1er Mai 2012, l’avenir s’assombrit pour les travailleurs du Mali

Alors que dans le monde, on célèbre la fête du travail, sur fond de crise économique il est vrai, au…

Alors que dans le monde, on célèbre la fête du travail, sur fond de crise économique il est vrai, au Mali, les travailleurs se sont réveillés ce 1er Mai avec plus d’inquiétudes encore pour l’avenir. La crise politique qui a éclaté le 22 Mars avec le coup d’Etat contre l’ancien président Amadou Toumani Touré a précipité les entreprises dans une période très difficile. Selon M. Djibril Baba Tabouré, voyagiste, l’activité de sa société, déjà  affaiblie à  cause de la mise à  l’index du pays par les pays occidentaux, a tout simplement périclité en un mois. « Or, nous avons des engagements, des salaires à  payer, il y a des chefs de famille qui dépendent de nous » affirme-t-il en ajoutant que dans le monde entier, les partenaires ont perdu confiance en le Mali. Pas de chiffres officiels pour l’instant, mais selon les opérateurs économiques, près d’une entreprise sur trois n’a plus les moyens de continuer. Chômage technique Gaoussou Coulibaly dirige un atelier de métallurgie. Il y a quelques semaines encore, une vingtaine d’ouvriers travaillaient à  plein temps pour satisfaire les commandes. Aujourd’hui, ils ne sont plus que trois. « J’ai du demander aux autres de rester à  la maison, puisqu’il n’y a pas de travail. Au lieu de venir et de rester là  à  se tourner les pouces, je les ai mis en chômage technique » nous confie-t-il en avouant que même pour les trois présents, le salaire du mois d’avril ne pourra pas être payé. La situation est la même dans ce restaurant o๠on recevait essentiellement les travailleurs des organisations internationales installées dans le voisinage. La gérante n’a pas du tout le moral ce matin : « ils étaient tous partis après les événements. Là , ces derniers jours, ils commençaient à  revenir, mais aujourd’hui, je jette l’éponge ». Depuis quelques jours, en effet, ambassades, ONG et sociétés internationales, ont « mis à  l’abri » leur personnel non nécessaire, pour des raisons de sécurité. Certaines ont tout simplement déplacés leurs locaux vers les capitales voisines. A Mopti, comme dans la plupart des régions touristiques du Mali, en berne depuis plusieurs mois déjà , on ferme à  tour de bras. Le promoteur de l’Hotel Ginna a annoncé ce 1er Mai la fermeture définitive de son établissement. Pour Tiémoko Siby, « il n’est même plus possible de générer de quoi payer les charges fixes ». Autre témoignage, celui de cette « nounou » qui s’est retrouvée du jour au lendemain au chômage, ses employeurs ayant décidé de rentrer chez eux. Des milliers de prestataires à  domicile sont ainsi aujourd’hui purement et simplement au chômage. Cette inspectrice du travail nous confie qu’elle reçoit quotidiennement des travailleurs qui viennent se renseigner sur les recours dont ils disposent face à  un employeur « résigné ». l’administration qui tourne au ralenti, le Trésor public en cessation de paiement, difficultés de fonctionnement des entreprises, la traversée du désert des travailleurs maliens ne fait que commencer au regard des événements de ces dernières heures qui viennent renforcer l’incertitude dans laquelle vivent les maliens depuis cinq semaines maintenant.