Mine de Yatela : un fonds de réhabilitation mis en place

D’une valeur de plus de 15 milliards de francs CFA (29 millions de dollars), il servira à la réhabilitation de la mine et au financement de projets de développement pour les populations locales.

La mine d’or de Yatela, dans la région de Kayes, est en passe de devenir une entité étatique. Elle était détenue à 80% par la société « SADEX » (Sadiola Exploration Limited), filiale conjointe des Canadiens IAM Gold et Anglo Gold Ashanti Limited, et à 20% par le gouvernement malien.

SADEX a décidé de se retirer de la mine pour « des raisons internes ». Elle a conclu le 14 février 2019 une convention d’achat d’actions avec le gouvernement du Mali et accepté de vendre pour 1 dollar sa participation. « Cette opération demeure soumise à diverses conditions préalables, notamment l’adoption de deux lois, la confirmation de la conversion de Yatéla en entité étatique et la création d’un organisme qui assumera la responsabilité de la réhabilitation et de la fermeture de la mine », informe IAM Gold Corporation.

Le Mali a adopté le 6 janvier dernier les projets de textes relatifs à la création, à l’organisation et aux modalités de gestion du Fonds de réhabilitation et de fermeture de la mine d’or de Yatela. Un compte d’affectation spéciale dudit fonds a été créé au Trésor public. Il sera destiné à la réhabilitation et à la fermeture de la mine et au financement de certains programmes sociaux. « Ce sont environ 29 millions de dollars (plus de 15 milliards de francs CFA) que SADEX va verser à l’État malien, qui, en retour, va mener des actions par rapport à tout ce qui est dégâts environnementaux ou autres. Il va également mener des activités au bénéfice des populations locales », explique M’Baye Coulibaly, chargé de communication au ministère des Mines, de l’énergie et de l’eau.

À l’issue du paiement, « SADEX et les membres de son groupe seront dégagés de toute obligation se rapportant à la mine Yatéla, y compris pour ce qui a trait à la réhabilitation et à la fermeture de la mine et au financement des programmes sociaux », précise IAM Gold Corporation.

La production de la mine d’or de Yatéla a débuté en 2001 et a cessé fin 2016. Selon l’État malien, elle avait contribué à l’économie nationale et locale à hauteur de 383,445 milliards de francs CFA au 31 décembre 2018.

Fermeture de la mine de Yatéla: plus de 400 licenciements

A Yatela dans la commune rurale de Sadiola dans le cercle de Kayes, cette nouvelle bouleverse la population. Cette dernière s’inquiète des conséquences économiques de la fermeture de cette mine. Ils sont nombreux, les ouvriers à  chercher d’autres moyens pour pouvoir survivre. Quand certains envisagent de se lancer dans l’exploitation artisanale des mines, d’autres comptent se lancer dans le commerce. « On ne sait plus o๠donner la tête. Si nous rentrerons dans nos droits, nous allons tenter nos chances ailleurs, soit faire le commerce ou créer d’autres activités génératrices de revenus » nous confie un chauffeur de la mine. Quant à  l’ouvrier Tidiane Diarra, il compte se lancer dans l’exploitation artisanale des mines. « On n’a pas d’autres choix que d’aller au « dama » » c’est-à -dire l’orpaillage traditionnel. Les autorités locales sont également inquiètes. « La fermeture de cette mine laissera un vide dans notre mairie. Leur soutien à  nos activités est immense » déclare un conseiller municipal de Yatela. « Qu’est-ce que nous deviendrons quant cette mine fermera? » s’interroge Amadou Mariko, un commerçant de la localité. Les raisons de la fermeture Ouverte en 2000, la mine d’or de Yatéla devrait fermer en 2005. Suite à  des négociations, la fermeture a été repoussée jusqu’à  2010. Et pourtant, ce n’est pas l’arrêt total à  Yatéla. Des sources concordantes indiquent que la société s’est donnée le temps de constituer d’importants stock de minerais. Le traitement des dépôts de ces minerais se poursuivra jusqu’en 2016. Le plan de fermeture de la mine prévoit d’autres activités génératrices de revenus comme le maraà®chage, etC’…. D’autres sources affirment que les raisons évoquées par les Sud-africains pour justifier la fermeture de cette mine importante sont entre autres, les problèmes de sécurisation du puits, la baisse du cours actuel de l’or sur le marché mondial et la diminution de la marge de profitabilité. La combinaison de ces facteurs a entraà®né la suspension de certaines activités dans la mine, notamment l’excavation minière. Il revient au nouveau gouvernement de veiller à  ce que les licenciés rentrent dans leurs droits et les accompagner dans la reconversion afin d’éviter le cas amer des travailleurs licenciés de l’Huicoma sous le régime d’Amadou Toumani Touré. Il faut rappeler que la Société d’exploitation des mines d’or de Yatela SA est une joint-venture entre les compagnies AngloGold Ashanti et IAM GOLD qui détiennent chacune 40% du capital et l’Etat du Mali qui en détient 20%.

