mouvement », a déclaré El Hadj Amadou DIOP, l’un des porte-hérauts de la communauté des arts urbains. En réponse, Mara, s’excusera auprès des jeunes, pour les mesures de sécurité renforcées en raison d’une alerte de sécurité. Décontracté, le PM fera une mention spéciale à  Alioune Ifra Ndiaye, l’une des chevilles ouvrières de la rencontre ; Une rencontre plutôt informelle, qui a pour but d’échanger avant tout, de se connaà®tre, précise Mara.  » Il est important de percevoir nos aspirations et de nous donner la main pour que la jeunesse soit plus impliquée dans les débats de développement ». Et de poursuivre : « Il s’agit avant tout d’instaurer un dialogue constructif en toute indépendance et que chacun puisse se parler. Nous souhaiterions passer par tous les canaux de communication possible pour sensibiliser les jeunes. On sait que les modes de communication comme Internet, l’audiovisuel et les arts urbains évoluent très vite. Donc passer par de tels canaux, et des vecteurs comme la jeunesse, est un bon moyen de mieux communiquer et toucher notre cible. Dans l’action étatique, il est difficile d’appréhender la population dans toute sa diversité ». En clair, Mara, se met à  l’écoute de ces jeunes. Il précise aussi, qu’il n’a aucune intention de caporaliser ou d’instrumentaliser cette jeunesse. Seul leitmotiv : travailler ensemble pour conduire l’action publique au service de tous. ATT Junior et Guimba Junior, deux humoristes de talent pimenteront la soirée en appelant la communauté à  l’union, et surtout les rappeurs à  plus de raison, en évitant la violence et les messages négatifs à  l’encontre des plus jeunes. Cette rencontre, n’est que le début d’une série d’échanges entre Moussa Mara et ses concitoyens. l’initiative est à  saluer, car elle démystifie d’un côté le pouvoir et ouvre un espace de dialogue entre les autorités et les Maliens de tout âge.

Hip-Hop au Mali : Les matinées Yoyoyo sont de retour 

Dans le souci de promouvoir les arts urbains et les jeunes talents, les trois pionniers du mouvement RAP au Mali, King Ramsès et Amkoullel ont mis sur pied les matinées Yoyoyo. La première édition qui s’est tenue il y a deux ans, a permis à  de nombreux jeunes danseurs, chanteurs et autres artistes méconnus dans le milieu, de se faire connaitre à  travers la qualité de leurs œuvres. Association pour le HIP HOP au Mali (AHHM) Cette association créée par nos trois leaders du mouvement rappologique malien, a été mise sur pied dans le but de promouvoir les arts urbains et surtout le HIP HOP : Danse, Rap, stylisme, slam… Amkoullel l’enfant peulh explique que cette association vient combler un certain vide. En effet, il n’y a pas de structure au Mali qui se charge de l’encadrement, de l’organisation et de la formation des jeunes voulant se lancer dans ces arts. C’’est donc selon Amkoullel, une manière de faire la promotion des plus jeunes puisque «Â nous, nous faisons partie des premiers dans le domaine, je pense donc que C’’est un peu notre devoir d’apporter notre pierre dans la construction de cet édifice. Il faut préparer la postérité et donner la chance à  nos jeunes frères et sœurs, de faire leur preuve. » Il faut dire que AHHM est soutenue dans ses actions par l’association culturelle d’aide et d’appui aux artistes ‘Macadam’, basée depuis quelques années à  Bamako. l’une des représentantes de cette structure qui n’est pas à  sa première expérience, salue cette initiative. D’autant plus que selon elle, ce concept a été imaginé par des fondateurs du mouvement rappologique malien, C’’est un signal fort. Qu’est-ce que les matinées Yoyoyo ? Comme nous l’explique Amkoullel, les matinées Yoyoyo consistent à  donner une vitrine aux artistes pas connus, qui seront soutenus par des têtes d’affiche chargées de les accompagner. Les artistes en herbe auront donc des représentations d’environ trente minutes (30mn) à  peu près. A chaque matinée, le public découvrira les talents de deux nouveaux artistes qu’il connait déjà  ou non. En ce qui concerne la participation, tout artiste désirant participer à  ces matinées, pourra déposer son CD lors des matinées. l’objectif étant de le faire écouter par les trois artistes qui jugeront par la suite, si celui-ci peut postuler ou non et se produire devant le public. Signalons que les matinées se déroulent tous les samedis de 16h à  19h au café des arts du palais de la culture de Bamako. Ce premier spectacle de lancement pour l’édition 2010 a vu la participation de la célèbre danseuse Gafou Kiss, des rappeurs Master Soumi, Assadan et Paméla Badjogo qui elle, jouait cette fois-ci le rôle d’animatrice. Notons que les meilleurs bénéficieront d’un suivi régulier puis d’une formation et d’un encadrement de King, Amkoullel et Ramsès. Les artistes estiment primordial d’assurer la relève. Il faut selon eux, que le Mali soit à  l’heure du développement qui n’est pas que politique et économique, mais artistique aussi.