PersonnalitésInterview




3 questions à Ramata Diaouré Journaliste – Auteure du livre « Mars des femmes » (Cauris, 2016)

  Quel souvenir gardez-vous du 26 mars 1991 ? Dans la nuit, mon oncle est sorti en criant avec sa radio…

 

Quel souvenir gardez-vous du 26 mars 1991 ?

Dans la nuit, mon oncle est sorti en criant avec sa radio à la main, en disant que RFI avait annoncé que Moussa Traoré était tombé. C’était une grande joie pour moi, mais quand je suis sortie de la maison, il y avait des règlements de comptes, des pillages.

26 ans après, quel bilan tirez-vous ?

De mon point de vue, le 26 mars a apporté une certaine démocratie. On a des élections multipartistes, on a une constitution qui est bonne, mais d’un autre côté, ce n’est pas une réelle démocratie. On ne crée pas les conditions de l’alternance. Les gens qui sont installés comme leaders des partis politiques ne veulent rien entendre. Un parti politique, ça doit permettre de créer une certaine confiance civique chez les citoyens, et aucun parti au Mali ne cherche à développer cela.

Pourquoi avez-vous avez écrit « Mars des femmes » ?

S’il y a une chose que mars 1991 a apporté à ce pays, c’est que les femmes se sont rassemblées dans un regroupement qui n’était pas à la solde d’un parti ou d’un mouvement syndical. Il fallait donc nourrir cette mémoire, il fallait acter le fait que les femmes ont été nombreuses à se battre, pour certaines par conviction, pour d’autres, par la poussée des événements, celles dont les enfants tombaient. Si nous ne l’avions pas fait, tout un pan de l’histoire de ce pays allait disparaître.