Quand je serai grand…

Ceux qui ont regardé la dernière campagne de Reporters sans frontières, « Quand je serai grand, je serai journaliste »,…

Ceux qui ont regardé la dernière campagne de Reporters sans frontières, « Quand je serai grand, je serai journaliste », n’ont pas manqué d’être choqués par la dureté du message. On y sous-entend clairement que la condition de journaliste est l’une des plus dangereuses aujourd’hui dans le monde. La liste des sacrifiés sur l’autel de la liberté d’expression ne cesse malheureusement de s’allonger. Au pays d’ADO, difficile de n’ « être d’aucun bord ». Les propos et les écrits sont rapidement interprétés et sanctionnés par les lecteurs mais aussi par le pouvoir. Nos six confrères, accusés d’avoir incité les militaires à la révolte à travers des écrits sur les primes versées aux mutins en janvier dernier, auront passé quelques heures derrière les barreaux avant d’être remis en liberté, mais mis en examen. Au Togo, un journaliste s’est fait molesté il y a quelques jours par la gendarmerie parce qu’il cherchait à en savoir plus sur un litige foncier qui oppose des populations rurales à un ponte du régime. Toujours au Togo, des médias ont été fermés la semaine dernière pour implantation non autorisée. Ils auront pourtant émis entre temps une dizaine d’années pendant lesquelles leur verbe s’est libéré… Encore plus près, c’est le directeur de publication du « Figaro du Mali » qui a subit des heures d’interrogatoire pour un article polémique et contesté. S’il faut bien reconnaître que certains journalistes manquent à la déontologie, de nombreux exemples nous interrogent sur cette liberté de la presse qui semble bien en recul sur le continent. Alors que la question sécuritaire est au cœur des préoccupations, la liberté d’expression doit rester un rempart contre les extrémismes et la violence gratuite. Il urge, pour le bien de tous, de penser aux soldats de la plume qui œuvrent au quotidien, avec des moyens souvent dérisoires, à construire une société meilleure.