Un an à la Primature : Bilan nuancé pour Abdoulaye Maïga

Un an après sa nomination, Abdoulaye Maïga dirige la Primature avec un style axé sur la discipline et l’action de…

Primature

Un an après sa nomination, Abdoulaye Maïga dirige la Primature avec un style axé sur la discipline et l’action de terrain. Cette année a été marquée par des réformes en cours et par la gestion de tensions énergétiques et politiques persistantes.

Nommé Premier ministre le 21 novembre 2024, Abdoulaye Maïga avait déjà occupé cette fonction par intérim du 21 août au 5 décembre 2022, durant l’indisponibilité médicale de Choguel Maïga. Cette première expérience a contribué à sa connaissance du poste et à la continuité administrative observée lors de sa prise de fonction officielle.

Sa première année s’articule autour du Programme d’Action du Gouvernement 2025 – 2026 (PAG), adopté par le Conseil national de transition (CNT) le 19 mai 2025. Ce document s’appuie sur huit missions prioritaires définies par le Président de la Transition : défense et sécurité, réformes institutionnelles, gouvernance et lutte contre la corruption, relance économique, amélioration des services sociaux de base, cohésion sociale, diplomatie et organisation d’élections transparentes. En matière de suivi, les données communiquées pour le premier semestre 2025 mentionnent 57 activités réalisées, 57 en cours et 18 non exécutées.

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Sur le plan sécuritaire, les forces nationales, appuyées par l’Alliance des États du Sahel (AES), ont annoncé la sécurisation de plusieurs axes et la neutralisation de nombreux combattants. Malgré ces opérations, certaines zones du pays demeurent exposées à des incidents récurrents, avec des effets sur l’approvisionnement, les transports et certaines activités économiques.

Par ailleurs, l’Exécutif met en avant une dynamique axée sur la souveraineté économique, avec la révision du cadre minier, des discussions avec les sociétés aurifères et des investissements annoncés dans les infrastructures, l’énergie et la santé. La Primature indique avoir consacré une part importante de son fonds de souveraineté aux actions sociales.

Le Premier ministre a multiplié les missions dans les régions pour suivre des projets et échanger avec les populations. Cette présence régulière sur le terrain contraste avec le style plus politique de son prédécesseur et s’inscrit dans une approche administrative et alignée sur les orientations présidentielles.

Des tensions

L’adoption de la Charte nationale pour la Paix et la Réconciliation nationale, le 30 juillet 2025, constitue un autre jalon du mandat. Le texte fixe un cadre de référence pour les politiques relatives à la paix, la cohésion, la réconciliation et l’unité nationale. Sa mise en œuvre opérationnelle se poursuit dans plusieurs départements sectoriels, avec des initiatives à différents niveaux territoriaux.

Cette première année a aussi été marquée par de fortes difficultés. Depuis juillet 2025, Bamako et plusieurs localités subissent de longues coupures d’électricité, EDM-SA ayant réduit l’activité de certaines centrales faute de carburant, avec des fournitures limitées à environ six heures par jour. Le pays a également connu des pénuries de carburant, des rationnements et une hausse des prix, touchant les transports, la chaîne du froid, les petites industries et le quotidien des ménages.

Hausse du coût de la vie

Par ailleurs, le coût de la vie constitue un autre point sensible. La combinaison des difficultés logistiques, des tensions sur l’énergie, de l’inflation régionale et des perturbations de la chaîne d’approvisionnement exerce une pression notable sur les ménages. Plusieurs mesures de soutien ont été annoncées, mais la situation économique continue d’être un défi majeur.

Selon l’analyste Moulaye Sidibé, la présence régulière du Premier ministre dans les régions n’a pas compensé l’effet des difficultés énergétiques, qui « altèrent fortement la perception de l’action publique ». La juriste Fatoumata Konaté souligne que les réformes engagées en 2025 ont profondément reconfiguré le paysage politique. Pour le politologue Amadou Sabaly, ce style de gouvernance, fondé sur l’exécution, reste fortement contraint par le contexte économique et sécuritaire.

Sur le plan institutionnel, la dissolution des partis et associations politiques en mai 2025, ainsi que l’abrogation de la charte qui les régissait, a recentré l’action publique autour des institutions de la Transition. Les autorités invoquent l’ordre public, tandis que la mesure réduit le pluralisme organisé.

Dans un paysage politique désormais dépourvu de partis et sans échéances électorales annoncées, la suite du mandat d’Abdoulaye Maïga s’inscrit dans une dynamique où l’Exécutif occupe seul le terrain. Les prochains mois seront marqués par plusieurs chantiers sensibles, notamment la poursuite des réformes institutionnelles, la gestion de la crise énergétique, les tensions sécuritaires, ainsi que les dossiers diplomatiques ouverts au sein de la Confédération des États du Sahel. Autant d’enjeux qui détermineront la capacité du Premier ministre à consolider l’action gouvernementale dans un contexte où l’espace politique, économique et sécuritaire est sous forte pression.

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