Libération des voies publiques: retour à la case départ

Les voies du centre commercial dégagées, le grand marché accessible, et la circulation fluide… C’’était trop beau pour durer. C’’est en tout cas le sentiment des usagers de ces axes qui avaient fait l’objet d’un nettoyage musclé. Il y a quelques cinq mois, les commerçants détaillants qui les encombraient de jour comme de nuit avaient été déguerpis manu militari, les boutiques anarchiques rasées à  coup de bulldozer. C’’était en mars dernier. Mais force est de constater qu’hormis les alentour de l’Assemblée nationale, les vendeurs sont revenus s’installer à  leurs anciens emplacements. On a même l’impression que la situation a empiré puisqu’il n’est pas rare de trouver des marchandises à  même le sol au beau milieu de la chaussée comme C’’est le cas au carrefour de l’INA. Le déguerpissement s’était pourtant bien passé. Aucun incident majeur, le gouvernement à  travers le ministère du commerce et les groupements de commerçants détaillants de Bamako ayant au préalable convenu du plan de décongestion des voies publiques de la ville de trois caà¯mans. Du côté du gouvernement, engagement avait été pris de recaser les déguerpis. Du côté des commerçants détaillants, on prenait la chose du bon côté. Grand ouf de soulagement pour les usagers de la route, même les piétons appréciaient la fluidité de la circulation, et leur toute nouvelle sécurité, n’étant plus obligés de slalomer sur la chaussée, les trottoirs étant occupés par les étals. Aujourd’hui le constat est amer, ces acquis appartiennent au passé. Les forces de sécurité n’ont pas réussi à  juguler le retour en masse des vendeurs. Pour cause, pas de recasement. A défaut de trouver o๠aller, on retourne d’o๠on vient… Comment font-ils pour rester là  alors qu’il y a des agents déployés pour les en empêcher ? La réponse est franche : « on leur donne de l’argent » affirme sans ciller un vendeur ambulant. « Nous ne savons o๠aller, alors on se débrouille» lance Aminata Bocoum, revendeuse de friperie. Même son de cloche pour son voisin qui vend des jouets pour enfants. « C’’est nous les faibles qu’ils attaquent. Certains devraient être déguerpis mais ils ont été épargnés pour des raisons que nous connaissons tous » martèle de son côté Toumani Sidibé. Cette réoccupation des voies publiques pose un certain nombre de questions. Les effets peuvent-ils perdurer si les contrevenants savent que glisser quelques pièces les sortira d’affaire ? Est-il possible de faire respecter les décisions administratives si elles ne sont pas suivies de mesures d’accompagnement adéquates ? Les « Halles de Bamako » o๠sont censés être installés quelques mille commerçants ne sont pas complètement réaménagés. De plus, pour certains vendeurs qui vivent au quotidien du fruit de leur travail, devoir se déplacer pour se rendre sur le nouveau site n’est guère tenable. En attendant de trouver, enfin, une solution qui marche sur le long terme, prudence en roulant dans ces zones à  haut risque

