Festival Didadi : La riche culture du Wassoulou s’affiche

Le festival international Didadi de Bougouni est prévu du 15 au 17 mars 2018, à Bougouni. Cette 5ème édition sera le moyen de mettre en exergue les talents locaux et de faire découvrir la riche culture du Wassoulou aux festivaliers.

Le festival international Didadi de Bougouni est une initiative de Seydou Coulibaly, natif de la localité. Cette activité culture vise à promouvoir la culture malienne, en particulier celle du Wassoulou. Bougouni est un carrefour, riche en sites touristiques mais aussi en danses folkloriques et autres instruments. « Il se trouvait que c’était un terrain vierge, qui n’avait jamais été exploité, c’est pour cela que je me suis lancé dans cette activité », déclare le Directeur du festival international Didadi de Bougouni. L’objectif général est d’assurer la promotion de la culture de la zone en général. « Aujourd’hui, quand je vois que tout le monde cherche à s’approprier sa culture au moment même où chez nous nous abandonnons la nôtre, cela me désole », nous a confié Seydou Coulibaly. Le thème retenu pour cette 5ème édition est « Tourisme, enjeux et perspectives pour Bougouni ».

Parmi les nombreux rythmes et instruments de Bougouni et de ses environs, dont le kamelegonni et le sigi, le didadi est le plus populaire. C’est une musique qui se joue lors de cérémonies telles que les baptêmes ou encore les mariages. Durant trois jours, plusieurs conférences et débats sont prévus, ainsi que des visites des sites touristiques, le gèrègue dinguè, le musée de Cola et le Tata de Sakoro, à quelques kilomètres de Bougouni.

Un plus pour les artistes locaux

Cette 5ème édition sera l’occasion pour quelques artistes locaux être connus d’un autre public. Pour agrémenter l’évènement, des prestations de toutes les ethnies représentées à Bougouni sont prévues et un bal sera organisé au bord du fleuve. Plus de 90 exposants venus de divers pays d’Afrique prendront part aux festivités. Pour Seydou Coulibaly, ce sera une semaine de fête pendant laquelle les hôteliers, les restaurateurs, les artisans et même les vendeurs de sachets d’eau verront leurs chiffres d’affaires augmenter.

Il s’agit bien d’un festival international, car le Didadi est une musique propre au Wassoulou, qui s’étend aujourd’hui sur trois pays : la Côte d’Ivoire, la Guinée et le Mali. Lors des éditions à venir, le promoteur Coulibaly espère faire intervenir des artistes de ces nationalités. Outre la présence de Nahawa Doumbia, la reine malienne du Didadi, signalons que Floby du Burkina Faso sera également au rendez-vous.

Oumou Sangaré, la méjicana !

C’est bien connu, Oumou Sangaré est l’une des plus célèbres ambassadrices du Mali à  l’extérieur et son talent se confirme au fil des ans. C’est donc au Mexique qu’elle vient d’affectuer une tournée mémorable, qui a séduit nos amis mexicains. Après Mexico la capitale, o๠a eu lieu un concert géant, Oumou Sanagré a joué au festival « Guanajuato Mazatlà¡n » le 15 octobre 2012. Le lendemain, elle était dans un autre espace, le Peralta Mazatlan. Oumou Sangaré a aussi joué aussi le 20 octobre dans le plus grand festival de ce pays à  Ecatepec de Morelos. La boucle a été bouclée par le festival International Cervantino, qui accueille plus de 100 000 spectateurs par soirée. Selon nos confrères de la télévision mexicaine, les premières sorties de la diva du Wassoulou ont été appréciées par les fans de la musique, grâce aux artistes de talent qui l’accompagnaient, il s’agit de Benogo Diakite (Kamélé ngoni), Cheikh Oumar Diabate (Djembe), Dandio Sidibe, choriste, Herve Samb, guitare, Johann Berby à  la guitare basse et Gregory Brice aux tambours. Après le Mexique, Oumou Sangaré est passée par Paris, avant de repartir pour Londres. Elle sera de retour à  Bamako en début novembre. Partout o๠la diva est passée, elle a mentionné la crise que vit le Mali, en lançant des messages à  ses fans. Et surtout pour convaincre les uns et les autres de soutenir le Mali. ‘‘Je ne suis pas la seule. Actuellement, tous les artistes maliens le font. C’’est notre seule manière d’apporter notre solution à  la crise que connaà®t notre pays’‘.

