Abdoulaye NIANG : Réduire le fossé entre le développement humain et le développement économique

Boà®te à  idées, visionnaire, convaincu que le co-entreprenariat est la solution pour une meilleure répartition des richesses au Mali, il…

Boà®te à  idées, visionnaire, convaincu que le co-entreprenariat est la solution pour une meilleure répartition des richesses au Mali, il décrypte et analyse les conditions du renouveau du partenariat mondial dans le Livre blanc de la fondation qui porte son nom, paru en décembre 2015. Objectif : le relèvement durable des niveaux de vie et le plein emploi. Journal du Mali : le Mali vit une situation post-crise. Peut-on être optimiste et comment expliquer ce fossé entre le développement économique et le développement humain ? Abdoulaye Niang : Tout tourne autour de la stratégie de rétention des richesses et la stratégie de création des richesses économiques. Le Mali a aujourd’hui une dizaine de mines d’or, il est le 3ème producteur d’or en Afrique, le 2ème ou 3ème producteur de coton. s’y ajoute l’Office du Niger qui permet de cultiver toute l’année avec des réserves d’eau souterraine conséquentes, ce qui peut assurer la mise en valeur les terres. Le Mali a des ressources naturelles qui devraient permettre à  tous nos concitoyens de vivre mieux qu’au Qatar. Et avec les valeurs sociales ajoutées au gain économique, les choses pourraient être meilleures, à  condition d’avoir un développement partagé, une stratégie de co-entreprenariat entre ressortissants et non-ressortissants. La croissance mesure le PIB, mais la rétention des richesses doit profiter à  tous. Le Mali revient de loin, si l’on s’en tient aux propos du Président dans son discours à  la nation du 31 décembre, au cours duquel il a avancé des chiffres de croissance économique dits prometteurs. Votre avis ? La réalité des chiffres est là . Nous, nous sommes des chercheurs. Une fois qu’on a défini le fossé de la globalisation du co-entreprenariat, on voit que le Mali est très loin derrière. IBK en disant ce qu’il a dit, ignore les conseils de ceux qui sont de véritables analystes critiques. Prenez le cas du complexe minier Loulo-Gounkoto, une co-entreprise, détenu à  20% par l’à‰tat malien, et à  80% par la société Randgold. Elle pesait au moment de la crise de 2012, 10 milliards de dollars de capitalisation boursière, et la conclusion de notre rapport, que vous trouverez dans le Livre Blanc, est qu’une partie des bénéfices était envoyée dans les paradis fiscaux. Le Mali a reçu à  peine 4 milliards de bénéfices. C’’est un problème de mauvaise gouvernance. C’’est ce qui explique la crise sociale sécuritaire dans le monde aujourd’hui. l’Afrique d’un côté a la croissance, mais du point de vue développement humain, le continent est en bas. La France, elle, a sa croissance au plus bas, mais sur le plan du développement humain, elle est en haut, grâce à  sa capacité de rétention de richesses. Quelles sont les grandes lignes du Livre blanc, censé analyser les conditions d’un relèvement des niveaux de vie.? Aujourd’hui, la formation n’est plus adaptée. Pourtant, cela peut se corriger par l’incubation. Si un jeune veut aujourd’hui être dans l’agriculture, on lui apprend comment cultiver de la salade. Au bout de six mois et deux cycles de plantation, une pépinière est née. Cela ne demande pas de grandes études, ni un savoir-faire d’ingénieur. D’ailleurs, être ingénieur et patron, n’a pas de sens si on n’en a pas les capacités. Il y a des possibilités immenses en re-conceptualisant l’agriculture familiale, tel qu’on le faisait dans les années 70, avec un développement humain durable. Avec seulement 4 hectares, on créé de la richesse et des jeunes deviennent des co-entrepreneurs, actionnaires et qui s’en sortent bien.