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16 mai : Modibo Kéïta s’en allait

Modibo Kéà¯ta est né le 4 juin 1915 à  Bamako-Coura, un quartier de Bamako, alors capitale du Soudan français. Fils…

Modibo Kéà¯ta est né le 4 juin 1915 à  Bamako-Coura, un quartier de Bamako, alors capitale du Soudan français. Fils de Daba et Hatouma (Fatoumata) Camara, il est issu d’une famille malinké et musulmane pratiquante. Après avoir fréquenté de 1925 à  1931 l’école primaire de Bamako, il entre en 1931 à  l’école primaire supérieure Terrasson de Fougères (actuel lycée Askia Mohamed) et en 1934, il poursuit ses études à  l’école normale d’instituteurs, l’à‰cole William Ponty de Gorée à  Dakar. Ses professeurs le signalèrent déjà  comme un bon élément mais comme un agitateur anti-français, à  surveiller. Il sort major de sa promotion et en 1936, il devient instituteur. Il enseignera d’abord en brousse puis à  Bamako, Sikasso et Tombouctou. Le 20 juillet 1960, Modibo Keà¯ta est nommé chef du gouvernement de la Fédération du Mali (qui regroupe le Soudan français et le Sénégal). Après l’éclatement de cette fédération, le 22 septembre 1960, il proclame l’indépendance du Soudan français qui devient la république du Mali. Il en prend la présidence. Aujourd’hui les Maliens se souviennent de cet homme qui a fait son histoire : « En son temps le malien avait honte de voler, après lui le malien avait peur de voler, de nos jours le malien n’a ni honte ni peur de voler » rétorque Mahamadou Seyba Dramé, étudiant. Ce socialiste oriente son pays vers une socialisation progressive de l’économie, d’abord de l’agriculture et du commerce avec la création en octobre 1960 de la Société malienne d’importation et d’exportation (SOMIEX) ayant le monopole de l’exportation des produits maliens et de l’importation des produits manufacturés et des biens alimentaires (sucre, thé, lait en poudre etc.) et de leur distribution à  l’intérieur du pays. La création du franc malien en 1962 et les difficultés d’approvisionnement entraà®nent une inflation importante et un mécontentement dans la population, notamment auprès des paysans et des commerçants. Moussa Doumbia, un internaute explique ce qu’il retient de l’homme politique : « Jusque là , le Mali est resté orphelin de leadership. Je retiens de lui patriotisme, dignité, fierté d’être Malien. Voilà  l’homme qui n’a jamais baissé la culotte pour quelques miettes. Ses huit années au pouvoir valent mieux que les 44 ans qui ont suivi ». « Ce qui me choque, c’est le mystère autour de sa disparition » A son arrivée au pouvoir, Modibo Keà¯ta fait rapidement incarcérer ses opposants comme Fily Dabo Sissoko et Hammadoun Dicko, anciens députés représentant le Soudan à  l’Assemblée nationale française. à€ partir de 1967, il déclenche la « révolution active » et suspend la constitution en créant le Comité national de défense de la révolution (CN. Les exactions des « milices populaires » et la dévaluation du franc malien en 1967 amènent un mécontentement général. Abdoulaye Traoré, artiste malien témoigne : « Certes il était patriote et aimait le Mali mais il n’était pas démocrate. C’est vrai qu’il est mort en détention mais combien d’opposants sont morts en détention sous son régime dans des conditions atroces au Nord, tout simplement parce qu’ils ne partageaient pas ses opinions. En plus à  un moment donné il ne pouvait plus contrôler ses miliciens qui commettaient des barbaries et tracasseries. Et cela a entaché sa politique ». Le 19 novembre 1968, le lieutenant Moussa Traoré organise un coup d’à‰tat et renverse Modibo Keà¯ta qu’il envoie en prison à  Kidal. Durant dix ans, de 1968 à  1978, le pays est alors dirigé par le Comité militaire de libération nationale (CMLN). Modibo Keà¯ta meurt en détention à  Bamako le 16 mai 1977 à  l’âge de 62 ans dans des circonstances suspectes. Radio-Mali diffuse un communiqué annonçant : « Modibo Keà¯ta, ancien instituteur à  la retraite, est décédé des suites d’un œdème aigu des poumons. » Ses obsèques au cimetière d’Hamdallaye donnèrent lieu à  d’importantes manifestations, réprimées violemment par les services de sécurité dirigés alors par Tiécoro Bagayoko. Le président Moussa Traoré est obligé d’intervenir à  Radio-Mali pour donner une version « officielle » du décès de Modibo Keà¯ta, qui ne convainc personne. Dansira Konaté, jeune journaliste malienne exprime son incompréhension autour de sa mort : « Ce qui me choque est le mystère qui entoure la disparition de cet homme. Nous les plus jeunes voulons en savoir plus. Sur sa vie, sa détention ». Modibo Keà¯ta est réhabilité en 1992 à  la chute du régime de Moussa Traoré par le président Alpha Oumar Konaré. Le mémorial Modibo Keà¯ta est inauguré à  Bamako le 6 juin 1999.