FICAWA, le Wassoulou dans tous ses états

Initié par l’Association pour la sauvegarde des cultures du Wassoulou, le FICAWA (06 au 08 janvier 2012)est un espace de promotion des valeurs du terroir wassoulouka, situé en troisième région du Mali, la région de Sikasso. Ainsi, trois jours durant, les participants ont eu droit à  un large éventail de la richesse des populations, des sites historiques au musée de Diarani en passant par la très célèbre géomancie locale. Ouvert le vendredi 06 janvier par les autorités locales et en présence d’un nombreux public, le Festival est également dénommé « Djimbatulon ». Le « djimbatulon » selon le coordinateur du Ficawa Dramane Sangaré, est une danse guerrière qui a existé dans le terroir wassoulou et qui a disparu. Donner ce nom à  cette manifestation est une manière de rappeler toutes les richesses culturelles qui sont aujourd’hui en train de disparaà®tre, faute de promotion et de transmission. Groupes artistiques, masques, chanteurs du cru, visite du musée du wassoulou à  Diarani et de l’arbre sacré de Djiléfin ont été les temps forts de la journée du samedi qui a concentré le plus grand nombre d’activités. Le musée de Diarani est l’initiative d’un fils du village, Satigui Sidibé, qui, pour ne pas voir tomber dans l’oubli les us et coutumes a décidé de créer un espace o๠sont visibles des ustensiles, des styles architecturaux, des instruments de musique qui sont très rares aujourd’hui. Quant à  Djiléfin, C’’est un arbre sacré qui a reçu la visite des festivaliers. Cet arbre, vieux de quelques deux cent ans, a vu naà®tre le village et a été le témoin d’un combat mystique entre le brave chasseur Filifing Bou Sangaré et Almamy Samory Touré, au 19ème siècle. Aujourd’hui, les populations de Djiléfin tirent la sonnette d’alarme car un parasite végétal s’attaque à  leur arbre sacré qui risque de mourir, menaçant ainsi la survie de la localité. Les partenaires de l’Association pour la sauvegarde de la culture du Wassoulou ont également profité du Festival pour faire passer leurs messages. Ainsi, l’ONG environnementale Mali-Folkecenter a tenu une tribune o๠elle a recueilli les préoccupations des populations en matière de gestion des ressources naturelles dans l’optique de la protection de l’environnement et de la lutte contre la pauvreté. Et ce dans l’optique du Forum Environnemental National qui se déroulera le mois prochain à  Bamako. Le Wassoulou, terre de savoirs occultes Dimanche, la colline « Sèguèrèkoulou » a grouillé de monde venu voir la ruche centenaire qu’elle abrite. Ces abeilles, selon la légende, aidaient les guerriers en attaquant les ennemis. A quelques kilomètres de là , un tunnel creusé dans le roc abouti à  une caverne souterraine pouvant abriter des centaines de personnes. Badogo, le village voisin date de 800 ans et le chef de village confie que les premiers habitants ont trouvé à  leur arrivée cette vaste salle qui devait servir de refuge aux populations pendant les guerres. Les chasseurs n’ont pas failli à  leur réputation. Recevant les festivaliers dans leur musée à  Yanfolila, ils ont fait démonstration de leurs pouvoirs, racontant les faits glorieux du passé et prédisant le futur. La confrérie des chasseurs est très respectée et crainte au Mali et particulièrement dans le wassoulou d’o๠ils ont mené des guerres de conquêtes et posé des actes de bravoure. Et ce sont eux qui ont « donné la route » aux festivaliers, leur adressant des bénédictions, en attendant de les revoir l’an prochain, pour la 3ème édition du FICAWA «Djimbatulon» à  Yanfolila.