Cache-cache commercial à Railda

Le grand marché de Bamako divorce, du moins pour l’instant, d’avec les embouteillages et l’encombrement. Depuis une quinzaine de jours, la mairie du district appuyée par les forces de sécurité a entrepris de déloger les commerçants qui occupaient de façon anarchique les trottoirs et les grandes artères du marché de Rail-Da. Vendeurs de prêt à  porter, de bazin, de perles, de chaussures, de sachets d’eau, de fruits et d’autres produits souvent consommés à  la va-vite sont sommés de déguerpir par des détachements de la police nationale, de la garde nationale, du Groupement mobile de sécurité et de la gendarmerie. De Batimat à  l’Institut national des arts, de l’hôpital Gabriel Touré à  Bagadadji, de Dabanani au guichet unique de la douane en passant par l’Assemblée nationale, la circulation est devenue fluide. « La mairie a raison, mais nous n’avons pas le choix » Des femmes, bébé sur le dos, l’assiette remplie de produits sur la tête courent à  tout va pour échapper à  la vigilance des policiers et des gendarmes. De jeunes badauds, vendeurs à  la sauvette se cachent dans les ruelles adjacentes le temps de laisser les forces de sécurité passer pour héler à  nouveau les clients. C’’est une course-poursuite infernale. Adiara Kabayoko, lessivée par le jeu de cache-cache, reconnait « avoir fauté. Je n’ai pas de cantine, je n’ai pas de place à  l’intérieur du marché et pourtant je dois nourrir ma famille avec mon commerce. Je viens de Bolibana d’o๠je prépare mes plats pour venir les écouler ici. Je payais juste une taxe journalière mais depuis la visite du roi du Maroc il nous est interdit de nous installer sur la chaussée. Si les agents municipaux nous prennent, ils embarquent nos produits et nous flanquent une amende donc en les apercevant on est obligé de fuir ». Un vendeur de cola, ressortissant de la Guinée Conakry soutient pour sa part « avoir déjà  perdu deux paniers de cola la semaine dernière. Je me suis présenté au niveau des services techniques de la mairie mais la contravention m’a découragé. La mairie a raison mais nous n’avons pas le choix et de toute façon ce n’est pas la première fois que de telles opérations ont lieu, la mairie organise des opérations ponctuelles et finit par nous laisser revenir d’autant qu’elle gagne des recettes substantielles avec les marchands à  la sauvette ». Du côté des automobilistes, l’on se frotte les mains car la circulation est devenue fluide à  Rail-Da et environs. Selon Makoro Kanouté, taximan de son état, « C’’est bien de les déguerpir mais il faut pérenniser l’opération parce que notre assemblée nationale se trouve au C’œur de ce grand marché et C’’est une mauvaise image de voir que le parlement est transformé en souk. Parfois les députés mettent du temps à  atteindre le marché et ceci n’est pas bien, il faut une solution durable ». Un assistant parlementaire ayant préféré garder l’anonymat confie que « lors des sessions budgétaires, nous avons du mal à  rester à  l’assemblée jusqu’à  des heures tardives du fait de l’insécurité ». La mairie de concert avec les forces de sécurité maintient la pression sur les commerçants mais jusqu’à  quand ? Le temps, seul, répondra à  cette question.

Libération des voies publiques : oui, mais après?

On ne sait d’ailleurs pas trop comment les nommer. Déguerpis, délogés, ou chassés, à  vous de choisir. Le fait est que, cette semaine a commencé avec un goût amer pour de nombreux commerçants détaillants de Bamako. l’idée du propos n’est certainement pas de critiquer l’opération en cours en ce moment pour dégager l’espace publique, envahi par les étals et autres boutiques-containers. Il s’agit plutôt d’attirer l’attention sur la nécessité d’accompagner ceux-là  qui ont perdu leur source de revenus, souvent déjà  trop faible. « Je payais mon ticket tous les jours aux agents de la mairie, pourquoi on vient me chasser ?». C’’est ce genre de récrimination que l’on entend depuis quelques jours aux alentours de la pace communément appelée «Railda». Car si les commerçants détaillants semblent comprendre le bien-fondé de la démarche des autorités, il est tout de même difficile d’accepter que l’anathème soit jeté sur eux, comme seuls responsables de cette situation. On peut en effet se demander si le fait de recevoir le paiement d’une taxe quelconque auprès de personnes illégalement installées n’est pas une façon de cautionner leurs agissements. Si la réponse à  cette question est positive, les commerçants délogés seraient en droit de demander réparation. La bonne dame qui vend du savon, ou le jeune homme qui distribue des mèches, et dont cette activité est le seul moyen de se mettre quelque chose sous la dent, aimeraient certainement que leur soient offertes des alternatives. Le bons sens a permis d’éviter le moindre accrochage depuis le début de l’opération. Le gouverneur a déclaré à  la télévision nationale que ceux qui s’aviseraient « de revenir sur leurs pas, seraient mal inspirés ». Il semble malheureusement que ce soit ce que la grande majorité ait en tête, revenir s’installer dès que « l’orage sera passé ». Les en empêcher risque d’être compliqué, à  moins qu’il n’y ait des propositions de solutions pour ce qui est aujourd’hui leur problème.

