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3ème affrontement entre groupes armés à Kidal

La CMA et le GATIA se sont affrontés pour la troisième fois en 3 semaines, mardi soir et ce mercredi matin, à…

La CMA et le GATIA se sont affrontés pour la troisième fois en 3 semaines, mardi soir et ce mercredi matin, à Edjarer, à une cinquantaine de kilomètres de la ville de Kidal. Ces combats désormais récurrents et à huis clos, ont déjà précipité sur les routes nombre de famille, exaspèrent les habitants mais aussi les combattants.

La Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), et le Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (Gatia), appartenant au mouvement pro-gouvernemental la Plateforme, se sont de nouveau affrontés hier, mardi 9 août, à Edjarer, situé environ à une cinquantaine de kilomètres de Kidal, aux alentours de 17h et jusque dans la matinée de mercredi. C’est le troisième conflit armé entre ces deux groupes depuis l’accord de Niamey signé par ces deux mouvements, et qui entérinait un partage équitable des pouvoirs dans la gestion sécuritaire et socio-économique de la ville.

Ce nouvel affrontement était prévisible et a éclaté malgré le « dispositif sécuritaire » déployé par la Minusma et les « moyens d’observation » qu’elle a mise en oeuvre. Depuis les affrontements des 21 et 22 juillet dernier, le GATIA avait interdiction de pénétrer dans la ville de Kidal, dont la majeure partie de la population appartient à la tribu Imghad, à l’instar des combattants du GATIA. Le GATIA avait indiqué, qu’il ne pouvait être tenu hors de la ville de Kidal, et qu’il y rentrerait soit par la force soit par la négociation. La médiation à laquelle participe le général Gamou, à Bamako, pour tenter de trouver une solution à ces conflits récurrents, est quant à elle pour le moment toujours au point mort.

C‘est dans ce climat de tension et de rancune où chaque camp est vérrouillé dans ces convictions, que ce troisième affrontement a éclaté. Il est encore difficile, à l’heure actuelle, de dire avec certitude laquelle des deux parties (CMA et Gatia) a attaqué en premier. Almou Ag Mohamed, le porte-parole du HCUA, sur internet, a déclaré que son mouvement était une fois de plus victime, et que « c’est bien la CMA qui a été attaquée et non l’inverse ». Selon une de nos sources sur place, « La CMA a reçu des renforts venant de Tombouctou, Ménaka et de l’Algérie, des véhicules et des armes. Tous ces renforts ont été acheminés vers Tin-Essako et de là-bas ils se sont rendus à Edjarer, avec le gros des forces de la CMA, pour attaquer les positions du GATIA, et ainsi casser le blocus du groupe armé pro-gouvernemental, autour de la ville ». Le Gatia souhaitait faire appel, en renfort, à des Touaregs libyens qui travaillaient dans l’armée du Colonel Kadhafi, mais la situation de chaos qui règne actuellement en Libye ne leur aurait pas permis de venir les épauler.

La violence des combats était audible, dans la nuit de mardi à mercredi, jusqu’à Kidal, située à une cinquantaine de kilomètres de la ligne de front. Selon nos informations, le GATIA aurait pris le dessus sur la CMA, qui se serait replié et repartirait en direction de Kidal, les combattants de la Plateforme auraient récupéré des véhicules et de l’armement. Aucune information sur le nombre de victimes résultant de ce troisième conflit ne nous est parvenu pour le moment.

À Kidal, où quelques dizaines d’hommes de la CMA sont restés en arrière pour protéger la ville, les gens sont fatigués de ces conflits perpétuels entre mouvements, de même chez les combattants. « S’il y a une négociation elle pourrait aboutir car les gens n’en peuvent plus et les combattants des deux camps aussi, car ils ont subi des pertes sans précédent. La CMA voudrait que l’Algérie règle cette question et qu’elle mette en œuvre ce qui a été signé à Niamey », explique un habitant joint au téléphone. Même si la majorité de la population à Kidal est acquise au GATIA, une cohabitation entre les deux mouvements est vue là-bas comme la seule sortie de crise possible. « Il faut que les deux mouvements cohabitent, intelligemment, dans l’intérêt de tous. Il y aura certainement une issue, les pertes en vies humaines ont été colossales, ça ne peut pas durer, il faut qu’il y ait une négociation, qui va donner quelque chose de bon », conclut-il