Oumou Sangaré, la diva éternelle du Wassoulou…

On l’appelle la diva du Wassoulou, une région au sud du fleuve Niger. Mais Oumou Sangaré, C’’est d’abord une voix chaude qui dit l’âme, un timbre ample qui célèbre la vie. Aujourd’hui; sa musique a dépassé les frontières du Mali. Et la chanteuse est devenue une ambassadrice de la cause des femmes, doublée d’une femme d’affaires avisée. Le chant pour la cause des femmes Aminata Diakité, sa mère, lui a appris à  chanter! Pour aider à  nourrir sa famille et un père absent. La petite Oumou se produit d’abord dans les baptêmes, les mariages et vend parfois de l’eau dans la rue. Lorsqu’ on vient de la région du Wassoulou, o๠sont célébrés les chants des chasseurs, il n’est pas nécessaire d’être un djéli ( griot), pour chanter. Oumou Sangaré ne déroge pas à  la règle car sa grand-mère était déjà  une interprète reconnue. Son talent se révèle lors d’une scène au stade Omnisports, devant près de 6000 spectateurs. Oumou qui a remporté la finale d’un concours organisé entre plusieurs écoles de Bamako, chante à  n’en plus finir. Repérée, elle intègre l’Ensemble du Mali, puis celui des percussions du Djoliba. Elle part ensuite en tournée pour la première fois, en 1986. De retour, au Mali, elle acquiert la maà®trise de sa voix avec Amadou Bâ Guindo, grand maà®tre de musique et apprend le répertoire traditionnel de la région du Wassoulou. Après le Mali, Oumou Sangaré s’envole pour Abidjan, afin de lancer sa carrière, une expérience qui s’avérera difficile au début pour la jeune chanteuse: «Partir, quitter mon environnement a été très dur. Il a fallu beaucoup de ténacité à  mon producteur pour que J’accepte de le suivre là  bas». En 1990, le premier album «Moussolou » sort et fait un véritable carton. Plus de 200000 exemplaires vendus. Dédié aux femmes, Oumou y chante avec grâce, le poids des traditions, en se nourrissant de sa propre expérience et qui plus tard justifiera son engagement contre les mariages arrangés et la polygamie. Ce premier opus fera d’elle une star et à  Ali Farka Touré, conquis à  l’époque, la fera signer sur le label anglais World Circuit : une aubaine pour la chanteuse qui verra s’ouvrir les portes du succès international. Oumou, ambassadrice du Wassoulounke et du Mali Populaire, Oumou Sangaré se produira sur les plus grandes scènes du monde et deviendra une ambassadrice de la musique du Wassoulou, elle chantera à  l’Opéra de Sydney et de Bruxelles, à  Central Park à  New York, dans des festivals populaires comme celui d’Essaouira au Maroc, au Queen Elizabeth Hall de Londres et même au pays du soleil Levant ! Oumou Sangaré séduit le public occidental parce qu’elle chante dans la langue de son terroir : le Wassoulou’nke. Ses thèmes de prédilection restent les femmes, la polygamie et les mauvaises traditions : « La tradition a du poids car elle sous tend le bon fonctionnement de nos sociétés africaines, mais il ne faut pas hésiter à  dénoncer ses mauvais côtés et ce que J’ai toujours fait », insiste la chanteuse qui fait vibrer les salles « Nous transmettons un message au public et nous devons le faire avec le plus de sincérité possible ! » La diva sait aussi s’amuser sur scène, comme lors du Festival du Désert d’Essakane aux côtés de son vieil ami Ali Farka Touré, disparu aujourd’hui. Après Moussolou, Oumou Sangaré signe l’album KoSira en 1993, puis Worotan en 1996 ; sur lequel figurent des artistes internationaux comme Pee Wee Ellis, l’ex saxophoniste de James Brown. Laban son quatrième album parait en 2001 et se vend également à  plus de 100000 copies rien qu’au Mali. l’artiste enchaà®ne les enregistrements et livre ses prestations avec énergie. Vient alors le temps du recul; Dans «Oumou», paru en 2004, l’artiste regroupe ses plus gros succès et des inédits qui rendront fou ses fans ! La diva accusée de plagiat Toute grande star ne saurait être épargnée par le scandale, et la diva du wassoulou a été accusée de plagiat à  plusieurs reprises ! Certaines sources affirment qu’Oumou Sangaré aurait eu des démêlés avec Samba Oussou, un artiste du pays, sur l’album Korotan, et que ce dernier aurait entièrement produit Après ce fâcheux épisode, l’artiste Oumou Sinayogo, originaire du Wassoulou , accuse aussi sa compatriote. l’album de cette dernière intitulée «tchèla sigui djôro » est sorti quelques mois avant celui de la diva. La chanson dont le titre fut donné à  l’album d’Oumou Sinayogo, a été intégralement repris par la diva du Wassoulou dans l’album «Bi furu ».Même sonorité, même texte. A ces accusations, Oumou Sangaré répond qu’une chanson du terroir peut être reprise par tout artiste. Une légende vivante de la musique malienne Avec de nombreuses distinctions, le Prix de la musique de l’Unesco en 2001, Ambassadrice de la FAO en 2003, Commandeur des Arts et Lettres de la République Française, Oumou Sangaré s’est aussi lancée dans les affaires: Elle a ouvert un hôtel à  Bamako, commercialisé une marque de 4X4 baptisée affectueusement Oumsang et mis un pied dans l’agriculture. Consciente que sa notoriété lui confère des opportunités, la diva vient de sortir l’album Kounadya, ( La chance ) en décembre 2008 et reste toujours aussi influente au Mali, cette terre qui la berce, et dont elle répand les effluves du Wassoulounkè, partout o๠la mène sa musique.