Khaira Arby : La voix du « bonheur » s’est tue

Comme son nom « Khaira » (bonheur), elle savait transmettre du bonheur à travers ses chansons. Révélée au grand public lors des biennales artistiques et culturelles du Mali, Khaira Arby  s’est définitivement tue ce 19 août 2018, à l’aube des ses 60 ans.

Elle laisse le souvenir d’une artiste talentueuse et profondément respectueuse. Avec sa voix mélodieuse, elle a  porté haut les couleurs du Mali à travers le monde.

« Je suis parmi les personnes qu’elle a beaucoup respecté. Elle était encadrée par l’un de mes meilleurs amis qui s’appelait Harouna Barry. Elle appelait ce dernier « mon père », elle faisait de même avec moi », se souvient Kardjigué Laïco Traoré, ancien directeur du ballet national et chef de DER Danse du Conservatoire Multimédia Balla Fasséké Kouyaté.

Comme de nombreux Maliens, il a appris le décès de Khaira Arby, à travers les ondes de la télévision nationale. Un choc pour lui qui a travaillé avec l’artiste, même s’il était au courant de sa maladie. Depuis sa chanson contre « l’Apartheid » en 1988, qui lui a valu le titre de meilleure soliste, lors de la biennale de cette année, elle n’a jamais quitté la scène. Au delà de la « grande artiste » que nous perdons, Traoré retient de Khaira Arby une personne caractérisée par « le respect de l’autre ». Toujours disponible pour la cause collective. « Chaque fois que l’on devrait faire des productions collectives, comme chanter pour la paix par exemple, elle était prête et venait d’elle-même », confie-t-il ajoutant qu’elle aimait le Mali et « son Tombouctou natal » où elle était vraiment la fille du pays.

Après son succès en 1988, lors de la biennale, elle entame une carrière solo en 1996 et sort un premier album. Accompagnée depuis, par Mamoudou Keita qui est devenu son manager et son conseiller artistique. « Je l’ai connue lors des biennales. Quand elle a voulu faire carrière solo en 1996, j’ai participé à son premier album, j’ai été son manager et son conseiller artistique » raconte-t-il.

C’est vers 20 heures ce 19 août qu’il a appris son décès, alors qu’il l’avait quitté à midi à l’hôpital. Plus qu’une artiste qu’il a accompagné, « c’est une sœur » qu’il perd. «  C’est une sœur  qui m’a quitté, ce n’est pas seulement des rapports professionnels, ce sont des rapports fraternels et d’amitié » qu’il entretenait avec Khaira Arby. « Elle avait  un sens élevé du social. Une dame qui avait un franc parlé et savait partager », note-t-il. Le Mali perd une grande défenseure de sa culture. Car elle s’était mise au service de la culture nationale et du peuple malien. Plusieurs fois grand-mère, cette icône de la musique malienne «  laisse un riche héritage discographique », selon son manager. Même si elle laisse un « grand vide, celui  d’une mère et d’une cheffe d’orchestre », elle  a su transmettre le savoir qu’elle avait, aux jeunes artistes qui ont été à son école, conclut Kéita.