Fare an ka wuli : rentrée politique à Yanfolila

Le parti Fare an ka wuli de l’ancien Premier ministre Modibo Sidibé fera le dimanche 21 mars sa rentrée politique au titre de l’année 2021 à Yanfolila, à 195 km de Bamako, dans la région de Sikasso. Yanfolila est le fief du parti et le seul cercle au Mali à avoir donné, à l’issue des dernières communales, une quarantaine d’élus communaux aux Fare. Selon le Secrétaire général adjoint du parti, Bréhima Sidibé, c’est également une manière de remercier les militants du cercle et de consolider les bases de la formation politique. Cette rentrée politique sera « l’occasion pour l’ensemble des organes invités d’échanger sur l’actualité nationale, les perspectives par rapport aux élections générales de 2022 et la vie du parti également ».

La rentrée politique sera présidée par Modibo Sidibé. Entre 400 à 500 délégués et sympathisants du parti sont attendus pour prendre part à cette rencontre importante. Les organisateurs assurent qu’ils mettront tout en œuvre pour le respect des mesures barrières anti Covid-19.

Yanfolila : Affrontements autour d’une mine

Un groupe de personnes vivant dans la localité de Yanfolila a tenté hier d’empêcher la société minière « Hummingbird Resources » d’effectuer des travaux de préparation du site pour étendre ses opérations minières dans la zone, occasionnant un affrontement avec les gendarmes. Face à cette violence, les travailleurs miniers ont abandonné le travail et réclament leur salaire.

Les villageois ne sont pas d’accord avec l’occupation de leur terre au profit de l’exploitation minier. En dépit d’un accord qui avait été trouvé avec le gouvernement, la résistance ne faiblit pas. « Nous avons entendu des coups de feu dans le village de Bougoudalé et la situation était vraiment préoccupante » indique un employé de la société. Cette dernière déplore les incidents qui ont survenu hier mardi et ont couté la vie à quelques personnes. « Malheureusement, nous avons été informés que ces affrontements ont entrainé la perte d’au moins trois vies  dont deux ne seraient pas des ressortissants maliens » a déploré la compagnie minière Hummingbird Ressources.

Suite à cet incident, plusieurs employés de la société African Mining Service (AMS) fournissant des services miniers à la société mère ont rejoint Bamako, fuyant l’insécurité sur place à Yanfolila. Arrivés dans la capitale hier dans la nuit, ils réclament leur salaire et des frais de transport pour rallier leurs différentes familles jusqu’à l’apaisement de la situation.

Ce matin dans les locaux de la Société africaine d’études et de réalisations (SAER-EMPLOI), ils étaient nombreux à faire la queue pour pouvoir être payés. Ils affirment avoir passé toute la nuit dehors en espérant obtenir satisfaction aujourd’hui. « Nous sommes dans la galère, nous n’avons rien. Nous avons tout laissé là-bas. Nous voulons qu’on nous paye ce matin parce qu’on ne sait pas quand le travail va reprendre » confie un travailleur sur place. « L’AMS nous a confié à la SAER. Nous avons notre argent avec eux et nous voulons le prendre avant de partir chez nous » ajoute un autre.

La situation commençait par se décanter avec le payement effectif de certains employés, même s’ils ont déploré le manque des frais de transport comme promis par la société. « Ils ont commencé à nous payer et si possible on sera tous servi. Le travail n’est pas fini, si la tension baisse sur le terrain nos supérieurs vont nous rappeler pour la reprise » espère un employé.

