Culture




Abdoul Aziz koné : « j’interpelle les jeunes slameurs à plus de sérieux (…)»

Le slam prend de l’ampleur au Mali. Ils sont de plus en plus de jeunes à s’intéresser à cet art…

Le slam prend de l’ampleur au Mali. Ils sont de plus en plus de jeunes à s’intéresser à cet art né d’une idée du poète américain Marc Smith en 1986 dans le but de rendre les lectures de poèmes moins ennuyeuses. Entretien avec l’un des précurseurs du slam au Mali, homme aux multiples casquettes (Slameur, auteur compositeur, écrivain), M. Abdoul Aziz Koné dit Aziz Siten’K, Président, coordinateur général de l’association groupe Agoratoire. 

 

Le slam nourrit-il son homme au Mali ?

 

Je pense que oui. Je suis l’un des exemples vivants. Quand je commençais à slamer vers les années 2006, personne ne prêtait attention à cet art. Les gens confondaient même le slam à l’islam. (Rires) 

Avec de la persévérance, je l’ai imposé au Mali avec mon association groupe Agoratoire. La stratégie que j’ai adopté, c’est de lier le slam et l’entreprenariat. Voilà aujourd’hui, le slam m’a fait voyager, m’a permis de fonder une famille. Aujourd’hui je gagne ma vie en tant qu’artiste slameur et entrepreneur culturel. De nos jours, beaucoup de jeunes slameurs reçoivent des paies à travers nos initiatives et même sont sollicités par des organisations nationales et internationales pour des prestations slam. Je pense que ça va un peu. Aujourd’hui est mieux qu’hier. Mais le grand combat reste encore, pour que nous soyons pris en compte par les autres promoteurs de spectacles, comme les autres artistes. 

Comment travailler vous, à Agoratoire, pour faire valoir vos slameurs ?

 

Pour la valorisation des slameurs au niveau d’Agoratoire, nous avons initié la compétition nationale de slam poésie (Massa Slam), le Fish (Festival international de slam et humour), le journal d’investigation slamé, les scènes slam ouverte (Bamako Slam show). Ces initiatives sont une plateforme d’échange et partage qui promeuvent le slam et les slameurs. Pour le Massa Slam chaque année un champion est sélectionné pour représenter le Mali à la coupe du monde de slam en France et dans d’autres compétitions continentales. Dans les autres activités les slameurs sont engagés et même rémunérés pour donner des prestations slam, en spectacle comme en atelier d’écriture. Je demande toujours aux jeunes d’être créatifs et toujours entreprendre avec leur art , car, nous sommes dans un monde de compétitivité. Il faut qu’ils innovent pour se faire bien vendre.

 

Avez-vous instauré au niveau de votre structure un cachet pour louer les prestations de vos Slameurs ?

 

Oui. Les cachets évoluent de 100.000 à 200.000f pour les spectacles mais pour les ateliers d’écriture en fonction du nombre de travail, le slameur peut avoir jusqu’à 200.000f dont 5000/heure. 

 

Certains slameurs jugent qu’ils ne pas sont reconnus à leur juste valeur au Mali. N’est-ce pas aussi, parce que beaucoup de ces slameurs ne travaillent pas à faire carrière dans cet art, qui pose problème au niveau de leur ascension ? 

 

Bon générale le slam c’est d’abord la passion. Pour la carrière, rare sont ceux qui  y arrivent. Je pense que ce n’est pas ça le problème. Je pense que les promoteurs de spectacle doivent juste valoriser les slameurs car ce sont aussi des artistes. En même temps j’interpelle les jeunes slameurs à plus de sérieux dans le travail. Pour y arriver à se faire vendre et même bien se faire vendre. 

Propos recueillis par Aly Asmane Ascofaré