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1960-2010 : Mille et une Maliennes debout : Pour réhumaniser et réenchanter le monde

Du 16 au 18 Mars, se tient à  Bamako la rencontre , une rencontre initiée par le FORAM, (le forum…

Du 16 au 18 Mars, se tient à  Bamako la rencontre , une rencontre initiée par le FORAM, (le forum pour un autre Mali)chapeauté par l’intellectuelle Aminata Dramane Traoré, et ex ministre de la culture du Mali. Objectif : créer le débat, échanger entre femmes Maliennes. Qu’elles soient de la ville ou des campagnes, éduquées ou femmes au foyer, elles ont investi le centre de conférence de Bamako pour écouter, dire et partager. La rencontre prend d’autant plus d’importance qu’elle s’inscrit dans le cadre du cinquantenaire de l’indépendance du Mali. En 60 ans, o๠en sont les femmes maliennes, surtout que l’on vient de célébrer le 8 Mars 2010? Nous sommes Milles et une femme debout ont-elle scandé en choeur, lors de l’ouverture de ce FORAM lundi. Dans la foulée du 8 Mars, journée internationale de la femme, les activités se multiplient à  Bamako, les femmes se mettent à  l’avant du débat, débat articulé autour des thèmes suivants :  » Droit à  la souveraineté et à  l’alimentation, l’éducation et le travail comme facteur de cohésion sociale, le droit à  la santé, quel code pour quel projet de société, l’environnement, le soi, les voisins, le quartier, la décentralisation etc… » Des débats animés par des sommités et intellectuels Maliens comme Amadou Magassa, Coumba Touré, Ismael Diabaté ou encore Mamadou Konaté, Ousmane Sy et Aminata Dramane Traoré elle même.  » Il s’agit de donner la parole à  ces femmes, qui n’ont pas forcément accès aux espaces de débat habituels de comprendre pourquoi il y a des crises, des migrations, des dépendances, des dominations néolibérales etc… », affirme l’ex ministre de la Culture du Mali. Infatigable, Aminata Dramane initie les évènements au Mali : le Foram, Migrances, le Centre Hampâté Bâ et écrit des livres à  côté, sur les crises de la mondialisation et leurs conséquences sur les  » Maaw » ou personnes et l’insitution familiale du Mali. Maaw folo : l’être humain au centre de tout « Mars 2010, c’est le moment de faire comprendre au monde qu’il nous appartient à  nous seules de diagnostiquer nos maux et de forger les armes de notre combat », disent en substance ces femmes, fortes et réunies autour de l’arbre à  palabre. Et ce mercredi, on parlait d’éducation, de cohésion sociale, du rôle de l’homme, de la femme, des enfants dans la société. L’éducation mais aussi le savoir-vivre, l’intelligence de la vie pour s’en sortir, lorsqu’on a pas été à  l’école, juge Coumba Touré. » Or ce monde a déplacé les choses, l’individualisme règne, pourtant, c’est ensemble que nous construisons, que nous nous tenons! Les femmes elles ont le pouvoir de changer les choses grâce à  leur vision. Elles sont le courage de faire et si elles devaient s’arrêter alors tout s’arrêterait ». On pense à  la maxime répétée lors de 8 Mars 2010 :  » Musow té fén mina, o mandi », littéralement  » Toute chose o๠les femmes ne sont pas, sont mauvaises ». Alors, réhumanisons-nous. « Maaw folo », les personnes d’abord ». Et pour accompagner cette volonté, les femmes en choeur chantent le « Maaya Sigi », le chant d’un monde réhumanisé, réenchanté pour en faire un lieu de paix, de grâce et non plus de conflit permanent : » Pourquoi faire de son compagnon, son ennemi, alors qu’il est là  pour être une ressource, une épaule », ajoute un vieil homme dans la salle. Applaudissements. Et Ismael Diabaté, artiste, intellectuel d’ajouter:  » Nous ne sommes pas des européens, ni des arabes, mais des Maliens ». Il nous faut comprendre notre société pour en faire un facteur de cohésion sociale harmonieuse. On pense au cousinage à  plaisanterie et l’on admoneste : Sache d’o๠tu viens pour savoir o๠tu vas ! La société malienne elle est complexe et ne saurait tolérer l’individualisme des êtres, plutôt encourage t-elle le lien social très fort, au risque d’y perdre sa liberté de pensée. Non, juge une femme, il y a nuance. Ensemble, nous réussissons mieux que seules. On admet volontiers et l’on tend l’oreille aux conseils de Diabaté :  » A chacun sa place dans la société, dans le mariage, dans une concession. Doutigui, Musow, denw, le chef de famille, la femme, les enfants, le foyer à  préserver au delà  de toute mésentente. L’union ne fait-elle pas la force ? L’éducation, le défi du futur Reste l’éducation évoqué lors de ce débat. L’analphabétisme ou l’ignorance qui mène aux maux de la société.  » Alors éduquez vos enfants, les vôtres, la connaissance est la seule chose qui ne s’achète pas », affirme le doyen des débatteurs. « On peut voler de l’argent,de l’or, des vêtements, mais la connaissance, on l’a ou on ne l’a pas, voilà  toute la différence ». Les débats se poursuivent jusqu’ au 18 Mars au centre International de conférence de Bamako. Au thème des rencontres demain : » l’environnement, le soi, les voisins et le quartier, l’émigration, le meilleur en nous mêmes et ici, « Maaw Folo »,  » les humains d’abord « , des débats qui s’annoncent passionnants car dits en bambara et l’on y apprend beaucoup sur soi et le fonctionnement de la société Malienne, complexe mais unique au monde.