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Abdoul Karim Camara : un modèle pour toute une génération au Mali

Qui était Abdoul Karim Camara dit Cabral Abdoul Karim Camara dit Cabral né le 2 juillet 1955 a été le…

Qui était Abdoul Karim Camara dit Cabral Abdoul Karim Camara dit Cabral né le 2 juillet 1955 a été le dernier secrétaire général de l’Union nationale des élèves et étudiants du Mali (UNEEM). Réaliste, plein de maturité et de courage pour son âge et sa situation personnelle, l’homme aura marqué de son empreinte le front scolaire en tant que leader estudiantin et donné du fil à  retordre aux autorités militaires de l’époque pour l’avènement d’un Mali libre et démocratique. Sa disparition reste toujours un regret pour les Maliens. Cabral le téméraire D’aucuns le qualifiait « Cabral le téméraire », d’autres « Cabral le patriote » et « Cabral l’audacieux » tout ça pour saluer la lutte légitime de ce jeune de 25 ans. Ces camarades se souviennent de lui toujours : « nous étions en dernière année de l’ école normale Supérieurs (EN Sup.) et chacun d’entre nous rêvait légitimement à  ses premiers salaires de jeune fonctionnaire intégré automatiquement dans la fonction publique), je me souviendrai toujours de ce 15 janvier 1980, au balcon de notre chambre d’internat à  l’EN Sup… au cours du énième « repli tactique » de l’UNEEM qu’il ne dirigeait pas encore, après la fameuse marche sur l’état-major le 17 décembre 1979 » témoigne Dr. Modibo Bah Koné du Bureau de coordination de Amsuneem Bamako. Cabral le révolutionnaire Et d’ajouter que Cabral fut un révolutionnaire modéré et modeste, contre toute forme de « jusqu’au-boutisme », très équilibré, toujours prompt à  jouer le rôle de conciliateur dans les débats. Il souhaitait toujours partager ses points de vue n’essayant jamais d’imposer ses convictions aux autres. Pourtant nous sentions bien en classe qu’il n’était pas tout à  fait un étudiant comme les autres. Abdoul Karim Camara dit Cabral, puisque C’’est de lui qu’il s’agit, n’aura pas failli à  sa mission et répondait toujours présent là  o๠ses compagnons l’attendaient. Pourtant, il avait hérité d’une Union nationale des élèves et étudiants du Mali (UNEEM) ciblée comme l’un des ennemis jurés du pouvoir tyrannique de l’Union démocratique du peuple malien (UDPM). Le contexte n’était donc guère propice au militantisme avec le durcissement du ton par le régime de GMT. Tiébilé Drame le prédécesseur de Cabral Les années 1977-1980 avaient été émaillées de rudes représailles par l’impressionnant dispositif répressif du régime militaire. Car les étudiants n’avaient pas arrêté de contester les décisions «impopulaires » du pouvoir sanguinaire comme, par exemple, la conditionnalité de l’accès à  toutes les écoles supérieures à  un concours direct et à  un concours professionnel ouvert aux bacheliers de l’année en cours et aux travailleurs remplissant les conditions requises. La distribution des bourses pour l’extérieur intervenait aussi dans le même cadre. C’’est dans ces conditions o๠personne n’osait lutter à  visage découvert contre le régime de Moussa Traoré que le jeune Cabral a décidé de combattre et surtout l’inégalité et l’injustice qui régnaient dans le monde scolaire et estudiantin malien, jusqu’à  son arrestation le 16 mars 1980. Il voulait donc atteindre des objectifs que le « courage suicidaire » de son prédécesseur Tiéblé Dramé n’avait pas permis de concrétiser. Cabral, selon de nombreux témoignages, était épris de paix et de justice et voulait même, au prix de sa vie, instaurer les meilleures conditions d’études au Mali. Les revendications du mouvement scolaire qu’il dirigeait concernaient les bourses, la régionalisation des lycées ; la suppression de la 10e commune qui existait auparavant. Un modèle pour toute une génération Cabral n’a pas eu la chance de voir un Mali démocratique o๠se situaient son ambition et sa lutte, mais ses camarades l’ont fait vivre en créant l’Amical des anciens militants et sympathisants de l’UNEEM (Amsuneem). l’amical regroupe ses compagnons de lutte et qui a été créé en 1991 après la chute du régime autocratique. Cette association est un creuset démocratique puisant dans les idéaux des martyrs de la lutte héroà¯que, à  commencer par Cabral, le « reflet » de toute une génération. Il est tout un symbole pour non seulement ses compagnons, mais aussi pour le peuple malien tout entier. Emblème de la liberté et du bien-être social, il l’est. Tout en soulignant l’éternité de la pensée de Cabral, le secrétaire général de l’Amsuneem, Cheick Mohamed Thiam rappelle couramment l’idéal pour lequel Cabral s’était battu. « Consciencieux, travailleur, fuyant la vaine publicité, Cabral était le miroir o๠chacun de nous allait vérifier la justesse de son opinion. Si le culte de la personnalité est couramment perçu comme une marque de faiblesse, il n’en est rien dans le cas particulier o๠les idées pour lesquelles notre camarade fut assassiné sont immortelles », affirme-t-il. Un autre compagnon du leader emblématique témoigne que Cabral est « un homme qui a fait don de sa vie pour qu’aujourd’hui soit ». A reconnaà®tre, les Maliens n’ont jamais oublié Cabral, la preuve chaque année nos compatriotes conjuguent les efforts pour rendre hommage, tous les 17 mars, au combattant martyr afin de pérenniser ses œuvres prémonitoires d’un Mali démocratique. Et ils ont toujours en travers de la gorge, son assassinat et la polémique pendante sur le lieu de sa sépulture.