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3ème Festival Mondial des Arts Nègres au Sénégal : Pas que des heureux

Une marche contre le FESMAN Ainsi, une grande marche a eu lieu il y a quelques jours à  Guédiawaye, une…

Une marche contre le FESMAN Ainsi, une grande marche a eu lieu il y a quelques jours à  Guédiawaye, une banlieue de Dakar, contre le Festival mondial des arts nègres (FESMAN), qui se tient depuis le 10 décembre dernier. Motif de cette nouvelle protestation, les trente-cinq milliards de francs CFA utilisés par l’Etat pour assurer son déroulement, alors qu’une partie des Sénégalais doit faire face à  la montée des prix des denrées alimentaires et aux coupures d’électricité. Quelques leaders de l’opposition, dont Moustapha Niasse de l’Alliance des forces de Progrès (AFP), Abdoulaye Bathily de la Ligue démocratique (LD), Mamadou Lamine Diallo du mouvement TEKKI, ont participé à  la marche. Sur des pancartes portées par des jeunes, on pouvait lire : « Non à  la dilapidation des deniers publics », « 39 milliards de francs CFA (59 millions d’euros) pour un Festival, quel gâchis ! », « A quand la fin des coupures de courant ? », « Halte à  la hausse des prix des denrées de première nécessité »… Certains ont aussi fustigé le fait que le président Wade, candidat pour un troisième mandat en 2012, ait choisi sa fille Sindiély pour codiriger le festival, comme en 2007 lorsqu’il avait confié l’organisation du Sommet de la conférence islamique à  son fils Karim Wade. Une mauvaise organisation, selon le porte flambeau de la contestation D’autre part, le FESMAN passe mal dans le monde rural. « Il le vit dans l’indifférence et dans une incompréhension teintée de frustrations », selon le secrétaire général de l’AFP, Moustapha Niasse, qui incarne le mouvement de contestation. Il a exigé un audit sur les trente-cinq milliards officiellement injectés dans le FESMAN lors d’une réunion du bureau politique de l’AFP, le 14 décembre. Le contexte de flambée des prix sans précédent qui accélère la paupérisation des Sénégalais, selon lui, « met à  nu l’impertinence du troisième Festival Mondial des Arts Nègres et renvoie à  la souffrance plusieurs segments de la population, particulièrement celle des paysans qui constitue la majorité des Sénégalais en activité ». Il estime que « ce festival pêche par le manque de qualité, le manque d’organisation, le manque de hauteur, et le peuple sénégalais n’y participe pas ». Pour l’opposant sénégalais, « les sommes annoncées ne seront jamais mises dans le déroulement de cette manifestation ». Et il s’insurge contre « le montant scandaleux du budget qui ne peut, selon lui, être perçu dans l’absolu, indépendamment des urgences dans des secteurs clés de l’économie nationale ». Des grands noms négligés Des artistes sénégalais tels que le célèbre Doudou Ndiaye Rose ont regretté le fait d’avoir été mis à  l’écart. Le Tambour major a affiché son amertume : « Franchement, je ne suis pas content. A vrai dire, ce n’est pas comme ça que je voulais les choses ». Inscrit in extremis dans le programme, il y va en traà®nant les pieds. « C’’est à  la dernière minute qu’ils ont compris que ce serait grave d’organiser le Fesman sans ma participation, raconte-t-il. La place qu’ils m’ont donnée ne me convient vraiment pas. Les choses ne devaient pas se passer ainsi, mais J’accepte de le faire pour mon pays » La riposte de Wade Abdoulaye Wade n’a pas manqué de riposter, la semaine dernière, contre le traitement de l’information réservé par la presse aux fausses notes du FESMAN. Lors d’un discours sur l’épopée et l’effectivité de l’Union africaine devant ses homologues, le 14 décembre au Palais de la République, il a tenu ces propos : « Il y a certains journaux qui diront que nous sommes des rêveurs. Ils vont encore se moquer de nous ». Puis, dans sa diatribe retransmise par la télévision du Sénégal (RTS), il a déclaré : « Mais des traà®tres, il y en a partout. Et il y en aura toujours. Ce n’est pas parce que nous sommes des africains qu’il n’y a pas de traà®tres parmi nous ». Il a ensuite décidé de donner un siège permanent au Festival, dans le but de perpétuer la mémoire du Festival, ‘en tant que moment privilégié de rencontre et d’exaltation de la culture et de l’ensemble des valeurs de la civilisation du monde noir’. Alors que la fête bat toujours son plein sur la grande place de l’Indépendance tout illuminée, une bonne partie du peuple sénégalais vit encore dans le noir en raison des coupures d’électricité. C’’est à  se demander si le cadeau de Noà«l du président est vraiment celui qu’il attendait ?