Des sanctuaires de l’écotourisme à Bougouni et Yanfolila

Expliquer aux populations riveraines des forêts classées des cercles de Bougouni et Yanfolila, l’expérience inédite de partenariat public/privé pour la gestion des aires boisées. C’’est le but d’une visite du ministre de l’Environnement et de l’Assainissement Pr Tiémoko Sangaré dans ces deux localités du 16 au 19 mars 2011. Il était accompagné du conseiller technique Souleymane Cissé, du directeur national des eaux et forêts Alassane Boncana Maà¯ga et de nombreux autres cadres de son département. Dans le but de protéger les forêts de ces localités, l’Etat a conclu un contrat d’amodiation en mai 2008 avec la société Agro industrie développement (AID SA). Cette société est dirigée par Ibrahim Togola, le directeur de Malifolkcenter, une ONG qui œuvre beaucoup dans le domaine de l’environnement. Le contrat porte sur un complexe de forêts classées et d’aires protégées comprenant cinq entités et couvrant une superficie de plus de 197.000 ha. Des études écologiques effectuées en 1991 ont montré que ce complexe constitue avec le Bafing dans la région de Kayes un des derniers refuges des grands mammifères de la savane ouest africaine. Avant de se rendre sur le terrain, le ministre Sangaré a présidé à  Bougouni, jeudi 17 mars, l’atelier de validation du plan d’aménagement du complexe forestier de Bougouni/Yanfolila. Ce document servira de bréviaire aux activités futures. « Ce plan d’aménagement doit être considéré comme un outil d’orientation et d’aide à  la décision qui permettra aux responsables régionaux et locaux de mieux comprendre le bien-fondé de l’amodiation et de créer une dynamique permettant à  long terme un développement socioéconomique stable du point de vue écologique dans le complexe et ses environs », a expliqué le ministre Sangaré qui a ajouté que « l’aménagement du complexe des forêts classées et des aires protégées de Bougouni/Yanfolila vise à  long terme la gestion des ressources de la biodiversité à  travers une exploitation rationnelle et soutenue de la faune et de son habitat et une amélioration de la biomasse forestière», a expliqué le ministre Tiémoko Sangaré à  l’ouverture de l’atelier. Le projet bénéficie de l’appui technique et financier de l’USAID. Ibrahim Togola a expliqué que dès que le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement apposera sa signature au bas du document du plan d’aménagement, la recherche du financement pourra démarrer. Il ambitionne de faire de la zone un sanctuaire protégé et générateur de revenus grâce au développement de l’écotourisme. Les activités prévues consisteront à  réaliser des actions d’aménagement et de protection de la faune, développer l’écotourisme, valoriser les productions agro-forestières en vue de l’accroissement des revenus des populations riveraines, réaliser des actions compensatoires de développement communautaire. l’idée est de créer des ranchs et des sanctuaires o๠la faune et la flore seront protégées efficacement et o๠les amis de la nature pourront venir de par le monde pour séjourner et regarder les arbres et les animaux sauvages. Le ministre Tiémoko Sangaré et sa délégation se sont rendus à  Yorobougoula, Filamana, Djiguiya Koloni, Garalo, Solabougoula. Dans toutes ces localités visitées, les populations qui sont déjà  informées des tenants et aboutissants du projet, ont exprimé leur adhésion tout en exprimant un certain nombre de préoccupations. Des intervenants ont demandé quel sera le sort des activités génératrices de revenus que les populations mènent dans les forêts. Il se trouve que certains paysans possèdent de grands vergers d’anacardiers dans les forêts. En réponse, le ministre Tiémoko Sangaré a expliqué que le projet prévoit qu’aucune activité ne sera plus tolérée dans les forêts classées. Ceux qui possèdent des champs d’anacardiers avaient bénéficié d’un moratoire d’un an. Il sera trouvé des modus vivendi pour leur permettre d’exploiter leurs vergers. Partout, le ministre Tiémoko Sangaré a exhorté les populations à  tirer profit des opportunités que le projet ouvrira notamment pour les jeunes. Des emplois seront créés par les opérateurs privés qui exploiteront les complexes. Les villages riverains des forêts classées bénéficieront de l’électricité pour diminuer l’utilisation du bois. Les retombées du développement de l’écotourisme sont immenses, a fait savoir le ministre de l’Environnement et de l’Assainissement qui a rappelé les exemples du Kenya et de la Tanzanie qui tirent beaucoup de ressources des parcs naturels.

Dans l’œil du photographe Malick Sidibé : à 73 ans, il lit sans lunettes !

