Abandon de l’excision : Communiquer pour y arriver

Ce 6 dimanche février, le monde entier a célébré la Journée internationale de tolérance zéro pour les mutilations génitales féminines.…

Ce 6 dimanche février, le monde entier a célébré la Journée internationale de tolérance zéro pour les mutilations génitales féminines. l’excision reste encore chez nous un phénomène récurrent. Chaque année, trois millions de filles sont excisées en Afrique. C’’est la raison pour laquelle le Comité interafricain sur les pratiques traditionnelles affectant la santé des femmes et des enfants a lancé en 2003 la Journée internationale de tolérance zéro pour les MGF. Dans sa résolution 2003/28, la sous-commission des Nations unies de la promotion et de la protection des droits de l’homme a engagé l’Assemblée générale des Nations unies à  «proclamer le 6 février Journée internationale pour l’élimination des MGF et de toutes autres pratiques traditionnelles nocives pour la santé des femmes et des fillettes». Cette journée est célébrée désormais chaque année à  la fois en Afrique et en Europe. Il y est précisé que: «Parmi ces mutilations, l’excision est non seulement une mutilation, mais une atteinte à  la dignité et à  la sexualité des femmes». Cette année, le thème retenu est : « les medias modernes et traditionnels se mobilisent pour l’abandon de la pratique de l’excision ». Le ministère de la promotion de l’enfant de la femme et de la famille a organisé le vendredi dernier une conférence de presse dans ses locaux. C’’était sous la présidence de Mme Maiga Sina Damba chef du département et en présence de Mme Keita Joséphine Traoré, coordinatrice du programme national de lutte contre l’excision. l’objectif était d’informer les medias de l’existence d’une politique nationale et d’un plan d’action pour l’abandon de la pratique de l’excision, de les sensibiliser sur la problématique de l’excision. Les organisateurs ont ainsi pu mobiliser les medias modernes et traditionnels pour une large diffusion des informations sur le phénomène de l’excision. Cette journée de sensibilisation a enfin été l’occasion d’attirer l’attention des décideurs et des populations sur les conséquences liées à  la pratique de l’excision. Selon Mme Maiga Sina Damba ministre de la promotion et principale conférencière, depuis quelques années, les médias modernes et traditionnels ne cessent d’accompagner le Programme national de lutte contre l’excision et ses partenaires dans leurs activités. « Ces différents appuis ont enregistré des résultats forts appréciables dans le changement de comportement des populations. Vu l’immensité du territoire malien et la diversité culturelle, il s’avère encore plus utile de solliciter le concours des medias modernes et traditionnels d’une façon plus accrue pour donner la bonne information à  toutes les populations du pays. Ce qui explique en partie le choix du présent thème « les media modernes et traditionnels se mobilisent pour l’abandon de la pratique de l’excision ». Les conséquences sur les plans psychologique et physiologique de l’excision sont souvent irréversibles, exposant ainsi les victimes aux multiples effets néfastes: perte abondante de sang, frustration permanente, traumatisme, frigidité et prostitution chez la femme, risque d’infections pouvant même conduire au décès puisque ces opérations ne se font pas toujours dans des conditions saines. Il s’agit là  d’une violation de l’intégrité physique de la femme, car la nécessité thérapeutique constitue la seule dérogation légale au principe de l’indisponibilité du corps humain. Selon Mme Keita Josephine Traoré, il est important de souligner qu’aujourd’hui, il existe des solutions pour remédier à  cette mutilation, que les victimes peuvent espérer retrouver une vie quasi-normale. Une méthode médicale de reconstruction du clitoris a été mise en place par le gouvernement du Mali qui permet de redonner dignité et intégrité à  ces jeunes filles et femmes qui en ont été privées. C’’est une avancée considérable mais le chemin reste long… Quelques Chiffres Il est, aujourd’hui, difficile de chiffrer le nombre de victimes de mutilations génitales féminines dans le monde et en particulier le Mali: une femme sur trois est excisée sur le continent africain, soit environ 130 millions de personnes. On dénombre 3 millions de nouveaux cas par an dans le monde. Au Mali ce taux est de 85% chez les femmes de 15 à  49 ans selon EDSM-IV. Si la plupart des vingt-huit pays d’Afrique concernés par cette pratique ont promulgué des lois interdisant l’excision, le chemin reste encore long pour l’éradiquer définitivement. Chez nous au Mali, cette loi peine à  voir le jour à  cause des pesanteurs socio-économiques. A signaler que les manifestations devant marquer la journée auront lieu le 10 février prochain pour cause de calendriers chargés des autorités.