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Conflits communautaire : 3 questions à Ibrahim Maïga, chercheur à l’institut ISS Africa

Quelle est votre lecture des conflits dans la région de Mopti ? Le prisme ethniciste peut être une dimension de…

Quelle est votre lecture des conflits dans la région de Mopti ?

Le prisme ethniciste peut être une dimension de ces conflits, mais à mon avis on est face à de vieilles rancœurs qui, avec la criminalité, se sont accentuées au fur et à mesure des expropriations ou des changements climatiques. Ces conflits sont plus violents aujourd’hui car on est dans une situation post-2012, où on peut se procurer très facilement des armes.

Les djihadistes sont-ils aussi un facteur déclencheur ?

La venue du Front de libération du Macina a contribué à exacerber les tensions entre les deux les communautés. Ce groupe djihadiste a une notion particulière du foncier et estime que la terre appartient à Dieu, et que le bétail peut passer partout. Il n’y a plus d’expropriation, plus d’interdiction. Une partie des populations adhère à ce discours parce que le FLM leur rend justice.

Quel est le poids de ces mouvements dans la zone ?

Il est difficile de faire la différence entre les actes de banditisme, de vengeance et les actes terroristes parce que les trois se chevauchent. Un collègue chercheur sur ce sujet parle de « coup d’état social », c’est-à-dire des gens qui, dans un certain contexte sont marginalisés, pensent que c’est le moment de prendre leur revanche. Il est facile de dire que c’est un acte terroriste alors qu’il s’agit peut-être d’un conflit entre chefs de village, entre deux communautés, etc