Economie: « Emplois verts », qu’est ce que c’est?

Journaldumali.com: Qu’est ce qu’on appelle « emploi vert »? Mohamed Y. Sokona: Une économie verte est une économie qui permet d’avoir le plus petit impact possible sur l’environnement. Et tous les secteurs sont concernés, que ce soit l’agriculture, l’industrie, l’énergie et même l’administration. Les emplois verts ce sont ceux tous ceux qui permettraient de mettre en place cette économie verte. Pouvez-vous nous donner des exemples? On commencera évidemment par les emplois qui sont dans le secteur des énergies renouvelables. Comme par exemple la fabrication, la distribution et le montage de panneaux solaires qui sont utilisés pour produire de l’énergie sans polluer. Il y a également le secteur des audits énergétiques. Ce sont des gens dont le travail consiste à  évaluer la consommation d’énergie d’une activité ou d’une construction et à  proposer les meilleures solutions pour en économiser. Ils proposent aussi des solutions pour réduire les émissions de carbone qu’une activité avait causé par des actions de reverdissement comme par exemple, la plantation d’arbres. Il y a aussi ceux qui travaillent sur l’hydraulique, particulièrement l’utilisation des eaux de pluie qui sont récupérées pour plusieurs usages. Et puis, il y a un emploi vert que nous connaissons déjà , C’’est la collecte de déchets. Les collecteurs de déchets travaillent pour que nos villes et villages restent propres et vivables ! Il y a aussi des emplois que l’on ne considère pas comme verts, mais que l’on peut verdir. Par exemple, au niveau administratif, quelqu’un qui construit un building administratif, peut inclure dans son dossier que le bâtiment doit être construit suivant des normes environnementales, eh bien, il crée de l’emploi vert. Le « verdissement » des économies est un terme en vogue, surtout dans les pays développés. En Afrique et particulièrement au Mali, o๠en sommes-nous? Nous avons de grands potentiels pour verdir nos économies. Déjà , en termes d’énergie, nous utilisons une très petite part des énergies renouvelables (eau, soleil, vent) dont nous disposons. Et le résultat est que notre facture énergétique est plus élevée que celle des pays développés. Je peux dire que nous ne sommes pas encore vraiment dans la dynamique du verdissement des économies africaines, même si des efforts sont faits. Mais le potentiel est là . Et surtout, il y a des expériences qui marchent et que nous devons dupliquer. Par exemple, dans le domaine de l’agriculture et de la maitrise de l’eau, la Tunisie, le Maroc et l’Algérie arrivent aujourd’hui à  récupérer plus de 90% des eaux de pluies, au Mali nous n’avons même pas les 1%, alors qu’on pourrait faire comme les autres et arroser nos champs sur une plus grande période. 15 et 60 millions d’emplois verts en 2020, C’’est le chiffre avancé par le Programme des Nations Unies pour l’Environnement. Comment y arriver? Je parle beaucoup de l’agriculture parce que C’’est le moteur de nos économies. Mais, en réalité, il y a aussi la gestion des déchets, et dans le secteur administratif également, il y a des méthodes que l’on peut mettre en place pour verdir certains emplois. C’’est pourquoi, je ne crois pas trop quand on dit qu’on va créer des millions d’emplois. à‡a va en créer, cela est indéniable mais je crois surtout que la révolution sera que les emplois d’aujourd’hui qui fonctionnent sur un mode polluant, se transformeront en emplois verts. En réalité, à  la base, toute économie est verte, parce qu’elle dépend de la nature. l’agriculture vient de la nature, les énergies fossiles également, maintenant, le défi, C’’est de limiter au maximum l’impact que l’on a sur elle quand on utilise tous les produits qu’on y prélève. Et ce, dans tous les domaines. Ce sera donc quitter un cercle vicieux pour un cercle vertueux? C’’est cela exactement. Utiliser certains outils comme moyens pour verdir les autres secteurs. Il faut sortir du cercle vicieux d’utilisation de la terre avec les impacts négatifs, pour rentrer dans une utilisation plus sobre et plus adaptée aux impacts des changements climatiques qui, cela est indéniable, frappe aujourd’hui nos économies de plein fouet.