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Vie conjugale: les potions des Bamakoises

Bamako regorge d’endroits que les femmes cachent jalousement. Elles s’y rendent le temps d’une cérémonie familiale pour acquérir des potions vraiment « magiques ». Aucune femme mariée n’en parle avec son homme. C’’est un « secret de femmes » comme s’intitule d’ailleurs un de ces endroits très prisés et nichés dans une maison banalisée à  Djélibougou. Rien n’indique à  priori ce que les femmes viennent y chercher si ce n’est que la patronne des lieux vend de l’encens. Dans de petits flacons, des potions minutieusement concoctées sont servies aux clientes. La posologie est clairement indiquée sur l’emballage « s’en enduire le corps trente minutes avant d’aller au lit pour réveiller l’envie, séduire le mari ». Sur un autre flacon est écrit « à  mettre dans un verre de jus pour l’ensorceler, lui boucler le bec et allonger la séance ». Un sachet contenant un produit semblable au sel de table attire notre attention. l’emballage indique que « ce produit envoûte l’homme, verser en petite quantité dans son repas et l’effet est immédiat en maximum trois semaines ». Des herbes, des pommades, des écorces d’arbres et des feuilles complètent le dispositif. Une boule noirâtre aux allures de gomme arabique mise séparément dans un sachet semble rallier les suffrages des clientes. Haby, le teint bien dépigmenté, les mèches tombantes, avoue malicieusement que « cette petite boule noire est notre poivre. On l’introduit o๠vous savez et l’effet ressemble à  celui d’un piment fort dans une bouche. Aucun homme ne résiste à  ce poivre ». Les autres femmes s’interposent pour exiger le silence de leur camarade et nous sommes priés de vider les lieux. Retrouvée plus tard dans un restaurant, Haby délie sa langue « la tanty là  est connue à  Bamako. Il suffit de lui expliquer son problème et pour 25 000 francs, elle vous prépare tout un trousseau pour garder le mari car les potions sont parfois personnalisées. Même si nous n’aimons plus nos maris, nous restons dans le ménage pour profiter du toit conjugal et de l’argent. Nous n’allons pas laisser les fruits de longs efforts à  des copines voleuses de mari ! ». Sa compagne cachée sous un voile jette son gré de sel dans la discussion en des termes froids « nous savons que le poivre peut donner le cancer de l’utérus ou infecter le mari mais que ne ferions-nous pas pour garder notre homme ! Je vous confie un secret : il existe une potion dont la préparation nécessite que la femme se rince les parties intimes et remette l’eau des rinçures à  la préparatrice qui l’utilise pour concocter une potion à  mettre dans le jus du mari ». Beurk, dans quel monde sommes-nous, avions-nous envie de dire mais en lieu et place nous posons une question simple à  nos interlocutrices : pensez-vous qu’un homme se conquiert avec ces potions ? Un silence coupable s’installe. Haby, confuse, sauve la mise « C’’est vrai que les potions ne peuvent pas tout faire mais elles aident les pauvres femmes désemparées que nous sommes. Nous faisons tout pour satisfaire nos hommes mais ils vont toujours voir ailleurs. Nous savons que certains produits sont même nuisibles mais nous tentons le coup. Si nous perdons nos maris, nous retournons à  la case départ or nous prenons de l’âge et la nouvelle génération est coquette et conquérante. Nous n’avons pas le choix ». Sic !

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