Sadiola et Yatéla : la communication au cœur du dispositif minier

Pour mieux consolider leurs activités, les sociétés Semos et Anglogold Ashanti misent sur la communication entre l’ensemble des acteurs intervenant dans le secteur minier. Cette année, la huitième édition du forum a ouvert ses portes ce mardi 24 janvier 2012 au Sahel Club de Sadiola. C’’était sous la présidence de Djibrila Togola, représentant du ministre des mines et des deux Directeurs de Semos et d’Anglogold Ashanti. La communication au C’œur du dispositif des deux mines l’objectif de ce forum est d’améliorer la communication sur l’activité des mines d’or de Sadiola et de Yatela SA à  travers un programme de consultation publique et de concertations. Le forum a enregistré près de 300 participants à  savoir, des partenaires, des travailleurs et des représentants des collectivités, des médecins, des laborantins et des commerçants etc. Dans la revue des activités annuelles, il ressort sur le plan de l’emploi que les deux mines emploient respectivement 2134 travailleurs pour Sadiola et 1016 pour Yatela. En 2011, plus de 520 millions ont été injectés dans la formation des travailleurs des deux mines. Le recrutement des employés obéit lui à  des règles strictes basées sur la qualification. Ce qui exclut en majorité les populations des villages riverains. Pour compenser cette situation, des groupements d’intérêt économique (GIE) ont été créés pour offrir à  ces populations des activités régénératrices de revenus. Plus 200 millions ont été injectés dans ces GIE. Sur le plan environnemental, une séquence de contrôle a été effectuée par le laboratoire national de l’eau et des appareils mis en place pour contrôler l’air. s’y ajoute une équipe d’urgence pour intervenir en cas d’incidents naturels. Sur le plan de la santé, des études épidémiologiques ont été dirigées par l’INRSP et le laboratoire national de la santé. Booster l’économie nationale l’apport annuel des deux mines à  l’économie nationale est important. La société d’exploitation des mines d’or de Sadiola à  elle seule, contribue à  hauteur de 290 milliards FCFA. Quant à  la mine de Yatela, la part est estimée à  198 milliards FCFA. Des investissements sociaux non négligeables sont aussi réalisés : l’approvisionnement des villages en eau potable, la construction d’écoles et de centres de santés. Malgré ces investissements, des problèmes demeurent dans ces localités. Les tronçons reliant Sadiola et Yatela à  Kayes et Bamako sont impraticables. D’o๠l’incompréhension d’un participant au forum : « Je ne comprends pas, malgré des milliards générés par ces mines, je ne vois pas d’impact sur les routes des mines ». l’honorable Thiam, un élu de Kayes propose lui la construction d’un centre de formation adapté aux besoins et pour résorber le chômage. De plus, les fonds attribués à  la collectivité locale manquent de suivi et d’assistance technique, selon le président du conseil de cercle de Kayes. Pour le Directeur de la mine de Yatela, cette journée minière a permis un échange fructueux entre les acteurs intervenants dans le secteur. Pour le Directeur d’AngloGold Ashanti, le but de cette rencontre est de maintenir une communication entre les parties prenantes. «Sans les communautés locales, l’objectif visé ne sera pas atteint». Ce forum se tient au moment o๠le code minier est soumis à  l’examen à  l’Assemblée Nationale. La première journée du forum s’est clôturée par la visité des sites de Yatéla et de Sadiola qui seront respectivement fermés en 2014 et 2025.