Libération des voies publiques : ultimatum au 3 Mars !

La mesure concerne tous ceux qui obstruent les voies publiques de la capitale. Vendeurs ambulants, mendiants, vulcanisateurs, kiosques, boutiques installées anarchiquement sur les voies publiques et autres citoyens qui sèment le désordre dans le trafic urbain. Abdel Kader Karim Konaté, ministre du Commerce, n’a cessé ces derniers temps de sensibiliser les occupants à  quitter les lieux rapidement pour rendre la circulation fluide. Cette mesure permettrait de désengorger certains axes envahis par les vendeurs de toutes sortes, notamment sur l’anneau Sotrama qui va vers le Marché central, le marché du quartier Hippodrome 1, aux abords de l’Hôpital Gabriel Touré, les Halles de Bamako, la Tour de l’Afrique et beaucoup d’autres lieux oà¹ à  chaque fois l’occupation devient anarchique et incontrôlable. Mais, l’application de la mesure du gouvernement invitant les détaillants à  libérer les lieux publics, a été une nouvelle fois repoussée au 3 mars 2014. Et cela, pour permettre aux différentes sous-commissions d’achever les travaux de recensement, d’identification et de mise à  disposition des sites pouvant recueillir les futurs déguerpis. La nouvelle a été annoncée, vendredi dernier, par le ministre du commerce, Abdel Kader Konaté, au cours d’une rencontre avec les représentants des associations de commerçants et transporteurs. Et ce message a été diffusé sur la télévision nationale le samedi et dimanche dernier pour sensibiliser les commerçants et autres à  céder les lieux publics. Deadline Prévue initialement ce lundi, 17 février 2014, c’est finalement le 3 mars prochain que sera donc effective l’application de la mesure gouvernementale visant à  rendre fluide, la circulation dans le district de Bamako. Ce nouveau report est le fruit d’intenses efforts de dialogue et d’échanges initiés par le ministre Konaté avec l’ensemble des acteurs. En effet, pour le chef du département de tutelle de l’activité commerciale au Mali, il faut donner un peu plus de temps aux trois sous-commissions (sous-commission Anneau Sotrama, sous-commission Recensement et sous-commission Recasement) afin que l’opération ait toutes les chances d’être menée à  la satisfaction des parties concernées. ‘’Compte tenu des difficultés rencontrées par les sous-commissions, j’ai demandé et obtenu un report jusqu’au 03 mars prochain. Avec ce report, les différentes sous-commissions ont encore deux semaines pour accomplir leurs missions dans l’intérêt de tous. Tant qu’il y a une lueur d’espoir pour le dialogue, il faut y aller », a déclaré Abdel Kader Konaté. Non sans prévenir toutefois que ‘’ la mesure sera appliquée et il n’y aura pas de troisième report » l’ultimatum pour évacuer les lieux publics. Tout devrait donc être mis en œuvre pour redynamiser les trois sous-commissions. Pour le suivi de leurs travaux, le ministre du commerce a prévu une rencontre tous les jours à  partir de 18 heures avec leurs responsables pour faire le point des différentes tâches clairement identifiées. Sur ce dossier sensible, les responsables des associations de commerçants détaillants et les transporteurs routiers ont pris l’engagement solennel de jouer leur partition. ‘’Nous ferons tout en terme de sensibilisation pour amener nos militants à  quitter sans se faire prier, les lieux visés par la mesure ‘’.