Burundi, Nkurunziza enferme ses élèves

Au Burundi, le régime autoritaire de Pierre Nkurunziza se durcit chaque jour davantage, au point qu’il ne fait plus de quartier à ses ennemis.

C’est entendu, Pierre NKurunziza fait désormais partie de la kyrielle de dictateurs qui terrorisent leur peuple et qui n’hésite pas à tripatouiller la constitution de son pays pour ancrer son pouvoir dans la durée, poussant ainsi le pays sur le chemin du désordre et de la violence. Depuis le 27 mai, tout le pays est agité par une affaire qui aurait prêté à sourire sous d’autres cieux : des élèves ont été jetés en prison pour avoir abîmé la photo du président NKurunziza. Cinq d’entre eux, mis en examen pour outrage au chef de l’Etat, ils ont été placés en détention dans la prison centrale de Muramvya et attendent d’être jugés. Cela en dit long sur les méthodes du régime à Bujumbura. À l’instar de l’école fondamentale centrale de la capitale, des élèves d’autres établissements ont reproduit les mêmes comportements. Ainsi, le 13 juin, des élèves du collège communal de Gihinga, à l’est de la capitale, ont endommagé des images du président. Les coupables n’étant pas connu, 230 élèves ont été provisoirement suspendus de leur école.
Dans ses dérives autocratiques, Pierre Nkurunziza ne fait aucun cas des contestataires qu’il veut écraser. Cela, au su et au vu de la communauté internationale qui a tout fait pour sauver le Burundi d’une rechute dans la guerre civile. Elle l’avait averti de la catastrophe dans laquelle il risquait de plonger le pays avec son aventureux projet de révision constitutionnelle, allant jusqu’à dépêcher des émissaires pour l’en dissuader. Les menaces de suspension de coopération brandies par l’Union européenne ont été un coup d’épée dans l’eau, aussi bien que la médiation du vieux Yuweri Museveni qui était beaucoup plus occupée à préparer sa réélection qu’à chercher à ramener Nkurunziza à la raison.

Le temps, l’allié de Nkurunziza
Pourquoi cette obstination du président burundais à se maintenir ? L’une des explications, selon Gaoussou Drabo, chroniqueur au quotidien national L’Essor, réside dans le fait que, comme dans la plupart des régimes autoritaires, Nkurunziza estime que le temps est son meilleur allié : « Le temps qui use la détermination des opposants engagés dans un combat inégal. Le temps qui permet à la répression de s’accentuer, forte de l’impunité dont elle bénéficie. Le temps qui promène les médiateurs dans d’interminables aller et venues. Le temps qui accentue les scrupules des partenaires étrangers peu désireux d’engager des sanctions radicales qui en ajouteraient aux souffrances des populations. Le temps qui pourrait donc amener les contestataires à se résigner à la présence d’un homme inébranlable dans sa décision et dont les collaborateurs se délectent à faire tourner en rond la communauté internationale. »
Cela ne signifie pas que le peuple burundais doit baisser la garde et céder face à la stratégie du rouleau compresseur employé par le régime. Il ne fait aucun doute que les contestataires armés contribuent, qu’on le veuille ou non, à donner sur un plateau doré une raison à l’autocrate Nkurunziza de se durcir. La balle est maintenant dans la camp du peuple qui devra choisir entre supporter ce régime autocratique ou en chasser son dictateur.