Veuves, une journée pour elles

Les Nation Unies ont décidé de consacrer le 23 juin, journée internationale des veuves. Selon Ban Ki-Moon, le Secrétaire général de l’ONU, il s’agit «d’attirer l’attention sur les nombreuses difficultés que connaissent les femmes lorsque leur mari meurt. Plongées dans le chagrin, les veuves se retrouvent parfois sans filet de protection sociale pour la première fois depuis leur mariage. Trop souvent, elles sont privées du droit d’hériter, de droits fonciers, de l’accès à  l’emploi et même des moyens d’assurer leur survie». Au Mali, la situation des veuves n’est pas plus reluisante que dans les autres pays, africains en particulier. Elles vivent dans des conditions difficiles car bien souvent rejetées et privées de tout. Elles se retrouvent à  la rue, obligées de mendier pour nourrir leurs enfants. Et comme de nos jours, la solidarité est une chose de moins en moins partagée…« Dans les régions o๠le statut social d’une femme dépend de celui de son mari, les veuves peuvent, du jour au lendemain, être frappées d’ostracisme et d’isolement. Qu’il soit désiré ou non, le mariage peut alors être pour une veuve le seul moyen de retrouver une place dans la société » déclare encore Ban Ki-Moon. C’’est ainsi que demeure encore de nos jours des pratiques telles que le lévirat qui constitue à  donner la veuve en mariage au frère de son mari défunt. Par ces temps de pandémie du Sida, on peut bien imaginer les conséquences dramatiques de ce genre de tradition. Hawa, de Bako-Djicoroni est mère de six enfants. A la mort de son mari, son calvaire commença. Avant même le quarantième jour (fin de la période d’enfermement obligatoire pour la veuve qui ne doit avoir aucun contact avec l’extérieur), elle était déjà  convoitée par le cousin, le petit frère et même l’ami du défunt mari. Elle refusa toutes les propositions pour rester auprès de ses enfants. Mal lui en prit. Elle fut expulsée manu militari par la belle-famille qui prit les services d’un huissier pour s’assurer qu’elle ne quitterait la maison avec rien. Cette histoire, recueillie il y des années par un confrère, reste d’une amère actualité sur la situation des veuves au Mali. Alors, une journée mondiale pour parler d’elles et pousser à  la prise en compte et l’amélioration de leur situation est une occasion, nous semblait-il, à  ne pas rater. Difficile de comprendre que le département de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, passe sous silence une opportunité pareille. Mme le Ministre aurait pu au moins se fendre d’un discours à  la télévision, histoire de donner de la visibilité à  la cause…Nenni ! Les associations féminines que nous avons jointes pour leur demander leur programme pour la journée d’aujourd’hui, nous ont affirmé que nous étions les premiers à  leur donner l’information sur l’existence d’une telle journée. Or, il existe une Association des Veuves et Orphelins du Mali …Que fait-elle aujourd’hui ? Une journée pour attirer l’attention sur leur sort et aider à  ce que plus de monde s’en soucie, voilà  l’opportunité qui s’offre à  partir de ce 23 juin. Quand on sait qu’en plus les lois ne sont pas faites pour protéger les femmes dans la société actuelleÂ