Transition : Une union sacrée est-elle possible ?

Dans un message adressé le 15 octobre dernier au Président de la Transition, le Président du Parti pour l’action civique et patriotique (PACP) dissous, Yeah Samaké, appelle à une union des forces pour sauver le Mali. Son initiative relance le débat sur la possibilité d’une union sacrée des Maliens dans un contexte de crise multidimensionnelle profonde.

Dans son message, Yeah Samaké invite à « dépasser les clivages » afin de bâtir ensemble un Mali fort, souverain et prospère. « Je viens en paix, avec le cœur d’un patriote sincère », écrit-il, avant de tendre « une main fraternelle pour le Mali ».

Cet appel à l’unité intervient dans une période où la cohésion nationale est plus que jamais mise à l’épreuve. Mais une union sacrée rassemblant acteurs politiques et forces vives autour des autorités de la Transition est-elle réellement possible dans le climat actuel ?

Méfiance 

L’appel de Yeah Samaké, au-delà de sa portée symbolique, ravive le débat sur les conditions d’un dialogue inclusif dans un Mali fragmenté par les tensions politiques et sociales.

Depuis plusieurs mois, une partie de la population réclame un retour à un ordre institutionnel normal, tandis qu’une autre affiche un soutien indéfectible aux autorités actuelles, convaincue que les anciens dirigeants ont failli. Cette fracture du corps social s’accompagne d’une crispation politique qui rend toute initiative d’union nationale difficile à concrétiser. Comme le souligne un analyste politique, « il ne suffit pas de tendre la main, encore faut-il qu’elle soit saisie. Or, aujourd’hui, la main de la réconciliation se heurte au mur de la méfiance et du ressentiment ».

Depuis la dissolution des partis politiques en mai dernier, la scène politique est figée, et les relations entre la Transition et les anciens acteurs politiques restent tendues. Bien avant cette mesure, plusieurs leaders d’opinion, anciens ministres, Présidents de partis et figures religieuses avaient été arrêtés, réduits au silence ou contraints à l’exil.

Dans ce contexte, l’appel à l’union sonne à la fois comme une exhortation patriotique et comme un rappel de la nécessité du pardon. « L’union des forces est possible, mais elle exige un changement profond des attitudes et des pratiques. Elle suppose un leadership capable d’inclure plutôt que d’exclure, de réconcilier plutôt que de punir, et surtout une confiance mutuelle qui fait aujourd’hui défaut », souligne notre interlocuteur.

Les conditions d’une union nationale crédible 

Malgré les obstacles, plusieurs observateurs considèrent que l’union sacrée de tous les Maliens demeure une nécessité stratégique pour sortir le pays de l’impasse actuelle.

Cependant, pour qu’une telle union soit possible, elle doit reposer sur des bases sincères. La libération des anciens responsables politiques et des leaders d’opinion incarcérés constituerait un signal fort d’apaisement.

« Le Mali a besoin de tous ses fils. L’Imam Mahmoud Dicko, Moussa Mara, Ras Bath, Ben le Cerveau, Rose « la vie chère », Mamadou Traoré dit Le Roi, l’Imam Sékou Sidibé, l’Imam Bandiougou Traoré, etc., ont tous leur utilité dans la gestion de la crise actuelle », estime Sékou Niamé Bathily, élu local et cadre de l’ancien parti RPM.

Par ailleurs, la restauration du débat public permettrait de retisser le lien entre dirigeants et citoyens. Pour M. Bathily, « il faut accepter qu’il y a des Maliens qui souffrent de la gouvernance actuelle du pays et que d’autres ont le droit d’en parler ».

Enfin, la mise en place d’un cadre de concertation réellement inclusif — associant acteurs politiques, religieux, militaires et société civile — pourrait donner corps à l’idée d’un consensus national.

« Le Mali a déjà connu des moments d’unité dans l’adversité, notamment lors de la crise de 2012. Si la Transition actuelle veut réussir, elle doit comprendre que la force d’un État réside dans sa capacité à écouter et à rassembler, non à imposer et à diviser », conclut un ancien responsable politique.

Mohamed Kenouvi

2ème congrès ordinaire du PACP : Niankoro Yeah Samaké élu nouveau président

Le Parti pour l’Action Civique et Patriotique (PACP) a tenu son 2ème congrès ordinaire à Bamako les 19 et 20 avril 2025. En plus de la relecture des textes et d’une redynamisation du logo, les rênes du parti ont de nouveau été confiées à son fondateur, l’ambassadeur Niankoro Yeah Samaké, près de 10 ans après son départ du Bureau Exécutif National.

Le congrès a réuni l’ensemble des délégués des sections et sous-sections régionales du parti, ainsi que des cercles du Mali et des pays de la sous-région.
Plusieurs représentants d’autres partis politiques étaient également présents à la cérémonie d’ouverture le 19 avril, ainsi que le PCA de l’Association An Ka Ben Maayala, Aliou Ousmane Haïdara, représentant son père, Chérif Ousmane Madani Haïdara, président du Haut Conseil Islamique du Mali.
La cérémonie a été marquée par plusieurs allocutions et déclarations, toutes centrées sur le thème de la « préservation des acquis démocratiques pour un Mali stable et prospère », sous lequel s’est tenu ce 2ème congrès ordinaire du PACP.
Le président des jeunes, la présidente des femmes, les représentants des partis politiques invités, le président sortant du Bureau Exécutif National, ainsi que le président d’honneur du parti, se sont succédé au pupitre pour évoquer le parcours du PACP ces dernières années et la nécessité pour le parti de réaffirmer son attachement à ses valeurs et idéaux, dans un contexte politique national dominé par des tentatives de dissolution des partis politiques.
« Nous sommes convaincus que les partis politiques jouent un rôle crucial dans l’exercice de la démocratie. (…) Le PACP est né d’une conviction simple mais forte : diriger, c’est servir. Nous ne croyons pas au pouvoir pour le pouvoir, mais au pouvoir pour transformer et bâtir », a souligné l’ancien président d’honneur du parti, Niankoro Yeah Samaké.
Fondateur du PACP en 2013, qu’il a dirigé pendant trois ans jusqu’en 2016, avant de passer la main suite à sa nomination en tant qu’ambassadeur du Mali en Inde et dans plusieurs autres pays d’Asie, Niankoro Yeah Samaké a de nouveau été élu président du Bureau Exécutif National du parti à l’issue de ce 2ème congrès ordinaire.
Considérant, entre autres, son « inestimable contribution à la relance du Mali vers un développement harmonieux », les « efforts inlassables qu’il a constamment déployés pour que chaque Malien puisse bénéficier des services sociaux de base », et son « ardeur exceptionnelle au travail », « le Congrès National a plébiscité à l’unanimité Yeah Samaké comme nouveau président du PACP », précise le rapport final du congrès.
Le nouveau président a tenu à rendre hommage à son prédécesseur, Dr Oumar Keita, qui dirigeait le parti depuis 2016. « Vous avez mérité la confiance de toute la communauté PACP. Votre leadership a fait qu’aujourd’hui notre parti est implanté dans toutes les régions du Mali », lui a-t-il témoigné.
Mohamed Kenouvi