A 73 ans, le génie malien de la photo n’a pas encore réalisé ses derniers clichés. Il marche sans canne, lit sans lunettes et se déplace seul dans la ville de Bamako qui a vu naà®tre sa gloire. Troisième fils de sa mère, Malick est le seul enfant de sa famille à  avoir fréquenté l’école française du temps des colons. Il a vu le jour dans le petit village de Soloba en 1936. Il confesse : « Un matin, alors que je jouais avec mes camarades, mon père me fit appeler pour m’annoncer que J’étais inscris à  l’école le lendemain. J’étais tout excité à  l’idée de pouvoir apprendre à  lire et à  écrire. » Après l’obtention de son diplôme d’études fondamentales, Malick entre à  l’Institut National des Arts (INA). Sans bourse, il y accède en 1952 grâce au commandant de cercle de Bougouni, monsieur Baker et qui voyait déjà  ses talents de dessinateur. Il lui fallait un métier. Il opte alors pour la bijouterie et gagne un diplôme de dessin en 1955. Malick explique qu’il a choisi la bijouterie pour se maintenir à  l’INA puisque «les peuls n’ont de vocation pour cet art ». Ensuite la chance lui sourit. Son chemin croise celui du photographe français Gérard Guignard qui recherchait un dessinateur pour décorer son studio. Malick était la personne indiquée. C’’est après avoir visionné les photos de Malick que son futur associé lui propose une collaboration. Il devient son apprenti. Du dessin à  la photo, un talent inné… Le talent pour l’image est inné chez Malick Sidibé. Dès le primaire, il dessine avec du charbon de bois. Du dessin, il passe à  la photo. Un jour, alors que la photo était méconnue à  cette époque, sa mère rêve que toute la maison est ornée de photos prises par Malick. Photos qu’elle a jadis qualifié de dessins puisqu’elle ignorait le nom de ces « images », raconte Malick ému. Et lorsque Gérard Guignard lui demande sa collaboration, son premier réflexe est de faire le parallèle entre l’appareil photo et le dessin. « l’appareil photo est plus rapide que le pinceau », avait conclu Malick. En 1956, l’enfant du Fouta Djalon acquière son premier appareil photo. Il s’essaie d’abord à  des prises de nuit, dans les soirées dansantes puis esquisse des portraits en noir et blanc ou de groupes et qui feront sa patte. Chacun veut se faire photographier par le génie Malick. Au studio de Guignard, o๠il travaillait, il représente la sensibilité africaine et Gérard, l’influence occidentale. En 1957, Malick Sidibé se met à  réparer les appareils photos, tout en montrant l’étendue de sa passion. Il était le seul réparateur à  l’époque. « Les gens venaient de Guinée, de Haute volta et même de la Mauritanie pour me confier leurs petits bijoux. C’’est le destin d’un homme qui fait aujourd’hui la fierté du Mali. l’année 1960 marque un tournant dans la vie de Malick Sidibé. l’heure est venue de quitter le maà®tre. l’artiste crée son propre studio photo dans le quartier populaire de Bagadadji à  Bamako et se met à  son compte. La même année, il se marie et peut avec fierté targuer d’être le patriarche d’une quinzaine d’enfants aujourd’hui. Parmi eux, un seul prendra la relève. Un casque difficile à  porter si l’on en croit cette légende de la photographie malienne. Mais Karim répare les appareils comme l’a fait son père en son temps. De 1960 à  nos jours, le studio du maà®tre est resté le même. C’’est là  qu’il se fera connaà®tre grâce à  des clichés qui feront le tour du monde. Une pluie de récompenses Malick Sidibé a reçu il y a quelques jours, le prix photo-Espagna de la meilleure photographie à  Barcelone. C’’était le 22 juin dernier : « Ce n’est pas le prix qui m’a impressionné, mais plutôt l’ambiance autour, l’enthousiasme avec lequel le public m’a accueilli. Cela m’a beaucoup touché. C’’est un honneur pour moi, mais aussi pour le Mali de recevoir ces distinctions », ajoute t-il les yeux brillants. La photo est-elle un art réservé à  quelques privilégiés ? « Je vis biende mon art. Grâce à  mes photos, ma famille est à  l’abri… ». Malick a aussi investi dans plusieurs actions caritatives et contribué à  la construction d’écoles dans son village natal à  Soloba. A 73 ans, il continue d’exercer son métier de photographe et a toujours préféré l’argentique malgré l’avènement du numérique.