Corruption sur les routes : la mauvaise image du Mali

Pour traverser les frontières maliennes en partance vers d’autres pays, il faut payer de l’argent. Au retour il faut encore soudoyer. Et C’’est différent des frais de douane ou de police qu’on paye légalement. à‡à  s’appelle une pratique illicite, je veux dire de la corruption. La responsabilité se situe à  de niveaux. Celui qui donne et celui qui prend. l’argent Celui qui prend a peut être ses raisons. Un faible salaire malgré les milliards qu’il conduit dans les caisses de l’Etat tous les mois. « Je veux aussi ma part, car C’’est l’argent du contribuable », raisonne t-il. Ce n’est pourtant pas compliqué. Les usagers qui ignorent leurs droits et devoirs, payent toujours sans reçus. Ils peuvent même payer le double de la contravention en cas d’infraction. « Sans reçu je prends et je me tais ! ». Le chef…il ne dira rien car il sait que sans çà  je ne m’en sortirai jamais. Ce n’est même pas grave car on lui envoie quotidiennement sa «recette ». Et l’usager ? « Pour moi, ce n’est pas compliquer », dit-il. « Je n’ai pas besoin de mettre mon véhicule en règle. à‡à  me coûte cher et çà  me prendra plusieurs mois avant de recouvrer mon argent. Je peux donc compter sur mon ami « chef de poste » pour me faciliter le voyage à  l’intérieur et à  l’extérieur du pays. La formule est simple. Je glisse quelques billets entre les mains du contrôleur à  chaque barrière.Ainsi va le « Mali qui gagne ». Cette pratique frappe tout le monde. Du moins presque que tout le monde. Même les intellectuels ignorent quelquefois leurs droits et devoirs sur les axes routiers. Dois-je payer ? Suis-je en règle ? Que dois-je faire en cas d’infraction ? On se pose rarement ces questions. Quelques chiffres Le 5e rapport de l’observatoire des pratiques anormales sur les axes routiers inter-Etats (OPA), révèle que les perceptions illicites sont plus élevées sur le corridor Ouagadougou-Bamako, avec 40 850 FCFA par voyage. « Une situation essentiellement imputable au Mali, qui bat le record avec 31 509 FCFA des perceptions les plus élevées par pays et par corridor au cours d’un voyage. Un record loin des prélèvements les moins élevés qu’on enregistre sur l’axe Tema-Ouagadougou (13 770 FCFA par voyage). Selon l’OPA, les corps les plus incriminés sont, par ordre d’importance la douane suivie de la police au Ghana. La Douane, la Gendarmerie et la police au Burkina. Au Togo C’’est la Gendarmerie et ensuite la police et la douane. Le Mali enregistre des perceptions illicites généralisées dans tous les corps avec toutefois des niveaux de perceptions très élevés pour la Gendarmerie et la police. Pour redorer le blason Ce classement du Mali, premier pays corrompu sur les axes routiers est une situation qui interpelle les autorités. Lundi, la coalition des Alternatives Africaines et Dette (CAD- Mali), a lancé une campagne de sensibilisation sur le phénomène. Pendant quatre mois, des messages seront diffusés dans la presse sur les pratiques illicites au niveau des postes de contrôle. Les annonces renfermeront les textes régissant les transports dans le pays. « Une large diffusion sera faite dans les langues nationales », a expliqué Maouloud Ben Katra, membre de CAD- Mali. La campagne lancée cette semaine implique tous les acteurs de la question. Pour l’ONG, la cause principale de ce mauvais record du Mali est la méconnaissance des textes en la matière. Et il faut les vulgariser. Ici et maintenant.