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Abdoulaye Daou : « L’Office du Niger produit 46% des besoins nationaux en riz »

L’Office du Niger est un véritable pôle économique au Mali. Mais, à cause de difficultés diverses, cet outil hérité de…

L’Office du Niger est un véritable pôle économique au Mali. Mais, à cause de difficultés diverses, cet outil hérité de la colonisation peine à assurer au pays l’autosuffisance alimentaire. Le délégué général des exploitants agricoles de l’Office, Abdoulaye Daou, explique l’importance de cette infrastructure.

Quel est le poids de l’Office du Niger au Mali ?

L’Office du Niger a un grand rôle à jouer. Il a été créé par l’ingénieur français Émile Béline avant l’indépendance et était la propriété du Soudan français. Avec l’accession à la souveraineté, il est devenu un patrimoine malien. L’office lutte contre le chômage excessif de la population. Aujourd’hui, il compte 120 000 hectares en maitrise totale de l’irrigation, dont 70 000 en exploitations familiales. La production attendue en saison et en contresaison à l’horizon 2020 est de 1 million de tonnes de riz paddy. Avec les aménagements qui s’accentuent et malgré les problèmes d’insécurité, nous en sommes actuellement à 720 000 tonnes à peu près chaque année de riz brut. La population bénéficie aussi des eaux de l’Office à d’autres fins. En production brute, l’Office du Niger fournit 46% des besoins nationaux en riz.

C’est donc un outil pour l’autosuffisance alimentaire ?

C’est un véritable outil, puisqu’il compte 1 400 000 hectares irrigables. Il n’y en a aujourd’hui que 120 000 en maitrise totale. Le coût d’aménagement de chaque hectare avoisine aujourd’hui 4 millions de francs CFA. Sans l’appui de ses partenaires, le gouvernement seul ne peut pas soutenir cet effort, d’autant que l’Office du Niger n’engendre pas de bénéfices. Ses recettes égalent ses dépenses. Il y a la terre, l’eau, le soleil, un bon climat, ce qui manque, c’est la mise en valeur. Toutes les régions sont représentées en Zone Office du Niger et c’est un véritable pôle économique. Nous cultivons plusieurs produits, comme le gombo, la tomate, la pomme de terre, le haricot, le maïs, la patate douce, etc.

Quels sont les problèmes auxquels vous êtes confrontés ?

Il y a de moins en moins de main d’œuvre. Vu l’étroitesse des terres irriguées, les jeunes sont en train de s’orienter de plus en plus aujourd’hui vers l’orpaillage. Il faut une réelle mécanisation de la zone pour que le calendrier agricole soit tenu et les semailles viables, une adéquation entre ce calendrier et les saisons. Par exemple, la saison fraiche ne convient pas à la production de riz. Le problème des équipements se pose aussi. Et pour les intrants agricoles, même si l’État les subventionne, ce n’est pas suffisant pour tout le monde. Il faut aussi de grands silos pour le stockage des produits. Il y a également l’insécurité, mais tant que vous ne rentrez pas dans la ligne de mire des groupes armés et que vous ne les dénoncez pas, ils ne vous attaquent pas. À partir de Diabali, Molodo, Ke-Macina et même un peu dans la région de Mopti, c’est l’insécurité qui règne.

Quelles sont les perspectives de l’Office du Niger ?

Chaque année, l’Office a un programme bien tracé et des activités à réaliser. Nous avons beaucoup d’ambition et de nombreux programmes. S’agissant des activités planifiées, les cadres suivent et conseillent les exploitants pour leur mise en oeuvre. Il y a donc de belles perspectives et des défis à relever.