« Reconstruire la mosaïque »: les populations du Nord veulent la réconciliation

« La rupture est profonde mais pas irréparable ni irrémédiable ». Ces quelques mots du Directeur pays d’Oxfam au Mali, Mohamed Lamine Coulibaly illustrent les résultats d’une enquête menée en Juin 2013 auprès de 2000 personnes à  Gao, à  Tombouctou, à  Bamako et dans des camps de réfugiés maliens au Burkina Faso. Le rapport présenté ce jeudi au Radisson de Bamako est l’oeuvre d’une équipe composée de représentants de OXFAM, Handicap International et WILDAF Mali. Ilaria Allegrozzi, responsable de la campagne pour les droits en situation de crise au Mali à  Oxfam et co-auteure du rapport, explique le bien fondé de cette étude. « Nous avons pensé qu’il fallait donner la parole à  ceux qui ont vécu la crise, qui en ont été victimes, directement ou indirectement. Ce rapport est fidèle à  ce qui a été dit par les populations » rencontrées et interviewées sur les différents sites. Deux faits marquants au terme de ce travail de recherche: les populations veulent que la paix et la reconciliation soient effectives, mais elles désirent avant tout que justice soit rendue. « Sans jsutice, on ne peut pas parler de réconciliation, pas de recontruction du tissu social » peut-on lire dans le rapport. Plus jamais ça » Le conflit qui a secoué le Mali de 2012 à  2013 a laissé de profondes séquelles dans le tissu social malien. Les relations entre individus et communautés qui entretenaient jadis des liens particuliers ont été tendues allant parfois jusqu’à  des situations d’extrême violence, voire de haine. « Cette crise est un cauchemar pour moi, témoigne un habitant d’un village près de Tombouctou. Elle a tout bouleversé ». Malgré ce sentiment général de « désastre », et la peur et la méfiance qui se sont installées, et toujours selon le rapport, on sent une volonté très forte de tourner la page. « Plus jamais ça, nous a-t-on dit. Partout », affirme le directeur Oxfam Mali. Cependant, le rapport fait état de « minorités non négligeales, issues de populations déplacées internes et surtout réfugiées »,qui estiment « la séparation entre communautés plus appropriée pour la reconstruction du Mali ». Le « premier défi » sera donc celui du dialogue, conclut l’étude qui invite en terme de recommandation, les autorités maliennes à  écouter la voix des populations. Restaurer la communication entre les individus et les communautés, les faire « s’asseoir ensemble, se parler, se donner la main et regarder dans la même direction ». Eviter d’utiliser la question ethnique, minimisée par les populations, à  des fins politiques et promouvoir la justice pour tous, afin que le tissu social mis à  mal puisse se reconctituer correctement, en tirant des leçons des reglements des conflits précédents.Autant de pistes évoquées par les populations interrogées qui aspirent à  une normalisation rapide de leur situation sociale, économique et sécuritaire. Le rapport « Reconstruire la mosaà¯que, perspectives pour les relations sociales au nord du Mali » a été lancé simultanément au Mali et au Burkina Faso. Il fera l’objet d’une large diffusion dans les régions ciblées et d’une mission de plaidoyer auprès de l’Union Africaine à  Addis Abeba et des prinicpales capitales occidentales, partenaires de la reconstruction du Mali.